[Galerie] [nouvelle]Naissance d'une vampire
Posté : mar. mars 21, 2006 3:13 am
Je m’appelle Marie Donnadieu. Je n’ai pas choisi mon prénom, ce sont ces prêtres qui l’ont fait. Je suis née en 1946, du moins c’est ce que mes papiers indiquent. Je ne connais ni ma mère, ni mon père. Ma génitrice m’a abandonnée dès ma naissance, peut-être suis-je le fruit d’un amour entre une française et l’occupant allemand ou bien le triste résultat d’un viol dénué de tout sentiment ? Le fait est, que dès mon plus jeune âge je fus mise dans un de ces orphelinats sordides n’ayant rien à envier aux centres pénitentiers. Enfant non désirée, enfant torturée. Je ne me souviens plus de mes jeunes années. A l’âge d’environ huit ans (ou bien s’agissait-il de mes dix ans ? Comment se souvenir du temps qui passe dans un lieu qui en est justement exclu ?), je me rappelle m’être liée d’amitié avec une certaine Blandine. Blandine était plus âgée que moi, plus forte aussi. C’est elle qui m’avertit de ce qui se passait dans les dortoirs la nuit lorsque tout le monde dormait. Des enfants geignaient, partaient dès le lever du soleil à l’infirmerie et pour certains se laissaient mourir ou pour d’autres devenaient violents.
« Les prêtres, me souffla Blandine. Ils viennent la nuit te faire des choses. Je sens que mon tour viendra prochainement. Et sur ces paroles, elle ouvrit le tissu crasseux qui nous servait de tunique et me montra le visage blême, sa poitrine naissante.
_Pourquoi, lui demandais-je.
_Parce que je deviens une femme, prie le Petit Jésus pour que tu restes toujours une enfant et ne deviennes jamais une femme, car à ce moment … à ce moment … »
A ce moment, Blandine s’effondra dans mes bras d’enfant.Que lui dire ? Comment apaiser cette angoisse sourde qui pointait ses cruels crocs à travers ce doux visage ? Et le lendemain, je sus que mon amie n’était plus la même qu’elle était « passée à la casserole » comme le disaient mes frères et sœurs d’infortune. Elle était terne, la lumière de l’Espoir qui brillait dans ses yeux, éteinte. Elle ne m’adressait pas la parole et le soir suivant, elle se pendit avec ses haillons. Sa mort fut une gifle pour mon cœur de gamine. Ses obsèques furent célébrées discrètement et sa dépouille enterrée derrière la petite chapelle de Sainte-Rita. Restée seule sur sa petite tombe je me jurais que jamais je ne laisserais ces hommes en noir, ces hommes d’église me toucher. Jamais.
La suite de mon enfance oscille entre bagarres sciemment provoquées et entraînement intensif avec les enfants jugés violents. Je n’étais pour les hommes en noir, qu’une sauvageonne qu’ils sauront bien mater un jour ou l’autre. Au fil des années, je devins une jeune fille agile, rapide, aussi brutale que les enfants devenus fous à cause des mains « bénies ». Et un beau matin, ce fut le choc. Je m’en souviendrais toujours. Nous étions en été, un de ces étés chauds comme seul le Sud de la France peut générer. Je me levais comme d’habitude, me dépêchais de faire mon lit au carré comme d’habitude et me dirigeais vers la salle d’eau comme d‘habitude. Et là. Là, devant ce grand miroir qui occcupait tout un pan de mur, je les vis. Deux excroisssances. Deux excroissances qui signifaient que je passerait à la casserole. Mes prières avaient été vaines, le Petit Jésus ne m’avait pas aidé. Je devenais une femme et cela je ne le désirais pas.
Dès ce jour, mes nuits furent des nuits blanches, mes journées des heures interminables à cacher ces changements que je ne pouvais contrôler et que l’on appelle la puberté. Je survécus ainsi encore quelques mois, et un jour ils me virent. Je me lavais, cachée des regards des autres et le Père Rémy me surpris, il vit, une lueur concupiscente dans le regard que je n’étais plus une gamine mais que j’étais prête, prête pour l’amour de Dieu.Il s’approcha de moi les mains avides, tendues vers ces formes que je haissaient. Je lui décochais un violent coup de pied dans le bas-ventre. Mon corps ruisselant d’eau et de savon ne lui permettait aucune prise, je réussis à lui échapper du haut de mes 15ans. Mais pas pour longtemps…
La nuit-même, j‘entendis la porte du dortoir s’ouvrir, des sandales claquer sur le sol. Je retenais mon souffle, appelant le Ciel de me faire disparaître ou alors de me faire toute petite. Je serrais dans ma main le couteau que j’avais subtilisé au réfectoire. Un petit couteau à beurre qui représentait pour moi ma seule arme de défense. Rémy était au bout de mon lit, l’angoisse étreignait ma gorge, mon souffle était court. Je sentis son poids sur le lit, puis une main se glissa sous les draps effleura presque amoureusement ma jambe et entreprit une ascension qui s’avérera douloureuse (et Rémy ne s’imaginait pas à quel point). Je rabattis violemment le drap, et d’un geste vif enfonçait mon arme improvisée dans le bas-ventre du prêtre, à l’endroit auquel tiennent tant les hommes ! Rémy se mit à hurler, je n’eus pas le temps ni l’envie de comprendre ce qu’il cria. Je devais faire vite, très vite. Je saisis ma capeline, enfilas mes galoches, et me mis à courir avec une seule idéé en tête : fuir, fuir, fuir.
Comment ai-je réussi à quitter cet endroit, je ne saurais vous le dire. J’ai couru logtemps. Jusqu’à ce que mon souffle ne fut plus qu’un râle, jusqu’à ce que ma gorge me brûle, jusqu’à ce goût métallique qui signifie qu’il faut s’arrêter. J’avais toujours en main le couteau, poisseux, gluant. Je le jetais dans un taillis en souriant. Rémy ne salira plus aucun enfant… L’orphelinat… Tant d’innocents encore emprisonnés là-bas, victimes de ces hommes prônant une religion d’amour, ces hommes en noir qui hanteront mes nuits pendant de longues années. Je restais tapie dans une forêt pendant quelques semaines, vivant de cueillettes, même si certaines baies avaient des effets ô combien gênants (inutile de vous les décrire !)
Lorsque je me décidais à rejoindre la civilisation, j’étais une morte-vivante, plus animale qu’humaine. Mes longs cheveux bruns ressemblaient à nid de perdrix, mes ongles étaient d’une saleté repoussante, mes yeux bleus avaient un regard hanté de bête sauvage, quant à mes vêtements qui ne ressemblaient déjà à rien et bien là ! Ils tenaient sur moi, Dieu seul sait comment. En y repensant j’ai dû alimenter les mythes des folklores locaux ! Enfin, je me suis dit qu’il était temps que je me fasse une place au soleil. Et c’est de nuit, que je pénétrais dans un village des Alpes. Un charmant petit village au pied de la montagne, ceint d’une épaisse forêt, avec le petit ru à proximité. Un vrai petit hameau idyllique. Je m’introduisis dans une grange, éloignée du centre du village, m’y fis un nid dans le foin comme les rats, et, pour la première fois depuis longtemps, je m’endormis sans crainte des bêtes nocturnes, animaux comme hommes en soutane.Sans angoisse, sans peur.
Ce qui me réveilla le lendemain, ne fut pas la cloche de l’orphelinat appelant ses prisonniers à la messe, mais la langue râpeuse d’un énorme matou gris. Un de ces gros chats gras et dodus qui ne doivent guère courir la souris. Rendez vous compte ! Ma première marque d’affection dénuée d’intention lubrique m’a été prodiguée par un animal !Et c’est alors que je le vis. Le minet n’était pas venu seul. Un vieil homme se tenait dans la lumière du jour naissant. De courts cheveux gris, petite taille, léger embonpoint, et surtout des yeux verts pétillants où ne luisait aucune concupiscence, aucune malveillance. Trop tard pour me cacher !
« Bonjour petite chose, que faites-vous ma grange s’il vous plaît, me demanda-t-il les yeux rieurs.
_Euh…euh…
_Est-ce là tout ce que tu as dire petit singe ?
_Ben, en fait… »
Et là, je lui déballais toute ma triste histoire, avec les pleurs, les cris, je ne sais pas s’il comprit grand chose à travers mes sanglots, mes reniflements et j’en passe ! Le fait est, qu’il était accroupi près de moi et qu’il me proposa de rentrer chez lui, histoire qu’il voit si j’étais vraiment un singe qui parle ou s’il y avait un être humain sous cette crasse. Je pris cette main ridée dans la mienne et je le suivis. Il s’appellait Théodore, c’était l’ « artiste » du village, un vieil excentrique qui passionnait les enfants avec les jouets et gadgets qu’il leur fabriquait. Il n’avait malheureusement pour lui, eut aucun de ces gamins qu’il adorait tant. Et, comme cà, sans que cela ne me dérange vraiment, il me proposa d’être son apprentie. J’étais trop âgée pour jouer avec ses fabrications mais pas trop jeune por l’aider ! J’acceptais, c’était nouveau pour moi, la gentillesse, la tendresse, la bonté. L’humanité !
Il m’apprit à lire, à écrire, à bidouiller des objets qui ravissaient les gamins du village, à dessiner aussi. Je me souviens de ces ballades que l’on faisait dans la montagne, de ces après-midi passées à dessiner les animaux des bois. Je l’appelais Grand-Père et lui m’appelait petit singe. Mais les villageois n’étaient pas dupes, ils avaient vaguement entendu parler d’une gamine violente qui s’était échappée d’un orphelinat, aussi par respect pour le vieux Théodore jamais ils n’en firent mention devant lui. Je vécus ainsi 3 longues années de bonheur sans nuages. Jusqu’à ce jour où la lumière de mon existence, celui qui m’a redonné goût à la vie et espoir en l’homme, s’éteignit. Simplement. Sereinement. Calmement. Sans douleur. Je rentrais des courses faites au village. En pénétrant dans le petit chalet de Théodore, je le vis, assis dans son fauteuil à bascule, face à la cheminée. Il avait l’air endormi, un sourire aux lèvres. Je me suis approchée doucement de lui, pour relever son édredon qui était tombé, il avait souvent froid ces derniers temps. C’est à ce moment que je me suis rendu compte qu’il était parti. Le sac que je portais tomba avec un bruit qui me semblait assourdissant sur le moment. Mes jambes ne purent me soutenir davantage. Je suis restée ainsi deux jours, prostrée auprès de lui, tenant sa vieille main ridée, froide et déjà raide dans la mienne. Les gens du village montèrent chez nous et me trouvèrent dans cette position. On cria au meurtre, la gamine évadée avait assassiné quelqu’un ! le vieux Théodore en plus, qui avait eu la grandeur d’âme de l’accueillir chez lui. Les hommes s’avancèrent vers moi, pour m’attrapper. La dure vie menée à l’orphelinat porta ses fruits, mon corps n’avait pas oublié ces bagarres que je déclenchais et dont je sortais bien souvent victorieuse, je parvins à m’arracher de l’étreinte des plus forts et a m’enfuir à travers bois. Le temps du bonheur était révolu, allais-je souffrir ainsi toute ma vie durant ? Où irais-je sans argent, sans rien à part ce que je portais sur moi ?
En quelques mois j’atteignis Paris. J’ai vécu de menus larcins, de travaux temporaires, de la vente de « trucs » et de « bidules »que des gamins avaient réussi à convaincre leurs parents de m’acheter. C’était la première fois que je voyais une ville. Et Paris était une cité vivante qui ne dormait presque jamais. J’avais vingt ans à l’époque. Je m’installais sur les bords de la Seine avec mes crayons et des feuilles et proposais aux passants de leur faire leurs portraits. C’est ainsi que je fis la connaisssance d’Eulalie. Eulalie était étudiante en art, et elle avait besoin d’une colocataire qui ne lui poserait pas trop de question et qui avait un certain goût et surtout, surtout qui n’était pas une petite bourgeoise. Coment une jeune fille pouvait-elle ainsi héberger chez elle une mendiante ? Et bien, je suis quelqu’un de très persuasive quand il le faut ! Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain bien sûr ! Mais au bout de quelques semaines j’avais un chez moi ! Une petite mansarde. Notre amitié était basée sur une passion commune. Eulalie me fit découvrir l’art et je vis que je n’étais pas du tout trop mauvaise en dessin. Tout allait bien jusqu’à cette nuit…
Noire. Froide. Hiver 1966. Je rangeais mes petites affaires (crayons, feuilles), tout en fumant une de ces « cigarettes » que des amis de la blonde Eulalie me donnait et qui rend l’art si instinctif ! Je rangeais donc mes effets, lorsqu’un homme très beau vint à ma rencontre. Ma méfiance vis-à-vis des mâles refit surface. Je serrais déjà, à m’en faire mal, mon stylet dans ma main, prête à m’en servir au cas où.
« Bonsoir mademoiselle, il est dangereux de traîner dans les rues de Paris à une heure aussi indue, dit-il d’une voix basse, douce, presque caressante.
_Le danger dans les rues de Paris à cette heure c’est moi, fanfaronnais-je en sortant le stylet de derrière mon dos.
_Je vois que la demoiselle est armée. Excusez-moi, mais je ne suis pas présenté, je m’appelle Yvan, Yvan LeMaire, souffla-t-il en esquisssant une légère courbette.
_Et alors ? Je suis sensée vous connaître, ou vous reconnaître ?
_Non, pas du tout, dit-il avec un léger rire qui me fit frissonner et pas que de froid je vous l’assure ! Mais j’ai vu que vous dessiniez et j’aimerais beaucoup que vous fassiez mon portrait.
_….
_Mon Dieu, cela vous laisse sans voix ! Je ne suis pas un vilain monsieur qui désire abuser des jolies jeunes filles ! Je ne suis pas un homme en noir ! »
Comment savait-il exactement ce à quoi je pensais ?
« _Je vous en prie, mademoiselle, emmenez-moi chez vous pour que nous travaillions dans de meilleures conditions que là, sous un réverbère et dans une sombre ruelle. Conduisez-moi chez vous, me dit-il en insistant sur la dernière phrase et en plongeant son regard dans le mien. »
Bête et soudainement disciplinée, je l’emmenais chez Eulalie et moi. Jamais je n’aurais amené un mâle, qui que se soit, chez moi. Mais ce Yvan avait l’air si doux, si gentil. Il irradiait. Littéralement. En rentrant, je trouvais Eulalie avec son copain du moment, vautrés dans le canapé. En me voyant précédée d’un mâle, moi, qui était limite une nonne, elle eut un hoquet de surprise.
« Euh, Thibaut, je crois qu’on va aller chez toi, là. J’ai comme le sentiment que l’on va gêner d’ici peu ! » Et avec un sourire plus qu’éloquent elle s’éclipsa avec le dénommé Thibaut.
Je m’installais à ma table de dessin.
« Asseyez-vous, je vous en prie Yvan. Alors que voulez-vous que je fasse ?
_Et bien dessinez-moi pour commencer, nous verrons par la suite si votre talent est à la hauteur des échos qui me sont parvenus. (Seigneur la voix qu’il avait !)
_Bon, au boulot, posez s’il vous plaît, soyez à l’aise surtout pas crispé… au fait, vous désirez quelque chose ? A boire, à manger ?
_Non, j’ai déjà soupé, merci.
_Je crois que nous pouvons y aller alors. »
Il était assis face à la fenêtre, la lumière de la lune jouait avec sa peau. Il était vraiment magnifique, un de ces anges qui décorent de nombreuses fresques italiennes. De longs cheveux légèrement bouclés, des yeux noirs aux reflets presque ambrés, une peau d’une paleur presque lumineuse. Tout en fumant un de mes joints je dessinais avec frénésie, caressant chacune de ses courbes de la pointe de mon fusain, estompant au doigt les ombres se dessinant sur ses pomettes m’imaginant effleurer son angélique visage de la même façon. Lorsque ce fut fini, l’aube n’allait pas tarder à poindre. Il se leva, ne pris pas son dessin et ne me dis qu’une chose :
« A demain soir, Marie. » Je ne lui avais pas dit mon nom mais il le connaissait. Bah ! Si je suis connue comme ille prétendait, il devait le savoir !
Lorsque Eulalie revint dans l’après-midi elle s’attendait à entendre des détails croustillants de ma soirée avec « le bel inconnu », mais je n’avais rien à lui dire. Elle m’annonça qu ‘elle partait quinze jours en voyage d’études en Italie et qu’elle me laissait seule à l’appartement, comme ça, en plus, je pourrais faire ce que je voulais, « absolument tout ce que je voulais . » Elle n’était vraiment pas discrète avec ses sous-entendus graveleux. Elle prépara son sac la nuit même et partit chez son chéri avant l’arrivée d’Yvan, « pour ne pas me géner, coquine que je suis ».
Ponctuel, il arriva avec des nouvelles exigences, je devais le sculpter maintenant.
« Mais je n’ai jamais fait ça, m’écriais-je. Le résultat va être pitoyable, je vous préviens !
_J’ai confiance, fais le, nous verrons bien. »
Totalement novice en la matière (contrairement à Eulalie qui y excellait) je me mis bon gré mal gré à la tâche. Au fil des heures je trouvais le résultat médiocre, voire carrément affreux. Je ne pourrais vendre une telle chose à un être si beau ! Je commençais sérieusement à m’énerver, donnant des coups de poings dans l’argile, fumant joint sur joint.
« Attends, je vais t’aider. » Yvan se leva, déboutonna sa chemise. J’avalais avec difficulté ma salive. Il attrapa avec une rapidité stupéfiante mes mains et les posa doucement sur sa poitrine. « Sens. Sens chaque muscle, sens ma peau, tu y arriveras mieux ainsi. » Je ne me suis jamais sentie aussi bête qu’à ce moment précis. Petite artiste à la manque devant un corps digne d’un Rodin. Mes deux mains posées sur cette poitrine froide, ne sachant que faire, n’osant rien, tétanisée. De sa voix douce, il réitera sa demande et à partir de cet instant, je sus que faire. Et toutes les nuits durant une dizaine de jours je m’attelais à l’ouvrage, mettant mon âme dans cette sculpture. Mes mains étaient toujours rouges à cause de l’argile, je dormais le jour et vivais réellement que la nuit au contact d’Yvan. Dans cette petite mansarde je travaillais sous son regard pénétrant, obéissant à sa voix envoûtante, dans une ambiance moite d’un désir inavoué et de sensations grisantes et nouvelles pour moi, dans l’odeur de l’herbe que je fumait. Puis le matin du retour d’Eulalie, après une semaine intense en émotions, je remarquais deux traces sur mon poignet. Deux piqûres juste au creux. Des marques de quoi ? Le voile se déchira, le charme se rompit. Tout s’éclaira. Un démon, un incube. Un monstre se repaissant de l’énergie et du désir des vivants. Ces visites nocturnes n’étaient pas le fruit d’une excentricité artistique, Yvan n’avait pas le choix c’était une créature de la nuit ! Lorsque Eulalie revint, je ne lui en touchais pas un mot, lui disant juste, que le « bel étranger » n’était plus repassé et qu’elle ne devait pas rester ici, j’avais des problèmes. Elle partit vivre chez son nouvel amant, un certain Marc si je me souviens bien. Me laissant seule, un peu inquiète certes, mais je déployais des trésors d’ingéniosité pour l’éloigner. Cette nuit-là, je ne dormis pas. J’entends la voix cristalline d’Yvan, je sens des mains qui ne m’appartiennent pas caresser mon corps, et toutes les prières que j’invoque ne le font partir. Il joue avec moi, je suis sa proie. J’ai peur de lui, et pouratnt… je sais que si je ne le vois plus je vais en souffrir, son regard va me manquer. Ah cette voix qui me murmure au creux de l’oreille « Viens, rejoins-moi, j’ai tant de choses à t’offrir Marie, ma Marie Donnadieu. »
Je n’ai plus d’herbe à fumer, zut…
Déjà, ma main est sur la poignée de la porte, et si je le rejoignais, et si je lui cédais ? Marre de devoir être forte, serais-ce un péché de succomber une fois aux chants des sirènes ?
Voilà, c'est LE background du meilleur perso que j'ai joué en Vampires grandeur nature. Il est un peu long, mais j'en suis tellement fière.^^. Vos avis?
« Les prêtres, me souffla Blandine. Ils viennent la nuit te faire des choses. Je sens que mon tour viendra prochainement. Et sur ces paroles, elle ouvrit le tissu crasseux qui nous servait de tunique et me montra le visage blême, sa poitrine naissante.
_Pourquoi, lui demandais-je.
_Parce que je deviens une femme, prie le Petit Jésus pour que tu restes toujours une enfant et ne deviennes jamais une femme, car à ce moment … à ce moment … »
A ce moment, Blandine s’effondra dans mes bras d’enfant.Que lui dire ? Comment apaiser cette angoisse sourde qui pointait ses cruels crocs à travers ce doux visage ? Et le lendemain, je sus que mon amie n’était plus la même qu’elle était « passée à la casserole » comme le disaient mes frères et sœurs d’infortune. Elle était terne, la lumière de l’Espoir qui brillait dans ses yeux, éteinte. Elle ne m’adressait pas la parole et le soir suivant, elle se pendit avec ses haillons. Sa mort fut une gifle pour mon cœur de gamine. Ses obsèques furent célébrées discrètement et sa dépouille enterrée derrière la petite chapelle de Sainte-Rita. Restée seule sur sa petite tombe je me jurais que jamais je ne laisserais ces hommes en noir, ces hommes d’église me toucher. Jamais.
La suite de mon enfance oscille entre bagarres sciemment provoquées et entraînement intensif avec les enfants jugés violents. Je n’étais pour les hommes en noir, qu’une sauvageonne qu’ils sauront bien mater un jour ou l’autre. Au fil des années, je devins une jeune fille agile, rapide, aussi brutale que les enfants devenus fous à cause des mains « bénies ». Et un beau matin, ce fut le choc. Je m’en souviendrais toujours. Nous étions en été, un de ces étés chauds comme seul le Sud de la France peut générer. Je me levais comme d’habitude, me dépêchais de faire mon lit au carré comme d’habitude et me dirigeais vers la salle d’eau comme d‘habitude. Et là. Là, devant ce grand miroir qui occcupait tout un pan de mur, je les vis. Deux excroisssances. Deux excroissances qui signifaient que je passerait à la casserole. Mes prières avaient été vaines, le Petit Jésus ne m’avait pas aidé. Je devenais une femme et cela je ne le désirais pas.
Dès ce jour, mes nuits furent des nuits blanches, mes journées des heures interminables à cacher ces changements que je ne pouvais contrôler et que l’on appelle la puberté. Je survécus ainsi encore quelques mois, et un jour ils me virent. Je me lavais, cachée des regards des autres et le Père Rémy me surpris, il vit, une lueur concupiscente dans le regard que je n’étais plus une gamine mais que j’étais prête, prête pour l’amour de Dieu.Il s’approcha de moi les mains avides, tendues vers ces formes que je haissaient. Je lui décochais un violent coup de pied dans le bas-ventre. Mon corps ruisselant d’eau et de savon ne lui permettait aucune prise, je réussis à lui échapper du haut de mes 15ans. Mais pas pour longtemps…
La nuit-même, j‘entendis la porte du dortoir s’ouvrir, des sandales claquer sur le sol. Je retenais mon souffle, appelant le Ciel de me faire disparaître ou alors de me faire toute petite. Je serrais dans ma main le couteau que j’avais subtilisé au réfectoire. Un petit couteau à beurre qui représentait pour moi ma seule arme de défense. Rémy était au bout de mon lit, l’angoisse étreignait ma gorge, mon souffle était court. Je sentis son poids sur le lit, puis une main se glissa sous les draps effleura presque amoureusement ma jambe et entreprit une ascension qui s’avérera douloureuse (et Rémy ne s’imaginait pas à quel point). Je rabattis violemment le drap, et d’un geste vif enfonçait mon arme improvisée dans le bas-ventre du prêtre, à l’endroit auquel tiennent tant les hommes ! Rémy se mit à hurler, je n’eus pas le temps ni l’envie de comprendre ce qu’il cria. Je devais faire vite, très vite. Je saisis ma capeline, enfilas mes galoches, et me mis à courir avec une seule idéé en tête : fuir, fuir, fuir.
Comment ai-je réussi à quitter cet endroit, je ne saurais vous le dire. J’ai couru logtemps. Jusqu’à ce que mon souffle ne fut plus qu’un râle, jusqu’à ce que ma gorge me brûle, jusqu’à ce goût métallique qui signifie qu’il faut s’arrêter. J’avais toujours en main le couteau, poisseux, gluant. Je le jetais dans un taillis en souriant. Rémy ne salira plus aucun enfant… L’orphelinat… Tant d’innocents encore emprisonnés là-bas, victimes de ces hommes prônant une religion d’amour, ces hommes en noir qui hanteront mes nuits pendant de longues années. Je restais tapie dans une forêt pendant quelques semaines, vivant de cueillettes, même si certaines baies avaient des effets ô combien gênants (inutile de vous les décrire !)
Lorsque je me décidais à rejoindre la civilisation, j’étais une morte-vivante, plus animale qu’humaine. Mes longs cheveux bruns ressemblaient à nid de perdrix, mes ongles étaient d’une saleté repoussante, mes yeux bleus avaient un regard hanté de bête sauvage, quant à mes vêtements qui ne ressemblaient déjà à rien et bien là ! Ils tenaient sur moi, Dieu seul sait comment. En y repensant j’ai dû alimenter les mythes des folklores locaux ! Enfin, je me suis dit qu’il était temps que je me fasse une place au soleil. Et c’est de nuit, que je pénétrais dans un village des Alpes. Un charmant petit village au pied de la montagne, ceint d’une épaisse forêt, avec le petit ru à proximité. Un vrai petit hameau idyllique. Je m’introduisis dans une grange, éloignée du centre du village, m’y fis un nid dans le foin comme les rats, et, pour la première fois depuis longtemps, je m’endormis sans crainte des bêtes nocturnes, animaux comme hommes en soutane.Sans angoisse, sans peur.
Ce qui me réveilla le lendemain, ne fut pas la cloche de l’orphelinat appelant ses prisonniers à la messe, mais la langue râpeuse d’un énorme matou gris. Un de ces gros chats gras et dodus qui ne doivent guère courir la souris. Rendez vous compte ! Ma première marque d’affection dénuée d’intention lubrique m’a été prodiguée par un animal !Et c’est alors que je le vis. Le minet n’était pas venu seul. Un vieil homme se tenait dans la lumière du jour naissant. De courts cheveux gris, petite taille, léger embonpoint, et surtout des yeux verts pétillants où ne luisait aucune concupiscence, aucune malveillance. Trop tard pour me cacher !
« Bonjour petite chose, que faites-vous ma grange s’il vous plaît, me demanda-t-il les yeux rieurs.
_Euh…euh…
_Est-ce là tout ce que tu as dire petit singe ?
_Ben, en fait… »
Et là, je lui déballais toute ma triste histoire, avec les pleurs, les cris, je ne sais pas s’il comprit grand chose à travers mes sanglots, mes reniflements et j’en passe ! Le fait est, qu’il était accroupi près de moi et qu’il me proposa de rentrer chez lui, histoire qu’il voit si j’étais vraiment un singe qui parle ou s’il y avait un être humain sous cette crasse. Je pris cette main ridée dans la mienne et je le suivis. Il s’appellait Théodore, c’était l’ « artiste » du village, un vieil excentrique qui passionnait les enfants avec les jouets et gadgets qu’il leur fabriquait. Il n’avait malheureusement pour lui, eut aucun de ces gamins qu’il adorait tant. Et, comme cà, sans que cela ne me dérange vraiment, il me proposa d’être son apprentie. J’étais trop âgée pour jouer avec ses fabrications mais pas trop jeune por l’aider ! J’acceptais, c’était nouveau pour moi, la gentillesse, la tendresse, la bonté. L’humanité !
Il m’apprit à lire, à écrire, à bidouiller des objets qui ravissaient les gamins du village, à dessiner aussi. Je me souviens de ces ballades que l’on faisait dans la montagne, de ces après-midi passées à dessiner les animaux des bois. Je l’appelais Grand-Père et lui m’appelait petit singe. Mais les villageois n’étaient pas dupes, ils avaient vaguement entendu parler d’une gamine violente qui s’était échappée d’un orphelinat, aussi par respect pour le vieux Théodore jamais ils n’en firent mention devant lui. Je vécus ainsi 3 longues années de bonheur sans nuages. Jusqu’à ce jour où la lumière de mon existence, celui qui m’a redonné goût à la vie et espoir en l’homme, s’éteignit. Simplement. Sereinement. Calmement. Sans douleur. Je rentrais des courses faites au village. En pénétrant dans le petit chalet de Théodore, je le vis, assis dans son fauteuil à bascule, face à la cheminée. Il avait l’air endormi, un sourire aux lèvres. Je me suis approchée doucement de lui, pour relever son édredon qui était tombé, il avait souvent froid ces derniers temps. C’est à ce moment que je me suis rendu compte qu’il était parti. Le sac que je portais tomba avec un bruit qui me semblait assourdissant sur le moment. Mes jambes ne purent me soutenir davantage. Je suis restée ainsi deux jours, prostrée auprès de lui, tenant sa vieille main ridée, froide et déjà raide dans la mienne. Les gens du village montèrent chez nous et me trouvèrent dans cette position. On cria au meurtre, la gamine évadée avait assassiné quelqu’un ! le vieux Théodore en plus, qui avait eu la grandeur d’âme de l’accueillir chez lui. Les hommes s’avancèrent vers moi, pour m’attrapper. La dure vie menée à l’orphelinat porta ses fruits, mon corps n’avait pas oublié ces bagarres que je déclenchais et dont je sortais bien souvent victorieuse, je parvins à m’arracher de l’étreinte des plus forts et a m’enfuir à travers bois. Le temps du bonheur était révolu, allais-je souffrir ainsi toute ma vie durant ? Où irais-je sans argent, sans rien à part ce que je portais sur moi ?
En quelques mois j’atteignis Paris. J’ai vécu de menus larcins, de travaux temporaires, de la vente de « trucs » et de « bidules »que des gamins avaient réussi à convaincre leurs parents de m’acheter. C’était la première fois que je voyais une ville. Et Paris était une cité vivante qui ne dormait presque jamais. J’avais vingt ans à l’époque. Je m’installais sur les bords de la Seine avec mes crayons et des feuilles et proposais aux passants de leur faire leurs portraits. C’est ainsi que je fis la connaisssance d’Eulalie. Eulalie était étudiante en art, et elle avait besoin d’une colocataire qui ne lui poserait pas trop de question et qui avait un certain goût et surtout, surtout qui n’était pas une petite bourgeoise. Coment une jeune fille pouvait-elle ainsi héberger chez elle une mendiante ? Et bien, je suis quelqu’un de très persuasive quand il le faut ! Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain bien sûr ! Mais au bout de quelques semaines j’avais un chez moi ! Une petite mansarde. Notre amitié était basée sur une passion commune. Eulalie me fit découvrir l’art et je vis que je n’étais pas du tout trop mauvaise en dessin. Tout allait bien jusqu’à cette nuit…
Noire. Froide. Hiver 1966. Je rangeais mes petites affaires (crayons, feuilles), tout en fumant une de ces « cigarettes » que des amis de la blonde Eulalie me donnait et qui rend l’art si instinctif ! Je rangeais donc mes effets, lorsqu’un homme très beau vint à ma rencontre. Ma méfiance vis-à-vis des mâles refit surface. Je serrais déjà, à m’en faire mal, mon stylet dans ma main, prête à m’en servir au cas où.
« Bonsoir mademoiselle, il est dangereux de traîner dans les rues de Paris à une heure aussi indue, dit-il d’une voix basse, douce, presque caressante.
_Le danger dans les rues de Paris à cette heure c’est moi, fanfaronnais-je en sortant le stylet de derrière mon dos.
_Je vois que la demoiselle est armée. Excusez-moi, mais je ne suis pas présenté, je m’appelle Yvan, Yvan LeMaire, souffla-t-il en esquisssant une légère courbette.
_Et alors ? Je suis sensée vous connaître, ou vous reconnaître ?
_Non, pas du tout, dit-il avec un léger rire qui me fit frissonner et pas que de froid je vous l’assure ! Mais j’ai vu que vous dessiniez et j’aimerais beaucoup que vous fassiez mon portrait.
_….
_Mon Dieu, cela vous laisse sans voix ! Je ne suis pas un vilain monsieur qui désire abuser des jolies jeunes filles ! Je ne suis pas un homme en noir ! »
Comment savait-il exactement ce à quoi je pensais ?
« _Je vous en prie, mademoiselle, emmenez-moi chez vous pour que nous travaillions dans de meilleures conditions que là, sous un réverbère et dans une sombre ruelle. Conduisez-moi chez vous, me dit-il en insistant sur la dernière phrase et en plongeant son regard dans le mien. »
Bête et soudainement disciplinée, je l’emmenais chez Eulalie et moi. Jamais je n’aurais amené un mâle, qui que se soit, chez moi. Mais ce Yvan avait l’air si doux, si gentil. Il irradiait. Littéralement. En rentrant, je trouvais Eulalie avec son copain du moment, vautrés dans le canapé. En me voyant précédée d’un mâle, moi, qui était limite une nonne, elle eut un hoquet de surprise.
« Euh, Thibaut, je crois qu’on va aller chez toi, là. J’ai comme le sentiment que l’on va gêner d’ici peu ! » Et avec un sourire plus qu’éloquent elle s’éclipsa avec le dénommé Thibaut.
Je m’installais à ma table de dessin.
« Asseyez-vous, je vous en prie Yvan. Alors que voulez-vous que je fasse ?
_Et bien dessinez-moi pour commencer, nous verrons par la suite si votre talent est à la hauteur des échos qui me sont parvenus. (Seigneur la voix qu’il avait !)
_Bon, au boulot, posez s’il vous plaît, soyez à l’aise surtout pas crispé… au fait, vous désirez quelque chose ? A boire, à manger ?
_Non, j’ai déjà soupé, merci.
_Je crois que nous pouvons y aller alors. »
Il était assis face à la fenêtre, la lumière de la lune jouait avec sa peau. Il était vraiment magnifique, un de ces anges qui décorent de nombreuses fresques italiennes. De longs cheveux légèrement bouclés, des yeux noirs aux reflets presque ambrés, une peau d’une paleur presque lumineuse. Tout en fumant un de mes joints je dessinais avec frénésie, caressant chacune de ses courbes de la pointe de mon fusain, estompant au doigt les ombres se dessinant sur ses pomettes m’imaginant effleurer son angélique visage de la même façon. Lorsque ce fut fini, l’aube n’allait pas tarder à poindre. Il se leva, ne pris pas son dessin et ne me dis qu’une chose :
« A demain soir, Marie. » Je ne lui avais pas dit mon nom mais il le connaissait. Bah ! Si je suis connue comme ille prétendait, il devait le savoir !
Lorsque Eulalie revint dans l’après-midi elle s’attendait à entendre des détails croustillants de ma soirée avec « le bel inconnu », mais je n’avais rien à lui dire. Elle m’annonça qu ‘elle partait quinze jours en voyage d’études en Italie et qu’elle me laissait seule à l’appartement, comme ça, en plus, je pourrais faire ce que je voulais, « absolument tout ce que je voulais . » Elle n’était vraiment pas discrète avec ses sous-entendus graveleux. Elle prépara son sac la nuit même et partit chez son chéri avant l’arrivée d’Yvan, « pour ne pas me géner, coquine que je suis ».
Ponctuel, il arriva avec des nouvelles exigences, je devais le sculpter maintenant.
« Mais je n’ai jamais fait ça, m’écriais-je. Le résultat va être pitoyable, je vous préviens !
_J’ai confiance, fais le, nous verrons bien. »
Totalement novice en la matière (contrairement à Eulalie qui y excellait) je me mis bon gré mal gré à la tâche. Au fil des heures je trouvais le résultat médiocre, voire carrément affreux. Je ne pourrais vendre une telle chose à un être si beau ! Je commençais sérieusement à m’énerver, donnant des coups de poings dans l’argile, fumant joint sur joint.
« Attends, je vais t’aider. » Yvan se leva, déboutonna sa chemise. J’avalais avec difficulté ma salive. Il attrapa avec une rapidité stupéfiante mes mains et les posa doucement sur sa poitrine. « Sens. Sens chaque muscle, sens ma peau, tu y arriveras mieux ainsi. » Je ne me suis jamais sentie aussi bête qu’à ce moment précis. Petite artiste à la manque devant un corps digne d’un Rodin. Mes deux mains posées sur cette poitrine froide, ne sachant que faire, n’osant rien, tétanisée. De sa voix douce, il réitera sa demande et à partir de cet instant, je sus que faire. Et toutes les nuits durant une dizaine de jours je m’attelais à l’ouvrage, mettant mon âme dans cette sculpture. Mes mains étaient toujours rouges à cause de l’argile, je dormais le jour et vivais réellement que la nuit au contact d’Yvan. Dans cette petite mansarde je travaillais sous son regard pénétrant, obéissant à sa voix envoûtante, dans une ambiance moite d’un désir inavoué et de sensations grisantes et nouvelles pour moi, dans l’odeur de l’herbe que je fumait. Puis le matin du retour d’Eulalie, après une semaine intense en émotions, je remarquais deux traces sur mon poignet. Deux piqûres juste au creux. Des marques de quoi ? Le voile se déchira, le charme se rompit. Tout s’éclaira. Un démon, un incube. Un monstre se repaissant de l’énergie et du désir des vivants. Ces visites nocturnes n’étaient pas le fruit d’une excentricité artistique, Yvan n’avait pas le choix c’était une créature de la nuit ! Lorsque Eulalie revint, je ne lui en touchais pas un mot, lui disant juste, que le « bel étranger » n’était plus repassé et qu’elle ne devait pas rester ici, j’avais des problèmes. Elle partit vivre chez son nouvel amant, un certain Marc si je me souviens bien. Me laissant seule, un peu inquiète certes, mais je déployais des trésors d’ingéniosité pour l’éloigner. Cette nuit-là, je ne dormis pas. J’entends la voix cristalline d’Yvan, je sens des mains qui ne m’appartiennent pas caresser mon corps, et toutes les prières que j’invoque ne le font partir. Il joue avec moi, je suis sa proie. J’ai peur de lui, et pouratnt… je sais que si je ne le vois plus je vais en souffrir, son regard va me manquer. Ah cette voix qui me murmure au creux de l’oreille « Viens, rejoins-moi, j’ai tant de choses à t’offrir Marie, ma Marie Donnadieu. »
Je n’ai plus d’herbe à fumer, zut…
Déjà, ma main est sur la poignée de la porte, et si je le rejoignais, et si je lui cédais ? Marre de devoir être forte, serais-ce un péché de succomber une fois aux chants des sirènes ?
Voilà, c'est LE background du meilleur perso que j'ai joué en Vampires grandeur nature. Il est un peu long, mais j'en suis tellement fière.^^. Vos avis?