Voila, je suis étudiant en journalisme, et voila ce que j'ai rendu pour mon partiel d'écriture... Sur le thème de Noël! Je l'ai anglé d'une manière peu traditionnelle, mais j'avoue être plutôt fier de moi.
Jé précise que j'habite dans le Beaujolais, région viticole tr_s touchée par la crise!
Cher Père Noël,
Je ne crois plus en toi depuis de nombreuses années, mais j’ai besoin, en ces temps difficiles, de me raccrocher à quelque chose. Mon enfance, mes souvenirs de moments heureux sont les seules choses qui me permettent de tenir bon. Tu fais partie de ceux-ci.
Lorsque je n’étais encore que gamin, il y a une quarantaine d’années, je me souviens comment j’attendais le jour où j’allais découvrir le petit paquet à mon nom. Souvent, ce n’était pas grand-chose : une paire de chaussettes tricotées par ma Maman, un train sculpté maladroitement par mon oncle qui se croyait doué pour cela…
Je nous revoie, mes frères et moi, nous lever très tôt le matin, tout pressés que nous étions d’ouvrir cet unique paquet. Son contenu, nous savions qu’il nous plairait quoi que ce fût. L’important, n’était pas le cadeau ! C’était de savoir que tu avais pensé à nous durant cette longue année.
Mes parents étaient eux-aussi viticulteurs. Ils ont eu quatre fils qui se sont tous dirigés vers la viticulture. Ils n’avaient certes pas les moyens de nous offrir les cadeaux les plus fous, mais ils savaient nous rendre heureux avec un rien… enfin, un tout serait le mot juste : la famille.
Quelle erreur n’avons-nous pas fait de choisir notre passion comme métier!
Cette année, a été la pire de toutes. Ma femme m’a quittée. Elle ne me supportait plus, moi, mon vin et mes problèmes qui l’empêchaient de s’épanouir.
Lorsque la crise a commencé, il y a quinze ans, elle s’est rapidement trouvé un travail de secrétaire afin de subvenir aux besoins de notre petite famille : « C’est temporaire… tu verras, d’ici un ou deux mois, les cours du vin vont remonter… Je pourrai t’offrir ce à quoi tu as toujours rêvé. Je pourrai payer les meilleures écoles à nos enfants… ». Voila ce que je lui avais dit !
Puis, les mois sont devenus rapidement, trop peut-être, des années.
Elle a commencé par payer mes factures… Régler toutes mes dettes était pour elle le plus important. Moi et nos enfants... Nous étions alors unis, dans l’adversité certes, mais unis autour de notre famille.
Puis, peu à peu, elle s’est désintéressée de mes problèmes : mon vin, mes clients, mes angoisses quant à la grêle, mes nuits blanches passées à me demander comment j’allais m’en sortir pour payer mes charges, mes traitements pour la vigne.
Les enfants ont grandi, vite.
Nous, nous avons vieilli, trop vite.
Voila trois mois qu’elle m’a quitté.
En cette veille de Noël, je suis seul. Mes enfants sont, avec leur concubin, tous chez leur mère.
Je sais que mon Grand est papa depuis trois semaines d’une petite Jeanne. Je n’ai jamais eu l’occasion de la voir. Lui aussi me trouve déconnecté de la réalité. Il n’a pas voulu que je lui rende visite. C’est le premier. Je sais que les autres vont le suivre. Il a toujours eu de l’influence sur eux. Mon Grand.
En ce soir de Noël, je suis seul, chez moi.
Je m’accroche à ce qui me reste : pas grand-chose.
J’ai fait mon sapin. Je ne sais pas pourquoi. En fait, si ! j’espère que tu viendras y déposer tout ce que je désire : ma vie d’antan. Celle lors de laquelle nous nous regroupions mes frères et moi avec nos épouses et enfants respectifs, accompagnés de nos parents pour cette tradition. Nous étions autour d’un repas, en famille, à rire, parler de tout et de rien ! Nous engueuler aussi certaines années, mais ce n’était jamais très méchant. Le lendemain, tout était oublié.
Mais depuis l’an dernier, Pierre est parti. Son corps a été retrouvé ballant au bout d’une corde, au dessus de son pressoir. Il avait fait faillite, sans jamais nous toucher un mot de ses problèmes financiers. Certes, nous n’aurions pas pu l’aider, mais nous aurions été là pour le soutenir. Du coup, c’est la corde qui l’a soutenu… Si seulement elle avait rompu, cette satanée corde !
Enfin, je me dis que la vie est ainsi ! Je me dis que nous devons faire face, une fois de plus, à la crise. Mais celle-ci sera certainement la pire de ma vie. J’espère la dernière.
Je vais me reconstruire.
Changer de vie.
Cher Père Noël, si tu pouvais me donner ne serait-ce que la force de me reconstruire, ce serait le plus merveilleux des cadeaux du monde.
Cher Père Noël, si tu pouvais me rendre ma vie… je t’en serai, éternellement, reconnaissant.
[galerie]Mes textes... à teneur journalistique
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- Soldate farouche
- Messages : 557
- Enregistré le : jeu. juil. 07, 2005 7:51 pm
- Localisation : Au pays des bulles
C'est sympa comme texte, j'espère que ça te permettra d'avoir ton partiel.
Ca me fait penser à un éditorial, si tu étais rédacteur en chef d'un magazine, en fondant dans le texte quelques sujets traité par le numéro en cour se serait parfait ...
Bonne chance pour ta future carrière...
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Ni juger, ni haïr, mais comprendre.
http://cillbq.miniville.fr, augmente la population de ma mini ville.
http://cillbq.miniville.fr/ind, augmente l'industrie de ma mini ville.
http://cillbq.miniville.fr/tra, augmente le transport de ma mini ville.
http://cillbq.miniville.fr/sec augmente la sécurité
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Merci cillbq...cillbq a écrit :C'est sympa comme texte, j'espère que ça te permettra d'avoir ton partiel.
Ca me fait penser à un éditorial, si tu étais rédacteur en chef d'un magazine, en fondant dans le texte quelques sujets traité par le numéro en cour se serait parfait ...
Bonne chance pour ta future carrière...
Mais pour précision, les rédac chefs ne sont pas les seuls à pouvoir faire des édito... Tous ont ce droit, à partir du moment où ils veulent faire passer un message fort!
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- Fourmi éleveuse
- Messages : 274
- Enregistré le : dim. juil. 31, 2005 5:20 pm
- Localisation : Comme vous dans la galaxie mais moi je suis un peu plus près que vous des montagnes...
Voila le second article qui m'a permis d'avoir un "A" en écriture: Bon, là, il n'est pas retravaillé niveau titraille (titre, chapô et inters) mais en substance, voila ce que j'ai pondu.
Le précédent texte, elle n'a pas voulu le noter, mais l'a filé à ma prof de Français pour l'écriture d'une nouvelle...
L’Esprit de Noël s’en est allé.
Il y a des régions ou Noël ne signifie plus rien. Celles qui traversent une grave crise économique sont de celles-ci, à l’image du Beaujolais qui tente, malgré tout, de remonter la pente. S’il existait un baromètre permettant de mesurer le niveau du moral, il ne serait pas bien élevé. Point de vue global sur la situation de la région.
« Petit papa Noël
Quand tu descendras du ciel…
N’oublie pas de me trouver de nouveaux marchés ! »
Telle pourrait être la prière de tous viticulteurs du Beaujolais en cette fin d’année 2006.
Il suffit de prendre le volant et de visiter les différents villages qui jalonnent les vallons du Beaujolais pour s’en rendre compte. Peu de choses nous rappellent cette période autrefois synonyme de joie, de bonheur, de convivialité.
Les devantures des petits commerces, les illuminations des communes semblent ternes. Hormis quelques particuliers qui s’essayent tant bien que mal à donner un goût de Noël à leur habitat, rien de très féérique. Rien qui donne envie de passer ces fêtes de fin d’année.
« Quel est le problème ? » se demandent certains.
François, un enseignant de 28 ans récemment arrivé dans la région, croit qu’il s’agit uniquement du climat « Il fait trop chaud… On a du mal à croire que Noël arrive dans moins de deux semaines… Au début du mois, je me baladais encore en short ». Mais ceux-ci sont rares. Ceux-ci ne connaissent rien de la situation économique du Beaujolais.
Les autres sont plus réalistes.
« Le déclic, ç’a été l’article de LyonMag »
Beaucoup ont compris que les temps sont durs. « Je crois que le déclic a été lorsque LyonMag a publié son article qui nous a descendu, nous, les viticulteurs. Ils ont été dire que le Beaujolais, ce n’est que de la merde… Ca n’a pas plu ! Les syndicats ont intenté un procès, mais que faire face au pouvoir des médias ? Le mal était fait. Il ne nous restait plus que nos yeux pour pleurer… ou nos muscles, pour travailler ». Jean, viticulteur dans la région de Beaujeu, a confié son point de vue. Il a fallu du temps pour le mettre en confiance. L’aura de LyonMag plane encore au-dessus des journalistes qui osent s’aventurer dans le méandreux Beaujolais.
Un autre, accoudé au comptoir du bar dans lequel j’ai rencontré Jean, se joint à la conversation.
Il est proche de la retraite et n’attend qu’une chose « ne plus mettre les pieds dans [ses] vignes ». Armand a l’allure des vignerons du Beaujolais : grand, l’air bonhomme, les tempes grisonnantes, le crâne chauve caché sous une casquette typiquement française, sans oublier sa moustache. Ses mains sont le reflet de ces dures années de labeur.
Il vient s’asseoir à notre table. Visiblement, Armand a besoin de parler : « Oh ! Vous savez, monsieur… Noël, ce n’est plus ce que c’était. Maintenant, vous voyez les gamins, leur seul truc, c’est l’Internet. Ils ne savent plus s’amuser ».
« Pas possible d’acheter mieux qu’une modeste peluche à ma petite fille. »
Quand la discussion s’oriente autour de la crise, Jean ne semble plus trop enclin à parler. Armand, lui, ne se laisse pas impressionner : « Comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? Quand vous voyez que des négociants nous obligent à vendre nos vins à 200€ la ‘pièce’ de 220 litres, comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? Ca ne rembourse même pas nos frais… et en plus, pas de négociations possibles ! Alors Noël… Noël, on n’a pas les moyens de le fêter… Pas possible d’acheter autre chose qu’une modeste peluche à ma petite fille pour marquer le coup… Pour des vignerons, la situation est comique : on doit mettre de l’eau dans notre vin ». Sa détresse est visible. Sa colère également.
Jean, sans mot dire, semble perdu dans ses pensées.
Il est vrai que la situation économique de la région est des plus alarmantes. Le moteur de la région est la viticulture. « Et quand le moteur s’essouffle, plus rien ne va. Plus personne dans la région n’a envie de consommer. ». Jeanine, gérante d’un bar à Beaujeu, a un avis bien tranché sur la question : « Si les vignerons n’ont plus un sou, comment voulez-vous que les autres en aient ? La crise touche tout le monde. Du vigneron au maçon… Et indirectement, les commerçants en font les frais. Et ça n’ira pas en s’arrangeant ! ».
« Qu’il fasse -10 ou 40°C, on est dans nos vignes. »
Pour pallier aux divers problèmes, les autorités ont trouvé comme seules solutions : l’arrachage de parcelles pour en faire des terrains constructibles, la création d’un vin de pays, déclassé, sous le nom tordu de « Vin du Pays des Gaules », ou encore la distillation des surplus. « C’est histoire de dire qu’ils se sont bougés pour nous… Mais pensez-vous, assis sur leur banc, bien au chaud à l’Assemblée Nationale, ils s’en foutent complètement de notre avenir. Nous, pendant ce temps, qu’il fasse -10 ou 40°C, on est dans nos vignes… à travailler pour rien ».
Finalement, certains vignerons, réticents à vendre leur produit à des négociants peu scrupuleux depuis que la situation s’est empirée en 2004, ont un stock équivalent à trois années de récolte dans leur cave.
D’après les dires de la plupart des habitants de la région, plus rien ne va : « On connait tous quelqu’un qui travaille dans les vignes… S’il est ouvrier, faute de moyens, ses patrons sont obligés de se séparer de lui : c’est le chômage. S’il est exploitant, deux possibilités : soit il a des terrains constructibles, auquel cas il pourra toujours s’en servir, soit il n’en a pas… et là, souvent, ce sont des drames familiaux : divorces, maladies, suicides… Comment voulez-vous que la région ait envie de fêter Noël dans ce contexte-là ? »
3 questions à… Jeanine X, gérante d’un bar à Beaujeu.
Vous qui êtes en contact direct et permanent avec la population, comment trouvez-vous le moral de la population pour ces fêtes de fin d’année ?
"Globalement ? Les gens se plaignent de tout. Ils sont pessimistes, et ne croient plus en rien. On est le 15 décembre, et personne ne nous parle des cadeaux qu’ils ont achetés à leurs enfants, petits-enfants. En tant que gérante d’un bar, je suis bien placée pour savoir ce qui se passe chez les gens. C’est facilement qu’on vient me raconter ses problèmes… En ce moment, la joie n’est pas là."
Lorsque vous dîtes que personne ne vous parle des cadeaux à leurs enfants, cela voudrait-il dire que les années précédentes, c’était différent?
"En effet, ça n’a plus rien à voir. Auparavant, Noël, c’était synonyme de bonheur, de convivialité, de fêtes. Maintenant, Noël ne représente plus rien. Beaucoup disent que s’il n’y avait pas les enfants, ils ne fêteraient pas Noël…"
Et certains se privent-ils ?
"Oui… je sais que certaines personnes vont rester seules cette fin d’année. Ca m’attriste. Vous savez, la crise viticole est sans précédent. Elle affecte tous les milieux : du viticulteur au maçon, de l’étudiant au retraité. Le nombre de divorce a augmenté. Souvent, pour Noël, c’est la maman qui a les enfants. Le papa se retrouve seul."
***Ajout :***
Exercice difficile: le portrait. Dans ce cas, notre prof a tout inventé en jouant le rôle de la personne interviewée...
Joël Phillippon : un Lyonnais champion du monde.
Originaire de Lyon, Joël Phillippon, 17 ans, a récemment été consacré Champion du monde de roller-rampe en présentant une figure qu’il a inventée, le Tourniquet Chinois. Une figure impressionnante consistant à exécuter deux sauts périlleux arrière. Ce tout jeune homme semble vouloir ne rien laisser au hasard.
La force de Joël? Très certainement ses parents. Il les aime, donne l’impression de leur devoir beaucoup. « Mon père est cadre, ma mère est avocate. Ils ont les moyens financièrement et c’est une chance. Sans eux, je ne serai pas là. Ils sont toujours prêts à m’accompagner où que ce soit et je sais qu’ils seront toujours là pour moi». Joël ne tarie pas d’éloges à leur sujet. On peut le comprendre. Combien de parents auraient laissé leur enfant arrêter les études, si jeune ? Il était alors âgé de 15 ans. « Mais je continue à prendre des cours avec un professeur qui me suit. Je suis en 1ère ES. Je veux passer mon bac ». Même s’il confesse que le roller est un sport qui rapporte, Joël est prudent. « Si tout s’arrête demain, je reprendrai mes études. Je pense pouvoir faire concepteur pour la glisse. En plus, 80% de mon argent est bloqué sur un compte. » Les seules passions qu’il avoue, hormis la glisse, ce sont les jeux vidéos et les voitures… « J’ai pas le permis, mais j’ai déjà acheté trois Porsche ».
En outre, le jeune Champion du monde se voit aussi connu que Taïg Kris, le Français connu à une échelle internationale pour avoir décroché deux titres mondiaux.
« D’ailleurs, Taïg est un ami. Dans cet univers, tout le monde s’entend bien. »
Sportif, intelligent, ambitieux, mature, un physique à faire tomber les femmes les plus timides, Joël paraît être le gendre parfait. « Côté vie sentimentale, ça va. Mais je n’ai pas le temps de m’y consacrer. Si j’étais plus disponible, j’en profiterai à fond ». Il laisse planer le doute sur son célibat. A noter qu’il vient d’acheter un appartement sur les Pentes de la Croix-Rousse.
Le précédent texte, elle n'a pas voulu le noter, mais l'a filé à ma prof de Français pour l'écriture d'une nouvelle...
L’Esprit de Noël s’en est allé.
Il y a des régions ou Noël ne signifie plus rien. Celles qui traversent une grave crise économique sont de celles-ci, à l’image du Beaujolais qui tente, malgré tout, de remonter la pente. S’il existait un baromètre permettant de mesurer le niveau du moral, il ne serait pas bien élevé. Point de vue global sur la situation de la région.
« Petit papa Noël
Quand tu descendras du ciel…
N’oublie pas de me trouver de nouveaux marchés ! »
Telle pourrait être la prière de tous viticulteurs du Beaujolais en cette fin d’année 2006.
Il suffit de prendre le volant et de visiter les différents villages qui jalonnent les vallons du Beaujolais pour s’en rendre compte. Peu de choses nous rappellent cette période autrefois synonyme de joie, de bonheur, de convivialité.
Les devantures des petits commerces, les illuminations des communes semblent ternes. Hormis quelques particuliers qui s’essayent tant bien que mal à donner un goût de Noël à leur habitat, rien de très féérique. Rien qui donne envie de passer ces fêtes de fin d’année.
« Quel est le problème ? » se demandent certains.
François, un enseignant de 28 ans récemment arrivé dans la région, croit qu’il s’agit uniquement du climat « Il fait trop chaud… On a du mal à croire que Noël arrive dans moins de deux semaines… Au début du mois, je me baladais encore en short ». Mais ceux-ci sont rares. Ceux-ci ne connaissent rien de la situation économique du Beaujolais.
Les autres sont plus réalistes.
« Le déclic, ç’a été l’article de LyonMag »
Beaucoup ont compris que les temps sont durs. « Je crois que le déclic a été lorsque LyonMag a publié son article qui nous a descendu, nous, les viticulteurs. Ils ont été dire que le Beaujolais, ce n’est que de la merde… Ca n’a pas plu ! Les syndicats ont intenté un procès, mais que faire face au pouvoir des médias ? Le mal était fait. Il ne nous restait plus que nos yeux pour pleurer… ou nos muscles, pour travailler ». Jean, viticulteur dans la région de Beaujeu, a confié son point de vue. Il a fallu du temps pour le mettre en confiance. L’aura de LyonMag plane encore au-dessus des journalistes qui osent s’aventurer dans le méandreux Beaujolais.
Un autre, accoudé au comptoir du bar dans lequel j’ai rencontré Jean, se joint à la conversation.
Il est proche de la retraite et n’attend qu’une chose « ne plus mettre les pieds dans [ses] vignes ». Armand a l’allure des vignerons du Beaujolais : grand, l’air bonhomme, les tempes grisonnantes, le crâne chauve caché sous une casquette typiquement française, sans oublier sa moustache. Ses mains sont le reflet de ces dures années de labeur.
Il vient s’asseoir à notre table. Visiblement, Armand a besoin de parler : « Oh ! Vous savez, monsieur… Noël, ce n’est plus ce que c’était. Maintenant, vous voyez les gamins, leur seul truc, c’est l’Internet. Ils ne savent plus s’amuser ».
« Pas possible d’acheter mieux qu’une modeste peluche à ma petite fille. »
Quand la discussion s’oriente autour de la crise, Jean ne semble plus trop enclin à parler. Armand, lui, ne se laisse pas impressionner : « Comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? Quand vous voyez que des négociants nous obligent à vendre nos vins à 200€ la ‘pièce’ de 220 litres, comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? Ca ne rembourse même pas nos frais… et en plus, pas de négociations possibles ! Alors Noël… Noël, on n’a pas les moyens de le fêter… Pas possible d’acheter autre chose qu’une modeste peluche à ma petite fille pour marquer le coup… Pour des vignerons, la situation est comique : on doit mettre de l’eau dans notre vin ». Sa détresse est visible. Sa colère également.
Jean, sans mot dire, semble perdu dans ses pensées.
Il est vrai que la situation économique de la région est des plus alarmantes. Le moteur de la région est la viticulture. « Et quand le moteur s’essouffle, plus rien ne va. Plus personne dans la région n’a envie de consommer. ». Jeanine, gérante d’un bar à Beaujeu, a un avis bien tranché sur la question : « Si les vignerons n’ont plus un sou, comment voulez-vous que les autres en aient ? La crise touche tout le monde. Du vigneron au maçon… Et indirectement, les commerçants en font les frais. Et ça n’ira pas en s’arrangeant ! ».
« Qu’il fasse -10 ou 40°C, on est dans nos vignes. »
Pour pallier aux divers problèmes, les autorités ont trouvé comme seules solutions : l’arrachage de parcelles pour en faire des terrains constructibles, la création d’un vin de pays, déclassé, sous le nom tordu de « Vin du Pays des Gaules », ou encore la distillation des surplus. « C’est histoire de dire qu’ils se sont bougés pour nous… Mais pensez-vous, assis sur leur banc, bien au chaud à l’Assemblée Nationale, ils s’en foutent complètement de notre avenir. Nous, pendant ce temps, qu’il fasse -10 ou 40°C, on est dans nos vignes… à travailler pour rien ».
Finalement, certains vignerons, réticents à vendre leur produit à des négociants peu scrupuleux depuis que la situation s’est empirée en 2004, ont un stock équivalent à trois années de récolte dans leur cave.
D’après les dires de la plupart des habitants de la région, plus rien ne va : « On connait tous quelqu’un qui travaille dans les vignes… S’il est ouvrier, faute de moyens, ses patrons sont obligés de se séparer de lui : c’est le chômage. S’il est exploitant, deux possibilités : soit il a des terrains constructibles, auquel cas il pourra toujours s’en servir, soit il n’en a pas… et là, souvent, ce sont des drames familiaux : divorces, maladies, suicides… Comment voulez-vous que la région ait envie de fêter Noël dans ce contexte-là ? »
3 questions à… Jeanine X, gérante d’un bar à Beaujeu.
Vous qui êtes en contact direct et permanent avec la population, comment trouvez-vous le moral de la population pour ces fêtes de fin d’année ?
"Globalement ? Les gens se plaignent de tout. Ils sont pessimistes, et ne croient plus en rien. On est le 15 décembre, et personne ne nous parle des cadeaux qu’ils ont achetés à leurs enfants, petits-enfants. En tant que gérante d’un bar, je suis bien placée pour savoir ce qui se passe chez les gens. C’est facilement qu’on vient me raconter ses problèmes… En ce moment, la joie n’est pas là."
Lorsque vous dîtes que personne ne vous parle des cadeaux à leurs enfants, cela voudrait-il dire que les années précédentes, c’était différent?
"En effet, ça n’a plus rien à voir. Auparavant, Noël, c’était synonyme de bonheur, de convivialité, de fêtes. Maintenant, Noël ne représente plus rien. Beaucoup disent que s’il n’y avait pas les enfants, ils ne fêteraient pas Noël…"
Et certains se privent-ils ?
"Oui… je sais que certaines personnes vont rester seules cette fin d’année. Ca m’attriste. Vous savez, la crise viticole est sans précédent. Elle affecte tous les milieux : du viticulteur au maçon, de l’étudiant au retraité. Le nombre de divorce a augmenté. Souvent, pour Noël, c’est la maman qui a les enfants. Le papa se retrouve seul."
***Ajout :***
Exercice difficile: le portrait. Dans ce cas, notre prof a tout inventé en jouant le rôle de la personne interviewée...
Joël Phillippon : un Lyonnais champion du monde.
Originaire de Lyon, Joël Phillippon, 17 ans, a récemment été consacré Champion du monde de roller-rampe en présentant une figure qu’il a inventée, le Tourniquet Chinois. Une figure impressionnante consistant à exécuter deux sauts périlleux arrière. Ce tout jeune homme semble vouloir ne rien laisser au hasard.
La force de Joël? Très certainement ses parents. Il les aime, donne l’impression de leur devoir beaucoup. « Mon père est cadre, ma mère est avocate. Ils ont les moyens financièrement et c’est une chance. Sans eux, je ne serai pas là. Ils sont toujours prêts à m’accompagner où que ce soit et je sais qu’ils seront toujours là pour moi». Joël ne tarie pas d’éloges à leur sujet. On peut le comprendre. Combien de parents auraient laissé leur enfant arrêter les études, si jeune ? Il était alors âgé de 15 ans. « Mais je continue à prendre des cours avec un professeur qui me suit. Je suis en 1ère ES. Je veux passer mon bac ». Même s’il confesse que le roller est un sport qui rapporte, Joël est prudent. « Si tout s’arrête demain, je reprendrai mes études. Je pense pouvoir faire concepteur pour la glisse. En plus, 80% de mon argent est bloqué sur un compte. » Les seules passions qu’il avoue, hormis la glisse, ce sont les jeux vidéos et les voitures… « J’ai pas le permis, mais j’ai déjà acheté trois Porsche ».
En outre, le jeune Champion du monde se voit aussi connu que Taïg Kris, le Français connu à une échelle internationale pour avoir décroché deux titres mondiaux.
« D’ailleurs, Taïg est un ami. Dans cet univers, tout le monde s’entend bien. »
Sportif, intelligent, ambitieux, mature, un physique à faire tomber les femmes les plus timides, Joël paraît être le gendre parfait. « Côté vie sentimentale, ça va. Mais je n’ai pas le temps de m’y consacrer. Si j’étais plus disponible, j’en profiterai à fond ». Il laisse planer le doute sur son célibat. A noter qu’il vient d’acheter un appartement sur les Pentes de la Croix-Rousse.