[Galerie] Feuilleton : BW dans l'émission "Les intellos
Posté : ven. juil. 22, 2005 4:46 pm
Finalement, je me suis pris par la main et est décidé de rediffuser ici les anciens épisodes du cyber-feuilleton en attendant les nouveaux.
Retrouver tout de suite Wernard Berber, Bernard-Henri Vély, Lisbeth Lavye, Frédérric Bidebège et Franklin Leiikatau dans : « Les intellos ». (J’ai modifier quelques lettres aux noms afin de faire des anagrammes plus précis.)
Je précise une nouelle fois que les phrases en italique sont els paroles de la voix-off de l'émission.
Episode 1 : La menace Inculture
Les événements qui vont suivre sont le pur produit de mon imagination. Toute ressemblance avec des événements ou personnages existants serait purement fortuite.
Générique
5 intellectuels débarquent pendant 5 jours chez un français moyen. Leur but : L’intéresser à la culture. Pour vous cultiver, ils vont tout donner. Voici la liste des érudits : Bernard-Henri Vély, Lisbeth Lavyee, Franklin Leiikatau, Frédérric Bidebège et Wernard Berber.
Aujourd’hui, les intellos vont à la rencontre de Julien. Julien est charcutier dans le village breton de Plomelin, dans le Finistère. Ce qu’il aime : Les voitures, le foot et les soirées télés. Ce qu’il déteste : Les serpents, les prétentieux, les portables et les « pseudo-intellectuels ».
La caméra se braque sur Julien.
– En fait, je déteste les gens qui jouent les donneurs de leçons, qui se croient plus malins que les autres et qui montrent leur bobines à la télé pour vendre des livres qu’ils n’ont même pas écrit. Pour moi, ce sont des tire-au-flanc qui gagnent leur vie sans rien foutre.
Et quand on lui demande s’il a déjà lu un livre, il répond :
– Sur les conseils de ma femme, j’avais acheté « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan. Et malheureusement… je me suis endormi au bout de dix pages. Depuis, je n’ai plus lu aucun livre.
Situation que déplore Marie, sa chère et tendre épouse. Marie est institutrice dans l’école du village. Ses intérêts tournent autour de la lecture, du cinéma, du théâtre et du tennis.
– Je suis découragé, dit-elle en lâchant un soupir. J’ai tout essayé : Les livres, Arté, France 5, les musées, les salles de cinéma et les pièces de théâtre... Rien ne l’intéresse. Il n’a aucune curiosité intellectuelle. Il lui est même arrivé de ronfler en plein milieu d’une pièce tragique.
« Du coup, comme nous n’avons pas les mêmes centres d’intérêts, je ne sais plus comment engager la conversation avec lui.
« J’espère que les personnalités qui viendront chez nous auront le don de lui activer certaines zones de son cerveau.
Cependant, Marie a une crainte.
– Il ne connaît aucun écrivain à part Sagan et Sullizer. J’espère que nos invités-écrivains ne s’en offusqueront pas.
Heureusement, l’appel de Marie a été entendu par nos érudits. Avec l’accord de Julien, nos 5 experts viennent sauver la situation…
Episode 2 : L’attaque des intellos
Julien et Marie attendent leur arrivée sur le trottoir, devant leur porte d’entrée. Quelques secondes plus tard, une limousine s’arrête devant eux. Les maîtres de maison expriment une moue sceptique en apercevant ce signe extérieur de richesse exagéré.
L’un des premiers convives s’extirpe de la voiture, il s’agit du très élégant philosophe aux cheveux longs et à la chemise blanche éclatante, Bernard-Henri Vély. Un rapide tour d’horizon permet à l’auteur du « Totalitarisme au visage bienveillant » de remarquer l’aspect pittoresque du paysage qui s’offre à lui.
Le suivant est une suivante, Lisbeth Lavyee. Sortant du carcan de la voiture motorisée sa belle crinière brune teintée par la brillance de ses yeux couleurs turquoises, elle ne pu s’empêcher de s’extasier devant le site calme et vivifiant de la Bretagne profonde.
Ce fut au tour de Frédérric Bidebège de montrer sa chevelure sombre. Cet écrivain-animateur télé-éditeur et critique littéraire aux petites lunettes rectangulaires, rit aux éclats. Franklin Leiikatau vient de lui raconter une histoire d’une qualité philosophiquement drôle.
Ce dernier, accompagné de son nouvel ami, Wernard Berber, et parti dans une croisade en faveur de la bonne humeur, sort du véhicule en racontant une autre de ses intriguantes blagues. Son interlocuteur, déjà conquis, lâche un sourire puis un rire incontrôlé.
Intimidés, Julien et Marie attendent qu’un de leurs hôtes de marque viennent les saluer.
Lisbeth fait le premier pas.
Elle salue le couple par des bises à l’un et à l’autre.
Son naturel spontané n’a pas échappé aux deux logeurs.
Retour sur Julien et Marie sur leur canapé.
– Elle a l’air sympa, remarque Marie. Elle n’entre pas dans le cliché des femmes philosophes introverties et méprisant le peuple.
– Moi je la trouve plus que sympathique.
Le regard de julien est empreint de malice, au contraire de sa femme qui le regarde avec fureur.
– Tu peux préciser !
– Rien, je la trouve sympathique, voilà.
Il reçoit un coup furtif sur l’épaule.
– On en reparlera…
Episode 3 : La revanche des cinq (et non des six)
Vély salut à son tour le couple vedette. Il fait un baise-main gracieux à Marie et une poignet de main viril à son mari dont le regard dur semble refléter une jalousie montante.
En revanche, l’arrivée du philosophe de renom ne fait pas l’unanimité.
– Lui, c’est un pov’ type, s’emporte Julien.
– Pourquoi tu dis ça, juju ? s’étonne Marie. C’est un homme charmant et galant… C’est vrai que ces deux qualités te sont totalement étrangères.
Il la fusille du regard.
Frédérric est le suivant à les saluer : Baise-main pour madame, poignet de main pour monsieur et regards décalés entre la douceur enchantée de Marie et la dureté de Julien.
La courtoisie de Frédérric nuance le propos de Julien.
– Il ressemble au vendeur de chemise blanche (Vély), mais il a l’air plus sympa.
– Tout à fait d’accord. Courtois et galant.
Franklin se contente de deux poignets de main pour les deux tourtereaux.
Le couple est mitigé concernant Franklin Leiikatau.
– Il me paraît cordial. Julien ?
– Je suis d’accord. En revanche, il faut qu’il s’améliore pour les blagues.
La caméra revient quelques secondes après les présentations.
– Voulez-vous participer à notre fou rire ? propose gaiement le philosophe aux lunettes rondes.
– Oui, allez-y.
– D’après vous, d’où peut descendre l’Homme ? Je parle évidemment de l’Homme avec un grand « H ».
Marie se lance.
– Théoriquement, l’Homme descend du singe.
– Et bien non… (Son fou rire prématuré l’interrompt un moment.) L’Homme descend… (Rire.) de l’arbre.
Le fou rire incontrôlé du penseur face à la moue dubitative du couple forment un contraste vaudevillesque.
Le dernier à se présenter est Wernard Berber…
Episode 4 : La guerre des mots (d’auteur) (« Gadin du soir, espoir. ») (smiley bof)
Sa timidité et sa maladresse le font hésiter entre la poignet de main et la bise. Il choisit finalement la poignet de main.
À peine arrivé, le célèbre auteur des « Insectes » s’est déjà fait remarqué.
Retour sur Julien et Marie sur leur canapé.
– Ah, Wernard, s’exclame Marie. Il était un peu timide au début.
– C’est vrai. Mais je crois qu’on va bien se marrer avec lui.
Les invités sont conviés à se diriger vers l’entrée. Curieux de tout, Wernard Berber regarde les parages. En cherchant dans ce décor une source d’inspiration certaine, il ne voit pas les deux marches permettant de pénétrer dans l’antre des propriétaires des lieux. Un pas mal orienté lui permit d’observer de plus près le monde des acariens après avoir observé… celui des fourmis.
Salle à manger
Le couple invite les hôtes à se réunir autour de la table à manger.
À peine arrivé sur les lieux, Benard-Henri Vély note déjà quelques observations.
– Pardonnez-moi Madame, mais vous n’avez certainement pas dû avoir le temps nécessaire pour préparer notre visite… Je ne vois pas nos noms sur la table.
– Excusez-moi, Monsieur Vély. Vous-vous mettrez à côté de Madame Laviee, en bout de table.
Après un moment d’hésitation, il finit par se placer à l’endroit qu’on lui avait indiqué. Par un hasard, à la fois imprévu et cocasse, il se retrouve à côté de son ancienne accusatrice.
Quelques minutes d’observations plus tard, il s’étonnera de l’absence de buffet, ainsi que celle de musique, fut-elle classique, puis de serveurs. Il ne put s’empêcher de s’en interloquer.
– Pardonnez ma question, mais vos gens sont-ils en congé ?
Six paires d’yeux se braquent sur le philosophe jet-setter, ne sachant s’il s’agit d’une plaisanterie ou d’une conséquence tragique d’une trop grande présence dans les soirées mondaines qui l’aurait éloigné des réalités.
Le philosophe semble sérieux et attend une réponse, un signe.
Gênée, Marie, tablier précautionneusement attaché, plats de fruits de mer apposés à ses mains et yeux grands ouverts d’étonnement, décide de ne pas le choquer et répond qu’ils étaient en arrêt maladie.
– Ah, « Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies », sortit le philosophe.
– Blaise Pascal, intervint de suite Leiikatau.
Les deux hommes, l’air complice, lèvent leur verre en guise de salutation et de reconnaissance entre gens cultivés…
Episode 5 : Julien contre-attaque
Soudain, Vély fait une grimace. Il est surpris par le contenu de son verre.
– Excusez-moi, vous n’auriez pas du champagne ?
Julien lui lance un regard amusé.
– Désolé, monsieur Véssi, nous n’avons que du porto.
Les convives pouffent soudainement de rire.
– Vély, rectifie Bernard-Henri.
– Pardon ?!
– Mon nom est Vély et non Vessie.
Les regards rieurs des convives et la soudaine gêne du pédant philosophe ne font qu’un tour dans l’esprit de Julien.
– Ah, d’accord. Vély et non Véssi. Au fait, s’il vous prend l’envie d’aller au cabinet, vous prenez la porte derrière vous, vous tournez à droite et vous allez tout droit. Au cas où votre vé-ssie ferait défaut.
– Je vous remercie, mon cher, émit l’érudit avec aigreur.
L’ambiance joviale du dîner se poursuit normalement. Franklin Leiikatau raconte pendant tout le long du dîner des histoires drôles tandis que Frédérric Bidebège écoute poliment les théories de son voisin, Wernard Berber, sur la recette de la Mayonnaise…
Suite aux réclamations d’explorateurs désireux de connaître « la saison 2 inédite » en avant-première, voici un extrait de l’épisode 24 (Vous souvenez-vous de l’épisode 23 ?) :
Episode 24 : « Comme au cinéma… "
– Excusez-moi, Frédérric, coupe Leiikatau, mais je crois qu’il serait utile de rappeler que le nom de Frankenstein est, à tort, donné à la créature. Alors qu’il s’agit, d’après l’œuvre de Mary Shelley, du créateur, le Dr Frankenstein.
– Franklin a raison, intervient BH. Ce sont les lecteurs qui donnèrent le nom du docteur à la créature.
– C’est vrai, intervient à son tour Wernard. D’ailleurs, on voit bien la différence de perception entre l’homme et la femme grâce à ce film. Le roman de Mary Shelley est l’une des premières œuvres de science-fiction et peut-être même la première. Et cette première œuvre, qui a été réalisée par une femme, est l’une des seules qui incorporent le romantisme dans la science-fiction. On peut, d’ailleurs, remarquer que le film de James Whale, qui est un homme et qui a été tourné dans les années trente, est beaucoup plus violent que le roman de Shelley…
Fin de l’extrait.
Episode 6 : Le retour de Wernard
– Voyez-vous, dit-il avec emphase, il est difficile de mélanger des matières différentes. Pourtant, la mayonnaise est la preuve que l’addition de deux substances différentes donne naissance à une troisième qui les sublime. D’où la raison de ma théorie qu’une alliance de deux forces est plus efficace que leur simple addition. D’où la formule : « 1+1 = 3 ».
– Intéressant, se contente de dire Frédérric dont l’esprit semble voyager loin, très loin.
– Savez-vous que la technique de la mayonnaise est à la base de la peinture à l’huile flamande ?
– Hmm.
– Vous le saviez ?
Frédérric attaque délicatement une des pinces de son crabe qui semble fraîchement pêcher du port du Guilvinec. Soudain, il n’entend plus parler son voisin, ce qui a pour conséquence de l’inquiéter. En voyant l’air étonné de son interlocuteur, il comprend qu’une question importante venait de lui être posé, qu’il ne l’a pas entendu et que sa réponse devait être soit incorrecte, soit incompréhensible.
– Vous disiez ?
– Vous ne m’avez pas écouté ?
– Et bien, si, si… C’est juste que je n’ai que peu dormi durant le voyage.
– Je comprends.
– Vous me pardonnez.
– Bien sûr, bien sûr, ne vous inquiétez pas.
Pendant le reste du dîner, Wernard se contentera d’écouter ses congénères.
C’est l’heure du coucher. Notre couple présente le dortoir VIP à leurs invités de marque.
Au programme, lit à deux places pour Wernard et Franklin, lits superposés pour Lisbeth et Frédérric et canapé-lit pour Monsieur Bernard-Henri Vély. Quant au couple, ils ont monté une tente dans leur jardin et ont décidé d’y séjourner pendant la nuit.
– Bonne nuit ! souhaite Marie à la caméra avant de tirer la fermeture éclair de la tente…
Episode 7 : « Regarde, le jour se lève… »
Jour 1
Le réveil du lendemain matin est difficile. Marie et Julien se sont levés les premiers et ont décidé de jouer les maîtres d’hôtel. Ils décident de servir le petit déjeuner au lit des intellos. À leur grande surprise, Wernard est déjà habillé lorsqu’ils arrivent dans la chambre octroyée à Wernard et à Franklin.
– J’ai l’habitude de me lever tôt, explique Wernard. J’écris en général de 8h30 à 12h30.
– Waouh ! s’exclame Julien. 4 heures d’écriture tous les matins ! Vous ne vous emmerdez jamais ?
– Julien ! tance Marie.
– Non, laissez. Ce n’est pas grave. En fait, si j’ai choisi d’être écrivain, c’est par pure passion.
– Drôle de passion tout de même !
– Je te préviens, Julien, si tu continues à insulter nos invités…
Wernard s’amuse de cette dispute conjugale. Cependant, il se trouve quelque peu peiné d’en être la cause et tente d’arranger au plus vite la situation.
– Quelle joie que l’odeur matinale du café ! Vous ne trouvez pas ?
Wernard parvient à détourner l’attention sur le petit-déjeuner qui comportait deux tasses de cafés accompagnées de deux croissants et qui était monté sur un plateau que tenait Marie.
– Dommage que vous n’ayez pas de madeleines.
(Petite ESRA Perso : L’histoire de la Madeleine : On raconte que la madeleine a été introduite à la cour de Stanislas [ancien duc de Lorraine] au moment d’un de ses séjournes à Commercy [pendant ses voyages entre Lunéville et Versailles]. Un jour, le pâtissier était malade et c’est l’une des petites soubrettes du château qui a préparé les petits gâteaux traditionnels de sa famille. Ce gâteau n’avait pas de nom. Stanislas, voyant que cette pâtisserie ravivait tous ces convives, avait décidé de donner à ces gâteaux le nom de la soubrette qui s’appelait : Madeleine.)
Ces paroles quelque peu embrumées par le réveil du matin sont prononcées par un Leiikatau venant de rechausser ses lunettes de travers.
– Vous prenez des madeleines le matin ? demande Marie.
– J’aime ressentir les sensations de mon passé perdu, tel Proust avec sa madeleine.
Les belles paroles matinales de Franklin n’en finissent pas d’étonner notre couple. Les trois autres convives sont encore profondément endormis. Notre couple ne souhaite pas les réveiller et se contente de poser le repas sur une table dans leur chambre respective…
Episode 8 : « Chapi, chapo… »
10h30. Les trois autres dormeurs viennent de prendre leur petit-déjeuner. Seul Bernard-Henri ne semble pas avoir suffisamment récupéré de sa nuit.
– Vous êtes levé depuis longtemps ? demande-t-il aux interlocuteurs déjà éveillés.
Julien jette un coup d’œil sur sa montre.
– Depuis 7h00 pour nous deux, dit-il en désignant sa femme, et 7h30 pour Wernard et Franklin.
BHV montre son étonnement par un mouvement vertical des cils.
– Comment trouvez-vous tant d’énergie pour vous lever si tôt ?
Ses interlocuteurs se regardent avec un sourire complice.
Témoignage de BHV dans un semblant de confessionnal :
– Je n’arrive point à comprendre comment un individu puisse se lever à l’heure du cri du coq. Nous autres écrivains, nous sommes des oiseaux de nuit. Nous effectuons notre travail de l’esprit lorsque ceux des autres s’assoupissent lentement. Je ne comprend pas mes congénères.
Retour au domicile du couple :
11h30 : Les 5 experts et notre couple se réunissent autour de la table de la salle à manger. Les choses sérieuses commencent pour nos deux tourtereaux. Les experts ont décidé d’entamer des débats autour de sujets divers et variés. Chaque intello a inscrit sur un papier le thème qui sera débattu. Notre couple rajoute chacun un autre thème.
Les sujets sont introduits dans un chapeau et chaque thème sera tiré au sort par Julien et Marie…
Episode 9 : Le débat s’installe
Julien prend un papier et éprouve quelques difficultés à lire convenablement le sujet écrit.
– Le Taohisse… Taouassme…
Les invités se regardent sans comprendre.
– Le Teuillesareusme… Toastisme… C’est incompréhensible, finit-il reconnaître.
Marie jette un coup d’œil.
– Le Taoïsme ! C’est simple pourtant, dit-elle en le regardant avec une légère pointe de colère… À ta décharge, c’est vrai que l’écriture est peu lisible.
– Pardon ?! intervient subitement Vély.
L’assistance présente le regarde avec surprise. Désormais, des millions de personnes le savaient : l’un des plus grands philosophes français de son temps avait une écriture de médecin. Dans les quotidiens les plus satiriques, certains parlent même « d’écriture d’un enfant de 7 ans ». L’Oie séquestrée titrant : « Au BHV, le ridicule ne tue pas… sauf chez les philosophes ».
Revenons à notre émission. Après son intervention, Vély se rend compte qu’il a été démasqué et tente de sauver la situation.
– Enfin, je voulais dire… Qu’est-ce que le Taoïsme ? Est-ce une philosophie ou une simple religion parmi tant d’autres ?
La surprise quelque peu passée, les érudits commencent à procéder à la discussion.
– Nous savons tous autour de cette table, sauf peut-être vous, dit Leiikatau en regardant Julien et Marie. Nous savons, je disais donc, que le Taoïsme est un système de pensée religieuse et philosophique datant de la Chine du 4ème siècle avant Jésus-Christ. Et qu’il est aujourd’hui l’une des plus grandes religions chinoises avec le Bouddhisme.
Tous, à l’exception de Julien, font un mouvement de tête affirmatif.
– Et vous savez aussi, poursuit BH, que le Taoïsme est la religion de « la Chine profonde »…
– « La Chine d’en bas », coupe Bidebège, comme aurait dit notre ancien Premier Ministre.
Vély lâche malgré lui un sourire en coin.
– Très juste, mon cher Frédéric.
– Pour ma part, intervient Leiikatau, je préfère les pensées humanistes de Confucius.
BHV le regarde avec réprobation.
– Le Confucianisme a cette manie d’insérer l’homme dans un univers avant tout moral et social. Le Taoïsme, lui, se préoccupe davantage sur l’individu, sa conscience, sa vie spirituelle et sa recherche d’une harmonie avec la nature et l’univers.
– Je crains que vous n’ayez pas bien compris les bases du Confucianisme, rétorque Leiikatau. Sa pensée politique et sociale préconise un retour à la morale en appelant aux droits des faibles et aux devoirs des puissants. Ce n’est pas pour rien que le Confucianisme est appelé « la philosophie officielle », car elle prône une éthique sociale fondée sur la vertu.
– De toute manière, reprend Bernard-Henri, Confucius s’est inspiré de certaines pensées du Taoïsme. De ce faite, le Confucianisme est la fille du Taoïsme.
– Vous savez très bien que le Confucianisme est né parallèlement au Taoïsme et que, d’autre part, le nom de Confucius a été latinisé par les missionnaires jésuites du 17ème siècle. Son vrai nom asiatique étant Kongfuzi…
Episode 10 : « Intervention in extremis de Wernard… »
Julien semble décrocher son attention quant au débat entre gens exceptionnellement cultivés. Marie s’en inquiète et doute quant au moyen déployé par les intellectuels pour intéresser son mari à la culture. Wernard se rend compte de la tournure des événements et décide d’intervenir.
– Ecoutez, je crois que le sujet est : le Taoïsme. Je crois qu’au lieu de se battre pour savoir qui est arrivé en premier entre le Confucianisme et le Taoïsme, il faudrait parler le plus clairement possible de sa philosophie. Le Taoïsme est pour moi le premier livre philosophique qui explique qu’il faut accepter le monde tel qu’il est. Le but est de s’insérer dans le monde. Tout ce qui va en avant finit par revenir en arrière. En clair, le Taoïsme nous fait accepter l’échec comme étant le prémisse d’une victoire et la victoire comme portant en elle déjà, dans son œuf, l’échec.
Julien, qui avait rétabli son attention lorsque Wernard a ouvert la bouche, semble de nouveau quelque peu perdu.
– Attendez, intervient Marie, vous voulez dire que pour gagner quelque chose, il faut perdre ?
– Pas nécessairement, répond Wernard. En fait, le Taoïsme fait appel à une autre conception philosophique orientale qui est le Yin et le Yang. Pour être simple : Le Yin représente le bien, le féminin, la douceur, le pacifisme, etc. Le Yang représente le mal, le masculin, la violence, la guerre etc. L’idée principale est de considérer que ces deux forces opposées, le Yin et le Yang sont complémentaires et ont besoin l’un de l’autre.
Marie semble perdue.
– Pour simplifier : Imaginons que le Ying soit la femme et le Yang l’homme. Ce sont deux personnalités différentes. Généralement, on dit que les hommes représentent la force physique, le courage et pour certains la violence. Les femmes, elles, représentent la douceur, l’intelligence et le pacifisme. Ces deux forces, pourtant antagonistes, ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Les hommes ont toujours besoin des femmes même si souvent ils ne parviennent pas à les comprendre et réciproquement pour les femmes vis-à-vis des hommes.
Après quelques secondes de méditations sur les paroles de l’écrivain, Marie et même Julien parviennent à comprendre la notion du Yin et du Yang…
Note de l'auteur : Voici la suite de l'extrait de l'épisode 24 : "Comme au cinéma..."
– Il est vrai, reconnaît Leiikatau. Mais n’oubliez pas que ce même James Whale a réalisé une suite avec « La fiancée de Frankenstein » dans lequel la créature est plus « humaine ».
– Vous avez raison, reconnaît à son tour Wernard. Ce film avait, de plus, une dimension plus poétique que le premier.
– Et que dire du comédien qui interprétait à merveille le rôle de la créature : Boris Karloff, lance BH.
– Il est vrai que ce rôle lui allait comme un gant.
– Je suis tout a fait d’accord avec vous, Franklin. Je crois que c’est l’un des seuls comédiens du film muet qui restera dans l’histoire.
– C’est fortement possible, Wernard, intervient Frédéric comme pour couper court à la discussion. Je vous rappelle au passage que nous sommes quelque peu sorti du sujet principal qui était, je vous le rappelle : « les femmes ». Et j’aimerais que l’on recadre la discussion sur ce sujet.
Il se tourne vers Franklin.
– Franklin, j’aimerais connaître votre avis sur ce thème…
Episode 11 : Merci Wernard !
– Mais quel est le rapport avec le Taoïsme ?
– Et bien le Taoïsme exprime l’intérêt du Yin et du Yang en ce sens que l’une des forces antagonistes, comme par exemple la paix, attire inexorablement l’autre force, qui est par exemple la guerre.
– « Si tu veux la paix prépare la guerre », intervient Leiikatau, comme le disait Végèce dans son traité de l’art militaire.
– Si vis pacem, para bellum, rajoute BH.
Les deux philosophes se lancent un sourire complice.
– L’intervention de Franklin est juste, reprit Wernard. Ce qui prouve que les philosophes grecs l’avaient bien compris. De plus, il y a un autre principe qu’exprime le Taoïsme : le paradoxe.
– Très juste, intervient BHV.
– Et savez-vous quel est la première phrase du Ta ? demande Franklin.
– « Celui qui parle du Tao n’a rien compris au Tao ».
– Bravo.
– Ce qui prouve que tous ici, nous n’avons rien compris à cette philosophie, dit Wernard en lâchant en direction de Franklin un sourire complice.
Marie demande des explications quant à cette phrase. WB lui explique qu’elle montre clairement le principe du paradoxe. Le simple fait de parler du Tao et surtout de discuter de cette phrase montre bien que lui-même n’a rien compris.
– C’est le principe du paradoxe, conclut Wernard.
– Je propose que l’on change de sujet, propose BHV n’appréciant guère l’accaparement du débat par un autre que lui-même…
Episode 12 : Le débat s’anime
Julien tire de nouveau au sort et tombe sur le Confucianisme. Le sujet étant déjà indirectement abordé lors du Taoïsme, BH propose de passer à un autre thème. Ce qui n’est pas du goût de Franklin Leiikatau qui réclame une discussion prolongée sur le sujet.
La bataille entre taoïste et confucianiste fait de nouveau rage. Peu à peu, le débat se tend entre les deux philosophes, sous le regard amusé, puis étonné et finalement inquiet et ennuyé des personnes assises autour de la table. Julien est au bord de l’endormissement, Marie a du mal à suivre la discussion, Frédéric compte les points, Lisbeth les regarde d’un air atterré et Wernard se pose des questions concernant l’Ego des deux penseurs de renom.
Finalement, exaspérée jusqu’à n’en plus pouvoir, Lisbeth finit par mettre un terme à cette discussion devenue sans intérêt.
– ASSEZ !!! s’époumone-t-elle.
Le silence règne dans l’assemblée. D’abord surprise de l’effet immédiat et radical de son cri, elle reprend contenance.
– Excusez mon cri un peu trop, disons, abrupte, mais je devais exprimer ma colère. Je ne comprend pas l’intérêt que vous avez à vous battre, verbalement heureusement, pour des sujets aussi… futiles, abstraits…
– Vous voulez dire que notre discussion est sans intérêt ? demande BHV. C’est cela ?
– Et bien, vous me forcez à le reconnaître.
Piqué au vif et encore échaudé par le débat tendu avec Leiikatau, le penseur aux cheveux longs se lève promptement.
– Je n’ai plus rien à dire.
Il fait quelques pas en direction de la porte de sortie avant de se retourner vers ses détracteurs, encore ébaubis par sa réaction démesurée.
– Messieurs les censeurs, au revoir ! lâche-t-il.
Il se dirige vers la sortie.
Marie se précipite vers le convive.
Paniquée, Marie tente de retenir son invité. Peine perdue, le philosophe semble bien décidé à quitter le domicile du couple modèle…
Episode 13 : Réactions
Marie parlemente avec BH à quelques cinquantaine de mètres du logis.
Retour sur BH dans le confessionnal :
– Oui, je le reconnais, je me suis un peu trop emporté dans mon élan. Je n’ai pas su garder le sacro-saint sang froid. Mais que voulez-vous ? En additionnant une nuit courte ajoutée à un débat vif et à la réaction d’une tiers personne et vous obtenez un cocktail explosif.
Pendant que Marie tente de raisonner son invité, les autres érudits ne comprennent pas sa réaction. Seule Lisbeth l’avait prévu.
– Ça ne m’étonne pas. J’ai toujours su qu’il ne supportait pas la critique.
– S’il a réagi de cette manière, c’est parce que la critique venait de vous.
– Que voulez-vous dire, Frédéric ?
– Rien. Juste que connaissant vos relations passés…
– Je n’ai pas le droit à la parole. C’est ce que vous voulez dire ?
L’ancien publiciste éprouve une grande gêne.
– Ce n’est pas du doute mon propos…
– Excusez-moi, intervient timidement Julien, ça ne me regarde pas, mais que voulez-vous dire par « des relations passées » ? Vous-vous connaissez, Bernard-Henri et vous ? demande-t-il à Lisbeth.
– Et comment donc, confirme Lavyee.
– Vous avez…
– Oui ? s’interloque Lisbeth. J’ai quoi ?
Julien semble de plus en plus gêné.
– Et bien, vous avez eu… des relations…
Les yeux de l’intellectuelle s’écarquillent amplement.
– Sexuelles !?
Julien répond à l’affirmative.
Le visage de son interlocutrice devient sombre et rougi de colère.
– Vous PLAISANTEZ, j’espère ?
– Et bien, je ne sais pas. Je demande juste.
Elle finit par lâcher un rire nerveux.
– C’est la première fois qu’on me la fait, celle-là !
Son rire incontrôlable rend mal à l’aise son interlocuteur…
Episode 14 : Le calme après la tempête
Frédéric, conscient du quiproquo qui s’est établi, tente de rétablir les choses.
– Mon cher… Julien, c’est cela ? Pour répondre simplement à vos interrogations, Lisbeth a, par le passé, écrit un livre dénonçant la dictature des « bien-pensants ». Ces personnes, selon Lisbeth, pensent que quiconque ne serait pas en accord avec leurs idées serait à considérer comme étant un fasciste en puissance.
– Je vois. Et quel est le rapport avec Vérry ?
– Vély, rectifie Bidebège.
– Ah, c’est vrai ! Ça veut pas rentrer.
– Et bien, reprend Frédéric, Beth a cité dans son livre certains noms de ces philosophes pédants…
– Et Vély est celui que j’ai mis en tête de liste, conclut Lavyee.
Julien comprend mieux à présent les données du problème et les rixes probables risquant de se déclarer entre ces personnalités dont le mot « Ego » avait sûrement été inventé pour eux.
Marie parvient à raisonner le grand philosophe. Il accepte de déjeuner avec les autres hôtes.
L’image revient sur Marie et Julien sur leur canapé :
– Quand j’ai vu partir Monsieur Vély, explique Marie, c’est vrai que j’ai paniqué. Mais ça s’est très vite arrangé, heureusement.
– Mouais, si tu veux, marmonne Julien, sceptique.
Le repas se déroule dans une ambiance légèrement pesante. Les tentatives d’engagement de conversations ont été peu couronnées de succès.
Après le repas, les débats se sont à nouveau ouverts. En ce début d’après-midi, le sujet tiré porte sur le libéralisme.
– Voilà un sujet concret, crut bon de rajouter Lisbeth.
BH prend sur lui.
– J’espère que mon sujet fera l’objet de moins d’effusion colérique que les deux précédents, ironise Marie.
Le trio Leiikatau, BH et Lavyee se regardent froidement…
Episode 15 : « Souvenir, souvenir… »
Un lourd silence s’installe durant 30 longues secondes avant que Bidebège ne prenne finalement la parole.
– Bien, je vais commencer. Vous n’êtes pas sans savoir que ce système économique a pris une ampleur considérable depuis les années 80, notamment avec la politique de rigueur budgétaire de Ronald Reagan en 1980 et la politique ultralibérale de Margaret Thatcher en 1979…
– Et ce système économique a pris comme parabole la publicité, coupe Lisbeth.
Il la regarde hébété.
– Euh, oui, en effet…
– La publicité qui est un domaine qui ne vous est pas inconnu, Frédérric.
Le regard de Frédérric semble révéler d’abord de l’incompréhension, puis en regardant le regard malicieux de son interlocutrice, il croit enfin comprendre le cheminement de sa pensée.
– Vous voulez dire que j’ai été l’instigateur ou du moins l’un des soldats ayant favorisé cet état de fait ?
– Non, ce n’est pas cela que j’avais en tête. Vous décrivez bien cet aspect des choses dans le livre qui vous a fait connaître. Non, je repensais juste à une période de votre vie. Je dois vous avouer que cela m’a toujours amusé de voir un ancien prêcheur de la publicité se ranger du côté du PCF.
FB la regarde avec un air interrogatif.
– Je ne vois pas le lien avec notre discussion.
– Excusez-moi, je ne faisais que penser tout haut ce que j’aurais dû garder pour moi.
– Oui, dit-il en la regardant, vous auriez en effet dû tourner au moins sept fois votre langue avant de dire des âneries de la sorte.
Lisbeth lâche un joli sourire moqueur.
– À chacun son tour de rappeler le passé.
Frédéric comprend maintenant ces insinuations. Elle n’avait sûrement pas apprécié sa réflexion après son altercation avec BHV. Il se souvient de l’échec des élections pour le Parti Communiste alors qu’il s’était engagé dans la campagne en tant que VIP…
Note de l'auteur : Voici une extrait de l'épisode 25 :
Episode 25 : « Quoi ma gueule ? qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? »
– Excusez-moi, mon cher Frédérric, coupe BHV, mais qui vous a nommé animateur du débat ?
– Personne, Bernard-Henri. J’ai juste trouvé que le débat manquait de dynamisme. C’est pourquoi je me suis permis de…
– De faire votre intéressant, termine BH.
Frédérric est surpris par la réaction de BH. Puis il se souvient que le « Grand philosophe » aimait bien être l’un des piliers de n’importe quel débat, voire être LE pilier. Il se résigne donc.
– Bien, puisque vous le réclamez si gentiment, je vous donne le flambeau. Vous êtes l’animateur.
– Mais, je n’ai jamais demander à être l’animateur, réplique BH. Je voulais juste vous demander de respecter les autres et de ne pas vous prendre pour le maître absolu du débat. Nous ne sommes pas à vos ordres.
– Bien, bien, dit-il, irrité. Allez-y, animez le débat !
– J’aimerais que vous me parliez sur un autre ton, mon cher Frédérric, réclame son interlocuteur.[/b]
Episode 16 : Libéral, nous voilà !
Marie décide de reprendre le fil de la discussion.
– En conclusion, on peut dire que depuis une vingtaine d’années, on assiste à une régression sociale qui risque de remettre en question les acquis sociaux de ces quarante dernières années.
L’ensemble des intellectuels présents approuvent cette réflexion. Fautes d’arguments contradictoire, dû au fait qu’ils avaient à peu près tous le même courant de pensée politique, le débat va dans l’impasse. Soudain, l’œil de BH reflète qu’une idée vient d’émerger de son esprit fécond.
– Au fait, Julien, on ne vous a pas beaucoup entendu depuis le début de ces cessions.
L’individu en question se trouve gêné par cette soudaine attention.
– En fait, je vous écoute et je n’ai pas grand chose à dire.
Le philosophe ne s’avoue pas vaincu.
– Mais vous avez bien un avis sur la question ?
Tous le regardent avec ferveur et avaient hâte de connaître les idées de leur hôte.
De son côté, Julien se trouve soudainement intimidé. Il n’avait à vrai dire aucune réflexion sur la question…
– Et bien… Je ne sais pas.
– Accepterais-tu de vivre dans un monde dans lequel les chômeurs et les retraités n’ont plus de quoi vivre ? demande Marie.
Julien prend un temps de réflexion.
– Et bien… Moi, tu sais, ça me paraît, comment dire…
Il cherche ses mots et fait un geste laissant entendre que le sujet est éloigné de ses préoccupations.
– Tu veux dire que tu t’en fous de la précarité des chômeurs aux Etats-Unis ? Des fonds de pension qui créent des licenciements et des délocalisations ?
– Non, je n’ai pas dit ça, tente de rétorquer Julien.
– Si vous le permettez, prévient Bernard-Henri, j’aimerais étendre quelque peu le thème du Libéralisme pour parler du chômage et des moyens mis en œuvre pour l’éradiquer. Êtes-vous d’accord ?
Tous font un mouvement positif de la tête.
– Bien. Julien, vous savez que, notamment, il existe une théorie libérale sur les raisons de la crise économique encore actuelle. Selon ce que l’on peut appeler les « Néo-libéraux », les entrepreneurs sont dissuadés d’embaucher du personnel à cause des charges sociales trop lourdes qui ne font qu’accroître le coût du travail. Ils se sont d’ailleurs aperçus que l’addition des cotisations salariales et patronales représentaient la moitié des coûts salariaux. Ce qui fait que le salaire brut est le double du salaire net.
« Les plus libéraux des économistes pensent que le meilleur moyen de rendre les travailleurs français plus attractifs seraient de diminuer ces cotisations sociales, voir de les supprimer totalement. Le Médef, quant à lui, et qui reprend cette idée, pense que l’on pourrait se contenter d’une simple suppression totale des cotisations patronales.
« Or, faire le choix de cette politique reviendrait à laisser sur le carreau un nombre actuellement de plus en plus élevé de chômeurs qui se retrouveraient sans ressource.
« De ce fait, je vous pose, Julien, la question suivante : Que pensez-vous de la suppression pure et simple des cotisations sociales ?
Son interlocuteur, qui était entre le sommeil et l’éveil, retrouve soudain le chemin de la réalité…
Episode 17 : « C’est pas ma faute… »
– Ben, vous savez, commence-t-il dans le vague. Moi, en tant que boucher-charcutier, je ne suis pas concerné par les cotisations salariales et patronales. Et pour ma retraite, il n’y a que la vente de mon commerce qui pourra me servir de fond pour mes vieux jours.
Les regards étonnés des invités par ce manque de prise de conscience citoyenne et celui réprobateur de sa femme, le mettent mal à l’aise.
– De toute façon, tu n’as toujours pensé qu’à toi, sermonne Marie.
– Mais non, c’est pas vrai, tente de se justifier Julien.
– Vous-vous rendez compte qu’il ne va même pas voter, dit-elle en prenant à parti les penseurs.
Gênés, les invités montrent timidement une légère réprobation. Il se trouve que certains d’entre eux ne se rendaient pas non plus aux urnes. Ce qui ne les empêchaient pas de donner leur avis sur l’évolution politico-économique mondiale et nationale.
Marie enfonce davantage le clou.
– Et le pire… (Elle le montre du doigt.) C’est que le jour où j’ai réussi à l’arracher de son fauteuil, il a fait un vote blanc.
– Mais, c’est pas de ma faute, se défend Julien. Vous savez, j’ai pas l’habitude de voter. Avec tous ces bulletins, je suis perdu. Et comme je ne sais pas pour qui voter, et bien, j’ai les ai tous mis dans l’enveloppe.
Frédéric se retient de rire.
– Et je ne vous raconte pas ce qu’a pu penser le maire lorsqu’il a vu que l’enveloppe n’entrait pas dans la fente de l’urne.
Frédérric lâche un rire étouffé pendant que Wernard et Franklin esquissent un sourire amusé.
– N’exagère rien, rétorque Julien. J’ai réussi à la faire entrer en forçant un peu.
L’image de Julien se débattant avec l’enveloppe pour qu’elle pénètre dans l’urne les pousse malgré eux à exprimer un gloussement étouffé.
– Surtout que quelques secondes avant, reprend Marie, un conseiller municipal a déchiré sa carte d’électeur parce qu’elle datait de mathusalem.
(Petite ESRA Perso : D'après la Bible, Mathusalem était un patriarche juif qui aurait vécu, selon les sources, 969 ou 720 ans.)…
Episode 18 : Une histoire culottée
Les intellos ne peuvent retenir leur rire. Julien se trouve tout penaud avant d’être empreint d’une légère colère.
– Tu peux parler, toi, s’adressant à Marie.
– C’est à dire ? demande-t-elle, étonnée.
– Tu ne te rappelles pas de la soirée de fin d’année scolaire dans ton école ?
Marie fronce les sourcils et son regard se porte sur le côté. Sa mémoire lui faisant défaut, ses yeux se tournent une nouvelle fois vers son mari.
– Je ne vois pas de quoi tu parles.
Son sourire narquois reflète ses pensées : Il tient sa revanche.
– Cela ne te rappelles rien ?
Il se tourne vers les convives.
– Figurez-vous, dit-il en se léchant les babines et en s’efforçant d’utiliser le vocabulaire le plus châtié qu’il lui puisse connaître, que ma femme ici présente et qui exerce le beau métier d’institutrice (Le ton de sa voix permet de comprendre que cette apparente flatterie cache une ironie qui n’aurait pas déplu à Voltaire.), est invitée régulièrement à la fête de l’école dans lequel elle travaille.
Les regards des intellectuels reflètent une curiosité sans borne à l’encontre de leur hôte si peu bavard, au contraire de Marie qui ne comprend toujours pas où il voulait les emmener.
– Sachez également qu’elle m’emmène avec elle afin que je lui tienne compagnie.
Il la regarde bizarrement avec son air narquois, comme s’il savoure cet instant de grâce, avant de poursuivre.
– Généralement, dans ce type de fête, il y a des jeux pour les enfants de l’école, mais il y a aussi des buffets où parents, gardiens, instituteurs et directrice de l’école se rencontrent. Soudain, j’aperçois un drôle de sac ou de vêtement au pied de Marie.
Les yeux de Marie s’ouvrent brusquement, elle vient de découvrir qu’il a ouvert un vieux dossier qu’elle croyait avoir ranger aux oubliettes.
– En fait, poursuit Julien, il s’agissait d’une tenue de lingerie et même… d’une culotte.
– Hum, je crois que c’est bon pour ce thème, coupe Marie. On va passer au suivant…
Episode 19 : Application du comportement de réciprocité
Elle jette son bras dans le chapeau et ouvre le papier avant que son mari ne lui mette sa main devant sa bouche.
– Et c’est là, reprend julien en élevant la voix, que je demande à Marie : « Tiens, t’as vu. Il y a un drôle de truc par terre. »
Marie dégage sa main.
– Le sujet que nous allons aborder…
Il replace sa main sur sa bouche et bloque ses bras avec l’autre main.
– Et vous savez ce qu’elle a fait ?
Les invités ne savent plus s’il faut écouter jusqu’au bout cette histoire ou demander au couple de cesser cette querelle qui semble ne les concerner nullement.
Malgré une lutte acharnée, Marie ne parvient pas à se démettre des griffes de son mari. Elle finit par se résigner.
– Et bien, poursuit Julien, elle a prit la culotte comme ça…
Il lâche sa compagne et fait le geste de quelqu’un qui ramasse une culotte du bout des doigts.
– Et là, d’un seul coup, elle dit : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » Et j’ai vu dans son regard pendant une seconde se demander si elle avait mis une culotte ou non.
BH regarde le conteur avec surprise tandis que Frédérric esquisse un sourire amusé.
– Et là elle met rapidement sa culotte en boule et la range dans sa poche de jeans. Personne n’a rien vu. Ni ses collègues, ni les parents, ni même les enfants.
– En fait, j’en avais mis une, dit nonchalant, Marie qui était en train de regarder le sol. J’ai dû m’habiller précipitamment sans me rendre compte qu’une de mes culottes s’était incrusté dans mon pantalon et à force de marcher, elle a descendu jusqu’à mes pieds. Heureusement qu’il n’y a que Julien qui l’ait vu.
Elle le regarde avec tendresse tout en se disant ironiquement : « Merci de me rappeler cette épisode. Et devant tout le monde en plus. M’enfin, nous sommes quittes maintenant. ». Elle espérait juste que la production couperait cette épisode pendant le montage. Malheureusement pour elle…
Quant à Julien, il avait retrouvé une certaine contenance et une certaine fierté. Mais rapidement, il regrettait son geste ou plutôt ses paroles. Il ne se souvenait plus qu’il était filmé. Il se dit que dans un programme comme celui-ci, on ne peut pas tout passer.
– Bien ! intervient Marie. Nous allons passer à un autre sujet : les femmes. Voilà un sujet intéressant, dit-elle en faisant un clin d’œil à Lisbeth…
Episode 20 : Publicité gratuite
Cette dernière est étonnée par cette complicité soudaine.
– Et bien, oui, peut-être, dit-elle, embarrassée. De quoi voulez-vous parler, Marie ? De l’évolution des femmes dans la société ? Ou de la violence faite aux femmes ?
– Et bien, je ne sais pas, répond Marie. C’est votre sujet.
– Ah, non, je ne crois pas.
– Effectivement, intervient Frédéric, puisqu’il s’agit du mien.
Les deux femmes de l’assistance sont déçues. Elles auraient préféré que l’auteur de ce sujet soit l’une d’entre elles. Le fait que l’auteur soit un homme n’a inévitablement pas la même signification.
– Ah, les femmes ! s’exclame-t-il. Je trouve qu’il s’agit de la plus belle chose qui existe en ce monde. D’ailleurs,…
Séquence non-diffusée
– D’ailleurs, j’en fait une allusion dans mon dernier livre : « L’égocentrique romanesque »…
– Coupez ! ordonne le réalisateur de l’émission. Monsieur Bidebège, vous ne pouvez pas parler de votre actualité littéraire. C’est stipulé dans le contrat.
– Pardonnez-moi, s’excuse Frédérric en esquissant un sourire démontrant une mauvaise foi visible. J’avais oublié durant un court instant.
Le réalisateur n’est pas dupe.
– En tout cas, si vous tenez vraiment à faire votre promo, nous pouvons encore modifier les termes du contrat et remplacer votre cachet par la promotion de votre livre.
Le sourire de Frédérric a soudainement disparu.
– Non, je n’y tiens pas.
– Bien, dit-il satisfait de son effet. On peut reprendre…
Note de l'auteur : Vendredi prochain, dernière semaine de rediffusion des anciens épisodes. En plus des épisodes 21, 22 et 23, vous aurez deux autres épisodes inédits. Voici la suite de l'extrait de l'épisode 25 : "Quoi mageule? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule?"
– Ne montez pas sur vos grands chevaux, Bernard-Henri. Nous avons un débat à mener.
– Si vous cessiez de babiller, il n’y aurait pas de souci.
– Oh, ça va, ça va ! Vous n’allez pas faire votre cirque.
– Pardon ?!
– Mais oui, on le voit bien votre numéro du philosophe pédant qui n’a jamais mis les pieds dans un supermarché. Ça ne trompe personne.
– Je ne supporterais pas longtemps vos insultes. J’exige des excuses, dit BH en prenant un air altier.
Frédérric se penche en arrière et croise ses bras. Il tente de ravaler son agacement et fait appel à des alliés en regardant les autre convives, l’air de dire : « Comment voulez-vous discuter avec un crétin pareil ? ».
Les autres protagonistes du débat hésitent à entamer des discussions qui risqueraient de mettre de l’huile sur le feu. Après avoir lâché un soupir de consternation, Lisbeth ne peut s’empêcher d’accompagner le geste à la parole.
–Ça devient n’importe quoi ce débat.
Wernard se lèche les babines avant de pointer son doigt comme s’il voulait bénir d’un signe de croix l’assemblée présente. Il vient d’avoir une idée…
Episode 21 : « Vous, les femmes… »
Retour au débat
– J’ai toujours pensé que les femmes étaient plus, disons, télépathes que les hommes, intervient Wernard.
– Oui, peut-être, dit BH peu convaincu.
– Cela n’est pas sûr, dit Lisbeth, dubitative. Je ne me sens pas du tout télépathe. Vous êtes sûr que ce n’est pas une réflexion machiste déguisée ? demande-t-elle à Wernard.
– M’accuser de machisme, c’est mal me connaître.
– De toute façon, intervient Bidebège, lorsque des hommes critiquent les femmes, on peut à juste titre les accuser de machisme, voir de misogynie, mais lorsque les hommes mettent les femmes sur un piédestal on les accuse également de machisme.
« Par exemple, si un homme fait preuve de galanterie, on dit que cet homme est macho car il considère la femme comme un être faible. Si en revanche l’homme passe devant en laissant la porte se fermer sur elle, cet homme-là sera aussi accusé de machisme.
« Je crois qu’il faut cesser d’accuser à tort et à travers les hommes de machisme. Surtout lorsqu’ils glorifient la femme.
– En cela, je suis d’accord avec vous, reconnaît Lisbeth. Je n’aime pas les dérives de certaines doctrines féministes extrémistes. En réalité, ce que je voulais dire, c’était qu’il faut faire attention à ne pas tout généraliser.
– Je suis d’accord avec vous, dit Wernard esquissant un léger sourire.
– Au fait, Wernard, sursaute Bidebège, il me semble que vous avez sorti une bd dans laquelle vous imaginez un monde dominé par les femmes ?
– C’est vrai…
Episode 22 : Séquence non tournée
– Coupez ! Monsieur Bidebège, dit le réalisateur en joignant ses mains comme pour psalmodier une prière. Monsieur Bidebège, je vous le demande pour la dernière fois, ne faites aucune allusion à l’actualité littéraire de n’importe quel écrivain que ce soit ceux qui sont présents autour de cette table ou d’autres à l’extérieur.
– Ah bon, maintenant on ne peut même pas faire la promo pour les autres ?
– Non, répond sobrement le réalisateur.
– C’est incroyable cela. Mais comment voulez-vous que l’on fasse des débats sans parler de nos travaux ? Comment croyez-vous que fonctionnent les émissions littéraire sur les autres chaînes ?
– Je le sais bien. Mais je ne vous demande qu’une seule chose : pas d’allusion à une quelconque promotion en cours.
– Ècoutez, je viens de la publicité et j’ai déjà présenté des émissions de télévisions, et je sais très bien que la seule chose que l’on n’a pas de droit de faire, c’est de citer des marques. De ce fait, je pense que si l’on n’a pas le droit dans cette émission, comme je l’ai fait, de donner le titre de mon livre, ce qui n’est déjà pas normal selon moi, je crois que nous pouvons au moins évoquer le sujet de l’une de nos œuvres. Sinon, de quoi voulez-vous que l’on parle ? De voiture ? De cuisine ?
Wernard et le réalisateur esquissent un sourire. Le plaidoyer de Frédérric semble aussi impressionnant et efficace que celui d’un avocat.
– D’accord, je m’avoue vaincu, se résigne-t-il. On va garder la séquence. Tout le monde, vous êtes prêt ? (Il s’adresse aux techniciens.) Bien, ça tourne !
Episode 23 : « Femme unique… »
Retour débat
Frédérric tente de reprendre le débat là où il était resté.
– Wernard, dans votre bd… (Il faillit donner le titre de la bande dessinée, il se retient à temps.) Comment imaginez-vous cette société entièrement féminine dans sa composition et dans sa conception ?
– Et bien, tout d’abord, j’ai remarqué que, à l’échelle mondiale, il y avait plus de filles qui naissaient que de garçons. Ce qui amène les experts à imaginer dans un futur plus ou moins éloigné que les hommes deviendront une espèce rare. Partant de cette idée, je me suis dit : Que se passerait-il s’il n’y avait plus d’hommes sur Terre ? Quelle société pourront édifier les femmes et comment pourraient-elles se reproduire sans la présence de mâles ?
– Si j’ai bien compris, la base de votre histoire, c’est l’extinction de l’homme au sens masculin.
– Tout à fait, confirme Wernard.
Au fur et à mesure de l’avancée de la discussion, Frédérric Bidebège s’improvise en animateur de débat, voire en intervieweur, ancien réflexe de ses expériences télévisuelles.
– Et selon vous, cette société féministe serait plus tournée vers le pacifisme, l’écologie…
– Un peu de tout cela. Déjà, du moins dans cette histoire, il y a l’idée d’oviparité. C’est à dire qu’elles se reproduisent en pondant des œufs…
– Des œufs ?! s’étonne Lisbeth. Mais ce ne sont plus des êtres humaines, ce sont des poules ?
Wernard esquisse un léger sourire.
– En réalité, il s’agit d’une oviparité « in vitro » relative à une découverte scientifique majeure dans le domaine de la bioéthique.
– Ces femmes qui pondent sont donc le résultat d’une expérience scientifique, comme pour Frankenstein ! résume Frédérric.
– C’est un résumé un peu rapide, mais mis à part que ces femmes ne pondent pas réellement et qu’elles n’ont pas été construites, comme Frankenstein, à partir de différents organes prélevés sur des cadavres… mis à part tout ceci, c’est un peu cela.
– Bien, nous allons maintenant passer à…
Episode 24 : « Comme au cinéma… »
– Excusez-moi, Frédérric, coupe Leiikatau, mais je crois qu’il serait utile de rappeler que le nom de Frankenstein est, à tort, donné à la créature. Alors qu’il s’agit, d’après l’œuvre de Mary Shelley, du créateur, le Dr Frankenstein.
– Franklin a raison, intervient BH. Ce sont les lecteurs qui donnèrent le nom du docteur à la créature.
– C’est vrai, intervient à son tour Wernard. D’ailleurs, on voit bien la différence de perception entre l’homme et la femme grâce à ce film. Le roman de Mary Shelley est l’une des premières œuvres de science-fiction et peut-être même la première. Et cette première œuvre, qui a été réalisée par une femme, est l’une des seules qui incorporent le romantisme dans la science-fiction. On peut, d’ailleurs, remarquer que le film de James Whale, qui est un homme et qui a été tourné dans les années trente, est beaucoup plus violent que le roman de Shelley.
– Il est vrai, reconnaît Leiikatau. Mais n’oubliez pas que ce même James Whale a réalisé une suite avec « La fiancée de Frankenstein » dans lequel la créature est plus « humaine ».
– Vous avez raison, reconnaît à son tour Wernard. Ce film avait, de plus, une dimension plus poétique que le premier.
– Et que dire du comédien qui interprétait à merveille le rôle de la créature : Boris Karloff, lance BH.
– Il est vrai que ce rôle lui allait comme un gant.
– Je suis tout a fait d’accord avec vous, Franklin. Je crois que c’est l’un des seuls comédiens du film muet qui restera dans l’histoire.
– C’est fortement possible, Wernard, intervient Frédéric comme pour couper court à la discussion. Je vous rappelle au passage que nous sommes quelque peu sorti du sujet principal qui était, je vous le rappelle : « les femmes ». Et j’aimerais que l’on recadre la discussion sur ce sujet.
Il se tourne vers Franklin.
– Franklin, j’aimerais connaître votre avis sur ce thème…
Episode 25 : « Quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? »
– Excusez-moi, mon cher Frédérric, coupe BHV, mais qui vous a nommé animateur du débat ?
– Personne, Bernard-Henri. J’ai juste trouvé que le débat manquait de dynamisme. C’est pourquoi je me suis permis de…
– De faire votre intéressant, termine BH.
Frédérric est surpris par la réaction de BH. Puis il se souvient que le « Grand philosophe » aimait bien être l’un des piliers de n’importe quel débat, voire être LE pilier. Il se résigne donc.
– Bien, puisque vous le réclamez si gentiment, je vous donne le flambeau. Vous êtes l’animateur.
– Mais, je n’ai jamais demander à être l’animateur, réplique BH. Je voulais juste vous demander de respecter les autres et de ne pas vous prendre pour le maître absolu du débat. Nous ne sommes pas à vos ordres.
– Bien, bien, dit-il, irrité. Allez-y, animez le débat !
– J’aimerais que vous me parliez sur un autre ton, mon cher Frédérric, réclame son interlocuteur.
– Ne montez pas sur vos grands chevaux, Bernard-Henri. Nous avons un débat à mener.
– Si vous cessiez de babiller, il n’y aurait pas de souci.
– Oh, ça va, ça va ! Vous n’allez pas faire votre cirque.
– Pardon ?!
– Mais oui, on le voit bien votre numéro du philosophe pédant qui n’a jamais mis les pieds dans un supermarché. Ça ne trompe personne.
– Je ne supporterais pas longtemps vos insultes. J’exige des excuses, dit BH en prenant un air altier.
Frédérric se penche en arrière et croise ses bras. Il tente de ravaler son agacement et fait appel à des alliés en regardant les autre convives, l’air de dire : « Comment voulez-vous discuter avec un crétin pareil ? ».
Les autres protagonistes du débat hésitent à entamer des discussions qui risqueraient de mettre de l’huile sur le feu. Après avoir lâché un soupir de consternation, Lisbeth ne peut s’empêcher d’accompagner le geste à la parole.
–Ça devient n’importe quoi ce débat.
Wernard se lèche les babines avant de pointer son doigt comme s’il voulait bénir d’un signe de croix l’assemblée présente. Il vient d’avoir une idée…
Note de l’auteur : Les nouveaux épisodes quotidiens inédits de la saison 2, bientôt sur vos écrans… @ Lundi.
Retrouver tout de suite Wernard Berber, Bernard-Henri Vély, Lisbeth Lavye, Frédérric Bidebège et Franklin Leiikatau dans : « Les intellos ». (J’ai modifier quelques lettres aux noms afin de faire des anagrammes plus précis.)
Je précise une nouelle fois que les phrases en italique sont els paroles de la voix-off de l'émission.
Episode 1 : La menace Inculture
Les événements qui vont suivre sont le pur produit de mon imagination. Toute ressemblance avec des événements ou personnages existants serait purement fortuite.
Générique
5 intellectuels débarquent pendant 5 jours chez un français moyen. Leur but : L’intéresser à la culture. Pour vous cultiver, ils vont tout donner. Voici la liste des érudits : Bernard-Henri Vély, Lisbeth Lavyee, Franklin Leiikatau, Frédérric Bidebège et Wernard Berber.
Aujourd’hui, les intellos vont à la rencontre de Julien. Julien est charcutier dans le village breton de Plomelin, dans le Finistère. Ce qu’il aime : Les voitures, le foot et les soirées télés. Ce qu’il déteste : Les serpents, les prétentieux, les portables et les « pseudo-intellectuels ».
La caméra se braque sur Julien.
– En fait, je déteste les gens qui jouent les donneurs de leçons, qui se croient plus malins que les autres et qui montrent leur bobines à la télé pour vendre des livres qu’ils n’ont même pas écrit. Pour moi, ce sont des tire-au-flanc qui gagnent leur vie sans rien foutre.
Et quand on lui demande s’il a déjà lu un livre, il répond :
– Sur les conseils de ma femme, j’avais acheté « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan. Et malheureusement… je me suis endormi au bout de dix pages. Depuis, je n’ai plus lu aucun livre.
Situation que déplore Marie, sa chère et tendre épouse. Marie est institutrice dans l’école du village. Ses intérêts tournent autour de la lecture, du cinéma, du théâtre et du tennis.
– Je suis découragé, dit-elle en lâchant un soupir. J’ai tout essayé : Les livres, Arté, France 5, les musées, les salles de cinéma et les pièces de théâtre... Rien ne l’intéresse. Il n’a aucune curiosité intellectuelle. Il lui est même arrivé de ronfler en plein milieu d’une pièce tragique.
« Du coup, comme nous n’avons pas les mêmes centres d’intérêts, je ne sais plus comment engager la conversation avec lui.
« J’espère que les personnalités qui viendront chez nous auront le don de lui activer certaines zones de son cerveau.
Cependant, Marie a une crainte.
– Il ne connaît aucun écrivain à part Sagan et Sullizer. J’espère que nos invités-écrivains ne s’en offusqueront pas.
Heureusement, l’appel de Marie a été entendu par nos érudits. Avec l’accord de Julien, nos 5 experts viennent sauver la situation…
Episode 2 : L’attaque des intellos
Julien et Marie attendent leur arrivée sur le trottoir, devant leur porte d’entrée. Quelques secondes plus tard, une limousine s’arrête devant eux. Les maîtres de maison expriment une moue sceptique en apercevant ce signe extérieur de richesse exagéré.
L’un des premiers convives s’extirpe de la voiture, il s’agit du très élégant philosophe aux cheveux longs et à la chemise blanche éclatante, Bernard-Henri Vély. Un rapide tour d’horizon permet à l’auteur du « Totalitarisme au visage bienveillant » de remarquer l’aspect pittoresque du paysage qui s’offre à lui.
Le suivant est une suivante, Lisbeth Lavyee. Sortant du carcan de la voiture motorisée sa belle crinière brune teintée par la brillance de ses yeux couleurs turquoises, elle ne pu s’empêcher de s’extasier devant le site calme et vivifiant de la Bretagne profonde.
Ce fut au tour de Frédérric Bidebège de montrer sa chevelure sombre. Cet écrivain-animateur télé-éditeur et critique littéraire aux petites lunettes rectangulaires, rit aux éclats. Franklin Leiikatau vient de lui raconter une histoire d’une qualité philosophiquement drôle.
Ce dernier, accompagné de son nouvel ami, Wernard Berber, et parti dans une croisade en faveur de la bonne humeur, sort du véhicule en racontant une autre de ses intriguantes blagues. Son interlocuteur, déjà conquis, lâche un sourire puis un rire incontrôlé.
Intimidés, Julien et Marie attendent qu’un de leurs hôtes de marque viennent les saluer.
Lisbeth fait le premier pas.
Elle salue le couple par des bises à l’un et à l’autre.
Son naturel spontané n’a pas échappé aux deux logeurs.
Retour sur Julien et Marie sur leur canapé.
– Elle a l’air sympa, remarque Marie. Elle n’entre pas dans le cliché des femmes philosophes introverties et méprisant le peuple.
– Moi je la trouve plus que sympathique.
Le regard de julien est empreint de malice, au contraire de sa femme qui le regarde avec fureur.
– Tu peux préciser !
– Rien, je la trouve sympathique, voilà.
Il reçoit un coup furtif sur l’épaule.
– On en reparlera…
Episode 3 : La revanche des cinq (et non des six)
Vély salut à son tour le couple vedette. Il fait un baise-main gracieux à Marie et une poignet de main viril à son mari dont le regard dur semble refléter une jalousie montante.
En revanche, l’arrivée du philosophe de renom ne fait pas l’unanimité.
– Lui, c’est un pov’ type, s’emporte Julien.
– Pourquoi tu dis ça, juju ? s’étonne Marie. C’est un homme charmant et galant… C’est vrai que ces deux qualités te sont totalement étrangères.
Il la fusille du regard.
Frédérric est le suivant à les saluer : Baise-main pour madame, poignet de main pour monsieur et regards décalés entre la douceur enchantée de Marie et la dureté de Julien.
La courtoisie de Frédérric nuance le propos de Julien.
– Il ressemble au vendeur de chemise blanche (Vély), mais il a l’air plus sympa.
– Tout à fait d’accord. Courtois et galant.
Franklin se contente de deux poignets de main pour les deux tourtereaux.
Le couple est mitigé concernant Franklin Leiikatau.
– Il me paraît cordial. Julien ?
– Je suis d’accord. En revanche, il faut qu’il s’améliore pour les blagues.
La caméra revient quelques secondes après les présentations.
– Voulez-vous participer à notre fou rire ? propose gaiement le philosophe aux lunettes rondes.
– Oui, allez-y.
– D’après vous, d’où peut descendre l’Homme ? Je parle évidemment de l’Homme avec un grand « H ».
Marie se lance.
– Théoriquement, l’Homme descend du singe.
– Et bien non… (Son fou rire prématuré l’interrompt un moment.) L’Homme descend… (Rire.) de l’arbre.
Le fou rire incontrôlé du penseur face à la moue dubitative du couple forment un contraste vaudevillesque.
Le dernier à se présenter est Wernard Berber…
Episode 4 : La guerre des mots (d’auteur) (« Gadin du soir, espoir. ») (smiley bof)
Sa timidité et sa maladresse le font hésiter entre la poignet de main et la bise. Il choisit finalement la poignet de main.
À peine arrivé, le célèbre auteur des « Insectes » s’est déjà fait remarqué.
Retour sur Julien et Marie sur leur canapé.
– Ah, Wernard, s’exclame Marie. Il était un peu timide au début.
– C’est vrai. Mais je crois qu’on va bien se marrer avec lui.
Les invités sont conviés à se diriger vers l’entrée. Curieux de tout, Wernard Berber regarde les parages. En cherchant dans ce décor une source d’inspiration certaine, il ne voit pas les deux marches permettant de pénétrer dans l’antre des propriétaires des lieux. Un pas mal orienté lui permit d’observer de plus près le monde des acariens après avoir observé… celui des fourmis.
Salle à manger
Le couple invite les hôtes à se réunir autour de la table à manger.
À peine arrivé sur les lieux, Benard-Henri Vély note déjà quelques observations.
– Pardonnez-moi Madame, mais vous n’avez certainement pas dû avoir le temps nécessaire pour préparer notre visite… Je ne vois pas nos noms sur la table.
– Excusez-moi, Monsieur Vély. Vous-vous mettrez à côté de Madame Laviee, en bout de table.
Après un moment d’hésitation, il finit par se placer à l’endroit qu’on lui avait indiqué. Par un hasard, à la fois imprévu et cocasse, il se retrouve à côté de son ancienne accusatrice.
Quelques minutes d’observations plus tard, il s’étonnera de l’absence de buffet, ainsi que celle de musique, fut-elle classique, puis de serveurs. Il ne put s’empêcher de s’en interloquer.
– Pardonnez ma question, mais vos gens sont-ils en congé ?
Six paires d’yeux se braquent sur le philosophe jet-setter, ne sachant s’il s’agit d’une plaisanterie ou d’une conséquence tragique d’une trop grande présence dans les soirées mondaines qui l’aurait éloigné des réalités.
Le philosophe semble sérieux et attend une réponse, un signe.
Gênée, Marie, tablier précautionneusement attaché, plats de fruits de mer apposés à ses mains et yeux grands ouverts d’étonnement, décide de ne pas le choquer et répond qu’ils étaient en arrêt maladie.
– Ah, « Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies », sortit le philosophe.
– Blaise Pascal, intervint de suite Leiikatau.
Les deux hommes, l’air complice, lèvent leur verre en guise de salutation et de reconnaissance entre gens cultivés…
Episode 5 : Julien contre-attaque
Soudain, Vély fait une grimace. Il est surpris par le contenu de son verre.
– Excusez-moi, vous n’auriez pas du champagne ?
Julien lui lance un regard amusé.
– Désolé, monsieur Véssi, nous n’avons que du porto.
Les convives pouffent soudainement de rire.
– Vély, rectifie Bernard-Henri.
– Pardon ?!
– Mon nom est Vély et non Vessie.
Les regards rieurs des convives et la soudaine gêne du pédant philosophe ne font qu’un tour dans l’esprit de Julien.
– Ah, d’accord. Vély et non Véssi. Au fait, s’il vous prend l’envie d’aller au cabinet, vous prenez la porte derrière vous, vous tournez à droite et vous allez tout droit. Au cas où votre vé-ssie ferait défaut.
– Je vous remercie, mon cher, émit l’érudit avec aigreur.
L’ambiance joviale du dîner se poursuit normalement. Franklin Leiikatau raconte pendant tout le long du dîner des histoires drôles tandis que Frédérric Bidebège écoute poliment les théories de son voisin, Wernard Berber, sur la recette de la Mayonnaise…
Suite aux réclamations d’explorateurs désireux de connaître « la saison 2 inédite » en avant-première, voici un extrait de l’épisode 24 (Vous souvenez-vous de l’épisode 23 ?) :
Episode 24 : « Comme au cinéma… "
– Excusez-moi, Frédérric, coupe Leiikatau, mais je crois qu’il serait utile de rappeler que le nom de Frankenstein est, à tort, donné à la créature. Alors qu’il s’agit, d’après l’œuvre de Mary Shelley, du créateur, le Dr Frankenstein.
– Franklin a raison, intervient BH. Ce sont les lecteurs qui donnèrent le nom du docteur à la créature.
– C’est vrai, intervient à son tour Wernard. D’ailleurs, on voit bien la différence de perception entre l’homme et la femme grâce à ce film. Le roman de Mary Shelley est l’une des premières œuvres de science-fiction et peut-être même la première. Et cette première œuvre, qui a été réalisée par une femme, est l’une des seules qui incorporent le romantisme dans la science-fiction. On peut, d’ailleurs, remarquer que le film de James Whale, qui est un homme et qui a été tourné dans les années trente, est beaucoup plus violent que le roman de Shelley…
Fin de l’extrait.
Episode 6 : Le retour de Wernard
– Voyez-vous, dit-il avec emphase, il est difficile de mélanger des matières différentes. Pourtant, la mayonnaise est la preuve que l’addition de deux substances différentes donne naissance à une troisième qui les sublime. D’où la raison de ma théorie qu’une alliance de deux forces est plus efficace que leur simple addition. D’où la formule : « 1+1 = 3 ».
– Intéressant, se contente de dire Frédérric dont l’esprit semble voyager loin, très loin.
– Savez-vous que la technique de la mayonnaise est à la base de la peinture à l’huile flamande ?
– Hmm.
– Vous le saviez ?
Frédérric attaque délicatement une des pinces de son crabe qui semble fraîchement pêcher du port du Guilvinec. Soudain, il n’entend plus parler son voisin, ce qui a pour conséquence de l’inquiéter. En voyant l’air étonné de son interlocuteur, il comprend qu’une question importante venait de lui être posé, qu’il ne l’a pas entendu et que sa réponse devait être soit incorrecte, soit incompréhensible.
– Vous disiez ?
– Vous ne m’avez pas écouté ?
– Et bien, si, si… C’est juste que je n’ai que peu dormi durant le voyage.
– Je comprends.
– Vous me pardonnez.
– Bien sûr, bien sûr, ne vous inquiétez pas.
Pendant le reste du dîner, Wernard se contentera d’écouter ses congénères.
C’est l’heure du coucher. Notre couple présente le dortoir VIP à leurs invités de marque.
Au programme, lit à deux places pour Wernard et Franklin, lits superposés pour Lisbeth et Frédérric et canapé-lit pour Monsieur Bernard-Henri Vély. Quant au couple, ils ont monté une tente dans leur jardin et ont décidé d’y séjourner pendant la nuit.
– Bonne nuit ! souhaite Marie à la caméra avant de tirer la fermeture éclair de la tente…
Episode 7 : « Regarde, le jour se lève… »
Jour 1
Le réveil du lendemain matin est difficile. Marie et Julien se sont levés les premiers et ont décidé de jouer les maîtres d’hôtel. Ils décident de servir le petit déjeuner au lit des intellos. À leur grande surprise, Wernard est déjà habillé lorsqu’ils arrivent dans la chambre octroyée à Wernard et à Franklin.
– J’ai l’habitude de me lever tôt, explique Wernard. J’écris en général de 8h30 à 12h30.
– Waouh ! s’exclame Julien. 4 heures d’écriture tous les matins ! Vous ne vous emmerdez jamais ?
– Julien ! tance Marie.
– Non, laissez. Ce n’est pas grave. En fait, si j’ai choisi d’être écrivain, c’est par pure passion.
– Drôle de passion tout de même !
– Je te préviens, Julien, si tu continues à insulter nos invités…
Wernard s’amuse de cette dispute conjugale. Cependant, il se trouve quelque peu peiné d’en être la cause et tente d’arranger au plus vite la situation.
– Quelle joie que l’odeur matinale du café ! Vous ne trouvez pas ?
Wernard parvient à détourner l’attention sur le petit-déjeuner qui comportait deux tasses de cafés accompagnées de deux croissants et qui était monté sur un plateau que tenait Marie.
– Dommage que vous n’ayez pas de madeleines.
(Petite ESRA Perso : L’histoire de la Madeleine : On raconte que la madeleine a été introduite à la cour de Stanislas [ancien duc de Lorraine] au moment d’un de ses séjournes à Commercy [pendant ses voyages entre Lunéville et Versailles]. Un jour, le pâtissier était malade et c’est l’une des petites soubrettes du château qui a préparé les petits gâteaux traditionnels de sa famille. Ce gâteau n’avait pas de nom. Stanislas, voyant que cette pâtisserie ravivait tous ces convives, avait décidé de donner à ces gâteaux le nom de la soubrette qui s’appelait : Madeleine.)
Ces paroles quelque peu embrumées par le réveil du matin sont prononcées par un Leiikatau venant de rechausser ses lunettes de travers.
– Vous prenez des madeleines le matin ? demande Marie.
– J’aime ressentir les sensations de mon passé perdu, tel Proust avec sa madeleine.
Les belles paroles matinales de Franklin n’en finissent pas d’étonner notre couple. Les trois autres convives sont encore profondément endormis. Notre couple ne souhaite pas les réveiller et se contente de poser le repas sur une table dans leur chambre respective…
Episode 8 : « Chapi, chapo… »
10h30. Les trois autres dormeurs viennent de prendre leur petit-déjeuner. Seul Bernard-Henri ne semble pas avoir suffisamment récupéré de sa nuit.
– Vous êtes levé depuis longtemps ? demande-t-il aux interlocuteurs déjà éveillés.
Julien jette un coup d’œil sur sa montre.
– Depuis 7h00 pour nous deux, dit-il en désignant sa femme, et 7h30 pour Wernard et Franklin.
BHV montre son étonnement par un mouvement vertical des cils.
– Comment trouvez-vous tant d’énergie pour vous lever si tôt ?
Ses interlocuteurs se regardent avec un sourire complice.
Témoignage de BHV dans un semblant de confessionnal :
– Je n’arrive point à comprendre comment un individu puisse se lever à l’heure du cri du coq. Nous autres écrivains, nous sommes des oiseaux de nuit. Nous effectuons notre travail de l’esprit lorsque ceux des autres s’assoupissent lentement. Je ne comprend pas mes congénères.
Retour au domicile du couple :
11h30 : Les 5 experts et notre couple se réunissent autour de la table de la salle à manger. Les choses sérieuses commencent pour nos deux tourtereaux. Les experts ont décidé d’entamer des débats autour de sujets divers et variés. Chaque intello a inscrit sur un papier le thème qui sera débattu. Notre couple rajoute chacun un autre thème.
Les sujets sont introduits dans un chapeau et chaque thème sera tiré au sort par Julien et Marie…
Episode 9 : Le débat s’installe
Julien prend un papier et éprouve quelques difficultés à lire convenablement le sujet écrit.
– Le Taohisse… Taouassme…
Les invités se regardent sans comprendre.
– Le Teuillesareusme… Toastisme… C’est incompréhensible, finit-il reconnaître.
Marie jette un coup d’œil.
– Le Taoïsme ! C’est simple pourtant, dit-elle en le regardant avec une légère pointe de colère… À ta décharge, c’est vrai que l’écriture est peu lisible.
– Pardon ?! intervient subitement Vély.
L’assistance présente le regarde avec surprise. Désormais, des millions de personnes le savaient : l’un des plus grands philosophes français de son temps avait une écriture de médecin. Dans les quotidiens les plus satiriques, certains parlent même « d’écriture d’un enfant de 7 ans ». L’Oie séquestrée titrant : « Au BHV, le ridicule ne tue pas… sauf chez les philosophes ».
Revenons à notre émission. Après son intervention, Vély se rend compte qu’il a été démasqué et tente de sauver la situation.
– Enfin, je voulais dire… Qu’est-ce que le Taoïsme ? Est-ce une philosophie ou une simple religion parmi tant d’autres ?
La surprise quelque peu passée, les érudits commencent à procéder à la discussion.
– Nous savons tous autour de cette table, sauf peut-être vous, dit Leiikatau en regardant Julien et Marie. Nous savons, je disais donc, que le Taoïsme est un système de pensée religieuse et philosophique datant de la Chine du 4ème siècle avant Jésus-Christ. Et qu’il est aujourd’hui l’une des plus grandes religions chinoises avec le Bouddhisme.
Tous, à l’exception de Julien, font un mouvement de tête affirmatif.
– Et vous savez aussi, poursuit BH, que le Taoïsme est la religion de « la Chine profonde »…
– « La Chine d’en bas », coupe Bidebège, comme aurait dit notre ancien Premier Ministre.
Vély lâche malgré lui un sourire en coin.
– Très juste, mon cher Frédéric.
– Pour ma part, intervient Leiikatau, je préfère les pensées humanistes de Confucius.
BHV le regarde avec réprobation.
– Le Confucianisme a cette manie d’insérer l’homme dans un univers avant tout moral et social. Le Taoïsme, lui, se préoccupe davantage sur l’individu, sa conscience, sa vie spirituelle et sa recherche d’une harmonie avec la nature et l’univers.
– Je crains que vous n’ayez pas bien compris les bases du Confucianisme, rétorque Leiikatau. Sa pensée politique et sociale préconise un retour à la morale en appelant aux droits des faibles et aux devoirs des puissants. Ce n’est pas pour rien que le Confucianisme est appelé « la philosophie officielle », car elle prône une éthique sociale fondée sur la vertu.
– De toute manière, reprend Bernard-Henri, Confucius s’est inspiré de certaines pensées du Taoïsme. De ce faite, le Confucianisme est la fille du Taoïsme.
– Vous savez très bien que le Confucianisme est né parallèlement au Taoïsme et que, d’autre part, le nom de Confucius a été latinisé par les missionnaires jésuites du 17ème siècle. Son vrai nom asiatique étant Kongfuzi…
Episode 10 : « Intervention in extremis de Wernard… »
Julien semble décrocher son attention quant au débat entre gens exceptionnellement cultivés. Marie s’en inquiète et doute quant au moyen déployé par les intellectuels pour intéresser son mari à la culture. Wernard se rend compte de la tournure des événements et décide d’intervenir.
– Ecoutez, je crois que le sujet est : le Taoïsme. Je crois qu’au lieu de se battre pour savoir qui est arrivé en premier entre le Confucianisme et le Taoïsme, il faudrait parler le plus clairement possible de sa philosophie. Le Taoïsme est pour moi le premier livre philosophique qui explique qu’il faut accepter le monde tel qu’il est. Le but est de s’insérer dans le monde. Tout ce qui va en avant finit par revenir en arrière. En clair, le Taoïsme nous fait accepter l’échec comme étant le prémisse d’une victoire et la victoire comme portant en elle déjà, dans son œuf, l’échec.
Julien, qui avait rétabli son attention lorsque Wernard a ouvert la bouche, semble de nouveau quelque peu perdu.
– Attendez, intervient Marie, vous voulez dire que pour gagner quelque chose, il faut perdre ?
– Pas nécessairement, répond Wernard. En fait, le Taoïsme fait appel à une autre conception philosophique orientale qui est le Yin et le Yang. Pour être simple : Le Yin représente le bien, le féminin, la douceur, le pacifisme, etc. Le Yang représente le mal, le masculin, la violence, la guerre etc. L’idée principale est de considérer que ces deux forces opposées, le Yin et le Yang sont complémentaires et ont besoin l’un de l’autre.
Marie semble perdue.
– Pour simplifier : Imaginons que le Ying soit la femme et le Yang l’homme. Ce sont deux personnalités différentes. Généralement, on dit que les hommes représentent la force physique, le courage et pour certains la violence. Les femmes, elles, représentent la douceur, l’intelligence et le pacifisme. Ces deux forces, pourtant antagonistes, ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Les hommes ont toujours besoin des femmes même si souvent ils ne parviennent pas à les comprendre et réciproquement pour les femmes vis-à-vis des hommes.
Après quelques secondes de méditations sur les paroles de l’écrivain, Marie et même Julien parviennent à comprendre la notion du Yin et du Yang…
Note de l'auteur : Voici la suite de l'extrait de l'épisode 24 : "Comme au cinéma..."
– Il est vrai, reconnaît Leiikatau. Mais n’oubliez pas que ce même James Whale a réalisé une suite avec « La fiancée de Frankenstein » dans lequel la créature est plus « humaine ».
– Vous avez raison, reconnaît à son tour Wernard. Ce film avait, de plus, une dimension plus poétique que le premier.
– Et que dire du comédien qui interprétait à merveille le rôle de la créature : Boris Karloff, lance BH.
– Il est vrai que ce rôle lui allait comme un gant.
– Je suis tout a fait d’accord avec vous, Franklin. Je crois que c’est l’un des seuls comédiens du film muet qui restera dans l’histoire.
– C’est fortement possible, Wernard, intervient Frédéric comme pour couper court à la discussion. Je vous rappelle au passage que nous sommes quelque peu sorti du sujet principal qui était, je vous le rappelle : « les femmes ». Et j’aimerais que l’on recadre la discussion sur ce sujet.
Il se tourne vers Franklin.
– Franklin, j’aimerais connaître votre avis sur ce thème…
Episode 11 : Merci Wernard !
– Mais quel est le rapport avec le Taoïsme ?
– Et bien le Taoïsme exprime l’intérêt du Yin et du Yang en ce sens que l’une des forces antagonistes, comme par exemple la paix, attire inexorablement l’autre force, qui est par exemple la guerre.
– « Si tu veux la paix prépare la guerre », intervient Leiikatau, comme le disait Végèce dans son traité de l’art militaire.
– Si vis pacem, para bellum, rajoute BH.
Les deux philosophes se lancent un sourire complice.
– L’intervention de Franklin est juste, reprit Wernard. Ce qui prouve que les philosophes grecs l’avaient bien compris. De plus, il y a un autre principe qu’exprime le Taoïsme : le paradoxe.
– Très juste, intervient BHV.
– Et savez-vous quel est la première phrase du Ta ? demande Franklin.
– « Celui qui parle du Tao n’a rien compris au Tao ».
– Bravo.
– Ce qui prouve que tous ici, nous n’avons rien compris à cette philosophie, dit Wernard en lâchant en direction de Franklin un sourire complice.
Marie demande des explications quant à cette phrase. WB lui explique qu’elle montre clairement le principe du paradoxe. Le simple fait de parler du Tao et surtout de discuter de cette phrase montre bien que lui-même n’a rien compris.
– C’est le principe du paradoxe, conclut Wernard.
– Je propose que l’on change de sujet, propose BHV n’appréciant guère l’accaparement du débat par un autre que lui-même…
Episode 12 : Le débat s’anime
Julien tire de nouveau au sort et tombe sur le Confucianisme. Le sujet étant déjà indirectement abordé lors du Taoïsme, BH propose de passer à un autre thème. Ce qui n’est pas du goût de Franklin Leiikatau qui réclame une discussion prolongée sur le sujet.
La bataille entre taoïste et confucianiste fait de nouveau rage. Peu à peu, le débat se tend entre les deux philosophes, sous le regard amusé, puis étonné et finalement inquiet et ennuyé des personnes assises autour de la table. Julien est au bord de l’endormissement, Marie a du mal à suivre la discussion, Frédéric compte les points, Lisbeth les regarde d’un air atterré et Wernard se pose des questions concernant l’Ego des deux penseurs de renom.
Finalement, exaspérée jusqu’à n’en plus pouvoir, Lisbeth finit par mettre un terme à cette discussion devenue sans intérêt.
– ASSEZ !!! s’époumone-t-elle.
Le silence règne dans l’assemblée. D’abord surprise de l’effet immédiat et radical de son cri, elle reprend contenance.
– Excusez mon cri un peu trop, disons, abrupte, mais je devais exprimer ma colère. Je ne comprend pas l’intérêt que vous avez à vous battre, verbalement heureusement, pour des sujets aussi… futiles, abstraits…
– Vous voulez dire que notre discussion est sans intérêt ? demande BHV. C’est cela ?
– Et bien, vous me forcez à le reconnaître.
Piqué au vif et encore échaudé par le débat tendu avec Leiikatau, le penseur aux cheveux longs se lève promptement.
– Je n’ai plus rien à dire.
Il fait quelques pas en direction de la porte de sortie avant de se retourner vers ses détracteurs, encore ébaubis par sa réaction démesurée.
– Messieurs les censeurs, au revoir ! lâche-t-il.
Il se dirige vers la sortie.
Marie se précipite vers le convive.
Paniquée, Marie tente de retenir son invité. Peine perdue, le philosophe semble bien décidé à quitter le domicile du couple modèle…
Episode 13 : Réactions
Marie parlemente avec BH à quelques cinquantaine de mètres du logis.
Retour sur BH dans le confessionnal :
– Oui, je le reconnais, je me suis un peu trop emporté dans mon élan. Je n’ai pas su garder le sacro-saint sang froid. Mais que voulez-vous ? En additionnant une nuit courte ajoutée à un débat vif et à la réaction d’une tiers personne et vous obtenez un cocktail explosif.
Pendant que Marie tente de raisonner son invité, les autres érudits ne comprennent pas sa réaction. Seule Lisbeth l’avait prévu.
– Ça ne m’étonne pas. J’ai toujours su qu’il ne supportait pas la critique.
– S’il a réagi de cette manière, c’est parce que la critique venait de vous.
– Que voulez-vous dire, Frédéric ?
– Rien. Juste que connaissant vos relations passés…
– Je n’ai pas le droit à la parole. C’est ce que vous voulez dire ?
L’ancien publiciste éprouve une grande gêne.
– Ce n’est pas du doute mon propos…
– Excusez-moi, intervient timidement Julien, ça ne me regarde pas, mais que voulez-vous dire par « des relations passées » ? Vous-vous connaissez, Bernard-Henri et vous ? demande-t-il à Lisbeth.
– Et comment donc, confirme Lavyee.
– Vous avez…
– Oui ? s’interloque Lisbeth. J’ai quoi ?
Julien semble de plus en plus gêné.
– Et bien, vous avez eu… des relations…
Les yeux de l’intellectuelle s’écarquillent amplement.
– Sexuelles !?
Julien répond à l’affirmative.
Le visage de son interlocutrice devient sombre et rougi de colère.
– Vous PLAISANTEZ, j’espère ?
– Et bien, je ne sais pas. Je demande juste.
Elle finit par lâcher un rire nerveux.
– C’est la première fois qu’on me la fait, celle-là !
Son rire incontrôlable rend mal à l’aise son interlocuteur…
Episode 14 : Le calme après la tempête
Frédéric, conscient du quiproquo qui s’est établi, tente de rétablir les choses.
– Mon cher… Julien, c’est cela ? Pour répondre simplement à vos interrogations, Lisbeth a, par le passé, écrit un livre dénonçant la dictature des « bien-pensants ». Ces personnes, selon Lisbeth, pensent que quiconque ne serait pas en accord avec leurs idées serait à considérer comme étant un fasciste en puissance.
– Je vois. Et quel est le rapport avec Vérry ?
– Vély, rectifie Bidebège.
– Ah, c’est vrai ! Ça veut pas rentrer.
– Et bien, reprend Frédéric, Beth a cité dans son livre certains noms de ces philosophes pédants…
– Et Vély est celui que j’ai mis en tête de liste, conclut Lavyee.
Julien comprend mieux à présent les données du problème et les rixes probables risquant de se déclarer entre ces personnalités dont le mot « Ego » avait sûrement été inventé pour eux.
Marie parvient à raisonner le grand philosophe. Il accepte de déjeuner avec les autres hôtes.
L’image revient sur Marie et Julien sur leur canapé :
– Quand j’ai vu partir Monsieur Vély, explique Marie, c’est vrai que j’ai paniqué. Mais ça s’est très vite arrangé, heureusement.
– Mouais, si tu veux, marmonne Julien, sceptique.
Le repas se déroule dans une ambiance légèrement pesante. Les tentatives d’engagement de conversations ont été peu couronnées de succès.
Après le repas, les débats se sont à nouveau ouverts. En ce début d’après-midi, le sujet tiré porte sur le libéralisme.
– Voilà un sujet concret, crut bon de rajouter Lisbeth.
BH prend sur lui.
– J’espère que mon sujet fera l’objet de moins d’effusion colérique que les deux précédents, ironise Marie.
Le trio Leiikatau, BH et Lavyee se regardent froidement…
Episode 15 : « Souvenir, souvenir… »
Un lourd silence s’installe durant 30 longues secondes avant que Bidebège ne prenne finalement la parole.
– Bien, je vais commencer. Vous n’êtes pas sans savoir que ce système économique a pris une ampleur considérable depuis les années 80, notamment avec la politique de rigueur budgétaire de Ronald Reagan en 1980 et la politique ultralibérale de Margaret Thatcher en 1979…
– Et ce système économique a pris comme parabole la publicité, coupe Lisbeth.
Il la regarde hébété.
– Euh, oui, en effet…
– La publicité qui est un domaine qui ne vous est pas inconnu, Frédérric.
Le regard de Frédérric semble révéler d’abord de l’incompréhension, puis en regardant le regard malicieux de son interlocutrice, il croit enfin comprendre le cheminement de sa pensée.
– Vous voulez dire que j’ai été l’instigateur ou du moins l’un des soldats ayant favorisé cet état de fait ?
– Non, ce n’est pas cela que j’avais en tête. Vous décrivez bien cet aspect des choses dans le livre qui vous a fait connaître. Non, je repensais juste à une période de votre vie. Je dois vous avouer que cela m’a toujours amusé de voir un ancien prêcheur de la publicité se ranger du côté du PCF.
FB la regarde avec un air interrogatif.
– Je ne vois pas le lien avec notre discussion.
– Excusez-moi, je ne faisais que penser tout haut ce que j’aurais dû garder pour moi.
– Oui, dit-il en la regardant, vous auriez en effet dû tourner au moins sept fois votre langue avant de dire des âneries de la sorte.
Lisbeth lâche un joli sourire moqueur.
– À chacun son tour de rappeler le passé.
Frédéric comprend maintenant ces insinuations. Elle n’avait sûrement pas apprécié sa réflexion après son altercation avec BHV. Il se souvient de l’échec des élections pour le Parti Communiste alors qu’il s’était engagé dans la campagne en tant que VIP…
Note de l'auteur : Voici une extrait de l'épisode 25 :
Episode 25 : « Quoi ma gueule ? qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? »
– Excusez-moi, mon cher Frédérric, coupe BHV, mais qui vous a nommé animateur du débat ?
– Personne, Bernard-Henri. J’ai juste trouvé que le débat manquait de dynamisme. C’est pourquoi je me suis permis de…
– De faire votre intéressant, termine BH.
Frédérric est surpris par la réaction de BH. Puis il se souvient que le « Grand philosophe » aimait bien être l’un des piliers de n’importe quel débat, voire être LE pilier. Il se résigne donc.
– Bien, puisque vous le réclamez si gentiment, je vous donne le flambeau. Vous êtes l’animateur.
– Mais, je n’ai jamais demander à être l’animateur, réplique BH. Je voulais juste vous demander de respecter les autres et de ne pas vous prendre pour le maître absolu du débat. Nous ne sommes pas à vos ordres.
– Bien, bien, dit-il, irrité. Allez-y, animez le débat !
– J’aimerais que vous me parliez sur un autre ton, mon cher Frédérric, réclame son interlocuteur.[/b]
Episode 16 : Libéral, nous voilà !
Marie décide de reprendre le fil de la discussion.
– En conclusion, on peut dire que depuis une vingtaine d’années, on assiste à une régression sociale qui risque de remettre en question les acquis sociaux de ces quarante dernières années.
L’ensemble des intellectuels présents approuvent cette réflexion. Fautes d’arguments contradictoire, dû au fait qu’ils avaient à peu près tous le même courant de pensée politique, le débat va dans l’impasse. Soudain, l’œil de BH reflète qu’une idée vient d’émerger de son esprit fécond.
– Au fait, Julien, on ne vous a pas beaucoup entendu depuis le début de ces cessions.
L’individu en question se trouve gêné par cette soudaine attention.
– En fait, je vous écoute et je n’ai pas grand chose à dire.
Le philosophe ne s’avoue pas vaincu.
– Mais vous avez bien un avis sur la question ?
Tous le regardent avec ferveur et avaient hâte de connaître les idées de leur hôte.
De son côté, Julien se trouve soudainement intimidé. Il n’avait à vrai dire aucune réflexion sur la question…
– Et bien… Je ne sais pas.
– Accepterais-tu de vivre dans un monde dans lequel les chômeurs et les retraités n’ont plus de quoi vivre ? demande Marie.
Julien prend un temps de réflexion.
– Et bien… Moi, tu sais, ça me paraît, comment dire…
Il cherche ses mots et fait un geste laissant entendre que le sujet est éloigné de ses préoccupations.
– Tu veux dire que tu t’en fous de la précarité des chômeurs aux Etats-Unis ? Des fonds de pension qui créent des licenciements et des délocalisations ?
– Non, je n’ai pas dit ça, tente de rétorquer Julien.
– Si vous le permettez, prévient Bernard-Henri, j’aimerais étendre quelque peu le thème du Libéralisme pour parler du chômage et des moyens mis en œuvre pour l’éradiquer. Êtes-vous d’accord ?
Tous font un mouvement positif de la tête.
– Bien. Julien, vous savez que, notamment, il existe une théorie libérale sur les raisons de la crise économique encore actuelle. Selon ce que l’on peut appeler les « Néo-libéraux », les entrepreneurs sont dissuadés d’embaucher du personnel à cause des charges sociales trop lourdes qui ne font qu’accroître le coût du travail. Ils se sont d’ailleurs aperçus que l’addition des cotisations salariales et patronales représentaient la moitié des coûts salariaux. Ce qui fait que le salaire brut est le double du salaire net.
« Les plus libéraux des économistes pensent que le meilleur moyen de rendre les travailleurs français plus attractifs seraient de diminuer ces cotisations sociales, voir de les supprimer totalement. Le Médef, quant à lui, et qui reprend cette idée, pense que l’on pourrait se contenter d’une simple suppression totale des cotisations patronales.
« Or, faire le choix de cette politique reviendrait à laisser sur le carreau un nombre actuellement de plus en plus élevé de chômeurs qui se retrouveraient sans ressource.
« De ce fait, je vous pose, Julien, la question suivante : Que pensez-vous de la suppression pure et simple des cotisations sociales ?
Son interlocuteur, qui était entre le sommeil et l’éveil, retrouve soudain le chemin de la réalité…
Episode 17 : « C’est pas ma faute… »
– Ben, vous savez, commence-t-il dans le vague. Moi, en tant que boucher-charcutier, je ne suis pas concerné par les cotisations salariales et patronales. Et pour ma retraite, il n’y a que la vente de mon commerce qui pourra me servir de fond pour mes vieux jours.
Les regards étonnés des invités par ce manque de prise de conscience citoyenne et celui réprobateur de sa femme, le mettent mal à l’aise.
– De toute façon, tu n’as toujours pensé qu’à toi, sermonne Marie.
– Mais non, c’est pas vrai, tente de se justifier Julien.
– Vous-vous rendez compte qu’il ne va même pas voter, dit-elle en prenant à parti les penseurs.
Gênés, les invités montrent timidement une légère réprobation. Il se trouve que certains d’entre eux ne se rendaient pas non plus aux urnes. Ce qui ne les empêchaient pas de donner leur avis sur l’évolution politico-économique mondiale et nationale.
Marie enfonce davantage le clou.
– Et le pire… (Elle le montre du doigt.) C’est que le jour où j’ai réussi à l’arracher de son fauteuil, il a fait un vote blanc.
– Mais, c’est pas de ma faute, se défend Julien. Vous savez, j’ai pas l’habitude de voter. Avec tous ces bulletins, je suis perdu. Et comme je ne sais pas pour qui voter, et bien, j’ai les ai tous mis dans l’enveloppe.
Frédéric se retient de rire.
– Et je ne vous raconte pas ce qu’a pu penser le maire lorsqu’il a vu que l’enveloppe n’entrait pas dans la fente de l’urne.
Frédérric lâche un rire étouffé pendant que Wernard et Franklin esquissent un sourire amusé.
– N’exagère rien, rétorque Julien. J’ai réussi à la faire entrer en forçant un peu.
L’image de Julien se débattant avec l’enveloppe pour qu’elle pénètre dans l’urne les pousse malgré eux à exprimer un gloussement étouffé.
– Surtout que quelques secondes avant, reprend Marie, un conseiller municipal a déchiré sa carte d’électeur parce qu’elle datait de mathusalem.
(Petite ESRA Perso : D'après la Bible, Mathusalem était un patriarche juif qui aurait vécu, selon les sources, 969 ou 720 ans.)…
Episode 18 : Une histoire culottée
Les intellos ne peuvent retenir leur rire. Julien se trouve tout penaud avant d’être empreint d’une légère colère.
– Tu peux parler, toi, s’adressant à Marie.
– C’est à dire ? demande-t-elle, étonnée.
– Tu ne te rappelles pas de la soirée de fin d’année scolaire dans ton école ?
Marie fronce les sourcils et son regard se porte sur le côté. Sa mémoire lui faisant défaut, ses yeux se tournent une nouvelle fois vers son mari.
– Je ne vois pas de quoi tu parles.
Son sourire narquois reflète ses pensées : Il tient sa revanche.
– Cela ne te rappelles rien ?
Il se tourne vers les convives.
– Figurez-vous, dit-il en se léchant les babines et en s’efforçant d’utiliser le vocabulaire le plus châtié qu’il lui puisse connaître, que ma femme ici présente et qui exerce le beau métier d’institutrice (Le ton de sa voix permet de comprendre que cette apparente flatterie cache une ironie qui n’aurait pas déplu à Voltaire.), est invitée régulièrement à la fête de l’école dans lequel elle travaille.
Les regards des intellectuels reflètent une curiosité sans borne à l’encontre de leur hôte si peu bavard, au contraire de Marie qui ne comprend toujours pas où il voulait les emmener.
– Sachez également qu’elle m’emmène avec elle afin que je lui tienne compagnie.
Il la regarde bizarrement avec son air narquois, comme s’il savoure cet instant de grâce, avant de poursuivre.
– Généralement, dans ce type de fête, il y a des jeux pour les enfants de l’école, mais il y a aussi des buffets où parents, gardiens, instituteurs et directrice de l’école se rencontrent. Soudain, j’aperçois un drôle de sac ou de vêtement au pied de Marie.
Les yeux de Marie s’ouvrent brusquement, elle vient de découvrir qu’il a ouvert un vieux dossier qu’elle croyait avoir ranger aux oubliettes.
– En fait, poursuit Julien, il s’agissait d’une tenue de lingerie et même… d’une culotte.
– Hum, je crois que c’est bon pour ce thème, coupe Marie. On va passer au suivant…
Episode 19 : Application du comportement de réciprocité
Elle jette son bras dans le chapeau et ouvre le papier avant que son mari ne lui mette sa main devant sa bouche.
– Et c’est là, reprend julien en élevant la voix, que je demande à Marie : « Tiens, t’as vu. Il y a un drôle de truc par terre. »
Marie dégage sa main.
– Le sujet que nous allons aborder…
Il replace sa main sur sa bouche et bloque ses bras avec l’autre main.
– Et vous savez ce qu’elle a fait ?
Les invités ne savent plus s’il faut écouter jusqu’au bout cette histoire ou demander au couple de cesser cette querelle qui semble ne les concerner nullement.
Malgré une lutte acharnée, Marie ne parvient pas à se démettre des griffes de son mari. Elle finit par se résigner.
– Et bien, poursuit Julien, elle a prit la culotte comme ça…
Il lâche sa compagne et fait le geste de quelqu’un qui ramasse une culotte du bout des doigts.
– Et là, d’un seul coup, elle dit : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » Et j’ai vu dans son regard pendant une seconde se demander si elle avait mis une culotte ou non.
BH regarde le conteur avec surprise tandis que Frédérric esquisse un sourire amusé.
– Et là elle met rapidement sa culotte en boule et la range dans sa poche de jeans. Personne n’a rien vu. Ni ses collègues, ni les parents, ni même les enfants.
– En fait, j’en avais mis une, dit nonchalant, Marie qui était en train de regarder le sol. J’ai dû m’habiller précipitamment sans me rendre compte qu’une de mes culottes s’était incrusté dans mon pantalon et à force de marcher, elle a descendu jusqu’à mes pieds. Heureusement qu’il n’y a que Julien qui l’ait vu.
Elle le regarde avec tendresse tout en se disant ironiquement : « Merci de me rappeler cette épisode. Et devant tout le monde en plus. M’enfin, nous sommes quittes maintenant. ». Elle espérait juste que la production couperait cette épisode pendant le montage. Malheureusement pour elle…
Quant à Julien, il avait retrouvé une certaine contenance et une certaine fierté. Mais rapidement, il regrettait son geste ou plutôt ses paroles. Il ne se souvenait plus qu’il était filmé. Il se dit que dans un programme comme celui-ci, on ne peut pas tout passer.
– Bien ! intervient Marie. Nous allons passer à un autre sujet : les femmes. Voilà un sujet intéressant, dit-elle en faisant un clin d’œil à Lisbeth…
Episode 20 : Publicité gratuite
Cette dernière est étonnée par cette complicité soudaine.
– Et bien, oui, peut-être, dit-elle, embarrassée. De quoi voulez-vous parler, Marie ? De l’évolution des femmes dans la société ? Ou de la violence faite aux femmes ?
– Et bien, je ne sais pas, répond Marie. C’est votre sujet.
– Ah, non, je ne crois pas.
– Effectivement, intervient Frédéric, puisqu’il s’agit du mien.
Les deux femmes de l’assistance sont déçues. Elles auraient préféré que l’auteur de ce sujet soit l’une d’entre elles. Le fait que l’auteur soit un homme n’a inévitablement pas la même signification.
– Ah, les femmes ! s’exclame-t-il. Je trouve qu’il s’agit de la plus belle chose qui existe en ce monde. D’ailleurs,…
Séquence non-diffusée
– D’ailleurs, j’en fait une allusion dans mon dernier livre : « L’égocentrique romanesque »…
– Coupez ! ordonne le réalisateur de l’émission. Monsieur Bidebège, vous ne pouvez pas parler de votre actualité littéraire. C’est stipulé dans le contrat.
– Pardonnez-moi, s’excuse Frédérric en esquissant un sourire démontrant une mauvaise foi visible. J’avais oublié durant un court instant.
Le réalisateur n’est pas dupe.
– En tout cas, si vous tenez vraiment à faire votre promo, nous pouvons encore modifier les termes du contrat et remplacer votre cachet par la promotion de votre livre.
Le sourire de Frédérric a soudainement disparu.
– Non, je n’y tiens pas.
– Bien, dit-il satisfait de son effet. On peut reprendre…
Note de l'auteur : Vendredi prochain, dernière semaine de rediffusion des anciens épisodes. En plus des épisodes 21, 22 et 23, vous aurez deux autres épisodes inédits. Voici la suite de l'extrait de l'épisode 25 : "Quoi mageule? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule?"
– Ne montez pas sur vos grands chevaux, Bernard-Henri. Nous avons un débat à mener.
– Si vous cessiez de babiller, il n’y aurait pas de souci.
– Oh, ça va, ça va ! Vous n’allez pas faire votre cirque.
– Pardon ?!
– Mais oui, on le voit bien votre numéro du philosophe pédant qui n’a jamais mis les pieds dans un supermarché. Ça ne trompe personne.
– Je ne supporterais pas longtemps vos insultes. J’exige des excuses, dit BH en prenant un air altier.
Frédérric se penche en arrière et croise ses bras. Il tente de ravaler son agacement et fait appel à des alliés en regardant les autre convives, l’air de dire : « Comment voulez-vous discuter avec un crétin pareil ? ».
Les autres protagonistes du débat hésitent à entamer des discussions qui risqueraient de mettre de l’huile sur le feu. Après avoir lâché un soupir de consternation, Lisbeth ne peut s’empêcher d’accompagner le geste à la parole.
–Ça devient n’importe quoi ce débat.
Wernard se lèche les babines avant de pointer son doigt comme s’il voulait bénir d’un signe de croix l’assemblée présente. Il vient d’avoir une idée…
Episode 21 : « Vous, les femmes… »
Retour au débat
– J’ai toujours pensé que les femmes étaient plus, disons, télépathes que les hommes, intervient Wernard.
– Oui, peut-être, dit BH peu convaincu.
– Cela n’est pas sûr, dit Lisbeth, dubitative. Je ne me sens pas du tout télépathe. Vous êtes sûr que ce n’est pas une réflexion machiste déguisée ? demande-t-elle à Wernard.
– M’accuser de machisme, c’est mal me connaître.
– De toute façon, intervient Bidebège, lorsque des hommes critiquent les femmes, on peut à juste titre les accuser de machisme, voir de misogynie, mais lorsque les hommes mettent les femmes sur un piédestal on les accuse également de machisme.
« Par exemple, si un homme fait preuve de galanterie, on dit que cet homme est macho car il considère la femme comme un être faible. Si en revanche l’homme passe devant en laissant la porte se fermer sur elle, cet homme-là sera aussi accusé de machisme.
« Je crois qu’il faut cesser d’accuser à tort et à travers les hommes de machisme. Surtout lorsqu’ils glorifient la femme.
– En cela, je suis d’accord avec vous, reconnaît Lisbeth. Je n’aime pas les dérives de certaines doctrines féministes extrémistes. En réalité, ce que je voulais dire, c’était qu’il faut faire attention à ne pas tout généraliser.
– Je suis d’accord avec vous, dit Wernard esquissant un léger sourire.
– Au fait, Wernard, sursaute Bidebège, il me semble que vous avez sorti une bd dans laquelle vous imaginez un monde dominé par les femmes ?
– C’est vrai…
Episode 22 : Séquence non tournée
– Coupez ! Monsieur Bidebège, dit le réalisateur en joignant ses mains comme pour psalmodier une prière. Monsieur Bidebège, je vous le demande pour la dernière fois, ne faites aucune allusion à l’actualité littéraire de n’importe quel écrivain que ce soit ceux qui sont présents autour de cette table ou d’autres à l’extérieur.
– Ah bon, maintenant on ne peut même pas faire la promo pour les autres ?
– Non, répond sobrement le réalisateur.
– C’est incroyable cela. Mais comment voulez-vous que l’on fasse des débats sans parler de nos travaux ? Comment croyez-vous que fonctionnent les émissions littéraire sur les autres chaînes ?
– Je le sais bien. Mais je ne vous demande qu’une seule chose : pas d’allusion à une quelconque promotion en cours.
– Ècoutez, je viens de la publicité et j’ai déjà présenté des émissions de télévisions, et je sais très bien que la seule chose que l’on n’a pas de droit de faire, c’est de citer des marques. De ce fait, je pense que si l’on n’a pas le droit dans cette émission, comme je l’ai fait, de donner le titre de mon livre, ce qui n’est déjà pas normal selon moi, je crois que nous pouvons au moins évoquer le sujet de l’une de nos œuvres. Sinon, de quoi voulez-vous que l’on parle ? De voiture ? De cuisine ?
Wernard et le réalisateur esquissent un sourire. Le plaidoyer de Frédérric semble aussi impressionnant et efficace que celui d’un avocat.
– D’accord, je m’avoue vaincu, se résigne-t-il. On va garder la séquence. Tout le monde, vous êtes prêt ? (Il s’adresse aux techniciens.) Bien, ça tourne !
Episode 23 : « Femme unique… »
Retour débat
Frédérric tente de reprendre le débat là où il était resté.
– Wernard, dans votre bd… (Il faillit donner le titre de la bande dessinée, il se retient à temps.) Comment imaginez-vous cette société entièrement féminine dans sa composition et dans sa conception ?
– Et bien, tout d’abord, j’ai remarqué que, à l’échelle mondiale, il y avait plus de filles qui naissaient que de garçons. Ce qui amène les experts à imaginer dans un futur plus ou moins éloigné que les hommes deviendront une espèce rare. Partant de cette idée, je me suis dit : Que se passerait-il s’il n’y avait plus d’hommes sur Terre ? Quelle société pourront édifier les femmes et comment pourraient-elles se reproduire sans la présence de mâles ?
– Si j’ai bien compris, la base de votre histoire, c’est l’extinction de l’homme au sens masculin.
– Tout à fait, confirme Wernard.
Au fur et à mesure de l’avancée de la discussion, Frédérric Bidebège s’improvise en animateur de débat, voire en intervieweur, ancien réflexe de ses expériences télévisuelles.
– Et selon vous, cette société féministe serait plus tournée vers le pacifisme, l’écologie…
– Un peu de tout cela. Déjà, du moins dans cette histoire, il y a l’idée d’oviparité. C’est à dire qu’elles se reproduisent en pondant des œufs…
– Des œufs ?! s’étonne Lisbeth. Mais ce ne sont plus des êtres humaines, ce sont des poules ?
Wernard esquisse un léger sourire.
– En réalité, il s’agit d’une oviparité « in vitro » relative à une découverte scientifique majeure dans le domaine de la bioéthique.
– Ces femmes qui pondent sont donc le résultat d’une expérience scientifique, comme pour Frankenstein ! résume Frédérric.
– C’est un résumé un peu rapide, mais mis à part que ces femmes ne pondent pas réellement et qu’elles n’ont pas été construites, comme Frankenstein, à partir de différents organes prélevés sur des cadavres… mis à part tout ceci, c’est un peu cela.
– Bien, nous allons maintenant passer à…
Episode 24 : « Comme au cinéma… »
– Excusez-moi, Frédérric, coupe Leiikatau, mais je crois qu’il serait utile de rappeler que le nom de Frankenstein est, à tort, donné à la créature. Alors qu’il s’agit, d’après l’œuvre de Mary Shelley, du créateur, le Dr Frankenstein.
– Franklin a raison, intervient BH. Ce sont les lecteurs qui donnèrent le nom du docteur à la créature.
– C’est vrai, intervient à son tour Wernard. D’ailleurs, on voit bien la différence de perception entre l’homme et la femme grâce à ce film. Le roman de Mary Shelley est l’une des premières œuvres de science-fiction et peut-être même la première. Et cette première œuvre, qui a été réalisée par une femme, est l’une des seules qui incorporent le romantisme dans la science-fiction. On peut, d’ailleurs, remarquer que le film de James Whale, qui est un homme et qui a été tourné dans les années trente, est beaucoup plus violent que le roman de Shelley.
– Il est vrai, reconnaît Leiikatau. Mais n’oubliez pas que ce même James Whale a réalisé une suite avec « La fiancée de Frankenstein » dans lequel la créature est plus « humaine ».
– Vous avez raison, reconnaît à son tour Wernard. Ce film avait, de plus, une dimension plus poétique que le premier.
– Et que dire du comédien qui interprétait à merveille le rôle de la créature : Boris Karloff, lance BH.
– Il est vrai que ce rôle lui allait comme un gant.
– Je suis tout a fait d’accord avec vous, Franklin. Je crois que c’est l’un des seuls comédiens du film muet qui restera dans l’histoire.
– C’est fortement possible, Wernard, intervient Frédéric comme pour couper court à la discussion. Je vous rappelle au passage que nous sommes quelque peu sorti du sujet principal qui était, je vous le rappelle : « les femmes ». Et j’aimerais que l’on recadre la discussion sur ce sujet.
Il se tourne vers Franklin.
– Franklin, j’aimerais connaître votre avis sur ce thème…
Episode 25 : « Quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? »
– Excusez-moi, mon cher Frédérric, coupe BHV, mais qui vous a nommé animateur du débat ?
– Personne, Bernard-Henri. J’ai juste trouvé que le débat manquait de dynamisme. C’est pourquoi je me suis permis de…
– De faire votre intéressant, termine BH.
Frédérric est surpris par la réaction de BH. Puis il se souvient que le « Grand philosophe » aimait bien être l’un des piliers de n’importe quel débat, voire être LE pilier. Il se résigne donc.
– Bien, puisque vous le réclamez si gentiment, je vous donne le flambeau. Vous êtes l’animateur.
– Mais, je n’ai jamais demander à être l’animateur, réplique BH. Je voulais juste vous demander de respecter les autres et de ne pas vous prendre pour le maître absolu du débat. Nous ne sommes pas à vos ordres.
– Bien, bien, dit-il, irrité. Allez-y, animez le débat !
– J’aimerais que vous me parliez sur un autre ton, mon cher Frédérric, réclame son interlocuteur.
– Ne montez pas sur vos grands chevaux, Bernard-Henri. Nous avons un débat à mener.
– Si vous cessiez de babiller, il n’y aurait pas de souci.
– Oh, ça va, ça va ! Vous n’allez pas faire votre cirque.
– Pardon ?!
– Mais oui, on le voit bien votre numéro du philosophe pédant qui n’a jamais mis les pieds dans un supermarché. Ça ne trompe personne.
– Je ne supporterais pas longtemps vos insultes. J’exige des excuses, dit BH en prenant un air altier.
Frédérric se penche en arrière et croise ses bras. Il tente de ravaler son agacement et fait appel à des alliés en regardant les autre convives, l’air de dire : « Comment voulez-vous discuter avec un crétin pareil ? ».
Les autres protagonistes du débat hésitent à entamer des discussions qui risqueraient de mettre de l’huile sur le feu. Après avoir lâché un soupir de consternation, Lisbeth ne peut s’empêcher d’accompagner le geste à la parole.
–Ça devient n’importe quoi ce débat.
Wernard se lèche les babines avant de pointer son doigt comme s’il voulait bénir d’un signe de croix l’assemblée présente. Il vient d’avoir une idée…
Note de l’auteur : Les nouveaux épisodes quotidiens inédits de la saison 2, bientôt sur vos écrans… @ Lundi.