Hmmm, eh bien c'est à mon tour je crois ? 4 pages A4 On verra bien ce que vous en allez en penser ^^.
Attention toute similitude avec des événements actuels concernant un de mes amis. Serait tellement aberrante que j'irais de ce pas manger un pot de nutella avec des baguettes en chantant le générique de fifi Brindacier en Allemand.
Vous devez sans doute tous vous rappelez ce que peut donner un conte ? La pauvre fille envoyée dans le petit patelin à deux cents mètres d’un château doté d’un prince libre ? Les aventures relativement romanesques, qui se terminent toujours par « et ils vécurent heureux jusqu'à la fin de leur jour et eurent beaucoup d’enfants… ». Et si la fin n’était pas toujours là où elle est signalée, et si le début était plus proche de là où nous penserions le trouver.
Pour tous les citadins, chaque ville recèle sa petite part de ruelles étroites sombres et sordides. Du moins en apparence. S'ils ne sont pas encore devenus des lieux de débauche. Il s’agit juste de lieux à moitié oubliés et à la population discrète et vieillissante. Il s’agit parfois de lieu très agréables avec un charme propre, propice à la ballade nocturne pour insomniaque chronique, et des poètes en train de cueillir leurs nouvelles fleurs du mal. Bon n’excluons pas les touristes égarés, les personnes un peu trop éméchées et perdues dans le coin. Il y a une ville près de chez moi. Une ancienne ville médiévale en fait. Il suffit de quitter la gare et de s’enfoncer peu à peu dans les plus vieux quartiers. Certains d’entre eux sont plutôt net, récemment rénovés ou démolis. Pourquoi vouloir arrêter le progrès ? Puis il y a une simple ruelle sur votre droite. Il suffit de s’y engager de passer l’épreuve des pavés glissants et de continuer. Au bout du périple ? Il y a un simple escalier qui rentre dans la cave d’une vieille maison. Il n’y a pas d’enseigne, pas de menus. Aucune lumière inondant le pavé. Juste une simple porte en chêne. Une simple poussée ou un coup d’épaule quand le temps est humide et on rentre.
Que dire de l’endroit. Ce n’est pas tellement sombre. Deux trois salles, des tables, des chaises, quelques box et un bar. La principale source de lumière est une série de lampes au plafond. Sur les tables, on peut allumer de petites lampes. Si vous y allez en début de soirée. Vous serez probablement assez seuls. Il n’y aura que quelques consommateurs. Le barman vous indiquera votre table. Les habitués n’aiment pas trop qu’on leur chipe la leur et je les comprends, j’ai d’ailleurs mon propre box. Vers 22 heures plus ou moins, les clients commenceront à entrer au compte goutte. Des jeunes, des vieux, des beaux, des laids, la faune locale est plutôt variée.
Vous verrez sans doute, une jeune femme à l’air triste. Ce que l’on peut dire d’elle ? Elle a une jolie peau. Que dire d’autre hormis sa phobie des pommes ? Elle est parfois accompagnée de deux trois personnes de petites tailles. Quelle réprimande sans force quand ils s’emportent. Je lui ai parlé quelques fois. Je me rappelle qu’elle était bien différente à une époque. Bien différente. Elle n’était pas toujours d’humeur joyeuse mais son corps lui convenait. Elle n’avait pas jugé utile de me raconter son histoire. Je l’avais déjà lue ou vue. A la fin de l’histoire son prince bavant, comme elle l’appelle, c’était rapidement transformé en l’archétype du parfais régnant. Il était devenu un soiffard coureur de jupons. Au début elle l’avait pas trop mal supporté jusqu’au jour où elle a réutilisé une recette payante à base de pommes.
Il repose actuellement dans un puit de mine. Pas de bol pour la princesse qui aura la malchance de devoir aller le réveiller. Elle devrait commencer par l’escalade du mont blanc ça lui ferait les pieds.
En parlant de pieds, il y a une autre cliente régulière avec qui je parle parfois. Elle a terminé sa rééducation et elle arrive à marcher correctement. Avec elle j’ai appris pas mal de nouvelles insultes. Elle a une dent contre les traducteurs incompétents. Eh oui marcher avec des pantoufles de verre. Ca ne marche pas vraiment. Enfin pas longtemps. Bon ça n’était pas trop grave avant qu’elle n’attrape la gangrène. Ils ont réussi à sauver à peu près au niveau de la mi cuisse. Eh oui les grandes histoires d’amour ça vous coupe les jambes non ? J’avoue c’était mauvais.
Il y a aussi une autre sorte de faune qui hante ce bar. Des anciens mythes, des anciens dieux. Si vous voyez un grand gars avec des pattes velues et des cornes. Mi homme, mi bête. Il se plaint souvent de toute la mauvaise publicité. Il est assez peu répandu de nos jours. Je parle de Pan. Bien sur il a bien trouvé de l’emploi lors de l’age d’or du christianisme. Eh oui, des sabots, des cornes, des attributs à rendre jaloux d’envie, notre ami Rocco. A la base cauchemar des bergères, il s'est retrouvé l’ami des sorcières. Au lieu de ce balader dans les prés. On lui a attribué des enfers de souffre et de laves. Je lui avais donné quelques tuyaux au début. Il n’a même pas été capable de rallier le banquier là avec ses douze créanciers qui erraient de ville en ville pour sponsoriser la nouvelle croyance à la mode. Diriger ma propre religion ? J’avoue j’en ai toujours rêvé.
Il y a aussi ses vieilles dames déjà citées plus haut. Qui sont toujours prêtes à vous préparer une délicieuse tisane, prêtes aussi à aider les jeunes filles ayant fait une bêtise de ne pas devenir femmes avant l’heure. Elle parle encore avec crainte de toute la vague de répression. Qu’elles ont du subir dans le temps. Certaines ne s’en sont jamais remises. J’aime discuter avec elle. C’est instructif. Surtout au niveau des plantes. Eh bien quoi il faut bien gagner sa vie non ?
Sauf une qui est plutôt hargneuse. Il faut la comprendre aussi. On se souvient d’elle comme d’une affreuse femme qui dévorait les enfants. Elle a fini par se faire enfermer dans son four par deux gosses. Le respect se perdait déjà à l’époque. Il ne fallait pas déconner non plus. Quand elle est sortie du four, elle est allée leur roussir leur fond de culotte à ces deux garnements mais l’histoire n’a pas retenu cette parties là. Dommage, elle vaut le détour.
Que dire mes amis, que dire. Quand je regarde tous ces visages fait de l’image que l'on peut leur donner. Ces gens trop faux, comme trop souvent fixés. Je pressens ce que seront les contes de demain. Que dire sinon que les anciennes croyances tombent déjà dans une espèce d’antiquité. Elle sont fixées et déformées. Dépourvues de leur morale originelle. Le spectacle pour le spectacle. Je vois venir d’ici les contes futurs de notre temps. Si la tradition orale survit à la tradition de l’information impersonnelle. Voyez vous dans ce coin où j’ai ma place, l’ancien conteur, qui était respecté et écouté. Instruisant les jeunes et les vieux. Y en aura-t-il parmi les miens qui encore pourront se faire écouter ?
Peut être cela pourrait t’il donner ceci.
« Il y a bien longtemps dans l’âge post atomique. Un jeune homme qui sous son aspect simple, son attitude parfois enjouée, parfois trop sérieuse, traversait la vie comme nous le faisons tous. Il s’adonnait aux études. Un être tout à fait banal hormis ses quelques qualités. Mais à cette époque il y avait un autre monde. Un monde baroque, ce monde de miroirs et de jeux de tromperie, appelé "Internet". Cette frontière où certains se sont perdus. Notre jeune homme passait une partie de son temps à figer des reflets de sa vie dans ce grand monde. Dans ce réseaux il avait tissé quelques toiles. Une partie de ce qu’il était se déployait pleinement ici. Il y montrait toute sa grandeur, ses tours d’esprit pouvaient être vus et compris. Mais ce prince anonyme n’en restait jamais là. Voyageant de site en site. Parfois bien vu parfois mal vu. Il se plaisait à virevolter sa prose. Il aimait mettre au point de petits stratagèmes. Parfois en loup solitaire et parfois en groupe. IL se plaisait à obtenir de petites victoires. Parfois, il s’en revenait prince déchu ou parfois il laissait dans une partie de cette toile l’image modernisée du prince qu’il aurait pu être dans l’époque féodale. Un prince solitaire qui n’avait plus de royaume à gouverner dans le monde réel mais qui virevoltait sur la toile avec toute l’aisance imaginable.
La toile, un monde dans le monde. Souvent bien plus prenant que le réel. Là où on peut être ou paraître avec tant de facilité. Le monde où chacun est un diamant à sa manière. Certains sont bons et cherchent à construire. D’autres sont misérables et ne cherchent qu’à détruire. Jeunes, vieux, beaux, laids, géniaux ou ignares. Vous trouviez de tout mais tout n’était pas rose dans ce vaste monde. Des prédateurs, des personnes si mauvaises rodaient encore et encore. Tant de drames petits ou grands, et rien ne pouvait les empêcher de se produire. Car les deux mondes ne sont parfois que si peu compatibles. La toile était la liberté contrôlée tant bien que mal. La toile était un no man’s land, où les démons côtoient les anges. Où les anges se transforment en démons. Et vice et versa.
Notre prince se faisait à ce monde. Observant avec pitié la médiocrité de certaines parties de cet intra monde.
Mais notre prince était bien seul. Parfois dans les deux mondes, il croisait une de ces personnes avec qui on partage un moment de bonheur mais bien souvent cela se terminait comme cela avait commencé, sans éclat. Il n’y avait pas de canasson blanc, pas de fanfare, pas de repos véritable dans une ambiance sereine.
Ailleurs, la vie continuait pour cette jeune fille. Parfois rieuse, rarement amère. Sa vie était simple vue de l’extérieure. Une ligne droite vers un but inconnu. Elle raffolait des petits plaisirs qu’offrait la vie. Elle aussi naviguait sur le monde miroir à la recherche de tout ce que la fortune lui amènerait. Que cherchait-elle ? Personne ne le sait vraiment. Que désirait-elle ? Elle-même ne le savait pas.
Deux vies qui se poursuivent indépendamment. Pas de destinée écrite dans des grands livres d’histoire. Au détour d’un nœud. Ils se sont rencontrés. De simples échanges au début sur une simple idée. Que peut-il se passer quand on offre à quelqu’un un miroir de sa vie. Parfois certains le range dans un recoin de leur mémoire et le laisse prendre la poussière. Certains le brise et renvoie les morceaux tranchants. Une pensée détruite, une envie de nuire. Parfois le miroir est déformé et ils le renvoient en pleine face. Ces plaisirs mesquins communs aux deux mondes. Parfois, certains en font quelque chose d’agréablement surprenant. Que se passe t’il ici ?
Il voit cette jeune dame, auréolée de mystère. Cette dame l’intrigue. Qui est donc cette mystérieuse personne qui vit sa vie dans ce lieu si lointain. Elle titille son imagination. Est-elle triste le visage tourné vers le nord ? Des larmes comme des pierres scintillantes coulent-elles le long de ses joues d’une blancheur virginale ? Est-elle grave au milieu du tumulte de la vie, sa vue braquée sur son objectif. Est-elle la dame de fer qui broie ceux qu’elle rencontre comme de simples poupées de cire ? Est-elle une veuve noire, jouant et torturant encore avec sa victime ? Broyant ses favoris dans ses mandibules, leur corps emplis de venin. Est-elle une femme douce et bienveillante, apportant conseil et réconfort aux âmes dans le besoin ? Est-elle une frêle ombre qui passe dans ce monde laissant sa marque de joie, de sourire et de souvenir heureux ? Pauvre petit prince, ta dame est-elle son ombre, ou sa lumière ? Il ne connaît pas la réponse. Il ne connaît que les questions. Il se lance au final ce ne sera peut être qu’une entreprise sans conséquence.
De simples échanges, la magie opère et les transforme en communion. Une communion faite d’échange de fragments de vie, de bout de pensées. De l'avidité ? Non, une simple soif que l’autre apaise. Comment se passe son parcourt aussi calme soit t'il. Comment passe t’elle au dessus des difficultés ?
Le temps passe et la soif grandit. Ils gardent profil bas, masquent leur soif grandissante. Ils savourent chaque moment et ils déplorent quand le monde les rappelle. C’est un bal. Où tournent et tournent les facettes. Celles que l’on garde cachées, celles que l’on expose timidement. Les facettes de vents qui passent là où l’on ne veut pas en dire trop de peur du regard de l’autre.
Au fil du temps ? Eh bien, Notre prince a trouvé un diamant. Attiré par un simple reflet dans les remous de la toile. Il s’est employé à le polir face après face. Elle est rieuse, elle est belle, elle est intelligente, elle a de la répartie…
De nouvelles facettes, de nouvelles joies, de nouveaux mystères à lever. Parfois lourds et graves parfois simplement futiles comme une brise.
Longtemps après leur premier contact sur la toile. Ils se sont rencontrés. Ils passèrent un long moment ensemble. Deux petits être animant chacun un univers que constitue l’autre. Ils n’ont pas regretté ce premier contact hors de la toile. Mais la dame a du repartir. Laissant son prince avec une promesse de revenir. La dame sur la route avait la promesse d’une visite. »
Ils vécurent heureux ? Peut être, nous leur souhaitons. Ils heureux beaucoup d’enfants ? Allez savoir. Il leur reste à construire et consolider leur bonheur. Leurs échanges s'ils restent aussi riches leur assureront de longs moments de bonheur. Le reste de leurs échanges ? Ca ne nous regarde pas ! Pourquoi, je ne raconte pas leur relation après l’ultime moment du conte ? Le conte ne s’y intéresse pas. Si les contes devaient assurer le bonheur. Les conteurs devraient abattre les gens au pic de leur bonheur.
Que dire, que retirer de cette histoire. A coté des contes anciens, se trouvent les contes nouveaux. A tous ceux qui vivent de merveilleux moments partager les. A tous ceux qui vivent des horreurs partagez les; Ne les partager pas; Gardez les pour vous.
C’est à vous de choisir. Parfois, vous rencontrerez quelqu’un qui vous trahira dans d’autres fois quelqu’un qui vous soutiendra. Dans le doute faites vous anonyme, dans la confiance révélez-vous. Avant de vous ouvrir donnez-vous le temps et la peine de dévoiler les facettes de ceux qui vous observent et que vous observez. Il n’y a pas de bien et de mal, juste des gens et leurs actes. Chaque jour nos actions pourraient donner lieu à un conte. Chaque jour nos doutes pourraient donner lieux à une histoire. Chaque peur, un récit
Si vous passez par ce petit bar perdu au détour des ruelles. Si vous vous asseyez à une table et que vous commencez à observer. Vous verrez ceux qui resteront toujours quelque part, indémodables : des contes morts à cause de l’oubli, des mythes oubliés, des mythes transformés, des dieux trop humains. Ce lieu existera toujours peu importe l’époque. Car tant qu’il y a des humains, il y aura des histoires. Des nouveaux dangers se pointeront à l’horizon. Des anciens ressurgiront.
Vos verrez peut être un jour notre prince et sa dame assis dans leur box à partager encore et encore. Vous verrez peut être notre prince seul, notre dame seul attendant la venue de l’autre.
Lorsque vous rencontrerez un des nôtres en ce lieu, vous y verrez un peu de vos attentes, un peu de vos peurs, un peu du monde et peut-être je vous le souhaite beaucoup de vous-même.