Source Reuters
BOGOTA (Reuters) - Alvaro Uribe a été triomphalement réélu dimanche à la présidence de la Colombie par des électeurs qui lui savent gré d'une amélioration de la sécurité après des années ensanglantées par la guérilla et la criminalité.
Carlos Gaviria, du Pôle démocratique (gauche), arrivé en deuxième position, suivi de quatre autres candidats, a concédé sa défaite au vu de résultats partiels créditant Uribe de plus de 62% des suffrages.
Des voitures sillonnaient les quartiers bourgeois du nord de Bogota pour fêter la victoire à grand renfort d'avertisseurs.
La réélection d'Uribe, avocat et propriétaire terrien de 53 ans, devrait constituer un soulagement pour Washington, après une série de victoires électorales de candidats de gauche en Amérique latine et la campagne menée par le président vénézuélien Hugo Chavez contre le concept américain de libre échange.
Le scrutin a été le plus paisible depuis des années, dans un pays où les violences font chaque année des milliers de morts.
L'armée avait renforcé ses patrouilles, mais aucune attaque importante de la guérilla n'a été signalée.
Uribe a séduit une majorité de son opinion publique par sa politique sécuritaire mise en oeuvre contre les milices de droite et contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui financent leur guérilla grâce au lucratif trafic de cocaïne.
Les électeurs ont mis au crédit d'Uribe l'amélioration de la sécurité dans les villes, même si des groupes armés font encore régner la terreur dans nombre d'endroits en province.
"La seule chose qui m'inquiète quelque peu, c'est qu'Uribe a fait beaucoup pour les riches et moins pour les pauvres. Mais en ce qui concerne la sécurité, il nous a beaucoup aidés", confiait Gloria Ospina, une mère de famille, après avoir voté pour Uribe dans un quartier du nord de Bogota.
PAUVRETE
Contrairement aux précédents scrutins, les Farc avaient invité la population à voter, calculant apparemment qu'une campagne de violences le jour du vote profiterait à Uribe.
L'armée n'a signalé que quelques incidents. Quatre guérilleros ont été tués par des explosifs qu'ils préparaient dans la province d'Arauca et un cinquième a été victime d'un incident similaire près de Cali.
Uribe a dit qu'il lui fallait quatre ans de plus pour parachever sa tâche. Il a offert des discussions de paix aux Farc, à condition qu'elles déposent préalablement leurs armes.
Les rebelles de l'Armée de libération nationale (ELN), l'autre mouvement de la guérilla, ont engagé des négociations préliminaires de paix avec le gouvernement.
Les détracteurs d'Uribe lui reprochent de ne pas s'occuper suffisamment des pauvres, qui constituent la moitié environ de la population.
Depuis son arrivée au pouvoir, en août 2002, les chiffres de la criminalité ont baissé, les enlèvements sont devenus moins fréquents, certains axes routiers auparavant livrés au banditisme peuvent à nouveau être empruntés et l'économie a connu une période de croissance soutenue (+5,3% l'an dernier).