je profite de cet espace pour me libérer un peu...
Assis là, à coté de toi
tu parles, je ne comprends pas
je viens te voir, juste te voir
je te prends la main, tu me regarde
je crois que tu me reconnais... un peu
souvent tu arrives à dire quelques mots
je comprends, des fois je fais semblant
quand il fait beau, on fait un tour
le fauteuil, je le pousse dans la cour
j'évite ainsi ton regard noir
mes visites me font souffrir
j'ai si peur du noir
un jour, je le sais, tu m'oubliras
à quoi tu penses, je ne sais pas
à rien, à ta souffrance ?
pauvre petit corp si léger
que je ne reconnais pas
tu étais pourtant si fort
je n'oublis pas comme tu étais
cette image présente, humiliante
voile peu à peu mes souvenirs
il n'y a rein à faire, comme ils disent
tu t'éteinds tout doucement
je guette, j'attends les petites lueurs
qui naissent parfois dans tes larmes
tu souffres, mais te pleins pas
cette maladie, cette foutue Parkinson
cette démence incruste
nous sépare, et t'isole
j'aime à penser à ta libération
on se retrouvera
à très bientot Papa.