Il est évident que lorsque l'on lit ces quelques lignes, notre jugement est fait: c'est lui le meurtrier. Pourtant il existe un principe de plus en plus malmené qui est celui de la presomption d'innocence.Le meurtrier présumé de Nicolas mis en examen pour assassinat
BOURGOIN-JALLIEU (AFP) - Le meurtrier présumé du jeune Nicolas, retrouvé étranglé samedi aux Abrets (Isère), a été mis en examen dimanche pour assassinat puis incarcéré, et aurait agi pour se venger de la mère du garçon de 10 ans qui l'avait quitté.
La mise en examen de Thierry Ancenay, 43 ans, ex-compagnon de la mère de l'enfant, "est en cours pour enlèvement d'un enfant de 15 ans et assassinat", a affirmé le procureur de la République de Bourgoin-Jallieu, Bertrand Nadau, lors d'une conférence de presse tenue dimanche en fin d'après-midi.
Il a été écroué et transféré en soirée à la maison d'arrêt de Saint-Quentin Fallavier, toujours en Isère, a-t-on appris auprès de la gendarmerie.
Le meurtrier présumé, qui avait été interpellé par les gendarmes seulement quelques heures après le crime, était arrivé vers 15H00 au tribunal de Bourgoin-Jallieu afin d'être présenté au juge d'instruction.
Il encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 20 ans.
"Il a expliqué son geste. Il a voulu se venger sur Nicolas de la rupture que lui avait annoncée quelques jours auparavant la mère de ce dernier", a déclaré le procureur lors du point-presse.
Dès samedi, Thierry Ancenay, ouvrier dans une fabrique de meubles et père d'une fillette de 12 ans, avait avoué les faits et conduit, en début de matinée, les gendarmes sur les lieux où, vendredi, il avait frappé et étranglé Nicolas. Il avait laissé le corps de l'enfant sur place, près du stade municipal des Abrets.
Selon le procureur, le meurtrier présumé était allé récupérer le jeune Nicolas directement à l'école, avant de l'étrangler avec une ficelle prise à son domicile. "Il est allé chercher l'enfant (vendredi) vers 13H30 à l'école. Peu avant, il avait été prendre une ficelle. L'étranglement s'est produit vers 14H00", a expliqué M. Nadau, précisant que l'autopsie pratiquée dimanche avait confirmé l'heure du décès.
Selon des voisins, Thierry Ancenay peut être très colérique. "Il est bizarre, à la fois très calme mais avec des sursauts de violence", a déclaré Amed, qui habite la même barre d'immeuble HLM aux Abrets, village de 2.700 habitants situé à une quarantaine de kilomètres au nord de Grenoble.
Lors d'une précédente rupture, il aurait incendié la voiture de la femme qui venait de le quitter, selon d'autres voisins.
Le meurtre a provoqué une intense émotion dans le village des Abrets où beaucoup d'habitants connaissent le meurtrier présumé, mais aussi le père de la victime, Bruno Dabon, vendeur-conseil dans un magasin de bricolage, et la mère, Marie-Cécile, ouvrière dans une usine de casseroles en cuivre.
Une cellule de soutien psychologique devait être mise en place lundi matin à l'école Haroun-Tazieff des Abrets, où était scolarisé Nicolas.
Une autre cellule psychologique destinée aux habitants des Abrets pourrait aussi être mise sur pied.
Les parents de Nicolas sont séparés et le garçonnet vivait en alternance chez son père et sa mère.
Dimanche, pendant toute la journée, de nombreuses familles avec des enfants ont rendu hommage au garçonnet, sur les lieux même du crime.
Sur une grille du stade, elles ont accroché des messages de soutien ("une pensée pour Nicolas, on ne t'oublie pas", "on pense toujours à toi, on t'aime"...) ou de simples dessins. Et déposé beaucoup de fleurs et de bougies.
Article 9-1:
Chacun a droit au respect de la présomption d'innocence.
Lorsqu'une personne est, avant toute condamnation, présentée publiquement comme étant coupable de faits faisant l'objet d'une enquête ou d'une instruction judiciaire, le juge peut, même en référé, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes mesures, telles que l'insertion d'une rectification ou la diffusion d'un communiqué, aux fins de faire cesser l'atteinte à la présomption d'innocence, et ce aux frais de la personne, physique ou morale, responsable de cette atteinte.
Imaginons que les charges à son encontre s'effondre, en partie à cause du tapage médiatique qui a entouré l'affaire il a peu de chance de sortir de sa détention provisoire car sa libération va évidemment troublée l'ordre public (article 144 du Code de Procédure Pénale).
Bien que les médias s'entourent de précautions pour eviter de se faire condamner, ils n'hésitent pas à livrer à la vindicte populaire des personnes présumées innocentes.
Or un présumé innocent ce n'est pas un meurtrier présumé comme l'indique le titre de la depeche de l'AFP.
Il suffit de se rappeler de certaines affaires tristement célébres pour démontrer que ce principe doit etre respecté (Outreau, Christian Ranucci etc).
Bref pensez vous qu'il est possible d'etre informé sans pour autant mettre à mal la présomption d'innocence???