Bernard Werber

[LION]

Ceci est un topic qui veut s'interesser à Werber non pas en tant qu'auteur mais en tant que personnage de ses propres romans. On pourrait recencer tous les élements "biographiques" qu'on pense avoir relevés dans les différentes oeuvres lues tant sur le plans des anecdotes "vécues" (la répétition de certaines situations n'est certainement pas une coincidence) que sur le plan des idées soutenues par les personnages. Il est certain que comme les 3 "clients" des anges représentent chacun une "facette" de l'identité de ce dernier, Werber s'est certainement "scindé" en plusieurs de ses héros pour chacun de ses livre. Qui plus précisément et en quoi selon vous? J'attend vos spéculations, et reviendrai bientôt amener une lecture "évolutive" possible de Werber en tant qu'auteur dans les quelques oeuvres que j'ai lues.

[Paul]

Je me suis déjà posé la question et je pense qu'il s'identifie un peu à Edmond Wells puisque à l'origine l'ESRA a été créée par Bernard Werber quand il était adolescent.
A par ça je pense qu'un auteur ne se met jamais dans un livre comme ce qu'il est mais comme ce qu'il aimerait être (et en général il s'agit du personnage principal du livre donc Michael Pinson pour la plupart)

[bubulle]

ha je suis pas d'accord avec toi paul ...
regarde Jacques Nemrod dans l'EDA ... alors lui si c'est pas le portrait craché de Werber ben je me demande bien qui c'est !!! (à part pour les cheveux je reconnias que werber n'a pas de cheveux particulièrement touffus et roux )
et puis c'est jacques qui le dit dans l'EDA "il y a toujours une part d'autobiographique dans son premier roman" (bon ok l'EDA c'est pas son premier mais bon !!)

[LION]

Pour moi, il y a comme une évolution "chronologique" presque parfaitement respectée entre les oeuvres fictives évoquées dans les aventures et dans les oeuvres réelles écrites par Werber.
Je m'explique en m'appuyant uniquement sur les livres que j'ai lus =

1) Dans les Thanathonautes (publié en 1994), BW en tant qu'écrivain se retrouve pour moi surtout en Maxime Villain, le journaliste à la culture encyclopédique du Petit Thanathonaute Illustré, qui pourrait correspondre à la période où Werber était journaliste pour le Nouvel Obs (1983-1990)

2) Dans l'Empire des Anges (publié en 2000), l'écrivain BW est de toute évidence Jacques Nemrod dont la trilogie des Rats (inspirée en bonne partie par son ange gardien Michael Pinson, il est vrai) est identique dans sa conception et sa réalisation à la trilogie des Fourmis (1991 à 1995)

3) Dans le Cycle des Dieux on retrouve (SDD, 2005) BW écrivain en Michael Pinson lui-même, à qui la muse de la comédie inspire l'histoire de "Nous les Humains" (2003)


En commençant à lire les Fourmis, il me semble évident qu'il faudrait rajouter à cela comme le fait remarquer Paul :

0) Dans Les Fourmis (publié en 1991), BW écrivain est Edmond Wells (années d'adolescence de Werber avec création et usage du parfum dans son journal illustré d'étudiant nommé "Euphorie", début de la rédaction de l'ESRA, 1978?)


D'accord? Pas d'accord? A compléter à la lumière d'autres romans?

Et quid des autres "aspects" de Werber? Je tendrais à penser qu'il faudrait chercher dans chaque roman (au moins dans les trilogies) 3 personnages représentant chacun un aspect de l'auteur (pour refleter les 3 clients des anges et les 3 personnes apparaissant sur les télés des élèves-dieux)..


J'ouvre une petite parenthèse pour vous faire part d'une remarque A-MUSANTE : Je n'ai pour l'instant (à cause d'une histoire de Fnac à Nice, certains comprendront) pu lire que le tout premier chapitre du Souffle des Dieux et le chapitre nommé à juste titre "OEUVRE AU ROUGE" m'a fait bondir comme un.. Lion. Nos héros s'y retrouvent dans le territoire rouge des 9 Muses, et Pinson y est séduit par la muse Thalie qui lui "souffle" (et si le SDD c'était l'inspiration...) l'Histoire de "Nous les Hommes". Puis il est révéillé de sa torpeur par Freddi Meyer qui lui explique qu'il s'agit d'un piège, "l'épreuve de la séduction". Une scène qui est déjà en soi un remake parfait du passage des Fourmis où les 3 fourmis se retrouvent tentées par les effluves irrésistibles de la chair délicieuse mais soporifique du Coléoptère LocheMUSE aux ailes rouges, avant d'être réveillées par 103e qui découvre le piège (épreuve de séduction de la zone rouge après le passage de la zone "noire" où elles ont du affronter leurs peurs: taupe, punaises, vers..).
Je reviendrai sur ces correspondances inter-oeuvres dans un autre topic de la cathédrale appelé "c'est écrit..", et voudrais m'attarder ici sur le texte exact de Werber dans le passage du Souffle des Dieux =

"" Si tu t'attardes ici, c'en est fini du peuple du dauphin, de l'ascension de l'Olympe. Tu deviendras une chimère, comme tous les perdants. Réveille-toi, Michael!""
"" (le danger) est celui du papier tue-mouches pour un PAPILLON : rester englué"" Et Michael de préciser qu'il perçoit cette phrase "DE TRES LOIN.."
Suis-je le seul à voir dans ce passage un Enorme clin d'oeil (l'Oeil dans le Ciel du maitre-dieu auteur?) à cette autre oeuvre, le PAPILLON DES ETOILES, que Werber savait peut-être pertinement qu'elle serait critiquée et "épinglée" comme une régression/stagnation par ses fans dans leur désir comme Freddi Meyer d'obtenir plus rapidement ce qu'ils attendent comme révélation finale?
Mais alors le rabbin aveugle (et 103e, la fourmie soldate aséxuée et elle-même un peu aveugle), ce serait les lecteurs...

[Paul]

L'idée du lecteur dans les livres de BW est amusante mais peut probable je pense. Les lecteurs sont passifs, ils ne font pas avancer l'histoire alors que c'est le cas pour 103e et un peu pour Freddy Meyer. A moins que BW écrit pour nous lecteurs et que c'est ça qui lui fait avant tout écrire ses livres (j'en doute cependant fortement).

[LION]

Paul, je ne suis pas sûr de comprendre le sens de ta dernière phrase... C'est du second degré?

Sinon, je ne parle pas spécialement pour Werber, mais il est faux de dire que le LECTEUR est passif. Par son acte même, il interprète l'oeuvre qu'il lit et peut parfois foncer tête baissée (ou avec des "oeillères" si tu préfères) comme Freddi Meyer ou 103 683e dans la direction qu'il s'est fixé au départ, et qui n'est pas forcément celle du message "plus profond" que l'AUTEUR a dissimulé dans l'Oeuvre.

***Ajout :***

Bernard Werber en tant que personnage apparait également selon moi dans le présentateur du jeu télévisé "Piège à réflexion" (cf topic du même nom dans la rubrique "cathédrale").

[Paul]

BW écrit ses livres pour ses lecteurs et non pas pour se faire plaisir ou pour gagner sa croute.
Les lecteurs ils me semblent ne font pas avancer l'histoire, ils ne font que en profiter, c'est pour cette raison que je ne pense pas que les lecteurs soit représenter dans son oeuvre.
A moins que BW écrit ses livres pour ses lecteurs et non pas pour se faire plaisir ou pour gagner sa croute.
C'est pas très clair si ?

[LION]

Laissons tomber ce petit débat et disons que Werber écrit en fait certainement ses livres pour les trois raisons que tu viens de citer (et qu'on peut associer pour moi dans l'ordre que tu leur donnes aux 3 forces A, D, N. ).

J'aimerais qu'on en revienne à la question de départ : dans lesquels de ses "personnages" pensez vous reconnaitre Bernard Werber, et pourquoi?


Tiens j'ai envie de rendre ici un petit hommage dans le cadre de ce topic à mon auteur préféré du moment. Ma femme américaine me dit toujours qu'un des "défauts" des Français est qu'ils hésitent toujours à remercier leurs hôtes/maitres/patrons de peur de passer pour des "fayots" (de même qu'ils ont souvent honte d'afficher leur succés et réussite
matérielle de peur d'être considéré comme forcément "malhonnètes").

Pour moi, Bernard Werber dans le Cycle des Dieux est comme =

> Jules Verne, pionnier du roman d'anticipation (à ne pas prendre uniquement au sens de Science-Fiction) et soutient fervent de l'Esperanto (une tentative de construire un système de "communication absolue")

> Félix Nadar (le grand copain roux et casse-cou de Jules Verne qui pourrait en fait plus faire penser à Raoul Razorback par certains côtés), photographe et spécialiste de la révélation, qui par l'utilisation de la montgolfière a apporté une autre dimension à son art

> Georges Melies, pionnier du cinéma et des 'trucages' (futurs effets spéciaux) et grand prestidigitateur (expert de la manipulation en 'close-up', et habile à détourner d'une main notre attention pour nous cacher ce que l'autre main fait 'sous nos yeux' à côté..)

> Gustave Eiffel, ingénieur de Génie dont les oeuvres architecturales emerveillent des générations d'observateurs par leur "élévation" et la complexité de leur construction..

Petit clin d'oeil pour Cillbq et son invitation à diner, cela me fait penser que ce n'est pas en soi le fait de construire des tours eiffel (ou des pyramides pour Werber) en allumettes qui peut paraitre con, mais de vouloir à tout prix expliquer l'intérêt que l'on y trouve à ceux qui n'en voit justement aucun : je suis effectivement souvent trés con en ce sens là (aussi).

[mklvntwr84]

Dans le MDD, Werber est de toute évidence incarné en Gabriel Askolein, l'incarnation de M.Pinson ; on retrouve plusieurs aspects de BW: un écrivain haï par ses pairs, que les journalistes ne lisent pas quand ils l'invitent, qui donne envie de lire, travaillant le matin dans un café, toujours le même (Werber fait ça, si si ! Je l'ai vu sur son blog), écrivant des romans de "science fiction" (au sens très très très très large) et que les jeunes apprécient.

[gollum]

Outre les écrivains, qui sont des références évidentes à son métier, je pense que Pinson correspondrait le plus à ce que Werber veut refléter, le doux idéaliste qui peut souvent se sentir dépassé par les évènements et le cynisme du monde (incarné à mon avis par Raoul). Je pense qu'il faut étudier de prêt ce héro car c'est le personnage principal qui apparait le plus, 5 romans!

Pinson serait les valeurs morales que Werber chérit le plus, et celles qu'il veut mettre en avant, et enfin celles qu'on pourrait citer si nous, lecteurs devons décrire Werber.

Un utopiste timide.

[7fm]

Pour moi, il a un parcours onirique très développé, et c'est avant tout celà qu'il cherche à faire redécouvrir par le plus grand nombre de gens.
Il a un parcours très scientifique, et littéraire.
Il pense que la meilleur façon de "réveiller" ce don humain endormi, est le roman. Alors il en écrit. Mais la structure de ses textes, les phrases en italiques, répétées, tout celà est fait pour réveiller des perseptions autrement plus subtiles que la vue ou l'audition. Il a un but précis, ce pour quoi il pense être utile pour l'humain, rendre les gens plus conscient, de la nécéssité et de la réalité, du rêve.
Pour ceux qui n'ont pas vu le film américain "sphère", c'est un peu la même conclusion: à quelle frontière exacte, s'arrête le rêve?
La vie est une évolution cinematique, où ces frontières peuvent bouger: c'est ainsi la porte de la religion, la spiritualité, et du "para"normal.

Pour moi, tous les personnages reflètent une partie de l'auteur.