B. Werber est il un E.T. : fin ?
Posté : mar. mai 22, 2007 3:47 pm
Saviez que trois quart des crimes reste impuni ? N’en déplaise à Monsieur Sarkozy, l’incompétence des forces de l’ordre en est grandement responsable. Une faible part de cette fraction est à allouer aux meurtres. Parmi elle, une portion infime me revient.
Je me présente : Gean Nephilim, chimiste par contrainte alimentaire, meurtrier par goût artistique. Contrairement à mon frère jumeau, je me réclame artiste car je ne tue absolument pas pour l’argent.
Ma vocation se révéla à moi par l’intermédiaire de notre père. Je ne sais si le gène du crime existe mais je vous assure que l’on peut avoir des prédispositions héréditaires dans ce domaine. Nous l’apprîmes lorsque papa, pressentant sa dernière heure arrivée, nous convoqua à son chevet. Sa confession, ce soir là, allait lever un voile sur notre psyché tourmentée.
Avant de rencontrer notre mère, notre père s’occupait déjà de la ferme avicole léguée par ses parents. C’était une exploitation importante dont il s’occupait seul, aidé par des machines qui avaient l’avantage de ne point lui « raconter de conneries ».
Si on peut lui reprocher une certaine misanthropie, ce n’était pas un homme misandre, ce fut d’ailleurs la cause de son acte.
Une jeune femme, prénommée Alexia Lomme, vint un jour à sa ferme, les yeux en pleurs. C’était une ancienne amie intime de papa. Elle avait fuit le domicile conjugal et, ses parents habitant loin, elle avait pensé à lui pour l’héberger quelques temps (« mon cousin revient bientôt, j'irai alors le voir » lui confia t'elle). Avait il aussi quelque argent à lui prêter pour régler la course du taxi ?. Cela ne ravit pas du tout notre géniteur mais il accepta pour éviter tout esclandre (chose qu’il détestait par-dessus tout).
Dès le 2ème jour, notre père ne supportait plus sa présence, l’entendre déblatérer toute la journée sur son mari lui devenait insupportable : une solution radicale s’imposait. Il envisagea alors sereinement l’idée d’éradiquer ce problème.
Pour réaliser un crime parfait, il y a une chose essentielle à retenir, nous dit il : s’il n’y a pas de corps alors il n’y a pas de crime.
Partant de ce principe, la jeune fille connu les joies de la fabrication de farines animales :
Etape préalable : la jeune fille donna généreusement son sang pour l’élaboration de farine de sang : pour cela, après extraction à l’aide de grosses aiguilles et de pompes spéciales, le sang est déshydraté par utilisation du procédé spray (identique à celui utilisé pour la fabrication du lait en poudre). Ce procédé permet d'obtenir une poudre blanchâtre, sans odeur ni saveur. Ces protéines de plasma sont utilisées essentiellement en alimentation humaine, comme liant en charcuterie et en boulangerie et pour stabiliser les émulsions (mayonnaise...). Elles servent aussi bien évidemment à l’alimentation animale.
Etape suivante : la fabrication de farine de viande avec os. Le corps exsangue est réduit en morceaux de 10 à 50 mm de côté grâce à un concasseur de matières premières crues. Il existe des broyeurs capables de traiter des carcasses entières, car dans les équarrissages, il doit y avoir le moins de contact possible entre le manipulateur et les déchets animaux. Tout est convoyé, broyé et manipulé à l'aide de machines.
Puis, papa, à la pointe de la technologie pour l’époque, utilisa un expanseur. Ce gros four sert à déshydrater les viandes et à liquéfier les matières grasses par la cuisson.
Enfin, La dernière étape de la fabrication est un broyage fin qui permet de donner au produit final un aspect homogène de farine.
Vous savez, le cycle de la chaîne alimentaire m’a toujours émerveillé (pas vous ?). Elle avait mangé du poulet le soir et elle se retrouvait dans le jabot de cet animal le lendemain midi : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Quelques mois après, la police interrogea notre père sur la disparition de la jeune femme mais celui-ci leur répondit qu’elle lui avait parlé de rejoindre son cousin. Il n’avait pas de nouvelles depuis ....
Cette révélation apporta la réponse à notre raison d’être : nous étions fait pour tuer l’Homme. D’ailleurs n’avions nous pas commis notre premier crime parfait dès la naissance ? Maman n’avait pas survécut à notre accouchement.
Je choisis comme thème à mon grand Oeuvre : « La Routine ne tue pas que l’Amour », mon frère, lui, préféra, «La Mort par Procuration ». Je fus le premier à m’exprimer : l’occasion fait le larron comme disait notre père. Un rival avait pris l’avantage sur moi du fait d’un superbe bolide qui impressionnait la belle. Lors d’une soirée entre amis, je m’éclipsais pour déposer un cadeau dans le coffre de sa voiture. Lorsqu’il fut rentré chez lui, je lui en déposai un autre sous sa roue. Le lendemain, je n’avais plus de rival : crise cardiaque mystérieuse. Le journal local relata les évènements de cette façon :
« Hier, un jeune homme de 22 ans, employé à l’usine Michelin, empruntait la RN4, comme à son habitude, pour se rendre sur les lieux de son travail. Durant le trajet, il du s’apercevoir que la roue arrière gauche de sa voiture était crevée. S’arrêtant sur le bas coté, il entreprit de sortir la roue de secours située dans le coffre pour procéder au changement. Malheureusement le poids conséquent de la 18 pouces et les excès de la veille ont sans doute eu raison du c½ur de ce pauvre jeune homme. La découverte du corps fût malheureusement trop tardive pour espérer une réanimation. Rappelons que cette voie est peu fréquentée, si ce n’est par les amateurs de vitesse, depuis l’ouverture de la bretelle d’autoroute. La police reste cependant circonspecte sur les circonstances possibles de cet accident, l’âge et les antécédents médicaux de la victime ne plaidant pas en faveur de l’hypothèse citée ».
Je fus interrogé par la police mais non je n’avais rien remarqué de particulier hier soir.
Oh, bien sûr, j’avais déposé un ballon rempli de cyanure d'hydrogène sous la roue du coffre ; de façon à ce qu’il explose si on touchait à celle-ci mais je ne voyais pas l’intérêt de le mentionner. Non, l’intérêt résidait, pour moi, dans le fait que ce gaz est quasiment indécelable dans le corps humain: juste une petite odeur d’amande lorsque l’on ouvre les poumons de la victime. Je n’allais pas importuner ces braves fonctionnaires pour une histoire d’amende : pour une fois, ils avaient autre chose à faire....
Quant à moi, je consolai la belle en recueillant ses confidences sur l’oreiller.
Mon frère exerça, quant à lui, ses talents au Japon, pays qui le captive par sa tradition et sa modernité. Il y épousa la fille d’un chef yakusa. D’aucun annoncèrent cet engagement comme viable mais le père de la mariée vit dans les yeux jaunes de mon frère l’âme d’un senseï.
Mon frère gagna beaucoup d’argent par sa méthode de meurtre. Avouons aussi qu’il était sur un marché porteur et que les contacts de beau-papa lui assuraient un pourvoi de clients important. Son succès tenait sur une particularité japonaise : il existe dans ce pays beaucoup de sites Internet qui proposent ou invitent au suicide. Utilisant cette mode, ses victimes se retrouvèrent à y déposer systématiquement un message, par son entremise bien entendu. Lorsque le contrat ne possédait pas de raisons de se suicider, mon frère lui en fabriquait une. Il détruisait des couples, provoquait des peines de coeur, ruinait des carrières ou des études ...etc. Il ne lui restait plus qu’à leur offrir un bain ou bien encore une bonne dose de monoxyde de carbone (le perroquet rieur n’avait plus la côte) et le tour était joué. Lorsqu’il eut assez d’argent pour vivre dans l’aisance jusqu’à ses 489 ans, il arrêta car comme il le dit si bien « c’est comme le casino, il faut savoir arrêter. »
Mon premier meurtre m’inspira un sentiment de plénitude mais je ne ressentis pas le besoin de récidiver, enfin pas dans l’immédiat. Et puis, surtout, je fis quelques temps après une rencontre qui allait bouleverser ma vie. J’étais en licence de chimie mais je suivais aussi, cette année là, certains cours de philo car Baudrillon y enseignait. Les livres de cet homme m’avaient permis de comprendre et d’aimer le monde dans lequel j’évoluais. L’écouter était pour moi un nectar divin dont je n’aurai pu me passer. A l’un de ces cours, il demanda si le monde actuel était encore réel. Plusieurs y allèrent de leurs réflexions sur les nouvelles technologies de communication puis, il se frotta le menton et me regarda (j’étais assis au 3ème rang pour ne rien perdre de ses paroles).
- Et vous, qu’en pensez vous ?
- Je pense que le monde sera réel tant qu’il y aura des Pee Wee pour se masturber dans les
cinémas pornos.
J’avais aussi une autre réponse mais appliquant le principe de précaution, je la gardais pour moi.
Les étudiants qui avaient répondu précédemment se gaussèrent mais lui ne rie pas.
- Développez, s’il vous plait
- La réalité des gens, des choses se révèle par leur face cachée.
A partir de ce jour, nous devînmes amis comme peuvent l’être un disciple et son maître.
Il m’avoua plus tard m’avoir interrogé à cause de mes yeux. Mes yeux, outre le fait qu’ils soient jaunes, sont très expressifs. Ne sont pas ils les fenêtres de l’âme ?. Il y voyait parfois une lueur fantasmagorique, proche de la folie, à l’aura hypnotisante.
Les discussions avec ce grand homme comblaient mon intellect et m’éloignai de mon art mais un collègue de travail, Adam Smith, m’amena à m’essayer à cet exercice de style imposé qu’est le meurtre en chambre close. Nous étions pressentis tous les deux pour l’attribution d’un poste plus important dans la société. J’aimais beaucoup Adam car il possédait l’âme d’un esthète. En mélomane averti, il s’était construit une pièce insonorisée pour profiter de toute la grâce des ½uvres de Beethoven, Brahms, Mozart, Dvorak,ou Mahler. Il s’enfermait dans cette pièce chaque soir pour écouter ces symphonies grâce à sa platine vynil Clearaudio, servie par un complexe d'enceintes Sigma audio. Tout ce matériel était constitué en grande partie de bois d’ébène, ce qui permettait une restitution du son à la pureté cristalline.
Chaque jeudi matin, avant d’aller travailler, il astiquait son trésor pour qu’il conserve sa magnificence. Il aimait aussi sentir le bois se gorgé d’une force nouvelle.
Adam obtint le poste, sans doute grâce à sa plus grande sociabilité. En beau joueur, j’organisais un pot en son honneur.
Il ne vint pas au travail le lendemain. C’est sa femme, en rentrant de son travail, qui donna l’alerte : un voisin défonça la porte de la pièce d’Adam et découvrit son corps inanimé.
J’avais conseillé à Adam une crème nourrissante spécialement adapté à l’ébène. Comme beaucoup d’autres produits nettoyants, le tétrachlorure de carbone entrait dans sa composition. Voyez vous cette molécule à la particularité de se transformée en Zyklon B, gaz tristement célèbre, quand elle est mélangée aux vapeurs d’alcool. Le gaz mortel s’était patiemment développé dans ses poumons, au rythme de la Petite Musique de Nuit de Mozart. J’avais choisi d’organiser le pot d’honneur le jeudi m’assurant que le verre de l’heureux élu ne soit jamais vide. Un collègue avait ramené Adam chez lui par mesure de sécurité mais ce dernier n’avait résisté à l’envie de retrouver sa caverne d’Ali Baba.
La police conclut à un tragique accident. J’acceptai le poste en mémoire d’Adam.
J’étais très content de cette ½uvre mais le destin me rappela que les génies ont souvent des vies tragiques. Suite à des céphalées persistantes, j’avais consulté mon médecin. Après examens, j’appris que j’étais atteint de la Chorée de Huntington : il ne me restait que peu de temps avant de finir en légume.
Avant d’en arriver là, je voulais terminer ma carrière sur un chef d’½uvre. Je cherchais la quintessence même du crime contre l’Homme et je me rappelai que Baudrillon, m’avais déjà indiqué le crime parfait contre l’Humanité. Je m’en rappelle : c’était lors d’un voyage au Japon.
Nous avions combiné nos emploi du temps afin de prendre le même vol à destination de Tokyo : j’allai rendre visite à mon frère et lui à son ami Yukito Kishiro. Après avoir réussi à nous retrouver côte à côte, je lui demandais s’il parlait japonais. Il ne parlait que quelques mots mais Yukito maîtrisait parfaitement la langue de Molière. Je pus le vérifier lors de mon séjour car Kishiro m’invita à dîner. C’est au cours de ce repas que Baudrillon nous indiqua que le clonage constituait le crime parfait contre l’Humanité, Yukito abonda dans son sens. L’Homme possédera dans un futur proche des clones qui lui serviront de pièces de rechange puis, à terme, les Hommes descendront tous d’une même cellule souche. Ils continuèrent à disserter sur ce qu’allait être l’avenir de l’Homme. Ecouter ces deux visionnaires ravi mon esprit.
Le crime parfait contre l’Homme étant trouvé, il me fallait trouver mieux : un Déicide.
En cherchant sur Internet, je suis tombé (pour une fois, c’était moi) sur Nous les Dieux de Werber ce qui me conduisit tout naturellement à la fourmilière.
J’ai d’abord observé cette société, puis j’ai compris que pour beaucoup de fourmis Werber est un dieu. J’en veux pour preuve ce message :
[quote="sylfirez"]c'est bizzare mais on orait presque a le prendre sur ce forum comme un dieu qui sous different pseudo pourrai apparaitre et répondre, a mon avis il doit se promener sur ce forum pour examiner les differentes réactions des humains sous differentes formes, en tout cas ca doit faire bizzare de voir presque un monde grouiller de message dans ce forum rien que pour lui ,c'est que l'air de rien on est beaucoup! en tout cas si il passe par tout hazard sur ce forum et sur ce topic je lui passe le bonjour . j'ai presque tendance a penser que ce forum serait comme une terre surveillé par un dieu qu'on ne sais meme pas si il est présent.
(Vous noterez que Sylfirez est loin d'être un Dieu en Français.)
J’ai remarqué aussi un désir d’éternité chez certains : l’ambition de devenir le Créateur d’un monde utopique.
Ce forum me permit donc de dépasser le 1er stade de déification (tel chanteur, acteur ou sportif est un dieu) et la conclusion suivante s’imposa d’elle-même : j’étais au bon endroit sur ce forum pour réaliser mon chef d'½uvre.
J’ai alors commencé les esquisses de mon ½uvre, allant par petites touches/messages. Mon esprit sculpta la glaise de mes idées pour la transformer en une vision précise et implacable. Il me fallait de l’argent pour réaliser mes desseins et, à ma grande honte, je dus bafouer mon talent pour arriver à mes fins. M’inspirant de la technique de mon frère, j’éliminais une co-locatrice gênante ainsi qu’un mari violent afin de récolter les fonds nécessaires. Aujourd’hui, je suis prêt, il ne me manque plus que votre contribution pour ajouter la touche finale. Je vous propose ainsi de participer à la réalisation d’un chef d’½uvre par le biais de ce sondage.
N’oubliez pas : une vie, si ce n’est la vôtre, en dépend.
Je me présente : Gean Nephilim, chimiste par contrainte alimentaire, meurtrier par goût artistique. Contrairement à mon frère jumeau, je me réclame artiste car je ne tue absolument pas pour l’argent.
Ma vocation se révéla à moi par l’intermédiaire de notre père. Je ne sais si le gène du crime existe mais je vous assure que l’on peut avoir des prédispositions héréditaires dans ce domaine. Nous l’apprîmes lorsque papa, pressentant sa dernière heure arrivée, nous convoqua à son chevet. Sa confession, ce soir là, allait lever un voile sur notre psyché tourmentée.
Avant de rencontrer notre mère, notre père s’occupait déjà de la ferme avicole léguée par ses parents. C’était une exploitation importante dont il s’occupait seul, aidé par des machines qui avaient l’avantage de ne point lui « raconter de conneries ».
Si on peut lui reprocher une certaine misanthropie, ce n’était pas un homme misandre, ce fut d’ailleurs la cause de son acte.
Une jeune femme, prénommée Alexia Lomme, vint un jour à sa ferme, les yeux en pleurs. C’était une ancienne amie intime de papa. Elle avait fuit le domicile conjugal et, ses parents habitant loin, elle avait pensé à lui pour l’héberger quelques temps (« mon cousin revient bientôt, j'irai alors le voir » lui confia t'elle). Avait il aussi quelque argent à lui prêter pour régler la course du taxi ?. Cela ne ravit pas du tout notre géniteur mais il accepta pour éviter tout esclandre (chose qu’il détestait par-dessus tout).
Dès le 2ème jour, notre père ne supportait plus sa présence, l’entendre déblatérer toute la journée sur son mari lui devenait insupportable : une solution radicale s’imposait. Il envisagea alors sereinement l’idée d’éradiquer ce problème.
Pour réaliser un crime parfait, il y a une chose essentielle à retenir, nous dit il : s’il n’y a pas de corps alors il n’y a pas de crime.
Partant de ce principe, la jeune fille connu les joies de la fabrication de farines animales :
Etape préalable : la jeune fille donna généreusement son sang pour l’élaboration de farine de sang : pour cela, après extraction à l’aide de grosses aiguilles et de pompes spéciales, le sang est déshydraté par utilisation du procédé spray (identique à celui utilisé pour la fabrication du lait en poudre). Ce procédé permet d'obtenir une poudre blanchâtre, sans odeur ni saveur. Ces protéines de plasma sont utilisées essentiellement en alimentation humaine, comme liant en charcuterie et en boulangerie et pour stabiliser les émulsions (mayonnaise...). Elles servent aussi bien évidemment à l’alimentation animale.
Etape suivante : la fabrication de farine de viande avec os. Le corps exsangue est réduit en morceaux de 10 à 50 mm de côté grâce à un concasseur de matières premières crues. Il existe des broyeurs capables de traiter des carcasses entières, car dans les équarrissages, il doit y avoir le moins de contact possible entre le manipulateur et les déchets animaux. Tout est convoyé, broyé et manipulé à l'aide de machines.
Puis, papa, à la pointe de la technologie pour l’époque, utilisa un expanseur. Ce gros four sert à déshydrater les viandes et à liquéfier les matières grasses par la cuisson.
Enfin, La dernière étape de la fabrication est un broyage fin qui permet de donner au produit final un aspect homogène de farine.
Vous savez, le cycle de la chaîne alimentaire m’a toujours émerveillé (pas vous ?). Elle avait mangé du poulet le soir et elle se retrouvait dans le jabot de cet animal le lendemain midi : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.
Quelques mois après, la police interrogea notre père sur la disparition de la jeune femme mais celui-ci leur répondit qu’elle lui avait parlé de rejoindre son cousin. Il n’avait pas de nouvelles depuis ....
Cette révélation apporta la réponse à notre raison d’être : nous étions fait pour tuer l’Homme. D’ailleurs n’avions nous pas commis notre premier crime parfait dès la naissance ? Maman n’avait pas survécut à notre accouchement.
Je choisis comme thème à mon grand Oeuvre : « La Routine ne tue pas que l’Amour », mon frère, lui, préféra, «La Mort par Procuration ». Je fus le premier à m’exprimer : l’occasion fait le larron comme disait notre père. Un rival avait pris l’avantage sur moi du fait d’un superbe bolide qui impressionnait la belle. Lors d’une soirée entre amis, je m’éclipsais pour déposer un cadeau dans le coffre de sa voiture. Lorsqu’il fut rentré chez lui, je lui en déposai un autre sous sa roue. Le lendemain, je n’avais plus de rival : crise cardiaque mystérieuse. Le journal local relata les évènements de cette façon :
« Hier, un jeune homme de 22 ans, employé à l’usine Michelin, empruntait la RN4, comme à son habitude, pour se rendre sur les lieux de son travail. Durant le trajet, il du s’apercevoir que la roue arrière gauche de sa voiture était crevée. S’arrêtant sur le bas coté, il entreprit de sortir la roue de secours située dans le coffre pour procéder au changement. Malheureusement le poids conséquent de la 18 pouces et les excès de la veille ont sans doute eu raison du c½ur de ce pauvre jeune homme. La découverte du corps fût malheureusement trop tardive pour espérer une réanimation. Rappelons que cette voie est peu fréquentée, si ce n’est par les amateurs de vitesse, depuis l’ouverture de la bretelle d’autoroute. La police reste cependant circonspecte sur les circonstances possibles de cet accident, l’âge et les antécédents médicaux de la victime ne plaidant pas en faveur de l’hypothèse citée ».
Je fus interrogé par la police mais non je n’avais rien remarqué de particulier hier soir.
Oh, bien sûr, j’avais déposé un ballon rempli de cyanure d'hydrogène sous la roue du coffre ; de façon à ce qu’il explose si on touchait à celle-ci mais je ne voyais pas l’intérêt de le mentionner. Non, l’intérêt résidait, pour moi, dans le fait que ce gaz est quasiment indécelable dans le corps humain: juste une petite odeur d’amande lorsque l’on ouvre les poumons de la victime. Je n’allais pas importuner ces braves fonctionnaires pour une histoire d’amende : pour une fois, ils avaient autre chose à faire....
Quant à moi, je consolai la belle en recueillant ses confidences sur l’oreiller.
Mon frère exerça, quant à lui, ses talents au Japon, pays qui le captive par sa tradition et sa modernité. Il y épousa la fille d’un chef yakusa. D’aucun annoncèrent cet engagement comme viable mais le père de la mariée vit dans les yeux jaunes de mon frère l’âme d’un senseï.
Mon frère gagna beaucoup d’argent par sa méthode de meurtre. Avouons aussi qu’il était sur un marché porteur et que les contacts de beau-papa lui assuraient un pourvoi de clients important. Son succès tenait sur une particularité japonaise : il existe dans ce pays beaucoup de sites Internet qui proposent ou invitent au suicide. Utilisant cette mode, ses victimes se retrouvèrent à y déposer systématiquement un message, par son entremise bien entendu. Lorsque le contrat ne possédait pas de raisons de se suicider, mon frère lui en fabriquait une. Il détruisait des couples, provoquait des peines de coeur, ruinait des carrières ou des études ...etc. Il ne lui restait plus qu’à leur offrir un bain ou bien encore une bonne dose de monoxyde de carbone (le perroquet rieur n’avait plus la côte) et le tour était joué. Lorsqu’il eut assez d’argent pour vivre dans l’aisance jusqu’à ses 489 ans, il arrêta car comme il le dit si bien « c’est comme le casino, il faut savoir arrêter. »
Mon premier meurtre m’inspira un sentiment de plénitude mais je ne ressentis pas le besoin de récidiver, enfin pas dans l’immédiat. Et puis, surtout, je fis quelques temps après une rencontre qui allait bouleverser ma vie. J’étais en licence de chimie mais je suivais aussi, cette année là, certains cours de philo car Baudrillon y enseignait. Les livres de cet homme m’avaient permis de comprendre et d’aimer le monde dans lequel j’évoluais. L’écouter était pour moi un nectar divin dont je n’aurai pu me passer. A l’un de ces cours, il demanda si le monde actuel était encore réel. Plusieurs y allèrent de leurs réflexions sur les nouvelles technologies de communication puis, il se frotta le menton et me regarda (j’étais assis au 3ème rang pour ne rien perdre de ses paroles).
- Et vous, qu’en pensez vous ?
- Je pense que le monde sera réel tant qu’il y aura des Pee Wee pour se masturber dans les
cinémas pornos.
J’avais aussi une autre réponse mais appliquant le principe de précaution, je la gardais pour moi.
Les étudiants qui avaient répondu précédemment se gaussèrent mais lui ne rie pas.
- Développez, s’il vous plait
- La réalité des gens, des choses se révèle par leur face cachée.
A partir de ce jour, nous devînmes amis comme peuvent l’être un disciple et son maître.
Il m’avoua plus tard m’avoir interrogé à cause de mes yeux. Mes yeux, outre le fait qu’ils soient jaunes, sont très expressifs. Ne sont pas ils les fenêtres de l’âme ?. Il y voyait parfois une lueur fantasmagorique, proche de la folie, à l’aura hypnotisante.
Les discussions avec ce grand homme comblaient mon intellect et m’éloignai de mon art mais un collègue de travail, Adam Smith, m’amena à m’essayer à cet exercice de style imposé qu’est le meurtre en chambre close. Nous étions pressentis tous les deux pour l’attribution d’un poste plus important dans la société. J’aimais beaucoup Adam car il possédait l’âme d’un esthète. En mélomane averti, il s’était construit une pièce insonorisée pour profiter de toute la grâce des ½uvres de Beethoven, Brahms, Mozart, Dvorak,ou Mahler. Il s’enfermait dans cette pièce chaque soir pour écouter ces symphonies grâce à sa platine vynil Clearaudio, servie par un complexe d'enceintes Sigma audio. Tout ce matériel était constitué en grande partie de bois d’ébène, ce qui permettait une restitution du son à la pureté cristalline.
Chaque jeudi matin, avant d’aller travailler, il astiquait son trésor pour qu’il conserve sa magnificence. Il aimait aussi sentir le bois se gorgé d’une force nouvelle.
Adam obtint le poste, sans doute grâce à sa plus grande sociabilité. En beau joueur, j’organisais un pot en son honneur.
Il ne vint pas au travail le lendemain. C’est sa femme, en rentrant de son travail, qui donna l’alerte : un voisin défonça la porte de la pièce d’Adam et découvrit son corps inanimé.
J’avais conseillé à Adam une crème nourrissante spécialement adapté à l’ébène. Comme beaucoup d’autres produits nettoyants, le tétrachlorure de carbone entrait dans sa composition. Voyez vous cette molécule à la particularité de se transformée en Zyklon B, gaz tristement célèbre, quand elle est mélangée aux vapeurs d’alcool. Le gaz mortel s’était patiemment développé dans ses poumons, au rythme de la Petite Musique de Nuit de Mozart. J’avais choisi d’organiser le pot d’honneur le jeudi m’assurant que le verre de l’heureux élu ne soit jamais vide. Un collègue avait ramené Adam chez lui par mesure de sécurité mais ce dernier n’avait résisté à l’envie de retrouver sa caverne d’Ali Baba.
La police conclut à un tragique accident. J’acceptai le poste en mémoire d’Adam.
J’étais très content de cette ½uvre mais le destin me rappela que les génies ont souvent des vies tragiques. Suite à des céphalées persistantes, j’avais consulté mon médecin. Après examens, j’appris que j’étais atteint de la Chorée de Huntington : il ne me restait que peu de temps avant de finir en légume.
Avant d’en arriver là, je voulais terminer ma carrière sur un chef d’½uvre. Je cherchais la quintessence même du crime contre l’Homme et je me rappelai que Baudrillon, m’avais déjà indiqué le crime parfait contre l’Humanité. Je m’en rappelle : c’était lors d’un voyage au Japon.
Nous avions combiné nos emploi du temps afin de prendre le même vol à destination de Tokyo : j’allai rendre visite à mon frère et lui à son ami Yukito Kishiro. Après avoir réussi à nous retrouver côte à côte, je lui demandais s’il parlait japonais. Il ne parlait que quelques mots mais Yukito maîtrisait parfaitement la langue de Molière. Je pus le vérifier lors de mon séjour car Kishiro m’invita à dîner. C’est au cours de ce repas que Baudrillon nous indiqua que le clonage constituait le crime parfait contre l’Humanité, Yukito abonda dans son sens. L’Homme possédera dans un futur proche des clones qui lui serviront de pièces de rechange puis, à terme, les Hommes descendront tous d’une même cellule souche. Ils continuèrent à disserter sur ce qu’allait être l’avenir de l’Homme. Ecouter ces deux visionnaires ravi mon esprit.
Le crime parfait contre l’Homme étant trouvé, il me fallait trouver mieux : un Déicide.
En cherchant sur Internet, je suis tombé (pour une fois, c’était moi) sur Nous les Dieux de Werber ce qui me conduisit tout naturellement à la fourmilière.
J’ai d’abord observé cette société, puis j’ai compris que pour beaucoup de fourmis Werber est un dieu. J’en veux pour preuve ce message :
[quote="sylfirez"]c'est bizzare mais on orait presque a le prendre sur ce forum comme un dieu qui sous different pseudo pourrai apparaitre et répondre, a mon avis il doit se promener sur ce forum pour examiner les differentes réactions des humains sous differentes formes, en tout cas ca doit faire bizzare de voir presque un monde grouiller de message dans ce forum rien que pour lui ,c'est que l'air de rien on est beaucoup! en tout cas si il passe par tout hazard sur ce forum et sur ce topic je lui passe le bonjour . j'ai presque tendance a penser que ce forum serait comme une terre surveillé par un dieu qu'on ne sais meme pas si il est présent.
(Vous noterez que Sylfirez est loin d'être un Dieu en Français.)
J’ai remarqué aussi un désir d’éternité chez certains : l’ambition de devenir le Créateur d’un monde utopique.
Ce forum me permit donc de dépasser le 1er stade de déification (tel chanteur, acteur ou sportif est un dieu) et la conclusion suivante s’imposa d’elle-même : j’étais au bon endroit sur ce forum pour réaliser mon chef d'½uvre.
J’ai alors commencé les esquisses de mon ½uvre, allant par petites touches/messages. Mon esprit sculpta la glaise de mes idées pour la transformer en une vision précise et implacable. Il me fallait de l’argent pour réaliser mes desseins et, à ma grande honte, je dus bafouer mon talent pour arriver à mes fins. M’inspirant de la technique de mon frère, j’éliminais une co-locatrice gênante ainsi qu’un mari violent afin de récolter les fonds nécessaires. Aujourd’hui, je suis prêt, il ne me manque plus que votre contribution pour ajouter la touche finale. Je vous propose ainsi de participer à la réalisation d’un chef d’½uvre par le biais de ce sondage.
N’oubliez pas : une vie, si ce n’est la vôtre, en dépend.