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[Galerie] Feuilleton : BW dans l'émission "Les intellos

Posté : ven. juil. 22, 2005 4:46 pm
par Schopen
Finalement, je me suis pris par la main et est décidé de rediffuser ici les anciens épisodes du cyber-feuilleton en attendant les nouveaux.

Retrouver tout de suite Wernard Berber, Bernard-Henri Vély, Lisbeth Lavye, Frédérric Bidebège et Franklin Leiikatau dans : « Les intellos ». (J’ai modifier quelques lettres aux noms afin de faire des anagrammes plus précis.)

Je précise une nouelle fois que les phrases en italique sont els paroles de la voix-off de l'émission.

Episode 1 : La menace Inculture

Les événements qui vont suivre sont le pur produit de mon imagination. Toute ressemblance avec des événements ou personnages existants serait purement fortuite.

Générique

5 intellectuels débarquent pendant 5 jours chez un français moyen. Leur but : L’intéresser à la culture. Pour vous cultiver, ils vont tout donner. Voici la liste des érudits : Bernard-Henri Vély, Lisbeth Lavyee, Franklin Leiikatau, Frédérric Bidebège et Wernard Berber.

Aujourd’hui, les intellos vont à la rencontre de Julien. Julien est charcutier dans le village breton de Plomelin, dans le Finistère. Ce qu’il aime : Les voitures, le foot et les soirées télés. Ce qu’il déteste : Les serpents, les prétentieux, les portables et les « pseudo-intellectuels ».

La caméra se braque sur Julien.

– En fait, je déteste les gens qui jouent les donneurs de leçons, qui se croient plus malins que les autres et qui montrent leur bobines à la télé pour vendre des livres qu’ils n’ont même pas écrit. Pour moi, ce sont des tire-au-flanc qui gagnent leur vie sans rien foutre.

Et quand on lui demande s’il a déjà lu un livre, il répond :

– Sur les conseils de ma femme, j’avais acheté « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan. Et malheureusement… je me suis endormi au bout de dix pages. Depuis, je n’ai plus lu aucun livre.

Situation que déplore Marie, sa chère et tendre épouse. Marie est institutrice dans l’école du village. Ses intérêts tournent autour de la lecture, du cinéma, du théâtre et du tennis.

– Je suis découragé, dit-elle en lâchant un soupir. J’ai tout essayé : Les livres, Arté, France 5, les musées, les salles de cinéma et les pièces de théâtre... Rien ne l’intéresse. Il n’a aucune curiosité intellectuelle. Il lui est même arrivé de ronfler en plein milieu d’une pièce tragique.
« Du coup, comme nous n’avons pas les mêmes centres d’intérêts, je ne sais plus comment engager la conversation avec lui.
« J’espère que les personnalités qui viendront chez nous auront le don de lui activer certaines zones de son cerveau.

Cependant, Marie a une crainte.

– Il ne connaît aucun écrivain à part Sagan et Sullizer. J’espère que nos invités-écrivains ne s’en offusqueront pas.

Heureusement, l’appel de Marie a été entendu par nos érudits. Avec l’accord de Julien, nos 5 experts viennent sauver la situation…

Episode 2 : L’attaque des intellos

Julien et Marie attendent leur arrivée sur le trottoir, devant leur porte d’entrée. Quelques secondes plus tard, une limousine s’arrête devant eux. Les maîtres de maison expriment une moue sceptique en apercevant ce signe extérieur de richesse exagéré.

L’un des premiers convives s’extirpe de la voiture, il s’agit du très élégant philosophe aux cheveux longs et à la chemise blanche éclatante, Bernard-Henri Vély. Un rapide tour d’horizon permet à l’auteur du « Totalitarisme au visage bienveillant » de remarquer l’aspect pittoresque du paysage qui s’offre à lui.

Le suivant est une suivante, Lisbeth Lavyee. Sortant du carcan de la voiture motorisée sa belle crinière brune teintée par la brillance de ses yeux couleurs turquoises, elle ne pu s’empêcher de s’extasier devant le site calme et vivifiant de la Bretagne profonde.

Ce fut au tour de Frédérric Bidebège de montrer sa chevelure sombre. Cet écrivain-animateur télé-éditeur et critique littéraire aux petites lunettes rectangulaires, rit aux éclats. Franklin Leiikatau vient de lui raconter une histoire d’une qualité philosophiquement drôle.

Ce dernier, accompagné de son nouvel ami, Wernard Berber, et parti dans une croisade en faveur de la bonne humeur, sort du véhicule en racontant une autre de ses intriguantes blagues. Son interlocuteur, déjà conquis, lâche un sourire puis un rire incontrôlé.

Intimidés, Julien et Marie attendent qu’un de leurs hôtes de marque viennent les saluer.

Lisbeth fait le premier pas.

Elle salue le couple par des bises à l’un et à l’autre.

Son naturel spontané n’a pas échappé aux deux logeurs.

Retour sur Julien et Marie sur leur canapé.

– Elle a l’air sympa, remarque Marie. Elle n’entre pas dans le cliché des femmes philosophes introverties et méprisant le peuple.

– Moi je la trouve plus que sympathique.

Le regard de julien est empreint de malice, au contraire de sa femme qui le regarde avec fureur.

– Tu peux préciser !

– Rien, je la trouve sympathique, voilà.

Il reçoit un coup furtif sur l’épaule.

– On en reparlera…

Episode 3 : La revanche des cinq (et non des six)

Vély salut à son tour le couple vedette. Il fait un baise-main gracieux à Marie et une poignet de main viril à son mari dont le regard dur semble refléter une jalousie montante.

En revanche, l’arrivée du philosophe de renom ne fait pas l’unanimité.

– Lui, c’est un pov’ type, s’emporte Julien.

– Pourquoi tu dis ça, juju ? s’étonne Marie. C’est un homme charmant et galant… C’est vrai que ces deux qualités te sont totalement étrangères.

Il la fusille du regard.

Frédérric est le suivant à les saluer : Baise-main pour madame, poignet de main pour monsieur et regards décalés entre la douceur enchantée de Marie et la dureté de Julien.

La courtoisie de Frédérric nuance le propos de Julien.

– Il ressemble au vendeur de chemise blanche (Vély), mais il a l’air plus sympa.

– Tout à fait d’accord. Courtois et galant.

Franklin se contente de deux poignets de main pour les deux tourtereaux.

Le couple est mitigé concernant Franklin Leiikatau.

– Il me paraît cordial. Julien ?

– Je suis d’accord. En revanche, il faut qu’il s’améliore pour les blagues.

La caméra revient quelques secondes après les présentations.

– Voulez-vous participer à notre fou rire ? propose gaiement le philosophe aux lunettes rondes.

– Oui, allez-y.

– D’après vous, d’où peut descendre l’Homme ? Je parle évidemment de l’Homme avec un grand « H ».

Marie se lance.

– Théoriquement, l’Homme descend du singe.

– Et bien non… (Son fou rire prématuré l’interrompt un moment.) L’Homme descend… (Rire.) de l’arbre.

Le fou rire incontrôlé du penseur face à la moue dubitative du couple forment un contraste vaudevillesque.

Le dernier à se présenter est Wernard Berber…

Episode 4 : La guerre des mots (d’auteur) (« Gadin du soir, espoir. ») (smiley bof)

Sa timidité et sa maladresse le font hésiter entre la poignet de main et la bise. Il choisit finalement la poignet de main.

À peine arrivé, le célèbre auteur des « Insectes » s’est déjà fait remarqué.

Retour sur Julien et Marie sur leur canapé.

– Ah, Wernard, s’exclame Marie. Il était un peu timide au début.

– C’est vrai. Mais je crois qu’on va bien se marrer avec lui.

Les invités sont conviés à se diriger vers l’entrée. Curieux de tout, Wernard Berber regarde les parages. En cherchant dans ce décor une source d’inspiration certaine, il ne voit pas les deux marches permettant de pénétrer dans l’antre des propriétaires des lieux. Un pas mal orienté lui permit d’observer de plus près le monde des acariens après avoir observé… celui des fourmis.

Salle à manger

Le couple invite les hôtes à se réunir autour de la table à manger.

À peine arrivé sur les lieux, Benard-Henri Vély note déjà quelques observations.

– Pardonnez-moi Madame, mais vous n’avez certainement pas dû avoir le temps nécessaire pour préparer notre visite… Je ne vois pas nos noms sur la table.

– Excusez-moi, Monsieur Vély. Vous-vous mettrez à côté de Madame Laviee, en bout de table.

Après un moment d’hésitation, il finit par se placer à l’endroit qu’on lui avait indiqué. Par un hasard, à la fois imprévu et cocasse, il se retrouve à côté de son ancienne accusatrice.

Quelques minutes d’observations plus tard, il s’étonnera de l’absence de buffet, ainsi que celle de musique, fut-elle classique, puis de serveurs. Il ne put s’empêcher de s’en interloquer.

– Pardonnez ma question, mais vos gens sont-ils en congé ?

Six paires d’yeux se braquent sur le philosophe jet-setter, ne sachant s’il s’agit d’une plaisanterie ou d’une conséquence tragique d’une trop grande présence dans les soirées mondaines qui l’aurait éloigné des réalités.

Le philosophe semble sérieux et attend une réponse, un signe.

Gênée, Marie, tablier précautionneusement attaché, plats de fruits de mer apposés à ses mains et yeux grands ouverts d’étonnement, décide de ne pas le choquer et répond qu’ils étaient en arrêt maladie.

– Ah, « Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies », sortit le philosophe.

– Blaise Pascal, intervint de suite Leiikatau.

Les deux hommes, l’air complice, lèvent leur verre en guise de salutation et de reconnaissance entre gens cultivés…

Episode 5 : Julien contre-attaque

Soudain, Vély fait une grimace. Il est surpris par le contenu de son verre.

– Excusez-moi, vous n’auriez pas du champagne ?

Julien lui lance un regard amusé.

– Désolé, monsieur Véssi, nous n’avons que du porto.

Les convives pouffent soudainement de rire.

– Vély, rectifie Bernard-Henri.

– Pardon ?!

– Mon nom est Vély et non Vessie.

Les regards rieurs des convives et la soudaine gêne du pédant philosophe ne font qu’un tour dans l’esprit de Julien.

– Ah, d’accord. Vély et non Véssi. Au fait, s’il vous prend l’envie d’aller au cabinet, vous prenez la porte derrière vous, vous tournez à droite et vous allez tout droit. Au cas où votre vé-ssie ferait défaut.

– Je vous remercie, mon cher, émit l’érudit avec aigreur.

L’ambiance joviale du dîner se poursuit normalement. Franklin Leiikatau raconte pendant tout le long du dîner des histoires drôles tandis que Frédérric Bidebège écoute poliment les théories de son voisin, Wernard Berber, sur la recette de la Mayonnaise…


Suite aux réclamations d’explorateurs désireux de connaître « la saison 2 inédite » en avant-première, voici un extrait de l’épisode 24 (Vous souvenez-vous de l’épisode 23 ?) :

Episode 24 : « Comme au cinéma… "

– Excusez-moi, Frédérric, coupe Leiikatau, mais je crois qu’il serait utile de rappeler que le nom de Frankenstein est, à tort, donné à la créature. Alors qu’il s’agit, d’après l’œuvre de Mary Shelley, du créateur, le Dr Frankenstein.

– Franklin a raison, intervient BH. Ce sont les lecteurs qui donnèrent le nom du docteur à la créature.

– C’est vrai, intervient à son tour Wernard. D’ailleurs, on voit bien la différence de perception entre l’homme et la femme grâce à ce film. Le roman de Mary Shelley est l’une des premières œuvres de science-fiction et peut-être même la première. Et cette première œuvre, qui a été réalisée par une femme, est l’une des seules qui incorporent le romantisme dans la science-fiction. On peut, d’ailleurs, remarquer que le film de James Whale, qui est un homme et qui a été tourné dans les années trente, est beaucoup plus violent que le roman de Shelley…

Fin de l’extrait.


Episode 6 : Le retour de Wernard

– Voyez-vous, dit-il avec emphase, il est difficile de mélanger des matières différentes. Pourtant, la mayonnaise est la preuve que l’addition de deux substances différentes donne naissance à une troisième qui les sublime. D’où la raison de ma théorie qu’une alliance de deux forces est plus efficace que leur simple addition. D’où la formule : « 1+1 = 3 ».

– Intéressant, se contente de dire Frédérric dont l’esprit semble voyager loin, très loin.

– Savez-vous que la technique de la mayonnaise est à la base de la peinture à l’huile flamande ?

– Hmm.

– Vous le saviez ?

Frédérric attaque délicatement une des pinces de son crabe qui semble fraîchement pêcher du port du Guilvinec. Soudain, il n’entend plus parler son voisin, ce qui a pour conséquence de l’inquiéter. En voyant l’air étonné de son interlocuteur, il comprend qu’une question importante venait de lui être posé, qu’il ne l’a pas entendu et que sa réponse devait être soit incorrecte, soit incompréhensible.

– Vous disiez ?

– Vous ne m’avez pas écouté ?

– Et bien, si, si… C’est juste que je n’ai que peu dormi durant le voyage.

– Je comprends.

– Vous me pardonnez.

– Bien sûr, bien sûr, ne vous inquiétez pas.

Pendant le reste du dîner, Wernard se contentera d’écouter ses congénères.

C’est l’heure du coucher. Notre couple présente le dortoir VIP à leurs invités de marque.


Au programme, lit à deux places pour Wernard et Franklin, lits superposés pour Lisbeth et Frédérric et canapé-lit pour Monsieur Bernard-Henri Vély. Quant au couple, ils ont monté une tente dans leur jardin et ont décidé d’y séjourner pendant la nuit.

– Bonne nuit ! souhaite Marie à la caméra avant de tirer la fermeture éclair de la tente…

Episode 7 : « Regarde, le jour se lève… »


Jour 1

Le réveil du lendemain matin est difficile. Marie et Julien se sont levés les premiers et ont décidé de jouer les maîtres d’hôtel. Ils décident de servir le petit déjeuner au lit des intellos. À leur grande surprise, Wernard est déjà habillé lorsqu’ils arrivent dans la chambre octroyée à Wernard et à Franklin.

– J’ai l’habitude de me lever tôt, explique Wernard. J’écris en général de 8h30 à 12h30.

– Waouh ! s’exclame Julien. 4 heures d’écriture tous les matins ! Vous ne vous emmerdez jamais ?

– Julien ! tance Marie.

– Non, laissez. Ce n’est pas grave. En fait, si j’ai choisi d’être écrivain, c’est par pure passion.

– Drôle de passion tout de même !

– Je te préviens, Julien, si tu continues à insulter nos invités…

Wernard s’amuse de cette dispute conjugale. Cependant, il se trouve quelque peu peiné d’en être la cause et tente d’arranger au plus vite la situation.

– Quelle joie que l’odeur matinale du café ! Vous ne trouvez pas ?

Wernard parvient à détourner l’attention sur le petit-déjeuner qui comportait deux tasses de cafés accompagnées de deux croissants et qui était monté sur un plateau que tenait Marie.

– Dommage que vous n’ayez pas de madeleines.

(Petite ESRA Perso : L’histoire de la Madeleine : On raconte que la madeleine a été introduite à la cour de Stanislas [ancien duc de Lorraine] au moment d’un de ses séjournes à Commercy [pendant ses voyages entre Lunéville et Versailles]. Un jour, le pâtissier était malade et c’est l’une des petites soubrettes du château qui a préparé les petits gâteaux traditionnels de sa famille. Ce gâteau n’avait pas de nom. Stanislas, voyant que cette pâtisserie ravivait tous ces convives, avait décidé de donner à ces gâteaux le nom de la soubrette qui s’appelait : Madeleine.)

Ces paroles quelque peu embrumées par le réveil du matin sont prononcées par un Leiikatau venant de rechausser ses lunettes de travers.

– Vous prenez des madeleines le matin ? demande Marie.

– J’aime ressentir les sensations de mon passé perdu, tel Proust avec sa madeleine.

Les belles paroles matinales de Franklin n’en finissent pas d’étonner notre couple. Les trois autres convives sont encore profondément endormis. Notre couple ne souhaite pas les réveiller et se contente de poser le repas sur une table dans leur chambre respective…

Episode 8 : « Chapi, chapo… »

10h30. Les trois autres dormeurs viennent de prendre leur petit-déjeuner. Seul Bernard-Henri ne semble pas avoir suffisamment récupéré de sa nuit.

– Vous êtes levé depuis longtemps ? demande-t-il aux interlocuteurs déjà éveillés.

Julien jette un coup d’œil sur sa montre.

– Depuis 7h00 pour nous deux, dit-il en désignant sa femme, et 7h30 pour Wernard et Franklin.

BHV montre son étonnement par un mouvement vertical des cils.

– Comment trouvez-vous tant d’énergie pour vous lever si tôt ?

Ses interlocuteurs se regardent avec un sourire complice.

Témoignage de BHV dans un semblant de confessionnal :

– Je n’arrive point à comprendre comment un individu puisse se lever à l’heure du cri du coq. Nous autres écrivains, nous sommes des oiseaux de nuit. Nous effectuons notre travail de l’esprit lorsque ceux des autres s’assoupissent lentement. Je ne comprend pas mes congénères.

Retour au domicile du couple :

11h30 : Les 5 experts et notre couple se réunissent autour de la table de la salle à manger. Les choses sérieuses commencent pour nos deux tourtereaux. Les experts ont décidé d’entamer des débats autour de sujets divers et variés. Chaque intello a inscrit sur un papier le thème qui sera débattu. Notre couple rajoute chacun un autre thème.

Les sujets sont introduits dans un chapeau et chaque thème sera tiré au sort par Julien et Marie…

Episode 9 : Le débat s’installe

Julien prend un papier et éprouve quelques difficultés à lire convenablement le sujet écrit.

– Le Taohisse… Taouassme…

Les invités se regardent sans comprendre.

– Le Teuillesareusme… Toastisme… C’est incompréhensible, finit-il reconnaître.

Marie jette un coup d’œil.

– Le Taoïsme ! C’est simple pourtant, dit-elle en le regardant avec une légère pointe de colère… À ta décharge, c’est vrai que l’écriture est peu lisible.

– Pardon ?! intervient subitement Vély.

L’assistance présente le regarde avec surprise. Désormais, des millions de personnes le savaient : l’un des plus grands philosophes français de son temps avait une écriture de médecin. Dans les quotidiens les plus satiriques, certains parlent même « d’écriture d’un enfant de 7 ans ». L’Oie séquestrée titrant : « Au BHV, le ridicule ne tue pas… sauf chez les philosophes ».

Revenons à notre émission. Après son intervention, Vély se rend compte qu’il a été démasqué et tente de sauver la situation.

– Enfin, je voulais dire… Qu’est-ce que le Taoïsme ? Est-ce une philosophie ou une simple religion parmi tant d’autres ?

La surprise quelque peu passée, les érudits commencent à procéder à la discussion.

– Nous savons tous autour de cette table, sauf peut-être vous, dit Leiikatau en regardant Julien et Marie. Nous savons, je disais donc, que le Taoïsme est un système de pensée religieuse et philosophique datant de la Chine du 4ème siècle avant Jésus-Christ. Et qu’il est aujourd’hui l’une des plus grandes religions chinoises avec le Bouddhisme.

Tous, à l’exception de Julien, font un mouvement de tête affirmatif.

– Et vous savez aussi, poursuit BH, que le Taoïsme est la religion de « la Chine profonde »…

– « La Chine d’en bas », coupe Bidebège, comme aurait dit notre ancien Premier Ministre.

Vély lâche malgré lui un sourire en coin.

– Très juste, mon cher Frédéric.

– Pour ma part, intervient Leiikatau, je préfère les pensées humanistes de Confucius.

BHV le regarde avec réprobation.

– Le Confucianisme a cette manie d’insérer l’homme dans un univers avant tout moral et social. Le Taoïsme, lui, se préoccupe davantage sur l’individu, sa conscience, sa vie spirituelle et sa recherche d’une harmonie avec la nature et l’univers.

– Je crains que vous n’ayez pas bien compris les bases du Confucianisme, rétorque Leiikatau. Sa pensée politique et sociale préconise un retour à la morale en appelant aux droits des faibles et aux devoirs des puissants. Ce n’est pas pour rien que le Confucianisme est appelé « la philosophie officielle », car elle prône une éthique sociale fondée sur la vertu.

– De toute manière, reprend Bernard-Henri, Confucius s’est inspiré de certaines pensées du Taoïsme. De ce faite, le Confucianisme est la fille du Taoïsme.

– Vous savez très bien que le Confucianisme est né parallèlement au Taoïsme et que, d’autre part, le nom de Confucius a été latinisé par les missionnaires jésuites du 17ème siècle. Son vrai nom asiatique étant Kongfuzi…

Episode 10 : « Intervention in extremis de Wernard… »

Julien semble décrocher son attention quant au débat entre gens exceptionnellement cultivés. Marie s’en inquiète et doute quant au moyen déployé par les intellectuels pour intéresser son mari à la culture. Wernard se rend compte de la tournure des événements et décide d’intervenir.

– Ecoutez, je crois que le sujet est : le Taoïsme. Je crois qu’au lieu de se battre pour savoir qui est arrivé en premier entre le Confucianisme et le Taoïsme, il faudrait parler le plus clairement possible de sa philosophie. Le Taoïsme est pour moi le premier livre philosophique qui explique qu’il faut accepter le monde tel qu’il est. Le but est de s’insérer dans le monde. Tout ce qui va en avant finit par revenir en arrière. En clair, le Taoïsme nous fait accepter l’échec comme étant le prémisse d’une victoire et la victoire comme portant en elle déjà, dans son œuf, l’échec.

Julien, qui avait rétabli son attention lorsque Wernard a ouvert la bouche, semble de nouveau quelque peu perdu.

– Attendez, intervient Marie, vous voulez dire que pour gagner quelque chose, il faut perdre ?

– Pas nécessairement, répond Wernard. En fait, le Taoïsme fait appel à une autre conception philosophique orientale qui est le Yin et le Yang. Pour être simple : Le Yin représente le bien, le féminin, la douceur, le pacifisme, etc. Le Yang représente le mal, le masculin, la violence, la guerre etc. L’idée principale est de considérer que ces deux forces opposées, le Yin et le Yang sont complémentaires et ont besoin l’un de l’autre.

Marie semble perdue.

– Pour simplifier : Imaginons que le Ying soit la femme et le Yang l’homme. Ce sont deux personnalités différentes. Généralement, on dit que les hommes représentent la force physique, le courage et pour certains la violence. Les femmes, elles, représentent la douceur, l’intelligence et le pacifisme. Ces deux forces, pourtant antagonistes, ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Les hommes ont toujours besoin des femmes même si souvent ils ne parviennent pas à les comprendre et réciproquement pour les femmes vis-à-vis des hommes.

Après quelques secondes de méditations sur les paroles de l’écrivain, Marie et même Julien parviennent à comprendre la notion du Yin et du Yang…

Note de l'auteur : Voici la suite de l'extrait de l'épisode 24 : "Comme au cinéma..."

– Il est vrai, reconnaît Leiikatau. Mais n’oubliez pas que ce même James Whale a réalisé une suite avec « La fiancée de Frankenstein » dans lequel la créature est plus « humaine ».

– Vous avez raison, reconnaît à son tour Wernard. Ce film avait, de plus, une dimension plus poétique que le premier.

– Et que dire du comédien qui interprétait à merveille le rôle de la créature : Boris Karloff, lance BH.

– Il est vrai que ce rôle lui allait comme un gant.

– Je suis tout a fait d’accord avec vous, Franklin. Je crois que c’est l’un des seuls comédiens du film muet qui restera dans l’histoire.

– C’est fortement possible, Wernard, intervient Frédéric comme pour couper court à la discussion. Je vous rappelle au passage que nous sommes quelque peu sorti du sujet principal qui était, je vous le rappelle : « les femmes ». Et j’aimerais que l’on recadre la discussion sur ce sujet.

Il se tourne vers Franklin.

– Franklin, j’aimerais connaître votre avis sur ce thème…

Episode 11 : Merci Wernard !

– Mais quel est le rapport avec le Taoïsme ?

– Et bien le Taoïsme exprime l’intérêt du Yin et du Yang en ce sens que l’une des forces antagonistes, comme par exemple la paix, attire inexorablement l’autre force, qui est par exemple la guerre.

– « Si tu veux la paix prépare la guerre », intervient Leiikatau, comme le disait Végèce dans son traité de l’art militaire.

– Si vis pacem, para bellum, rajoute BH.

Les deux philosophes se lancent un sourire complice.

– L’intervention de Franklin est juste, reprit Wernard. Ce qui prouve que les philosophes grecs l’avaient bien compris. De plus, il y a un autre principe qu’exprime le Taoïsme : le paradoxe.

– Très juste, intervient BHV.

– Et savez-vous quel est la première phrase du Ta ? demande Franklin.

– « Celui qui parle du Tao n’a rien compris au Tao ».

– Bravo.

– Ce qui prouve que tous ici, nous n’avons rien compris à cette philosophie, dit Wernard en lâchant en direction de Franklin un sourire complice.

Marie demande des explications quant à cette phrase. WB lui explique qu’elle montre clairement le principe du paradoxe. Le simple fait de parler du Tao et surtout de discuter de cette phrase montre bien que lui-même n’a rien compris.

– C’est le principe du paradoxe, conclut Wernard.

– Je propose que l’on change de sujet, propose BHV n’appréciant guère l’accaparement du débat par un autre que lui-même…

Episode 12 : Le débat s’anime

Julien tire de nouveau au sort et tombe sur le Confucianisme. Le sujet étant déjà indirectement abordé lors du Taoïsme, BH propose de passer à un autre thème. Ce qui n’est pas du goût de Franklin Leiikatau qui réclame une discussion prolongée sur le sujet.

La bataille entre taoïste et confucianiste fait de nouveau rage. Peu à peu, le débat se tend entre les deux philosophes, sous le regard amusé, puis étonné et finalement inquiet et ennuyé des personnes assises autour de la table. Julien est au bord de l’endormissement, Marie a du mal à suivre la discussion, Frédéric compte les points, Lisbeth les regarde d’un air atterré et Wernard se pose des questions concernant l’Ego des deux penseurs de renom.

Finalement, exaspérée jusqu’à n’en plus pouvoir, Lisbeth finit par mettre un terme à cette discussion devenue sans intérêt.

– ASSEZ !!! s’époumone-t-elle.

Le silence règne dans l’assemblée. D’abord surprise de l’effet immédiat et radical de son cri, elle reprend contenance.

– Excusez mon cri un peu trop, disons, abrupte, mais je devais exprimer ma colère. Je ne comprend pas l’intérêt que vous avez à vous battre, verbalement heureusement, pour des sujets aussi… futiles, abstraits…

– Vous voulez dire que notre discussion est sans intérêt ? demande BHV. C’est cela ?

– Et bien, vous me forcez à le reconnaître.

Piqué au vif et encore échaudé par le débat tendu avec Leiikatau, le penseur aux cheveux longs se lève promptement.

– Je n’ai plus rien à dire.

Il fait quelques pas en direction de la porte de sortie avant de se retourner vers ses détracteurs, encore ébaubis par sa réaction démesurée.

– Messieurs les censeurs, au revoir ! lâche-t-il.

Il se dirige vers la sortie.

Marie se précipite vers le convive.

Paniquée, Marie tente de retenir son invité. Peine perdue, le philosophe semble bien décidé à quitter le domicile du couple modèle…

Episode 13 : Réactions

Marie parlemente avec BH à quelques cinquantaine de mètres du logis.

Retour sur BH dans le confessionnal :

– Oui, je le reconnais, je me suis un peu trop emporté dans mon élan. Je n’ai pas su garder le sacro-saint sang froid. Mais que voulez-vous ? En additionnant une nuit courte ajoutée à un débat vif et à la réaction d’une tiers personne et vous obtenez un cocktail explosif.

Pendant que Marie tente de raisonner son invité, les autres érudits ne comprennent pas sa réaction. Seule Lisbeth l’avait prévu.

– Ça ne m’étonne pas. J’ai toujours su qu’il ne supportait pas la critique.

– S’il a réagi de cette manière, c’est parce que la critique venait de vous.

– Que voulez-vous dire, Frédéric ?

– Rien. Juste que connaissant vos relations passés…

– Je n’ai pas le droit à la parole. C’est ce que vous voulez dire ?

L’ancien publiciste éprouve une grande gêne.

– Ce n’est pas du doute mon propos…

– Excusez-moi, intervient timidement Julien, ça ne me regarde pas, mais que voulez-vous dire par « des relations passées » ? Vous-vous connaissez, Bernard-Henri et vous ? demande-t-il à Lisbeth.

– Et comment donc, confirme Lavyee.

– Vous avez…

– Oui ? s’interloque Lisbeth. J’ai quoi ?

Julien semble de plus en plus gêné.

– Et bien, vous avez eu… des relations…

Les yeux de l’intellectuelle s’écarquillent amplement.

– Sexuelles !?

Julien répond à l’affirmative.

Le visage de son interlocutrice devient sombre et rougi de colère.

– Vous PLAISANTEZ, j’espère ?

– Et bien, je ne sais pas. Je demande juste.

Elle finit par lâcher un rire nerveux.

– C’est la première fois qu’on me la fait, celle-là !

Son rire incontrôlable rend mal à l’aise son interlocuteur…

Episode 14 : Le calme après la tempête

Frédéric, conscient du quiproquo qui s’est établi, tente de rétablir les choses.

– Mon cher… Julien, c’est cela ? Pour répondre simplement à vos interrogations, Lisbeth a, par le passé, écrit un livre dénonçant la dictature des « bien-pensants ». Ces personnes, selon Lisbeth, pensent que quiconque ne serait pas en accord avec leurs idées serait à considérer comme étant un fasciste en puissance.

– Je vois. Et quel est le rapport avec Vérry ?

– Vély, rectifie Bidebège.

– Ah, c’est vrai ! Ça veut pas rentrer.

– Et bien, reprend Frédéric, Beth a cité dans son livre certains noms de ces philosophes pédants…

– Et Vély est celui que j’ai mis en tête de liste, conclut Lavyee.

Julien comprend mieux à présent les données du problème et les rixes probables risquant de se déclarer entre ces personnalités dont le mot « Ego » avait sûrement été inventé pour eux.

Marie parvient à raisonner le grand philosophe. Il accepte de déjeuner avec les autres hôtes.

L’image revient sur Marie et Julien sur leur canapé :

– Quand j’ai vu partir Monsieur Vély, explique Marie, c’est vrai que j’ai paniqué. Mais ça s’est très vite arrangé, heureusement.

– Mouais, si tu veux, marmonne Julien, sceptique.

Le repas se déroule dans une ambiance légèrement pesante. Les tentatives d’engagement de conversations ont été peu couronnées de succès.

Après le repas, les débats se sont à nouveau ouverts. En ce début d’après-midi, le sujet tiré porte sur le libéralisme.


– Voilà un sujet concret, crut bon de rajouter Lisbeth.

BH prend sur lui.

– J’espère que mon sujet fera l’objet de moins d’effusion colérique que les deux précédents, ironise Marie.

Le trio Leiikatau, BH et Lavyee se regardent froidement…

Episode 15 : « Souvenir, souvenir… »

Un lourd silence s’installe durant 30 longues secondes avant que Bidebège ne prenne finalement la parole.

– Bien, je vais commencer. Vous n’êtes pas sans savoir que ce système économique a pris une ampleur considérable depuis les années 80, notamment avec la politique de rigueur budgétaire de Ronald Reagan en 1980 et la politique ultralibérale de Margaret Thatcher en 1979…

– Et ce système économique a pris comme parabole la publicité, coupe Lisbeth.

Il la regarde hébété.

– Euh, oui, en effet…

– La publicité qui est un domaine qui ne vous est pas inconnu, Frédérric.

Le regard de Frédérric semble révéler d’abord de l’incompréhension, puis en regardant le regard malicieux de son interlocutrice, il croit enfin comprendre le cheminement de sa pensée.

– Vous voulez dire que j’ai été l’instigateur ou du moins l’un des soldats ayant favorisé cet état de fait ?

– Non, ce n’est pas cela que j’avais en tête. Vous décrivez bien cet aspect des choses dans le livre qui vous a fait connaître. Non, je repensais juste à une période de votre vie. Je dois vous avouer que cela m’a toujours amusé de voir un ancien prêcheur de la publicité se ranger du côté du PCF.

FB la regarde avec un air interrogatif.

– Je ne vois pas le lien avec notre discussion.

– Excusez-moi, je ne faisais que penser tout haut ce que j’aurais dû garder pour moi.

– Oui, dit-il en la regardant, vous auriez en effet dû tourner au moins sept fois votre langue avant de dire des âneries de la sorte.

Lisbeth lâche un joli sourire moqueur.

– À chacun son tour de rappeler le passé.

Frédéric comprend maintenant ces insinuations. Elle n’avait sûrement pas apprécié sa réflexion après son altercation avec BHV. Il se souvient de l’échec des élections pour le Parti Communiste alors qu’il s’était engagé dans la campagne en tant que VIP…

Note de l'auteur : Voici une extrait de l'épisode 25 :

Episode 25 : « Quoi ma gueule ? qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? »

– Excusez-moi, mon cher Frédérric, coupe BHV, mais qui vous a nommé animateur du débat ?

– Personne, Bernard-Henri. J’ai juste trouvé que le débat manquait de dynamisme. C’est pourquoi je me suis permis de…

– De faire votre intéressant, termine BH.

Frédérric est surpris par la réaction de BH. Puis il se souvient que le « Grand philosophe » aimait bien être l’un des piliers de n’importe quel débat, voire être LE pilier. Il se résigne donc.

– Bien, puisque vous le réclamez si gentiment, je vous donne le flambeau. Vous êtes l’animateur.

– Mais, je n’ai jamais demander à être l’animateur, réplique BH. Je voulais juste vous demander de respecter les autres et de ne pas vous prendre pour le maître absolu du débat. Nous ne sommes pas à vos ordres.

– Bien, bien, dit-il, irrité. Allez-y, animez le débat !

– J’aimerais que vous me parliez sur un autre ton, mon cher Frédérric, réclame son interlocuteur.[/b]

Episode 16 : Libéral, nous voilà !

Marie décide de reprendre le fil de la discussion.

– En conclusion, on peut dire que depuis une vingtaine d’années, on assiste à une régression sociale qui risque de remettre en question les acquis sociaux de ces quarante dernières années.

L’ensemble des intellectuels présents approuvent cette réflexion. Fautes d’arguments contradictoire, dû au fait qu’ils avaient à peu près tous le même courant de pensée politique, le débat va dans l’impasse. Soudain, l’œil de BH reflète qu’une idée vient d’émerger de son esprit fécond.

– Au fait, Julien, on ne vous a pas beaucoup entendu depuis le début de ces cessions.

L’individu en question se trouve gêné par cette soudaine attention.

– En fait, je vous écoute et je n’ai pas grand chose à dire.

Le philosophe ne s’avoue pas vaincu.

– Mais vous avez bien un avis sur la question ?

Tous le regardent avec ferveur et avaient hâte de connaître les idées de leur hôte.

De son côté, Julien se trouve soudainement intimidé. Il n’avait à vrai dire aucune réflexion sur la question…

– Et bien… Je ne sais pas.

– Accepterais-tu de vivre dans un monde dans lequel les chômeurs et les retraités n’ont plus de quoi vivre ? demande Marie.

Julien prend un temps de réflexion.

– Et bien… Moi, tu sais, ça me paraît, comment dire…

Il cherche ses mots et fait un geste laissant entendre que le sujet est éloigné de ses préoccupations.

– Tu veux dire que tu t’en fous de la précarité des chômeurs aux Etats-Unis ? Des fonds de pension qui créent des licenciements et des délocalisations ?

– Non, je n’ai pas dit ça, tente de rétorquer Julien.

– Si vous le permettez, prévient Bernard-Henri, j’aimerais étendre quelque peu le thème du Libéralisme pour parler du chômage et des moyens mis en œuvre pour l’éradiquer. Êtes-vous d’accord ?

Tous font un mouvement positif de la tête.

– Bien. Julien, vous savez que, notamment, il existe une théorie libérale sur les raisons de la crise économique encore actuelle. Selon ce que l’on peut appeler les « Néo-libéraux », les entrepreneurs sont dissuadés d’embaucher du personnel à cause des charges sociales trop lourdes qui ne font qu’accroître le coût du travail. Ils se sont d’ailleurs aperçus que l’addition des cotisations salariales et patronales représentaient la moitié des coûts salariaux. Ce qui fait que le salaire brut est le double du salaire net.
« Les plus libéraux des économistes pensent que le meilleur moyen de rendre les travailleurs français plus attractifs seraient de diminuer ces cotisations sociales, voir de les supprimer totalement. Le Médef, quant à lui, et qui reprend cette idée, pense que l’on pourrait se contenter d’une simple suppression totale des cotisations patronales.
« Or, faire le choix de cette politique reviendrait à laisser sur le carreau un nombre actuellement de plus en plus élevé de chômeurs qui se retrouveraient sans ressource.
« De ce fait, je vous pose, Julien, la question suivante : Que pensez-vous de la suppression pure et simple des cotisations sociales ?

Son interlocuteur, qui était entre le sommeil et l’éveil, retrouve soudain le chemin de la réalité…

Episode 17 : « C’est pas ma faute… »

– Ben, vous savez, commence-t-il dans le vague. Moi, en tant que boucher-charcutier, je ne suis pas concerné par les cotisations salariales et patronales. Et pour ma retraite, il n’y a que la vente de mon commerce qui pourra me servir de fond pour mes vieux jours.

Les regards étonnés des invités par ce manque de prise de conscience citoyenne et celui réprobateur de sa femme, le mettent mal à l’aise.

– De toute façon, tu n’as toujours pensé qu’à toi, sermonne Marie.

– Mais non, c’est pas vrai, tente de se justifier Julien.

– Vous-vous rendez compte qu’il ne va même pas voter, dit-elle en prenant à parti les penseurs.

Gênés, les invités montrent timidement une légère réprobation. Il se trouve que certains d’entre eux ne se rendaient pas non plus aux urnes. Ce qui ne les empêchaient pas de donner leur avis sur l’évolution politico-économique mondiale et nationale.

Marie enfonce davantage le clou.

– Et le pire… (Elle le montre du doigt.) C’est que le jour où j’ai réussi à l’arracher de son fauteuil, il a fait un vote blanc.

– Mais, c’est pas de ma faute, se défend Julien. Vous savez, j’ai pas l’habitude de voter. Avec tous ces bulletins, je suis perdu. Et comme je ne sais pas pour qui voter, et bien, j’ai les ai tous mis dans l’enveloppe.

Frédéric se retient de rire.

– Et je ne vous raconte pas ce qu’a pu penser le maire lorsqu’il a vu que l’enveloppe n’entrait pas dans la fente de l’urne.

Frédérric lâche un rire étouffé pendant que Wernard et Franklin esquissent un sourire amusé.

– N’exagère rien, rétorque Julien. J’ai réussi à la faire entrer en forçant un peu.

L’image de Julien se débattant avec l’enveloppe pour qu’elle pénètre dans l’urne les pousse malgré eux à exprimer un gloussement étouffé.

– Surtout que quelques secondes avant, reprend Marie, un conseiller municipal a déchiré sa carte d’électeur parce qu’elle datait de mathusalem.

(Petite ESRA Perso : D'après la Bible, Mathusalem était un patriarche juif qui aurait vécu, selon les sources, 969 ou 720 ans.)…

Episode 18 : Une histoire culottée

Les intellos ne peuvent retenir leur rire. Julien se trouve tout penaud avant d’être empreint d’une légère colère.

– Tu peux parler, toi, s’adressant à Marie.

– C’est à dire ? demande-t-elle, étonnée.

– Tu ne te rappelles pas de la soirée de fin d’année scolaire dans ton école ?

Marie fronce les sourcils et son regard se porte sur le côté. Sa mémoire lui faisant défaut, ses yeux se tournent une nouvelle fois vers son mari.

– Je ne vois pas de quoi tu parles.

Son sourire narquois reflète ses pensées : Il tient sa revanche.

– Cela ne te rappelles rien ?

Il se tourne vers les convives.

– Figurez-vous, dit-il en se léchant les babines et en s’efforçant d’utiliser le vocabulaire le plus châtié qu’il lui puisse connaître, que ma femme ici présente et qui exerce le beau métier d’institutrice (Le ton de sa voix permet de comprendre que cette apparente flatterie cache une ironie qui n’aurait pas déplu à Voltaire.), est invitée régulièrement à la fête de l’école dans lequel elle travaille.

Les regards des intellectuels reflètent une curiosité sans borne à l’encontre de leur hôte si peu bavard, au contraire de Marie qui ne comprend toujours pas où il voulait les emmener.

– Sachez également qu’elle m’emmène avec elle afin que je lui tienne compagnie.

Il la regarde bizarrement avec son air narquois, comme s’il savoure cet instant de grâce, avant de poursuivre.

– Généralement, dans ce type de fête, il y a des jeux pour les enfants de l’école, mais il y a aussi des buffets où parents, gardiens, instituteurs et directrice de l’école se rencontrent. Soudain, j’aperçois un drôle de sac ou de vêtement au pied de Marie.

Les yeux de Marie s’ouvrent brusquement, elle vient de découvrir qu’il a ouvert un vieux dossier qu’elle croyait avoir ranger aux oubliettes.

– En fait, poursuit Julien, il s’agissait d’une tenue de lingerie et même… d’une culotte.

– Hum, je crois que c’est bon pour ce thème, coupe Marie. On va passer au suivant…

Episode 19 : Application du comportement de réciprocité

Elle jette son bras dans le chapeau et ouvre le papier avant que son mari ne lui mette sa main devant sa bouche.

– Et c’est là, reprend julien en élevant la voix, que je demande à Marie : « Tiens, t’as vu. Il y a un drôle de truc par terre. »

Marie dégage sa main.

– Le sujet que nous allons aborder…

Il replace sa main sur sa bouche et bloque ses bras avec l’autre main.

– Et vous savez ce qu’elle a fait ?

Les invités ne savent plus s’il faut écouter jusqu’au bout cette histoire ou demander au couple de cesser cette querelle qui semble ne les concerner nullement.

Malgré une lutte acharnée, Marie ne parvient pas à se démettre des griffes de son mari. Elle finit par se résigner.

– Et bien, poursuit Julien, elle a prit la culotte comme ça…

Il lâche sa compagne et fait le geste de quelqu’un qui ramasse une culotte du bout des doigts.

– Et là, d’un seul coup, elle dit : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » Et j’ai vu dans son regard pendant une seconde se demander si elle avait mis une culotte ou non.

BH regarde le conteur avec surprise tandis que Frédérric esquisse un sourire amusé.

– Et là elle met rapidement sa culotte en boule et la range dans sa poche de jeans. Personne n’a rien vu. Ni ses collègues, ni les parents, ni même les enfants.

– En fait, j’en avais mis une, dit nonchalant, Marie qui était en train de regarder le sol. J’ai dû m’habiller précipitamment sans me rendre compte qu’une de mes culottes s’était incrusté dans mon pantalon et à force de marcher, elle a descendu jusqu’à mes pieds. Heureusement qu’il n’y a que Julien qui l’ait vu.

Elle le regarde avec tendresse tout en se disant ironiquement : « Merci de me rappeler cette épisode. Et devant tout le monde en plus. M’enfin, nous sommes quittes maintenant. ». Elle espérait juste que la production couperait cette épisode pendant le montage. Malheureusement pour elle…

Quant à Julien, il avait retrouvé une certaine contenance et une certaine fierté. Mais rapidement, il regrettait son geste ou plutôt ses paroles. Il ne se souvenait plus qu’il était filmé. Il se dit que dans un programme comme celui-ci, on ne peut pas tout passer.

– Bien ! intervient Marie. Nous allons passer à un autre sujet : les femmes. Voilà un sujet intéressant, dit-elle en faisant un clin d’œil à Lisbeth…

Episode 20 : Publicité gratuite

Cette dernière est étonnée par cette complicité soudaine.

– Et bien, oui, peut-être, dit-elle, embarrassée. De quoi voulez-vous parler, Marie ? De l’évolution des femmes dans la société ? Ou de la violence faite aux femmes ?

– Et bien, je ne sais pas, répond Marie. C’est votre sujet.

– Ah, non, je ne crois pas.

– Effectivement, intervient Frédéric, puisqu’il s’agit du mien.

Les deux femmes de l’assistance sont déçues. Elles auraient préféré que l’auteur de ce sujet soit l’une d’entre elles. Le fait que l’auteur soit un homme n’a inévitablement pas la même signification.

– Ah, les femmes ! s’exclame-t-il. Je trouve qu’il s’agit de la plus belle chose qui existe en ce monde. D’ailleurs,…

Séquence non-diffusée

– D’ailleurs, j’en fait une allusion dans mon dernier livre : « L’égocentrique romanesque »…

– Coupez ! ordonne le réalisateur de l’émission. Monsieur Bidebège, vous ne pouvez pas parler de votre actualité littéraire. C’est stipulé dans le contrat.

– Pardonnez-moi, s’excuse Frédérric en esquissant un sourire démontrant une mauvaise foi visible. J’avais oublié durant un court instant.

Le réalisateur n’est pas dupe.

– En tout cas, si vous tenez vraiment à faire votre promo, nous pouvons encore modifier les termes du contrat et remplacer votre cachet par la promotion de votre livre.

Le sourire de Frédérric a soudainement disparu.

– Non, je n’y tiens pas.

– Bien, dit-il satisfait de son effet. On peut reprendre…

Note de l'auteur : Vendredi prochain, dernière semaine de rediffusion des anciens épisodes. En plus des épisodes 21, 22 et 23, vous aurez deux autres épisodes inédits. Voici la suite de l'extrait de l'épisode 25 : "Quoi mageule? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule?"

– Ne montez pas sur vos grands chevaux, Bernard-Henri. Nous avons un débat à mener.

– Si vous cessiez de babiller, il n’y aurait pas de souci.

– Oh, ça va, ça va ! Vous n’allez pas faire votre cirque.

– Pardon ?!

– Mais oui, on le voit bien votre numéro du philosophe pédant qui n’a jamais mis les pieds dans un supermarché. Ça ne trompe personne.

– Je ne supporterais pas longtemps vos insultes. J’exige des excuses, dit BH en prenant un air altier.

Frédérric se penche en arrière et croise ses bras. Il tente de ravaler son agacement et fait appel à des alliés en regardant les autre convives, l’air de dire : « Comment voulez-vous discuter avec un crétin pareil ? ».

Les autres protagonistes du débat hésitent à entamer des discussions qui risqueraient de mettre de l’huile sur le feu. Après avoir lâché un soupir de consternation, Lisbeth ne peut s’empêcher d’accompagner le geste à la parole.

–Ça devient n’importe quoi ce débat.

Wernard se lèche les babines avant de pointer son doigt comme s’il voulait bénir d’un signe de croix l’assemblée présente. Il vient d’avoir une idée…




Episode 21 : « Vous, les femmes… »

Retour au débat

– J’ai toujours pensé que les femmes étaient plus, disons, télépathes que les hommes, intervient Wernard.

– Oui, peut-être, dit BH peu convaincu.

– Cela n’est pas sûr, dit Lisbeth, dubitative. Je ne me sens pas du tout télépathe. Vous êtes sûr que ce n’est pas une réflexion machiste déguisée ? demande-t-elle à Wernard.

– M’accuser de machisme, c’est mal me connaître.

– De toute façon, intervient Bidebège, lorsque des hommes critiquent les femmes, on peut à juste titre les accuser de machisme, voir de misogynie, mais lorsque les hommes mettent les femmes sur un piédestal on les accuse également de machisme.
« Par exemple, si un homme fait preuve de galanterie, on dit que cet homme est macho car il considère la femme comme un être faible. Si en revanche l’homme passe devant en laissant la porte se fermer sur elle, cet homme-là sera aussi accusé de machisme.
« Je crois qu’il faut cesser d’accuser à tort et à travers les hommes de machisme. Surtout lorsqu’ils glorifient la femme.

– En cela, je suis d’accord avec vous, reconnaît Lisbeth. Je n’aime pas les dérives de certaines doctrines féministes extrémistes. En réalité, ce que je voulais dire, c’était qu’il faut faire attention à ne pas tout généraliser.

– Je suis d’accord avec vous, dit Wernard esquissant un léger sourire.

– Au fait, Wernard, sursaute Bidebège, il me semble que vous avez sorti une bd dans laquelle vous imaginez un monde dominé par les femmes ?

– C’est vrai…

Episode 22 : Séquence non tournée

– Coupez ! Monsieur Bidebège, dit le réalisateur en joignant ses mains comme pour psalmodier une prière. Monsieur Bidebège, je vous le demande pour la dernière fois, ne faites aucune allusion à l’actualité littéraire de n’importe quel écrivain que ce soit ceux qui sont présents autour de cette table ou d’autres à l’extérieur.

– Ah bon, maintenant on ne peut même pas faire la promo pour les autres ?

– Non, répond sobrement le réalisateur.

– C’est incroyable cela. Mais comment voulez-vous que l’on fasse des débats sans parler de nos travaux ? Comment croyez-vous que fonctionnent les émissions littéraire sur les autres chaînes ?

– Je le sais bien. Mais je ne vous demande qu’une seule chose : pas d’allusion à une quelconque promotion en cours.

– Ècoutez, je viens de la publicité et j’ai déjà présenté des émissions de télévisions, et je sais très bien que la seule chose que l’on n’a pas de droit de faire, c’est de citer des marques. De ce fait, je pense que si l’on n’a pas le droit dans cette émission, comme je l’ai fait, de donner le titre de mon livre, ce qui n’est déjà pas normal selon moi, je crois que nous pouvons au moins évoquer le sujet de l’une de nos œuvres. Sinon, de quoi voulez-vous que l’on parle ? De voiture ? De cuisine ?

Wernard et le réalisateur esquissent un sourire. Le plaidoyer de Frédérric semble aussi impressionnant et efficace que celui d’un avocat.

– D’accord, je m’avoue vaincu, se résigne-t-il. On va garder la séquence. Tout le monde, vous êtes prêt ? (Il s’adresse aux techniciens.) Bien, ça tourne !

Episode 23 : « Femme unique… »

Retour débat

Frédérric tente de reprendre le débat là où il était resté.

– Wernard, dans votre bd… (Il faillit donner le titre de la bande dessinée, il se retient à temps.) Comment imaginez-vous cette société entièrement féminine dans sa composition et dans sa conception ?

– Et bien, tout d’abord, j’ai remarqué que, à l’échelle mondiale, il y avait plus de filles qui naissaient que de garçons. Ce qui amène les experts à imaginer dans un futur plus ou moins éloigné que les hommes deviendront une espèce rare. Partant de cette idée, je me suis dit : Que se passerait-il s’il n’y avait plus d’hommes sur Terre ? Quelle société pourront édifier les femmes et comment pourraient-elles se reproduire sans la présence de mâles ?

– Si j’ai bien compris, la base de votre histoire, c’est l’extinction de l’homme au sens masculin.

– Tout à fait, confirme Wernard.

Au fur et à mesure de l’avancée de la discussion, Frédérric Bidebège s’improvise en animateur de débat, voire en intervieweur, ancien réflexe de ses expériences télévisuelles.

– Et selon vous, cette société féministe serait plus tournée vers le pacifisme, l’écologie…

– Un peu de tout cela. Déjà, du moins dans cette histoire, il y a l’idée d’oviparité. C’est à dire qu’elles se reproduisent en pondant des œufs…

– Des œufs ?! s’étonne Lisbeth. Mais ce ne sont plus des êtres humaines, ce sont des poules ?

Wernard esquisse un léger sourire.

– En réalité, il s’agit d’une oviparité « in vitro » relative à une découverte scientifique majeure dans le domaine de la bioéthique.

– Ces femmes qui pondent sont donc le résultat d’une expérience scientifique, comme pour Frankenstein ! résume Frédérric.

– C’est un résumé un peu rapide, mais mis à part que ces femmes ne pondent pas réellement et qu’elles n’ont pas été construites, comme Frankenstein, à partir de différents organes prélevés sur des cadavres… mis à part tout ceci, c’est un peu cela.

– Bien, nous allons maintenant passer à…

Episode 24 : « Comme au cinéma… »

– Excusez-moi, Frédérric, coupe Leiikatau, mais je crois qu’il serait utile de rappeler que le nom de Frankenstein est, à tort, donné à la créature. Alors qu’il s’agit, d’après l’œuvre de Mary Shelley, du créateur, le Dr Frankenstein.

– Franklin a raison, intervient BH. Ce sont les lecteurs qui donnèrent le nom du docteur à la créature.

– C’est vrai, intervient à son tour Wernard. D’ailleurs, on voit bien la différence de perception entre l’homme et la femme grâce à ce film. Le roman de Mary Shelley est l’une des premières œuvres de science-fiction et peut-être même la première. Et cette première œuvre, qui a été réalisée par une femme, est l’une des seules qui incorporent le romantisme dans la science-fiction. On peut, d’ailleurs, remarquer que le film de James Whale, qui est un homme et qui a été tourné dans les années trente, est beaucoup plus violent que le roman de Shelley.

– Il est vrai, reconnaît Leiikatau. Mais n’oubliez pas que ce même James Whale a réalisé une suite avec « La fiancée de Frankenstein » dans lequel la créature est plus « humaine ».

– Vous avez raison, reconnaît à son tour Wernard. Ce film avait, de plus, une dimension plus poétique que le premier.

– Et que dire du comédien qui interprétait à merveille le rôle de la créature : Boris Karloff, lance BH.

– Il est vrai que ce rôle lui allait comme un gant.

– Je suis tout a fait d’accord avec vous, Franklin. Je crois que c’est l’un des seuls comédiens du film muet qui restera dans l’histoire.

– C’est fortement possible, Wernard, intervient Frédéric comme pour couper court à la discussion. Je vous rappelle au passage que nous sommes quelque peu sorti du sujet principal qui était, je vous le rappelle : « les femmes ». Et j’aimerais que l’on recadre la discussion sur ce sujet.

Il se tourne vers Franklin.

– Franklin, j’aimerais connaître votre avis sur ce thème…

Episode 25 : « Quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? »

– Excusez-moi, mon cher Frédérric, coupe BHV, mais qui vous a nommé animateur du débat ?

– Personne, Bernard-Henri. J’ai juste trouvé que le débat manquait de dynamisme. C’est pourquoi je me suis permis de…

– De faire votre intéressant, termine BH.

Frédérric est surpris par la réaction de BH. Puis il se souvient que le « Grand philosophe » aimait bien être l’un des piliers de n’importe quel débat, voire être LE pilier. Il se résigne donc.

– Bien, puisque vous le réclamez si gentiment, je vous donne le flambeau. Vous êtes l’animateur.

– Mais, je n’ai jamais demander à être l’animateur, réplique BH. Je voulais juste vous demander de respecter les autres et de ne pas vous prendre pour le maître absolu du débat. Nous ne sommes pas à vos ordres.

– Bien, bien, dit-il, irrité. Allez-y, animez le débat !

– J’aimerais que vous me parliez sur un autre ton, mon cher Frédérric, réclame son interlocuteur.

– Ne montez pas sur vos grands chevaux, Bernard-Henri. Nous avons un débat à mener.

– Si vous cessiez de babiller, il n’y aurait pas de souci.

– Oh, ça va, ça va ! Vous n’allez pas faire votre cirque.

– Pardon ?!

– Mais oui, on le voit bien votre numéro du philosophe pédant qui n’a jamais mis les pieds dans un supermarché. Ça ne trompe personne.

– Je ne supporterais pas longtemps vos insultes. J’exige des excuses, dit BH en prenant un air altier.

Frédérric se penche en arrière et croise ses bras. Il tente de ravaler son agacement et fait appel à des alliés en regardant les autre convives, l’air de dire : « Comment voulez-vous discuter avec un crétin pareil ? ».

Les autres protagonistes du débat hésitent à entamer des discussions qui risqueraient de mettre de l’huile sur le feu. Après avoir lâché un soupir de consternation, Lisbeth ne peut s’empêcher d’accompagner le geste à la parole.

–Ça devient n’importe quoi ce débat.

Wernard se lèche les babines avant de pointer son doigt comme s’il voulait bénir d’un signe de croix l’assemblée présente. Il vient d’avoir une idée…

Note de l’auteur : Les nouveaux épisodes quotidiens inédits de la saison 2, bientôt sur vos écrans… @ Lundi.

Posté : ven. août 19, 2005 7:23 pm
par odranoel
Pas de nouveau épisode aujourd'hui? Juste des rediffusion?

Posté : ven. août 19, 2005 11:26 pm
par Schopen
Mea Culpa, Erratum…

Je me suis relu (trop tard) et j’ai fait une bourde… J’ai compté comme épisode inédit les 24 et 25. Or… je les ai déjà diffusé par petit bout.

Donc, pour compenser cela… Voici un extrait du prochain épisode inédit :

Episode 26 : « Un cavalier qui surgit hors de la nuit… »

Heureusement, Wernard va sauver la situation.

Images de Wernard dans le confessionnal :

– En fait, j’ai bien analysé la situation et j’en ai conclu une chose : Je crois que le problème venait de nous, les invités. Je m’explique : L’échauffourée qu’il y a eu entre Bernard-Henri et Frédérric était due à l’auto-nomination de Frédérric au rang d’animateur de débat. Le fait qu’un de nous devienne animateur crée non seulement de la jalousie, mais surtout pose le problème de l’impartialité…

Retour au débat :

– Si nous devons avoir un ou plusieurs animateur(s) de débat…

Confessionnal :

– Aucun de nous n’a le statut d’objectivité ou d’impartialité d’un regard extérieur. Or, j’ai pensé…

Débat :

– …que les seules personnes qui…

Confessionnal :

– …avaient ce regard objectif étaient…

Posté : sam. août 20, 2005 3:54 am
par odranoel
... Je crois savoir.

Tu est pardonner, vivement les prochain épisodes. Et encore félicitation. (et les titre des chapitre me font rire)



ATTENTION SPOILER:

Je pense que Wernard Berber pense à...

...Julien et Marie
.

Posté : lun. août 22, 2005 4:19 pm
par Schopen
Episode 26 : « Un cavalier qui surgit hors de la nuit… »

Heureusement, Wernard va sauver la situation.

Images de Wernard dans le confessionnal :

– En fait, j’ai bien analysé la situation et j’en ai conclu une chose : Je crois que le problème venait de nous, les invités. Je m’explique : L’échauffourée qu’il y a eu entre Bernard-Henri et Frédérric était due à l’auto-nomination de Frédérric au rang d’animateur de débat. Le fait qu’un de nous devienne animateur crée non seulement de la jalousie, mais surtout pose le problème de l’impartialité…

Retour au débat :

– Si nous devons avoir un ou plusieurs animateur(s) de débat…

Confessionnal :

– Aucun de nous n’a le statut d’objectivité ou d’impartialité d’un regard extérieur. Or, j’ai pensé…

Débat :

– …que les seules personnes qui…

Confessionnal :

– …avaient ce regard objectif étaient…

Débat :

– …Julien et Marie.

Les intellos se regardent comme pour entamer une consultation silencieuse. Au bout de quelques secondes, tout le monde semble en accord avec cette idée.

– Je suis d’accord avec vous, approuve BH. Mais avant de poursuivre, je réclame des excuses de la part de Monsieur Bidebège.

La personne concernée lève les yeux aux ciel et tourne sa tête négligemment tout en maintenant ses bras croisés.

– Votre désinvolture ne vous mènera à rien.

L’ultime provocation de Vély incite Frédérric à décocher un rire narquois.

Franklin Leiikatau tente une médiation.

– Ecoutez, Frédérric, nous devons avancer et poursuivre le débat…

– Je ne demande pas mieux.

– Et bien si c’est le cas, vous comprendrez ce que je vais vous demander : Pour l’amour du ciel, excusez-vous auprès de Bernard-Henri et qu’on en finisse…

Note de l'auteur : Bien joué, Odra. C'était bien Marie et Julien. @Demain.

Episode 27 : Mea Culpa

Frédérric ouvre la bouche pour protester, mais il s’arrête dans son élan et observe la réaction des individus réunis autour de la table. Tous sans exception semblent partager l’avis de Franklin. Devant le peu de soutien de ses camarades, il finit par abdiquer. Il se penche vers l’avant et pose sa main sur la poitrine comme pour faire une révérence.

– Veuillez m’excuser de mes propos diffamatoires.

Il ne peut s’empêcher d’accompagner ces paroles d’une grimace à peine voilée. BH pense profiter de cette moue dubitative pour demander une plus grande sincérité dans ses propos, mais il réfléchit aux dires de Franklin et décide de mettre fin à cette polémique en acceptant le Mea Culpa de FB.

Julien et Marie, les nouveaux conducteurs du débat, hésitent sur la marche à suivre. Marie décide finalement de demander l’avis de chaque intellectuel sur le sujet en question.

Pour BHV, la femme « est un trésor qui ne doit nullement être enlaidi par la violence du machisme ». Ces sages paroles sont approuvées par tous.

Frédérric décrit la femme comme « l’objet ultime de tous les désirs, et surtout l’égérie à la fois angélique et mystérieuse de l’artiste qui sommeille en tout homme si misérable et si grotesque soit-il. » Ces paroles étonnent les membres de ce débat qui ne connaissaient en lui qu’un obsédé sexuel trivial reflété dans son œuvre littéraire.

Franklin Leiikatau, quant à lui, a résumé son propos en paraphrasant la célèbre citation de Louis Andrieux (alias Louis Aragon) : « La femme est l’avenir de l’homme. »

Lisbeth s’attarde sur la question de la violence faite aux femmes dans le monde. Elle marque les esprits en rappelant qu’une femme sur dix en France est encore victime de violences conjugales et que 400 d’entre elles en meurent chaque année. Afin de faire un brin d’humour, Frédérric ironise en déduisant que si une femme sur dix sont frappées par leur mari, « cela voudrait dire que 9 femmes sur dix frappent leur mari ». Ce mot d’esprit ne fut pas du goût de Lisbeth.

Wernard conclut en espérant que dès lors que les femmes seront au pouvoir, elles aboliront les guerres et bâtiront un monde meilleur.

Sur ces paroles d’espoir utopique, Julien tire un autre sujet…

Episode 28 : « Vous n’aurez pas ma liberté de pensée… »

– La Morale et la Liberté.

Ayant lu le titre du sujet, Julien cherche son auteur probable. Il regarde donc successivement Wernard et Lisbeth en sachant qu’il ne s’agit pas du sien.

Lisbeth prend la parole.

– En réalité, la question subsidiaire que je voulais incorporé dans ce sujet est : Morale et Liberté sont-ils compatibles ?

BHV dessine un sourire ironique.

– J’aurais dû deviné que vous étiez l’auteur de ce sujet.

Elle lui lance de retour un sourire de complicité s’établissant en général en face d’un adversaire respectable.

L’amorçage du débat est lancé par Franklin Leiikatau.

– Avant de répondre à votre question, je pense qu’il est utile de rappeler clairement la définition exacte de la « Morale » afin d’éviter les confusions.
« Il faut d’abord éviter la confusion qu’il y a entre l’Ethique et la Morale. Morale vient du latin moralis qui signifie « relatif aux mœurs ». C’est par l’expression philosophia moralis que Cicéron traduisit le grec êthikê qui a donné en français le mot « éthique », souvent pris comme synonyme de « morale ». Or, l’éthique désigne le souci de fonder toute morale en suivant une réflexion philosophique. La morale a donc une connotation pratique contrairement à l’éthique qui concerne la dimension philosophique.

– Pour clarifier les choses, reprend BHV, on peut dire que l’éthique comprend la philosophie morale dans sa globalité. Elle ne concerne pas seulement la dimension théorique, mais également pratique. Contrairement à la morale qui ne concerne que l’aspect pratique.

– En cela, vous avez raison. Il est vrai que si l’on reprend sa définition classique, l’éthique « désigne une réflexion philosophique complète sur la vie morale et sur les mœurs, qui joint la dimension théorique et la dimension pratique. » Elle est donc plus générale que la morale. On peut donc simplifier sa définition par le fait que l’éthique concerne la réflexion et l’élaboration des règles de conduite de l’homme d’un point de vue morale.

– Si l’éthique ou la morale définit les règles de conduite de l’Homme, elle empiète donc sur sa liberté !? pose Lisbeth.

Franklin fait une moue dubitative tandis que Julien évite de justesse de cogner sa tête contre la table. Il tente de rester éveillé et de traduire l’étrange langage utilisé par les intellos…

Episode 29 : « Le dormeur doit se réveiller… »

– Vous confondez la morale avec les règles sociales qui eux sanctionnent les actes considérés juridiquement ou moralement comme étant déviants.

– Franklin a raison, déclare BHV. Ce sont les règles sociales qui s’immiscent dans les pratiques qu’elles soient alimentaires, sexuelles, vestimentaires ou autres et qui peuvent, si elles ne sont pas mesurées avec bon sens, être à l’origine d’interdits et de tabous sociaux dépassant l’entendement comme au temps du fascisme ou du communisme.
« Le but des règles sociales est de bien séparer les conceptions du bien et du mal. Rousseau rêvait d’une entité homogène, cohérente et complète, animée d’une seule et même volonté qu’il désigne comme « volonté générale » dans son contrat social. Les questions dites morales seraient donc réglés selon lui par les institutions. Or, l’humanité est plongée dans un magma de préceptes et de prescriptions contradictoires. Ce qui amène l’individu à se demander : « Que dois-je faire ? ».
« Cette situation est dû au fait que les sociétés quelque peu complexes sont évolutives et se trouvent toujours en état d’effervescence morale. Car, en marge de leurs institutions, elles comportent des groupes et des sous-groupes antagonistes, ayant des conceptions opposées du bien et du mal.
« En conséquence, de nombreuses doctrines morales ont ainsi privilégié tantôt le plaisir, tantôt le devoir, agitant la vie des sociétés au cours de leur histoire, non sans laisser des traces qui, de nos jours,…

Le léger grognement d’un ours l’interrompt un moment.

– …s’enchevêtrent, termine-t-il.

Julien avait piqué du nez.

Marie a honte et se retrouve plongé dans le même embarras que lors de la représentation d’Œudipe au théâtre de Cornouaille. Elle le bouscule doucement d’abord, puis elle finit par le secouer plus brusquement.

Ce dernier, une fois réveillé, se trouve à son tour confus.

– Toutes mes excuses. J’ai trop mangé de tartes aux cerises. Du coup, je m’endors.

Les intellos se montrent compréhensifs. Intérieurement, Bernard-Henri est vexé qu’un individu s’endorme alors qu’il expose des notions philosophiques qui lui semblent cruciales. Cet incident et la réflexion de Lisbeth lors du deuxième sujet le forcent à se poser une question existentielle : Etait-il si ennuyeux que cela à écouter ?…

Note de l'auteur :OK, Figg. J'éditerais désormais mes nouveaux posts. Car comme le dit si justemetn les modérateurs : On ne se répond pas à soi-même (quoique, quand on est schizophrène...).

Episode 30 : « L’avenir est aux acteurs. »


– Le moment d’égarement de Julien n’est pas innocent, dit Lisbeth. On croirait assister à un débat entre hommes politiques. À chaque fois que l’un d’eux finit de répondre à une question, on ne se souvient même plus quelle était la question posée.
« Je me souviens d’un débat dans lequel un journaliste demandait simplement à un homme politique s’il était oui ou non candidat à la prochaine élection présidentielle. Au début, ses premiers mots étaient : « La question n’est pas de savoir si je serais ou non candidat, mais plutôt quels sont les idées que le candidat de mon parti devra défendre. » Et voilà qu’il décrit la situation actuelle de la France du point de vue économique, culturel, social, écologique et même politique, qu’il énumère ensuite son « possible » programme politique avant de critiquer le gouvernement de l’époque. Et il finit son monologue en disant : « Voilà ce que le candidat de mon parti devra réformer pour le pays, s’il était élu. » S’il n’était pas attentif, le journaliste qui avait posé la question aurait pu croire qu’il en avait posé une autre. Lorsque les hommes politiques ne veulent pas répondre à une question, ils en répondent à une autre qu’ils voulaient qu’on leur pose.
« Il n’y en a même qui ne répondent pas et qui attendent que le journaliste pose une autre question plus « acceptable ».

– Je me souviens d’une autre émission, se rappelle BHV. Il s’agissait d’une émission de divertissement. L’animateur demande à un membre du Parti du Progrès Social s’il préfère comme candidat à la présidentielle le secrétaire général du parti ou un autre candidat qui a accru son aura grâce à la réussite d’un vote que lui seul soutenait dans son parti. L’homme politique commence par répondre que l’élection de la candidature à la candidature au sein du parti n’a pas encore débuté, puis peu à peu il fait des détours et finit par évoquer au bout de quelques minutes l’épopée de la chute du mur de Berlin.

Certains intellos semblent se souvenir de l’émission en question et esquissent un sourire.

– Pour moi, intervient Wernard, l’élection de Ronald Reagan en 1980 a définitivement consacré le règne des acteurs. Il ne sert plus à rien d’avoir des idées ou d’être capable de gouverner, il suffit d’avoir une bonne équipe de rédacteurs pour les discours et de bien interpréter son rôle sous l’objectif des caméras.

– Vous n’avez pas entièrement faux, reconnaît BH.

– J’ai été également surpris d’entendre certains chanteurs ou acteurs reconnaître qu’ils voteraient volontiers pour quelqu’un qui leur paraît sympathique. Ses idées ou sa compétence passaient au second degré.

– Ça, c’est juste, s’exclame Frédérric. Je me souviens d’une actrice (Il cherche son nom.)… Marine Theildegs, l’une des filles Theildegs. Je me souviens que le présentateur, Olivier-Marc Gofiel, lui demande : « Pour qui allez-vous voter aux prochaines élections ? ». Elle réfléchit un moment, puis elle finit par dire : « Je voterais pour celui qui a une bonne tête. » Inutile de dire que toutes les personnes présentes sur le plateau de l’émission étaient pliées de rire.

Les intellos se rappellent de la scène et esquissent un sourire. Marie et Julien semblent eux aussi avoir vu cette émission…

Episode 31 : Bonne nuit, chers lecteurs (Episode à utiliser sans modération lors d’insomnies)

– Bon, bon, revenons à notre sujet, reprend Lisbeth. Avec tout ce bavardage, vous n’avez pas répondu à ma question : La Morale peut-elle être liberticide ?

Etrangement, les intellos perdent leur sourire et réagissent comme des gamins sentant la fin de la récréation et devant à nouveau bûcher sur un contrôle très ennuyeux. BH consent cependant à entamer de nouveau la discussion.

– Nietzsche a une théorie sur la question. Pour lui, la morale est une « interprétation – ou plus exactement une fausse interprétation – de certains phénomènes. ». Il regarde donc les choses par-delà le bien et le mal.

Les intellos écoutent attentivement les paroles du philosophe, mais ne semblent pas avoir le cœur à entamer un dialogue sur la question.

Ayant peur d’endormir une nouvelle fois son auditoire, il termine en rappelant que la Morale peut-être une doctrine subjective, car il en existe plusieurs. Il énumère donc ces différentes doctrines.

Il cite la Morale du plaisir, appelée également hédonisme, qui fut fondé par un disciple de Socrate – Aristippe de Cyrène. Cette doctrine n’obéit qu’à un seul impératif que le poète latin Horace exprimera ainsi : carpe diem (« cueille le jour » qui signifie « jouis du présent »). Il s’agit donc d’écarter le regret du passé ou l’appréhension du futur pour ne s’intéresser qu’au plaisir immédiat.

Il y a ensuite la Morale du bonheur, appelée aussi eudémonisme. Cette doctrine fut proposé par Épicure qui distingue deux sortes de plaisirs: les plaisirs du repos (de l'esprit ou du corps) et ceux du mouvement. Il faut préférer les premiers, car seul le repos de l'esprit (l'impassibilité) nous procure le bonheur. Quant aux plaisirs du corps, ils peuvent être naturels et nécessaires (une nourriture frugale); naturels mais non nécessaires (une nourriture recherchée); ni naturels ni nécessaires (les honneurs, le luxe). Le sage doit fuir ces derniers et savourer les premiers, pour jouir d'un bonheur tranquille et solide.

Il évoque rapidement la Morale de l’intérêt (utilitarisme). Cette morale a permis le développement des théories économiques classiques que l’on retrouve chez les penseurs anglais tel Jeremy Bentham qui inventa le terme. S’inspirant des théories économiques de son époque, il fit l'éloge de l'intérêt (ou utility) entendu comme une capacité à procurer du plaisir ou à préserver d'une peine, «plaisir et peine étant ce que chacun sent comme tel, le paysan ainsi que le prince, l'ignorant ainsi que le philosophe».

Il cite ensuite la Morale du sentiment – ou morale de l’affectivité – qui fut inventée par d’autres penseurs anglais comme Adam Smith (Le fait de partager les sentiments d’autrui [ou sympathie] peut entraîner l'approbation ou la désapprobation, qui devient « morale » quand elle est impartiale. Elle nous fait agir « de telle sorte qu'un observateur impartial puisse sympathiser avec nous ».). Le philosophe allemand, Arthur Schopenhauer, fonde la morale sur la pitié, d'où naissent la justice et la charité. C'est également la pitié qui, selon Rousseau, « nous fait, devant un homme, quitter notre être pour prendre le sien ». Quant à Auguste Comte, il accorde à l'altruisme une place éminente au sein de la morale positive qui consiste à « faire, autant que possible, prévaloir les instincts sympathiques sur les impulsions égoïstes et la sociabilité sur la personnalité ».

Pour finir, Bernard-Henri Vély expose la Morale du devoir. Cette doctrine expose la moralité comme une obligation. Les morales du devoir situent la source dans le royaume des Idées (Platon), en Dieu (morales religieuses), ou en nous-mêmes (Kant). Ainsi, pour Platon, la justice est la plus haute vertu, et Socrate, dans l'Euthyphron, explique qu'être juste ce n'est pas agir selon le bon plaisir de Dieu. Au contraire, au Moyen Âge, Duns Scot va jusqu'à soutenir que le meurtre ne serait pas un péché si Dieu l'avait prescrit. Enfin, selon Kant, la morale ne peut être fondée « ni dans le ciel, ni sur la terre ». L'obligation ne peut être tirée de l'expérience, car de « ce qui se fait » je ne peux tirer les règles de « ce que je dois faire »; et elle ne peut être imposée de l'extérieur par quiconque – fût-il Dieu –, car elle ne serait plus alors obligation mais contrainte. La « racine » du devoir ne peut donc se trouver qu'en nous-mêmes, dans ce « pouvoir des principes », universel et a priori : la raison, qui fait de chacun de nous, en tant qu'être raisonnable, à la fois un législateur et un sujet de la loi morale. Être moral, c'est obéir à l'impératif catégorique (« Tu dois »), qui commande à chacun de faire son devoir sans considération de circonstances, dans une entière autonomie…

Episode 32 : « Vous pouvez répétez la question ? »

Une fois son soliloque terminé, BH se retrouve entouré de zombies et de dormeurs. Certains se réveillent dès que le penseur a cessé de parler, comme surpris de l’arrêt du ronron. Seul Julien reste imperturbablement endormi.

– Votre exposé était intéressant, dit Lisbeth tout en s’étirant. Mais vous n’avez pas répondu à ma question.

Des murmures de contestations s’élèvent de l’assemblée. Aucun d’entre eux n’est prêt à relancer les discussions autour de ce sujet dont chaque tentative devenait de plus en plus ennuyeuse. Les récriminations réveillent Julien.

Franklin décide de répondre avec une pointe d’irritation le plus clairement et le plus brièvement possible aux interrogations de Lisbeth, chose dont il n’est pas coutumier.

– Votre question était : La Morale risque-t-elle d’être liberticide ? C’est cela ?

– Euh… Oui, c’est cela, dit-elle quelque peu surprise devant l’exaspération de Franklin.

– Et bien, oui, la Morale peut se mettre en travers de la liberté, surtout lorsqu’elle se base sur des conceptions religieuses fondamentalistes ou des conceptions idéologiques comme par exemple l’Islamisme, le Fascisme ou le Communisme. Et non, elle ne l’est pas lorsque la Morale se construit d’après les bases de toute Démocratie qui peuvent être résumées par les principes fondamentales de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : La Liberté, l’Egalité et La Fraternité. Principes qui peuvent être complétés par un quatrième que je trouve tout aussi essentiel : la Laïcité. Donc « Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité » sont les éléments de la Démocratie qui empêchent la Morale d’être détournée à des fins tyranniques.
« Voilà, je crois avoir répondu à votre question sans ambiguïté.

La promptitude et la clarté de la réponse de Franklin Leiikatau surprend son auditoire. Au contraire du discours de BHV long et ennuyeux, celui de FL, court et intense, les avait tous captivé.

Lisbeth reste interdite devant la réponse précise de Franklin.

– Et bien… Oui, je crois que cette réponse me convient parfaitement.

Pour la première fois, les intellos qui ont pour habitude de la voir pleine d’entrain dans les émissions littéraires et déployer tout son sens critique, observent une Lisbeth peu sûre d’elle et n’exprimant aucune objection.

Les dernières paroles de Lisbeth Laviee signent la fin des discussions sur ce sujet. Au grand soulagement du groupe, Marie tire l’avant-dernier sujet…

Episode 33 : « I will survive… »

– Le sujet que nous allons aborder sera…

La bouche béante de Marie laisse les intellos alerte. Elle semble consternée et regarde son mari avec horreur.

– Tu… Tu ne m’as pas fait ça ?

Julien jette un œil sur le papier et lance un sourire satisfait. Il se lèche les babines, conscient qu’un débat intéressant devrait sortir de ce sujet… même s’il doit être le seul à en parler.

Les autres personnes réunies autour de la table attentent fébrilement.

– Nous allons tirer le dernier sujet, et toi (regardant son mari), tu vas inscrire un autre sujet plus intéressant…

– Hey ! Attends une minute, c’est MON sujet.

– Je m’en f… moque. Tu inscris un autre sujet, s’il te plaît.

– Ecoutez, Marie, intervient Franklin, peu importe le sujet, notre but est de discuter de sujet divers, y compris ceux qui vous paraîtrait moins intellectuel.

– Je vous entends bien, mais…

– Je suis libre de choisir mon sujet. Alors au nom de ta morale, tu fais du liberticidre ?!

Les intellos sont amusés de l’utilisation maladroite des termes qu’ils ont employé lors du dernier sujet. Marie ne sait plus quoi choisir comme sentiment entre la colère, la honte ou la résignation.

– Marie, je vous en prie, relance Franklin.

Elle regarde le penseur avec désarroi en songeant qu’il est en train de faire une terrible erreur. Son regard bienveillant la rassure cependant. Elle tente de trouver un allié, mais tombe sur ce même regard chez Wernard. Résignation. Elle avait fait son choix, fait le point de la situation. Seul son libre-arbitre hésitait encore. Mais elle n’avait jamais autant ressentie la pression collective.

Elle cède donc à la pression sociale et annonce le sujet qu’avait choisi son mari.

– Nous allons débattre sur…

Elle lâche un soupir de résignation.

– … sur le PSG…

Episode 34 : « C’est la troisième mi-temps… »

Les intellectuels de la table se regardent, étonnés. Certains ne semblent pas savoir pas de quoi il s’agit.

– PSG…, songe BHV. Ce ne serait pas le Parti Socialiste Germanique ?

Julien darde un rire franc.

– Et non, Bernard-Henri. Ce n’est pas de la politique, c’est du foot.

– Ah ! s’exclame BH, intrigué. Et que signifie ces initiales ?

Fièrement, Julien répond :

– Il s’agit du Paris Saint-Germain.

BH reste songeur.

– Ne s’agirait-il pas de l’équipe de Paris ?

– Tout à fait ! Vous-vous y connaissez en football, finalement.

BH fait mine de protester.

– Je ne mérite pas tant d’honneur.

– Mais si, mais si, monsieur Vé…ly, c’est ça ? Ouah, je n’ai pas écorché votre nom cette fois-ci. Ça mérite une petite mousse, non ?

Vély et Franklin semblent ne pas comprendre cette expression. Les autres intellos sont surpris par le regain d’énergie de leur hôte. Marie, elle, est outrée par ce langage soudainement roturier.

– Qu’est-ce qui t’arrive, Julien ? Ça va pas, non ? Devant nos invités !

– Oh, ne t’en fais pas, Marie. C’est le foot qui me donne soif. Quand je les vois courir, j’ai l’impression d’être aussi fatigué qu’eux.

Julien rit de sa plaisanterie. Certains des invités rient avec lui. Il se lève pour se diriger vers la cuisine. Mais devant le regard courroucé de sa femme, Julien hésite et finit par décider d’abandonner l’idée d’aller chercher sa bière. En se rasseyant, toujours sous le regard menaçant de sa femme, il décide également de discuter plus sérieusement. C’était déjà un miracle qu’elle lui laisse mener cette discussion sur ce sport en particulier qu’elle exécrait.

– Bien, dit-il, gêné. Vous aurez compris que l’une de mes équipes préférés est le Paris St-Germain. Bien que j’en ai une autre, qui est le Stade Brestois…

Le regard sérieux des intellos lui fait perdre son assurance du début.

– … mais ce n’est pas le sujet. C’est le PSG.

Il les regarde et s’aperçoit qu’aucun ne veut ou n’est capable de mener un débat sur ce sujet précis. Ne trouvant aucune interaction possible, il tente de les faire participer.

– Et vous, vous n’avez pas d’équipe favorite ?…

Episode 35 : « Aux aaaaaaaaarmes ! Aux aaaaaaaaarmes ! »

Ils semblent réfléchir longuement avant que Frédérric ne prenne la parole.

– Ecoutez, je crois être l’un des seuls, voir le seul, à suivre d’un peu plus près les matchs de foot, et notamment les championnats nationaux et internationaux.

Julien semble rassuré d’avoir trouvé un interlocuteur intéressant.

– Mais comme je suis également un peu défenseur du PSG, je vais, si vous le voulez bien, changez de camp afin que nous puissions mener un débat d’idée sur deux équipes.

Julien semble en accord avec cette idée.

– Je vais donc jouer le rôle d’un supporter de l’ennemi de toujours du PSG : l’OM.

Rien qu’à l’évocation de ce nom, Julien se sent empreint d’une montée inconsciente de sa colère intérieure. Vély et Leiikatau semblent totalement perdu.

– Pardonnez-moi, Frédérric, intervient Franklin… Qu’est-ce que l’OM ?

– Et bien, l’OM sont les initiales de l’Olympique de Marseille.

– Ah, Marseille !

– Et pourquoi ces deux équipes sont-elles ennemies ? demande BH. Paris et Marseille sont toutes les deux des belles villes et font partie du même pays !

– Les marseillais détestent les parisiens, répond Julien en serrant les dents.

– Pour répondre plus objectivement à votre question, ces deux équipes sont rivales, car elles sont pratiquement aussi fortes l’une que l’autre. Les deux équipes ont été championnes d’Europe. Et n’oubliez pas que la ville de Marseille est la 2ème ville de France, juste derrière la capitale. Ce qui crée des rivalités séculaires. Et puis, certains supporters, qu’on appelle les hooligans, n’hésitent pas à régler leur compte sur le terrain ou en dehors.

– Les hooligans ne sont pas des vrais supporters ! rétorque Julien.

– C’est vrai, vous avez raison. Ce sont en fait des voyous dont certains viennent de milieux tout à fait convenable, mais souvent excités par l’alcool. Ce sont un peu comme les casseurs lors des manifestations. Ce ne sont pas des vrais militants, mais des gens qui s’immiscent parmi les manifestants pour tout casser et faire du sport de combat avec les CRS.

Pour la première fois depuis le début des débats, les intellos apprennent à leur tour des notions qui leur étaient restées jusqu’ici inconnues. Seule Marie ne trouve pas tout à fait son compte dans cette discussion. Elle se souvient des soirées télés durant lesquelles elle voyait son mari gesticuler pour un oui ou pour un non et insulter même des personnes que lui-même ne connaissait pas personnellement. Il lui est même arrivé de proférer des menaces sur l’arbitre du match. Les hooligans décrient par Bidebège ressemblaient étrangement à son mari regardant ce type de match…

Episode 36 : « Stand up, speak up… »

– « Hooligans » !? C’est un terme anglais, non ? demande BH.

– Tout à fait ! répond Bidebège. Les premiers hooligans viennent d’Angleterre mais également des Pays-Bas. Ils sont apparus aux environs des années 70. Ces pays adulent le football, tout comme la France et l’Italie. Normalement, les Hooligans sont issus des couches sociales défavorisés, souvent exclus du monde du travail auxquels se mêlent quelques extrémistes. Mais comme je vous l’ai dis, quelques uns viennent aussi des classes moyennes. Il serait donc idiot de tout généraliser.

– Moi, je trouve que le football est un sport à la c** (bip sonore).

Julien et Bidebège sont surpris par la réaction de Lisbeth.

– Et bien, oui, vous pouvez me regarder avec vos gros yeux, je trouve que le football est un sport à la (Bip !) et qu’il engendre inutilement la violence à mon goût. Désolé de dire ce que je pense.

Marie, qui partage son avis, tente de montrer discrètement à l’intellectuelle qu’une caméra les filmait. Cela ne fait qu’accroître sa rage.

– Et bien, oui, je le dis devant la caméra. Le football est un sport violent et débile. Je trouve crétin de courir après un ballon et de sauter les uns sur les autres lorsqu’ils mettent la baballe au fond du filet de pêche.

Elle regarde ses interlocuteurs éberlués par tant de propos politiquement incorrects.

– Vous n’avez jamais remarqué que ça ressemblait à un filet de pêche ?

FB a un rire ironique.

– D’un sens, vous avez raison.

– J’aurais plutôt parler de filet de pêche pour les crabes, plaisante Marie.

Les deux femmes de l’assistance s’échangent un regard complice.

– Bien, pour résumé ma pensée : Je trouve scandaleux que ce sport existe encore. Il n’est que violence, alcool et intolérance. Il n’y a qu’à regarder ce qui se dit dans les tribunes des stades… c’est effarant.

– Vous y êtes déjà allez ? demande Julien.

– Oui, une fois avec mon ami de l’époque. L’ambiance semblait joviale au début, puis vers la fin, ils insultaient l’arbitre, puis ils lançaient des canettes de bière et d’autres objets en tout genre. Je n’avais jamais vu autant de déchaînement de haine.

Julien ne semble pas en accord avec ces dires…

Episode 37 : « À mort, l’arbitre !!! »

– Vous êtes tombé sur un mauvais jour. Parce qu’avec ma femme, on est allé voir un match à Brest, et c’était très sympa. Hein, Marie !

– J’avoue que c’était assez convivial, mais je m’étais un peu ennuyé tout de même.

– Pour sûr, il y a eu aucun but de marqué. C’était le match le plus nul que j’avais jamais vu.

– Et encore, vous n’avez pas vu un match du PSG, provoque Frédérric.

Le regard de Julien devient noir.

– Et l’OM, ils ont eu la Coupe de la Ligue, peut-être ?!

– Ah ! Là, j’avoue que vous me posez une colle.

– Normal que vous ne vous en souveniez pas. L’OM l’a jamais eu. Ils ont tout juste réussi à aller en demi-finale.

– Le PSG l’a eu, peut-être ? tente de répondre Bidebège.

– Et bien, oui ! 2 fois, en 95 et en 98.

FB est ennuyé de l’avantage qu’a pris son adversaire. Il en sait plus que lui sur ce sujet.

– Et vos entraîneurs qui changent tous les ans, c’est pas un aveu de faiblesse, peut-être ?

– Et vot’ Barthez qui a été expulsé après avoir craché sur un arbitre, c’est pas honteux de l’avoir gardé ?!

– Oh là, du calme. Je vous rappelle que sa sanction de 3 mois concerne également les matchs de l’équipe de France. Ça dépasse donc Marseille.

– Mais si, ça concerne Marseille. C’est à cause de lui qu’il y a un goal en moins dans l’équipe de France.

FB est obligé de reconnaître le bien fondé de son argument. Ce qui n’empêche pas julien d’enfoncer le clou.

– Quand on voit le gardien de but cracher sur un arbitre, on comprend pourquoi les supporters marseillais sont si excités dans les tribunes !

– Ah, là, vous ne pouvez pas dire que les marseillais sont les seuls dans ce cas ! Les supporters du PSG sont aussi excités que ceux de l’OM. C’est d’ailleurs pour cela que les vigiles sont sur les dents lorsqu’il y a une rencontre OM-PSG.

– Mais au moins, au PSG, ils ont fait du ménage chez leur supporters. Ils sont mieux fouillés à l’entrée du stade que les glandeurs du vieux port.

– Attention, Julien, vous insultez une ville entière. Et la 2ème plus grande ville de France en plus, qui peut être également considéré comme la seconde plus belle ville du monde après Paris.

– Je m’en fous !

– JULIEN !! s’emporte Marie. Tu arrêtes ça tout de suite !!

Julien se calme. Sa respiration est ample et son regard se braque sur Frédérric, comme un taureau fixant le matador agitant son drapeau rouge…

Episode 38 : « On est les champions, on est les champions ! On est, on est, on est les champions !… »

– C’est bien ce que je disais, dit Lisbeth. Le foot engendre la violence.

FB s’inquiète du regard comminatoire de Julien qui ressemble de plus en plus à un pitbull qui aurait fondu sur un caniche si son maître ne le retenait pas, Marie représentant ce maître retenant le fauve.

– Bien, je pense que nous avons fait le tour de la question et qu’il est grand temps de passer à autre chose.

Elle pioche dans le chapeau le dernier sujet. Pendant ce temps là, Julien semble entonner à voix basse un chant guerrier.

– Nous allons donc découvrir quel est le sujet de monsieur Wernard Berber, dit-elle en le regardant avec un léger sourire qui lui est rendu par l’intéressé.

Le chant de Julien devient de plus en plus perceptible car il élève lentement la voix. Il s’agit d’un cri de supporter. Faisant mine de ne rien entendre, Marie déplie le sujet.

– Le sujet que nous allons aborder…, énonce-t-elle en élevant la voix.

– PSG, PSG, PSGGGGG !

Elle lâche un soupir, puis essaye de reprendre.

– Le sujet que NOUS ALLONS ABORDER…

– PSG, PSG, PSGGGGG ! PSG, PSG, PSGGGGGGGG !

En réponse, Frédérric essaye de se rappeler le chant des supporters de l’OM. Marie dépose les armes et attend que ça passe, Lisbeth se bouche les oreilles, BH, Franklin et Wernard paraissent amusé de la situation.

– PSG, PSG, PSGGGGG ! PSG, PSG, PSGGGGGGGG !

– TU NE PEUX PAS CHANGER DE DISQUE !!! tonne Marie.

Frédérric vient de se rappeler du chant marseillais.

– AUX AAAARMES ! AUX AAAAARMES ! AUX AAAAAAAARMES, LES MARSEILLAIS !

Marie n’en revient pas.

– AH, NON ! VOUS N’ALLEZ PAS VOUS Y METTRE, VOUS AUSSI ?

Les deux principaux interlocuteurs de ce sujet entonnent les chants des supporters dans une cacophonie rarement observé.

– PSG, PSG, PSGGGGG ! PSG, PSG, PSGGGGGGGG !

– AUX AAAAARMES ! AUX AAAAARMES ! AUX AAAAAAAARMES, LES MARSEILLAIS !

Les autres intervenants se bouchent les oreilles en attendant que l’ouragan humain passe son chemin…

Episode 39 : « Et 1, et 2, et 3-0… Et 1, plus 1, égaaa-leee 3 ! »

Bientôt, les deux futurs staracadémissiens chantonnent d’autres mélodies tout aussi riches de sens.

– C’EST À PARIS, QU’ON GUEU-LE, QU’ON GUEU-LEUH ! C’EST À PARIS, QU’ON GUEULE LES PLUS FORTS !

Frédérric monte d’un ton.

– C’EST À MARSEILLE, QU’ON GUEU-LE, QU’ON GUEU-LEUH ! C’EST À MARSELLE, QU’ON GUEULE LES PLUS FORTS !

Julien fait de même et ainsi de suite. Durant 5 bonne minutes, les autres personnes autour de la table restent, mais au bout de la dixième minutes, ils passent dans la cuisine. Marie pense qu’ils devraient attendre leur extinction de voix à tous les deux.

Marie et les autres intellos attendent patiemment que les choses se tassent. Malheureusement, rien ne semble s’améliorer.

– FREDERRIC, VA N*****(Bip sonore !) TA MEEEEREUH, DANS LA CANE, CA-NE, CA-NE-BIEEEEREUH !

Franklin regrette d’avoir insisté pour que ce sujet prenne jour. Marie regarde l’heure et s’aperçoit qu’il est déjà 17 h 45. Au bout de 5 minutes, et voyant qu’aucun des deux ne semblent vouloir arrêter ce jeu stupide, elle entre dans la salle et donne une bonne gifle à son mari, sans toutefois oser faire de même avec Bidebège. Par chance, ce geste fait s’estomper très nettement les cris de son mari et de Frédérric, tout aussi surpris. Ce dernier est choqué par le geste de Marie. « Pourquoi tant de violence ? », pense-t-il.

Voyant le visage de son mari empourpré d’une couleur virant au rouge vif, Marie lui conseille d’aller se rafraîchir le visage dans la salle de bain.

– Ça va te rafraîchir les idées, dit-elle.

Malgré lui, il obéit à sa dulcinée en ayant l’impression de ne pas avoir combattu son ennemi jusqu’au bout. De son propre chef, Frédérric demande la permission à son hôte de faire de même avec l’évier de la cuisine. Marie accepte.

En attendant que les deux protagonistes des chants footballistiques reprennent leurs esprits, Marie propose aux autre intellos une infusion. Tous acceptent, même ceux qui préfèrent le café. Contrairement à ce dernier qui excitait les sens, le thé pouvait les calmer eux aussi qui avaient subi l’assaut de ces chants guerriers.

Analyse de julien et Frédérric au confessionnal :…

Episode 40 : « Zen, soyons zen… »

Les deux hommes sont côte à côte et semblent particulièrement guillerets.

– Et bien, comment dire, commence Julien avant de regarder Bidebège et de rire comme deux copains qui s’amusent d’un événement passé qu’ils trouvent, quelques temps après, complètement ridicule.

Frédérric prend la parole.

– En fait, je crois que nous étions saoul…

– Non, dites pas ça… Chérie, dit-il en regardant la caméra, l’écoute pas.

– Votre femme n’aime pas les alcooliques ? demande sournoisement Bidebège.

– Ah, non ! Elle a l’impression de parler à un gamin de 5 ans.

– C’est vrai…, dit pensivement FB. Quand un homme est bourré, il se comporte comme un enfant de 5 ans. C’est tout à fait juste, ça. Votre femme devrait être philosophe.

Julien semble sceptique.

– Mais si, mais si, je vous assure.

– Bon, en tout cas, conclut Julien, à ce moment-là, on a fait fort… et même très fort.

– Je confirme, ajoute Frédérric en levant le doigt. Je me lève et je confirme… (Il joint le geste à la parole.) Nous avons fait TRES fort.

Retour dans la salle à manger.

Il fallut près d’un quart d’heure pour que Frédérric et Julien reviennent à la table des discussions. Julien et Frédérric acceptent les tisanes que Marie leur offre.

– Ça va vous maintenir dans le calme, dit-elle.

Le calme une fois retrouvé, le dernier sujet peut être tiré.

Marie retrouve le papier qu’elle avait perdu lors de la débâcle en direction de la cuisine, et énonce :

– Nous allons donc découvrir le dernier sujet de monsieur Wernard Berber.

Avant de le lire à haute voix, ses paupières s’ouvrent d’étonnement. Les yeux que Marie pose sur son mari rend ce dernier perplexe.

Images de Julien au confessionnal :

– La dernière fois que j’ai vu ce regard, c’était dans un Hitchcock, pense Julien. Je ne me souviens plus du titre, ce devait être Etau. En tout cas, ce regard est le même que celui de l’étrangleur fou qui ne lâchait pas sa proie tant que sa victime n’était pas morte.

Retour au débat :

– Tu… Tu n’as quand même pas inscrit deux sujets ? demande-t-elle.

Episode 41 : La Psychose de l’œuf

Sans le savoir, Marie vient de sombrer dans la paranoïa. La musique de Psychose vient à l’esprit de Julien.

– Je ne sais pas ce qu’il t’arrive, Marie… Mais non, je n’ai écrit qu’un seul sujet. Je t’assures.

La paranoïa Hitchocockienne de Marie prend fin. Comment aurait-il pu mettre un second papier avec un second sujet dans le chapeau, sachant qu’il n’y avait à présent plus de papier ? C’était ridicule. Elle ne veut pas tomber dans le même piège que l’actrice principale d’un film d’Hitchcock, Soupçons, dans lequel une jeune épouse voit une menace de mort dans chaque geste de son mari. Elle se souvient d’une séquence célèbre où un verre de lait devient un des sommets du suspense Hitchcockien. En y réfléchissant, cette séquence aurait parut ridicule si le réalisateur était un illustre inconnu.

Non, à tout bien réfléchir, cela ne lui ressemble pas. Et pour quelle raison aurait-il fait cela ? Pour l’embêter ? L’humilier ? De toute façon, si son mari avait beaucoup de défaut, ce n’était pas un menteur, ni un manipulateur. Ce genre de chose serait, à la rigueur, le fait d’une femme. Elles seules peuvent imaginer des choses aussi subtiles… Quelle vilaine pensée ! Comment pouvait-elle avoir des pensées aussi sexistes ?

Afin de chasser cette idée, elle remet son nez sur le papier. Les mots inscrits sur le papier ne sont pas et ne peuvent pas être à double sens. Elle lut donc, résignée, ce qu’il y avait d’inscrit sur le papier.

– Nous allons donc parler… de l’Omelette.

Les personnes rassemblées dans la salle à manger regardent Wernard, interloqués. Ce dernier semble satisfait de l’effet de surprise qu’a engendré son sujet. Il est vrai qu’il est rare de voir un écrivain s’intéresser aux recettes de cuisine.

– Vous aimez bien ce qui est à base d’œuf, remarque Bidebège. D’abord la mayonnaise, maintenant l’omelette…

Il lui lance un sourire qu’il lui est naturel.

– Sans oublier votre BD qui parle de femmes qui pondent des œufs, rappelle Lisbeth.

– Et dans votre premier ouvrage, Les insectes, vous parlez principalement des fourmis qui pondent des œufs, je crois ? questionne Franklin…

Episode 42 : Qui est arrivé en premier ?

– Vous avez tout à fait raison, Franklin, répond Wernard. Et pour vous répondre (en regardant Frédérric et Lisbeth) : oui, ce thème de l’œuf revient dans la plupart de mes œuvres.
« L’œuf est pour moi le symbole de l’origine de notre univers. Si vous regardez bien le chiffre « 0 », il a la forme d’un œuf. Or, les chiffres ont une valeur mystique pour les amérindiens qui ont, je le rappelle, inventé le chiffre 0.

– Tout à fait exact, confirme Leiikatau.

– De ce fait, les chiffres que nous utilisons pour calculer peuvent même nous raconter une histoire. Par exemple, ils peuvent nous donner une indication sur l’évolution de notre conscience. Ainsi, le 0 serait le vide, l’œuf originel fermé. Ne parle-t-on pas d’œuf cosmique en évoquant le Big Bang ?

Ses interlocuteurs semblent captivés.

– Et pourquoi l’omelette ? demande Lisbeth.

– Et bien, vous ne le savez peut-être pas, mais si on brouille un œuf pour en faire une omelette, il existe une probabilité infime que l’omelette puisse reprendre la forme de l’œuf dont elle est issue. Bien que faible, cette probabilité existe. Et plus on introduira de désordre dans cette omelette, plus on multipliera les chances de retrouver l’ordre de l’œuf initial.

– Intéressant, commente Frédérric. Mais je ne vois pas le lien avec ce que vous nous racontiez sur la ressemblance de l’œuf et du zéro.

– Non, en fait, je parle de l’Omelette qui révèle un concept un peu différent. Si vous m’avez bien suivi, vous devriez comprendre, à travers cet exemple de l’omelette, que l’ordre n’est qu’une combinaison de désordres.

Ses interlocuteurs semblent perdus. Wernard reprend donc une nouvelle fois ses explications. Expliquer une seconde fois, le lien entre l’omelette et l’ordre et le désordre leur semble plus clair.

– Ainsi, plus notre univers ordonné se répand, plus il entre en désordre. Désordre qui, se répandant lui-même, génère des ordres nouveaux dont rien n’exclut que l’un ne puisse être identique à l’ordre primitif. Droit devant nous, dans l’espace et dans le temps, au bout de notre univers chaotique se trouve, qui sait, le big bang originel.

Après plus de 5 heures de discussions, l’ensemble des personnes entourant Wernard semblent peinés à comprendre ses dires…

Episode 43 : « Qui vole un œuf… »

– Intéressant, s’exclame Bidebège.

– En parlant d’omelette, je me demande bien ce que tu vas leur préparer à manger pour ce soir, demande Julien en regardant sa femme.

Le regard de cette dernière se durcit.

– Comment oses-tu me parler de cela alors que nous venons à peine de commencer les discussions sur le sujet de monsieur Berber, après ce que tu nous a fait avec ton sujet ?

Julien semble se retrouver dans la même posture qu’un garnement qui, quelque temps après avoir été houspillé par ses parents car il avait cassé un vase d’une grande valeur, manque de politesse en leur réclamant avec force un jouet dans un supermarché alors qu’ils discutent avec une connaissance.

Julien prend sur lui et ravale sa colère et son orgueil devant les invités.

– On en reparlera, dit-il.

– Bien, énonce-t-elle, satisfaite. Monsieur Berber, si vous voulez poursuivre…

– En réalité, commence-t-il, je n’ai plus grand chose à dire sur ce sujet…

Marie n’en revient pas. Le ciel lui tombe sur la tête. Quoi ? Cela veut dire que cette scène de ménage était inutile ? Qu’il n’a pas été nullement choqué par l’attitude de son mari ? Et surtout, ça veut dire… qu’elle est en train de passer pour une idiote ? Ou pire, qu’elle passe pour une folle furieuse qui rabroue son mari pour un oui, pour un non ! Elle s’épouvante à l’idée que son mari puisse passer pour la pauvre victime sans défense.

– … En revanche, si certains d’entre vous veulent réagir dessus, ils peuvent le faire.

Marie se trouve rassérénée par les dernières paroles de l’écrivain.

Cependant, aucun intello n’a l’énergie de prendre à nouveau des discussions. Wernard tente donc une dernière manœuvre.

– Peut-être pourrions-nous terminer sur ce sujet en répondant chacun à cette simple question : Aimez-vous l’omelette ? Et que vous évoque ce plat, dans votre enfance ou dans votre vie ? Ou quelles sont vos considérations gustatives en la matière ?

Les intellos semblent réfléchir à la question.

– Pour ma part, j’y est déjà répondu, dit Wernard.

Julien se lance :…

Episode 44 : « Oooomelette… oooomelette… aux lardons et aux champignons… »

– Pour moi, ça évoque la faim. Et je me demande bien ce que nous allons manger ce soir. Voilà, c’est tout.

Marie lâche un soupir d’exaspération.

– Moi, ça me rappelle ma jeunesse, intervient Lisbeth. Mon père, qui était un fort bon cuisinier, préparait de succulentes omelettes. Il y mettait du lard, du jambon, des champignons et d’autres aliments que peu de gens auraient l’idée de faire sans un peu d’imagination.

Rien qu’à l’évocation de ce souvenir, Lisbeth sent l’eau lui venir à la bouche.

– Je me souviens avoir passer au moins une bonne heure à faire ce plat en bonne et du forme.*

Les intellos ainsi que le couple sont surpris et semblent avoir du mal à imaginer Franklin Leiikatau faire la cuisine.

– Pourtant, à ce qu’on m’a dit par la suite, il s’agit d’un des plats les plus faciles à concocter. Ce qui tendrait à prouver que je suis tout le contraire d’un cordon bleu.

Ses interlocuteurs sourient face à l’autodérision de l’intellectuel. Autodérision qui ne manquait pas de charme.

Après mûres réflexions, Frédérric Bidebège prend la parole.

– Je me souviens avoir déguster une succulente omelette sans autre aliment que l’œuf en lui-même dans un grand restaurant parisien…

– Vous prenez des omelettes au restaurant ? s’étonne Marie.

– Oui, ça m’est arrivé une fois. J’aimais bien le côté « provocation ». Et j’avoue que ça m’a beaucoup amusé de voir la tête du serveur lorsqu’il a entendu cette commande qui n’était ni dans le menu, ni sur la carte. J’ai éclaté intérieurement de rire lorsqu’il m’a demandé de répéter une nouvelle fois ma commande, de peur d’avoir mal compris.

Son auditoire semble récréé par l’évocation de cette situation insolite.

– Et vous, Bernard-Henri, interpelle Frédérric. Que vous évoque l’omelette ?

L’intéressé semble sortir d’une méditation.

– Je dois vous avouer que malgré une concentration véhémente, je ne suis pas parvenu à me souvenir à quoi pouvait ressembler une omelette…

Note de l’auteur : *Je lance un appel aux explos : Savez-vous comment écrit-on correctement cette expression ? J’avoue avoir une lacune linguistique cette fois-ci. Merci pour vos réponses.

Episode 45 : Sujet du Bac = Philosophie : Composition : Qu’est-ce que l’omelette ?

Des rires fusent dans l’assemblée. Ils sont cependant surpris par l’humour décapant de ce grand philosophe.

– Non, mais, sérieusement, reprend Frédérric, vous avez déjà mangé une omelette ? Du moins, goûté ?

– Comment voulez-vous que je le sache, alors que je ne sais même pas ce que c’est !

Il semble sérieux. Les sourires de l’assistance se figent. Puis, c’est l’inquiétude.

– Vous voulez dire que vous ne savez pas ce qu’est une omelette ?

– Et bien, non. C’est ce que je me tue à vous dire. D’après ce que j’ai compris en vous écoutant, il est fait à base d’œuf. Sinon, je n’avais jamais eu vent de ce plat.

Consternation. Certains intellos semblent sceptiques. Ne joueraient-ils pas un jeu depuis le début de l’émission ? Quoiqu’il en soit, la suspicion prend fin avec l’avis de Marie.

– À quoi peut bien me faire penser le mot « omelette » ? Je me souviens ne pas en avoir suffisamment fait à la maison. A part cela ? L’idée de mettre des champignons et du jambon semblent bonne, dit-elle en regardant Lisbeth. Et sinon…

Elle regarde son mari avec discrétion et agacement.

– Sinon, voudrez-vous de l’omelette aux lardons, jambon et champignons pour ce soir ?

La plupart semblent d’accord.

– Bien, clame-t-elle. Monsieur Berber, voulez-vous rajouter quelque chose ?

Ce dernier répond à la négative.

– Très bien. Je déclare les débats à sujets imposés définitivement clos.

Les intellos semblent satisfaits du devoir accompli.

Episode 46 : Inculture - Intellos = 1 - 0

Marie et les Intellos préparent discrètement la journée du lendemain dans la cuisine. Ils expliquent à Marie ce qu’ils ont décidé de faire pour leur deuxième journée.

Pendant ce temps-là, Julien s’assoie sur son canapé. Les discussions avec les intellos semblent l’avoir épuisé.


Réaction de Julien au confessionnal :

Il lâche un soupir d’épuisement.

– Ça fait du bien quand ça s’arrête.

Avant d’aller plus loin, faisons maintenant le bilan de ce débat.

Julien et Marie, sur leur canapé :

– Alors, Juju, tu as apprécié les débats ?

Ce dernier réfléchit un moment avant de répondre :

– Il y a eu des moments plus intéressants que d’autres. Mais dans l’ensemble… ça va.

Le visage de Marie reflète une satisfaction moyenne.

Marie ne semble pas convaincue. La réaction de Julien au confessionnal est un peu plus mitigée.

Julien au confessionnal :

– Ouais, ben… Comme je l’ai dit, il y a eu des choses intéressantes et d’autres moins…

Il finit par tomber le masque.

– En fait…, je me suis beaucoup emmerdé, dit-il en baissant la tête.

Le résultat de la première journée a donc été peu fructueuse.

Retour de Julien sur le canapé, devant la télévision.

Histoire de décompressé, Julien fait une télé-thérapie.

Bidebège s’assoie à côté de lui.

Frédérric décide de lui tenir compagnie…

Episode 47 : « Je m’voyais déjà… »

Frédérric émet un soupir de soulagement.

– Les débats ont été âpres. Vous ne trouvez pas ?

Son interlocuteur se tourne vers lui, perplexe.

– Âpre ?

Après quelques secondes d’hésitations, il comprend qu’il ne connaît pas ce mot.

– Enfin, je voulais dire : Vous ne trouvez pas que les discussions ont été (il cherche le mot adéquate)… dures ?

– Ah. Oui. J’aurais plutôt dit : épuisant.

Frédérric fait un signe positif de la tête. Il regarde le programme que suit Julien. Il décoche un sourire amusé en reconnaissant l’émission, ainsi que l’animateur.

– Vous regardez « Qui veut devenir millionnaire » ?

– Oui.

– C’est vrai qu’il n’est pas mal ce jeu.

– Vous êtes une célébrité ?

D’abord surpris par la question, l’érudit fait ensuite mine de se recoiffer avant de retrouver un regain de fierté.

– Oui, en effet, répond-il avec la distinction des nobles.

– Vous avez donc déjà participez à ce jeu pour une association, alors ?!

L’élan d’orgueil de Frédérric trébuche dans son envol. Il est vrai que la participation à ce jeu ne fait pas partie de son CV. C’est donc avec une humilité soudainement retrouvée qu’il répond :

– Malheureusement, non.

– Ah.

Quelques secondes plus tard, Frédérric se pose des questions sur les critères de qualité de Julien concernant une célébrité. Pour lui, la quintessence de la célébrité est donc de participer à ce jeu stupide qui prétend apporter de la culture à la populace ? C’est comme cela qu’il pense cultiver son jardin ? Quelle dérision !

Il se donne quelques minutes pour retrouver la sérénité intérieure et regarder attentivement ce jeu. Le participant vient de gagner 12000 € et découvre la question à 24000…

Episode 48 : « Bizarre ! Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre… »

– « Quel événement a marqué l'année 1939 ? : La Seconde Guerre Mondiale, réponse A ; La mort de Sigmund Freud, réponse B ; Le plus gros cigare du monde fumé par Winston Churchill, réponse C ; ou Hitler en vacances en Pologne, réponse D. »

L’animateur se retient de rire.

– Elle est bizarre cette question, remarque Bidebège.

– Normalement, ce genre de question humoristique est au début du jeu. Or, Là, ce n’est pas le cas. En plus, c’est facile. La réponse est la Seconde Guerre Mondiale.

– Quoique, hésite FB. La mort de Freud est un événement important tout de même.

– Vous pouvez me rappeler qui c’est, Freud ?

Après un court moment d’exaspération, son interlocuteur lui répond.

– Il s’agit du père fondateur de la psychanalyse.

– C’est pour ça je ne m’en souviens jamais. Je déteste les psys comme Gérard Mellir dans l’émission de Roquet.

– Je suis désolé de vous contredire, mais Mellir est loin d’être celui qui représente le mieux les psychiatres. Pour moi, ce n’est qu’un usurpateur et un fieffé arriviste.

Le candidat vient de gagner les 24000 €.

– Et m**** ! (Bip !) On a pas vu la réponse.

– Je crois qu’il a répondu « la seconde guerre mondiale ».

– Ah ! Vous voyez que j’avais raison.

– Je vous taquinais, Julien.

– Ouais, ouais, c’est ce qu’on dit toujours. Chut ! Taisons-vous, voici la question à 48000.

– « Dans le film L’enquête corsé, quel est le nom du personnage qu’interprète Christian Clavecin ? : Jack Palmier, réponse A ; Jack Palmer, réponse B ; Jack Houille, réponse C ; ou Jack Huze, réponse D. »

Le candidat semble extrêmement concentré.

Episode 49 : « C’est votre dernier mot ?… »

– J’hésite entre la A et la B, dit Julien.

– Si vous le dites.

– Vous ne l’avez pas vu ce film ?

– Non. Je rate quelque chose ?

– Ah, ouais ! C’est super marrant.

– Ce n’est pas « bébête » ?

– Ah, non ! C’est recherché. D’après ce que j’ai compris, c’est bourré de référence avec l’actualité.

Frédérric semble conquis.

– Ça doit être intéressant, alors… Mais pourquoi est-ce qu’il n’utilise pas un joker ? se demande-t-il en regardant l’écran.

– « C’est dommage que je n’ai plus de joker. »

– Tiens ! Vous voyez ? Il vient de vous répondre.

Frédérric est amusé. Il lui est déjà arrivé qu’au cours d’une discussion ou d’une pensée profonde, la télévision semblait s’adresser directement à lui-même.

– « Alors, que faites-vous, Lucien ? »

Le candidat se ronge les ongles.

– « Je… je crois que je vais prendre un risque.

– Vous pouvez vous arrêter et repartir avec 24000 euros. »

Réflexion du candidat.

– « Non, non, je vais jouer.

– Vous êtes un joueur, Lucien, ironise l’animateur en lui lançant un sourire d’une blancheur artificielle.

– Non seulement cela, mais je crois connaître la réponse.

– Allez-y, donc.

– J’hésite entre « Jack Palmier » et « Jack Palmer », mais étant donné que le personnage avait un nom à consonance américaine, je crois qu’il s’agit de la réponse B, Jack Palmer.

– C’est votre dernier mot ? »…

Episode 50 : « … C’est mon dernier mot, Jean-Paul. »

Le candidat valide la réponse. Cette dernière est mise en surbrillance. L’animateur rappelle la question en faisant comprendre au candidat que la question est simple, mais qu’il s’est trompé. Le suspense est à son comble, la tension est à son paroxysme. Lorsque soudain…

– Quelle cinoche, lâche Frédérric.

– Chut, taisez-vous !

– « Vous m’avez dit : « Jack Palmer » ?!… Et bien… c’est la bonne réponse ! »

Le candidat exulte de joie tandis que le générique de l’émission accompagne la salve d’applaudissement du public, tressaillant d’envie d’être à sa place.

– « Bravo, Lucien, vous venez de remporter 48000 €. Vous êtes enfin arrivé au second pallier.

– Ouais ! Je vais pouvoir acheter plein d’actions TN1. »

L’animateur rie doucement tout en faisant signe au candidat de se taire, comme si un contrat secret était établi entre eux. Le candidat avait oublié qu’il ne devait pas divulguer l’une des clauses du contrat de l’émission qui stipulait que l’argent récolté sera immédiatement converti en action de la chaîne de télévision. Ainsi, chaque gain de candidat participait à la montée de l’action de la chaîne.

Heureusement, la manœuvre de l’animateur Jean-Paul De Laroche n’a pas été visible aux yeux de Julien et de Frédérric.

L’animateur tente de relancer la bonne continuation du jeu.

– « Je vois que vous êtes plein d’enthousiasme, Lucien. Découvrons ensemble la question… à 72000 €. »

La musique solennelle du jeu replonge les téléspectateurs et le candidat dans la concentration.

– « D’après le célèbre livre de Wernard Berber, Les insectes, par quel moyen les fourmis communiquent-elles ? : Par la bouche, réponse A ; Par le nez, réponse B ; Par le thorax, réponse C ; Par leurs antennes, réponse D. »

– Tiens, s’étonne Frédérric. On parle de Wernard.

– Ah, s’exclame Julien. Wernard est donc une célébrité.

La remarque de Julien agace Frédérric…

Note de l’auteur : Pardon pour ces trois jours d’absence, j’étais très occupé. Pour la peine, voici les trois épisodes pour le prix d’un.

@Figg : Je n’ai pas édité cette fois-ci, car je voulais que les explos sachent que de nouveaux épisodes venaient d’arriver.

edit miaou: waip tinquiete c'est logique en fait^^

Episode 51 : Le suspense est à son comble


– C’est incroyable, cela ! Maintenant, on a l’impression que les gens ne pensent plus qu’à être star. C’est cette téléréalité à la c… noix, se reprend-il en s’apercevant de la présence d’une caméra. À cause de ce genre d’émission, les gens courent après la célébrité sans avoir une quelconque compétence artistique. Et je ne parle pas de ceux qui n’ont pas de diplômes et qui voient en ces émissions l’unique exutoire de leur probable échec.

Julien est amusé par sa réaction colérique.

– Vous me rappelez ma femme lorsqu’elle pique ses crises de jalousie, ironise-t-il.

Frédérric lâche un grognement semblable à un chien à qui on refuse de donner ses croquettes.

Pendant qu’ils se chamaillent, le candidat a validé la réponse B.

– Il va perdre. Bien fait pour lui, lance Frédérric.

– « Pourquoi pensez-vous au nez ? demande l’animateur.

– En fait, je n’ai pas lu le livre, mais je me souviens que les fourmis communiquent non pas par le son, mais par leurs odeurs. Ils ont une communication olfactive. De ce fait, je pense que sans leur nez, ils ne pourraient pas communiquer. À moins, bien sûr, que l’auteur n’ait pas respecté cette réalité.

– C’est une réflexion intéressante, dit-il ironiquement

– Merci, Jean-Paul. »

L’animateur se tut durant une dizaine de secondes, regardant la question comme pour se laisser aller à la réflexion, avant de relancer le suspense.

– « La question était : D’après le célèbre livre de Wernard Berber, Les insectes, par quel MOYEN (il insiste sur ce point) les FOURMIS CO-MMU-NI-QUENT-t-elles ?

– Par le nez, insiste le candidat. »

L’animateur reste muet durant dix autres secondes en le regardant, l’air consterné, puis regarde une nouvelle fois la question.

– « Les fourmis… ne communiquent pas par le thorax. »

Soulagement du candidat.

– « Elles ne communiquent pas… par la bouche. »

Tension en légère hausse, accompagnée d’un soupçon de suspense.

– « En revanche, les fourmis communiquent… »

Dix secondes d’air en suspension…

Episode 52 : « Et alors ? ET ALORS ?… »

– … « par leurs antennes. »

La voix de l’animateur marque la déception. Dans le public, certains lâchent un soupir de mécontentement, alors que d’autres, sûrement entraînés par le chauffeur de salle, montrent leur désarroi en lâchant de petits cris de rage.

– « Quelle do-mmaaage ! lance l’animateur. Les fourmis communiquent entre elles par des connections d’antennes à antennes, dit-il comme s’il s’agissait d’une évidence. En revanche, vous avez raison, leur communication est olfactive, mais ces odeurs sont captées par leurs antennes et non par leur nez. »

Le candidat déçu fait un signe de tête positif.

– « Et concernant la bouche, lorsque les fourmis collent leur bouche à celle de l’autre et qu’on a l’impression qu’elle s’embrasse, elles font ce qu’on appelle de la « trophallaxie ». C’est à dire qu’elles font un don de nourriture entre elles. »

Une fois son explication terminée, il regarde le candidat qui reste dans son silence.

– « Vous n’êtes pas trop déçu, Lucien ?

– Non, ça va. C’est une belle somme.

– Et bien, félicitations, Lucien. Vous repartez avec 48000 €. »

Tous deux se lèvent. Jean-Paul salue le candidat avant de se positionner au milieu du plateau.

– « Nous allons maintenant passer à la question de rapidité.

Bruitage de l’émission.

– « Avant de lancer la question, nous allons voir qui sont les candidats qui vont peut-être me rejoindre sur ce fauteuil à l’issue de cette question de rapidité. »

– D’après mes souvenirs, dit Frédérric, ces questions sont toujours simples.

– Peut-être. Mais il faut être rapide. Et comme ils ont une télécommande, ils peuvent facilement s’emmêler les pinceaux.

– Certes.

L’animateur finit son tour de table et délivre la question.

– « Classez chronologiquement l’accession à la présidence de la république de ces hommes politiques sous la 5ème République, de la date la plus ancienne à la plus récente… »

Episode 53 : Top !

– « … A, François Mitterrand ; B, Charles De Gaulle ; C, Jacques Chirac ; D, Georges Pompidou. »

Dix secondes d’attente durant lesquelles les candidats appuient sur leur télécommande. Un bruitage ressemblant vaguement à un gong retentit, signalant la fin de la question de rapidité.

– « Découvrons maintenant les réponses dans l’ordre chronologique… Le premier Président de la République de la 5ème République est naturellement celui qui l’a engendré, Charles De Gaulle, suivit de Georges Pompidou, puis de François Mitterrand dans les années 80 et enfin le dernier président en date, Jacques Chirac.

Un tableau contenant les noms des candidats s’affichent.

– « Nous allons savoir qui a répondu le plus rapidement. »

Le temps de réponses des candidats s’affichent. Les noms de ceux qui ont bien répondu sont mis en surbrillance vert. Un seul d’entre eux clignote, il s’agit du gagnant.

– « C’est donc JOCELYNE qui va venir me rejoindre. »

Cette dernière exprime sa joie en levant le bras droit et en le faisant redescendre comme elle le ferait à bord d’une locomotive afin de faire siffler un vieux train, tout en lançant un « Yes ! » peu perceptible.

– Comme je le disais tout à l’heure, il s’agit d’une question simple.

– Vous l’avez trouvé simple ? s’étonne Julien.

Frédérric le regarde avec étonnement.

– Vous n’allez quand même pas me dire que vous n’aurez pas réussi à mettre ces présidents dans l’ordre chronologique de leur accession ?

– Ben, figurez-vous que s’il n’y avait pas Jacques Chirac dans les noms et qu’il y avait à la place, Giscard… Je crois que j’aurais hésité entre lui et Pompidou.

Bidebège pose son front sur sa main droite, comme désolé par ce manque de culture politique. « Il ne connaît même pas les bases », se dit-il. Puis, voulant éviter que Julien ne juge mal son comportement ou que les téléspectateurs le jugent de même, il se résout à lui trouver une excuse.

– C’est normal, vous n’étiez pas né à l’époque…

Posté : mar. oct. 11, 2005 6:30 pm
par Schopen
Episode 54 : Drôle de questions

– Vous non plus, vous n’étiez pas né !

– Si. D’une part, je suis né sous De Gaulle. Et d’autre part, j’ai fait Sciences Po.

– Science Po ?

– Science Politiques.

– Ah, voilà pourquoi vous connaissiez la réponse.

Il veut lui répondre qu’il n’avait pas besoin de faire Sciences Po pour répondre à cette question qui était basique, mais il regarde la caméra et pense que cette remarque aurait été mal interprétée.

– Regardez plutôt la première question, conseille-t-il.

– « Quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV ? : Bleu ; Blanc ; Rouge ; Jaune. »

Après un temps de réflexion extrêmement court :

– « Réponse B : Blanc.

– Bonne réponse. »

– Si j’ai bien compris, il n’y a pas de suspense dans les premières questions, demande FB.

– Ben, non, puisque ce sont des questions faciles.

– D’accord, d’accord.

« On ne sait jamais, pense Frrédérric, comme la télévision a l’habitude d’abêtir les gens, on aurait pu penser qu’ils feraient du suspense pour des questions aussi simples. »

– « Question à 300 € : Chez le dentiste, on peut se faire une dent en : Bern ; Rapp ; Pivot ; Poivre d’Arvor. »

L’animateur, ainsi que les spectateurs, gloussent de rire.

– « Je pense que la réponse est Pivot.

– C’est une bonne réponse. »

Applaudissement.

– « Passons maintenant à la troisième question pour 500 €… En 1830, le roi des français se nommait : A : Claude François. ; B : C. Jérôme ; C : Louis-Philippe ; D : Pierpoljak. »

Jean-Paul De Laroche étouffe un petit rire.

– Les rédacteurs des questions ont beaucoup d’imagination, remarque Frédérric…

Episode 55 : Le retour des sans-culottes

– « Réponse C : Louis-Philippe.

– C’est la bonne réponse. »

Applaudissement.

– C’est fatiguant ces applaudissements répétés, se plaint Bidebège.

Julien lâche un soupir d’impatience qui signifiait : « C’est vous qui me fatiguez. ».

– « Il ne reste plus que deux questions avant d’arriver au premier pallier. Voici la question à 800 €… Dans la chanson, qui dit au bon roi Dagobert qu’il a mis sa culotte à l’envers ? : Réponse A, Mallaury Nataf ; Réponse B…

Il éprouve des difficultés à poursuivre, tant ses zygomatiques le chatouillent. Il arrive cependant à reprendre rapidement contenance.

– « Vous n’avez pas honte, messieurs les rédacteurs, gronde l’animateur avec humour. »

– C’est vrai qu’ils se sont lâchés cette fois-ci, reconnaît Julien.

– « Donc, Mallaury Nataf ; Réponse B, son cheval ; Réponse C, Saint Eloi ; Et réponse D, Karl Lagarfeld. »

Il eut du mal à finir la dernière réponse.

Après quelques secondes de déconcentration, la candidate répond.

– « Réponse C : Saint Eloi.

– Bien sûr, c’est la bonne réponse. »

Applaudissement.

Frédérric lâche à son tour un soupir d’impatience.

– « Nous arrivons au premier pallier. Si vous répondez convenablement à cette question, vous serez sûr de remporter au minimum, 1500 €. »

La question apparaît à l’écran…

Episode 56 : Orgasme ludique

– « Parmi ces quatre chansons, laquelle a été interprétée par Marie Laforêt* : Oui !, réponse A ; Viens !, réponse B ; Oh, oui, oui !, réponse C ; Viens, viens !, réponse D. »

La candidate se concentre.

– Vous ne remarquez rien de particulier, Julien, demande Frédérric.

– Et bien… Il y a un piège, je crois. J’hésite entre la B et la D.

– Je ne vous parle pas de ça.

De Laroche découvre quelque chose dans la question et lâche malgré lui un rire qu’il parvient à étouffer par la suite.

– Y a un truc qui va pas ? demande Julien.

– Regardez attentivement les réponses.

Au bout de quelques secondes, il comprend ce que voulait dire Frédérric. Seule la candidate semble n’avoir rien remarqué, car elle reste sérieuse.

– « Écoutez, je crois qu’il y a un piège. Je pense que je vais faire appel au public. »

La salle ne peut s’empêcher de rire aux éclats. L’animateur tente de se contenir.

– « Vous êtes sûre de vous ? Pffff… »

Il ne peut s’empêcher de s’esclaffer.

La candidate ne comprend pas ce qui lui arrive. Qu’y a-t-il de si amusant dans cette question ? Elle, qui est si stressée. « Ça se voit bien qu’ils ne sont pas à ma place. », pense-t-elle.

Elle regarde à nouveau la question, ainsi que les réponses proposées. Elle fredonne intérieurement la chanson. Après quelques hésitations, elle décide finalement de choisir la réponse B.

– « C’est votre dernier mot ? demande l’animateur après s’être essuyé les yeux remplis de larmes de bonheur.

– Oui, Jean-Paul, c’est mon dernier mot. »

La réponse est validé par un fond orangé. Certaines personnes du public éprouvent quelque difficultés à retrouver leur sérieux, ce qui a comme conséquence de déconcentrer l’animateur lui-même en difficulté.

– « Parmi ces chansons, laquelle a été interprétée par Marie Laforêt ? Vous aviez le choix entre : Oui !…

Il se mord les lèvres…

Note de l’auteur : *Je ne suis pas sûr du vrai titre de la chanson de Marie Laforêt. Si quelqu’un connaît bien son répertoire, qu’il n’hésite pas à me corriger.

Episode 57 : Temps de cerveaux disponibles

– « … Viens ! ; Oh, oui, oui !… »

Nouveau fou rire étouffé de l’animateur. Au même moment, la candidate – détendue par la validation de sa réponse – comprend l’intrigue insolite et se mord les lèvres à son tour.

– Ça ressemble un peu à un sketch. Vous ne trouvez pas, Julien ?.

– Je crois avoir déjà vu ça chez Roquet ou dans une autre émission humoristique.

L’animateur reprend contenance.

– « Et pour finir : Viens, viens ! »

Quelques secondes supplémentaire pour retrouvée une certaine sérénité.

– « Vous avez répondu : Viens !… Nous allons savoir s’il s’agit de la bonne réponse… »

JPDL ménage son effet pour finalement dire :

– « … après une courte pause. »

Déception du public et du candidat.

– Ah, le saligaud, s’écrie Julien.

– Et oui, il faut bien rendre le cerveau disponible aux téléspectateurs.

Discussion coupée au montage

– Quoi ? C’est quoi ce charabia ?

– Comment ? Vous n’avez pas entendu parler du « temps de cerveaux disponibles » ?

– Non. Qu’est-ce que c’est que ça ?

« Toute une rééducation à faire. », pense Frédérric.

– Et bien, vous connaissez Patrick Lylae ?

Julien réfléchit un moment.

– C’est le patron de TN1. C’est ça ?

– Oui, c’est ça. Et bien, dans un livre qu’il a publié, il explique le rôle que joue sa chaîne dans l’économie. C’est ainsi qu’il explique qu’il créait des programmes afin « d’offrir du temps de cerveaux disponibles pour que les téléspectateurs achètent, par exemple, des bouteilles d’American Cola ». Ainsi, il expliquait clairement que la pub était l’unique moteur de sa chaîne et que les programmes passaient au second plan.

– Ah bon !? Il a dit ça, le patron de TN1 !?

Frédérric fait un signe affirmatif. Il semble satisfait car il pense être sur le point de dégoûter Julien de cette chaîne. Ce dernier fait une moue dubitative…

Episode 58 : Mr. pub
– C’est complètement idiot ce qu’il a dit.

– Et pourquoi cela ?

– Et bien, lorsque je regarde les pubs, je n’ai pas envie de cola.

Frédérric fait un mouvement de tête négatif.

– L’exemple d’American Cola est une image.

– Peut-être, oui. Mais,…

Fin du coupage

– Je me souviens que dans un Columbo, ils parlaient des images subibanales qu’ils mettaient dans les pubs. Vous savez, ces messages que les gens ne voient pas pendant qu’ils regardent un film…

– Oui, oui, je vois. Vous voulez parler des images su-bli-mi-nales.

– Ouais, c’est ça. Et bien, moi, je crois que ça marche pas ces co******. (Bip !) Je crois qu’ils se cassent le c** (Bip !) pour rien en croyant en vendre plus de leurs camelotes.

– Pourtant, il y a des études qui ont démontré le contraire.

– Ah, c’est vrai que vous avez travaillé là-dedans. Vous l’avez expliqué toute à l’heure… Tiens, par exemple. (Il montre l’écran de télévison.) Lorsque je vois la pub pour (Bip !), je ne ressens pas le besoin d’acheter dix paires de collants à ma femme.

Frédérric décoche un sourire.

– Alors, comme cela, vous regardez comme programme principale : les réclames !

Bernard-Henri vient rejoindre nos amis.

Il s’assoie sur un fauteuil.

– Nous discutions des méfaits de la publicité, informe Bidebège.

BH décoche un rire sardonique.

– Et c’est vous qui me dites cela.

Frédérric a l’impression d’avoir, par le passé, collaboré avec des nazis.

– Et alors ? C’est justement parce qu’on est sorti d’un système que vous avez le devoir de dénoncer certaines pratiques scandaleuses.

– Oui, vous avez raison, dit BHV, d’un ton sarcastique.

Frédérric parvient à calmer ses mauvaises ondes qui lui parcourent l’échine, empêchant ainsi d’éclater sa fureur.

L’émission reprend son cours…

Episode 59 : « Le mépris »

– « Bienvenue à " Qui veut devenir millionnaire ? ". Je suis en compagnie de Jocelyne qui nous vient du Poitou. Avec Jocelyne, nous avons gravit les échelons et sommes arrivés à la question à 1500 € qui, si Jocelyne a convenablement répondu à la question, lui permettra d’atteindre le premier palier.

– Espérons. »

L’animateur sort son sourire-télé qui devait lui servir de lampe torche la nuit.

– « Vous êtes arrivé à la question suivante : Parmi ces quatre chansons, laquelle a été interprétée par Marie Laforêt : Oui !, réponse A ; Viens !, réponse B ; Oh, oui, oui !, réponse C ; Viens, viens !, réponse D. »

Il sort malgré lui, un dernier sourire, vestige de son fou rire apparut quelques minutes auparavant.

– « Et vous avez répondu, après mûres réflexion, la réponse B : Viens ! »

– Tout à fait Jean-Paul. »

Silence durant dix secondes.

– « Vous voulez bien me fredonner l’air ? demande l’animateur.

– Oui… Ça donne… " Viens, viens, c’est une prièèèreuh. (JP joue au chef d’orchestre et balance son doigt afin de battre la mesure.) Viens, viens… " Après, je ne me souviens plus.

– C’est déjà pas mal, dit-il tout en décochant un sourire sardonique. »

– C’est une honte ça ! s’insurge Frédérric. Il se moque carrément de la candidate.

– C’est faux ! C’est un vrai gentil, Jean-Paul De Laroche.

– Pffff ! Vous vous arrêtez aux apparences.

– Vous voyez ! Vous critiquez Jean-Paul parce que soi-disant il se moque des gens, et vous, vous faites la même chose.

– Mais je ne moque pas de vous !

– Vous vous êtes pas vu, quand vous avez fait votre « Pfffff ! » ? Vous aviez un air si méprisant.

Surpris qu’on puisse défendre quelqu’un dont on ne connaît son existence que par le biais d’un poste de télévision, Frédérric cherche un allié en la personne de BHV. Ce dernier regarde l’émission et ne semble pas souhaiter se mêler à leur histoire…

Episode 60 : Mea Culpa 2

Seul face à Julien, Frédérric se sent soudainement coupable.

– Et bien, pardonnez-moi si je me suis montré méprisant à votre égard. Ce n’était pas mon intention.

– Je vous pardonne si vous vous excusez face à Jean-Paul.

– Quand je viendrais dans son émission ?

– Non, devant le poste.

– Quoi ?

L’image vient de lui apparaître dans son esprit. Lui, en train de s’excuser auprès de Jean-Paul De Laroche devant le poste de télévision. Et devant la caméra des « intellos » en plus. Sa réputation en prendrait un sérieux coup.

Pendant ce temps là, Jocelyne remporte ses 1500 €.

– Alors, monsieur Bidebège ? relance Julien.

– Hors de question que je m’abaisse à de tel bizutage. Mes excuses à votre encontre doivent vous suffire largement.

– Vous prenez encore un ton méprisant.

Une pelote de nerfs lui parcourt une nouvelle fois l’échine, ses idées se bousculent, sa respiration devient ample et son poing se resserre.

– Julien, Frédérric, vous pourrez vous taire un instant !? Jocelyne se trouve confrontée à une question fort intéressante.

Bernard-Henri vient de sauver Frédérric. Ce dernier, ayant retrouvé son calme, lui fait un signe de remerciement.

La candidate se concentre sur la question à 3000 € :

« En 1970, Alain Ledon est à l’affiche du film de Jean-Pierre Melville " Le Cercle…

A : Rouge ; B : Des poètes disparus ; C : Infernal ; D : Noir »

– « Sans hésiter : Réponse A.

– Vous êtes une fan ?

– Non seulement, mais en plus j’ai vu le film.

– Selon vous, ce serait : Le Cercle rouge ? »

Son insistance la fait douter un moment, mais elle se reprend et persiste.

– Bernard-Henri, je crois que vous connaissez bien Alain Ledon ? se souvient Frédérric…



Episode 62 : Les confessions de Vély

– Excusez-moi, monsieur Vély, mais je ne suis pas au courant de cette histoire.

Le Grand philosophe le regarde avec fureur. Si ses yeux s’étaient métamorphosés en mitraillettes, Julien aurait été criblé de balle avant même d’ouvrir la bouche.

– Vous savez, Bernard-Henri, nous avons tous fait des erreurs, assure Bidebège.

BH le regarde avec ce même air courroucé. Puis, tout en le fixant, un sourire ironique se dessine peu à peu.

– Vous avez raison, Frédérric. Nous faisons tous des erreurs. Comme celle de s’improviser animateur de télévision en présentant deux émissions qui n’ont duré que 3 mois au maximum, faute d’audience convenable.

Le regard courroucé change de camp.

– Bien, je vais vous expliquer le déroulement des événements, annonce BH en s’adressant de nouveau à Julien.

Avant de poursuivre, BH lit la question à 6000€ que devra répondre Jocelyne :

« En 1970, Jean-François Michaël connaît un immense succès avec « Adieu jolie…

A : Candy ; B : Mary ; C : Jenny ; D : Cindy »

– Réponse A, dit sobrement BH.

Frédérric lit à son tour la question et s’étonne que Bernard-Henri connaisse cet artiste qui lui semblait totalement inconnu.

– Ah, cela est dû à mon grand âge, ironise BH. Mais revenons à notre film. En réalité, lorsque j’ai réalisé mon premier film, la peur a malheureusement dicté ma conduite par la suite. Vous ne le savez probablement pas, mais depuis plusieurs années je ne suis plus dans les petits papiers des journalistes…

Julien le regarde avec étonnement.

– Vous ne connaissez pas cette expression ? Et bien… cela signifie que les journalistes ne m’apprécient pas. Tout simplement.

– Et pour quelle raison ?

– Ouh la ! Vous allez me lancer dans des discussions interminables…

Episode 63 : « Presse qui roule, pas vraiment cool. Presse qui coule… »

Frédérric sourit.

– Je vais me contenter de vous donner le haut de la liste des choses que l’on me reproche, dit BH. On me reproche mon succès, mes passages télévisuels, ma chevelure mal peignée, la beauté de ma femme… Quoi d’autres ?!

– Qui est votre femme ?

– Ah ! J’aime bien parler d’elle. Je ne sais pas si vous connaissez l’actrice : Arielle Modables ?!

L’admiration que porte Julien à l’égard de BH semble se décupler de plus belle.

– Vous, avec Arielle Modables ?

– Et oui, dit-il avec fierté. Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai tant d’ennemis autour de moi. La jalousie n’a jamais rapprochée les hommes.

– Et donc, pour votre film ?

– Et bien, comme je pensais que mon premier film ferait l’objet d’une « fatwa » cinématographique, je me suis contenté de n’inviter que les directeurs des journaux, magazines de cinéma et autres directeurs de médias. J’ai pensé que si les chefs des critiques apprécieraient le film, leurs employés n’auraient plus d’autres choix que de faire de bonnes critiques… Erreur stratégique.
« Après la projection, ça a été le déluge. Je n’ai que rarement observé pareil avalanche de critiques, méchancetés, vomis de haine pour un seul film. On en a même révélé abusivement la fin. Bien qu’il ne s’agissait pas d’un film à suspense, mais d’un film romantique. La phrase qui résumait ce film était : « Après 50 ans, l’homme connaît une seconde vie. Celle-ci est généralement meilleure que la première. ».

– C’est le genre de film à l’eau de rose qui va plaire à ma femme.

– Je peux vous envoyer le DVD par la poste, si vous voulez ?

« Et voilà, de la pub gratuite. », pense Bidebège. Il regarde la caméra. « Et les autres qui ne disent rien… Comme quoi, il y a des pistonnés. »

Pendant ce temps-là, Jocelyne remporte ses 6000€ après avoir utilisé le 50/50…

Posté : jeu. oct. 13, 2005 6:22 pm
par Schopen
Episode 64 : Les bricol boys

– « Nous allons maintenant passé à la question à… 12000 €. Voici la question : Pour un bricoleur, qu’est-ce qui peut être « à tête d’homme » ? Réponse A : Un tournevis ; Réponse B : Une scie ; Réponse C : Un marteau ; Réponse D : Une pointe. »

Réflexion.

– « Le bricolage, c’est pas tellement mon truc. »

– Moi non plus, intervient Bidebège.

– Vous n’êtes pas le seul, énonce le Grand philosophe.

Julien les regarde, médusés.

– Vous n’avez jamais utilisé un tournevis ?

– Si, pour accrocher des tableaux, répond FB. J’ai aussi monté quelques meubles I*** (Bip !). Mais sinon, je n’ai jamais fait des travaux dans l’appartement. À Paris, vous savez…

– Et vous, Bernard-Henri ?

– J’ai déjà utilisé un tournevis.

Frédérric n’en croit pas ses oreilles.

– Vous, Bernard-Henri Vély ? J’ai du mal à vous imaginer vous débattre avec un clou.

– Et pourtant, c’est la vérité.

Frédérric l’observe attentivement.

– Vous avez donc enfin décidé de ne plus jouer à l’intello détestant tout ce qui se rapporte aux activités cérébrales !?

– Mais je n’ai jamais prétendu de telles choses, s’étonne le philosophe.

Son interlocuteur esquisse un sourire goguenard.

Soudain, la sonnerie d’un téléphone retentit dans le salon. La candidate de l’émission a choisit d’appeler un ami.

– « Votre ami est donc un spécialiste du bricolage ?

– Et bien, je l’espère, parce qu’il a aidé mon mari à construire notre maison actuelle.

Allo !

– Bonsoir Michel ! C’est Jean-Paul De Laroche au téléphone.

Ah ! Bonjour monsieur De Laroche !

– Je suis en compagnie de Jocelyne qui va vous poser une question à 12000€ et vous n’aurez que 30 secondes pour y répondre. »…

Posté : sam. oct. 15, 2005 12:42 pm
par Schopen
Episode 65 : « Lèche-botte blues, je fais le lèche-botte blues… »

– « Très bien. Au fait Monsieur De Laroche, j’adore ce que vous faites !

– Merci bien, répond JP. »

Bidebège émet un petit ricanement.

– Il a bien récité sa leçon.

– Que dites-vous ? demande BH

– J’imagine bien l’autre personne au bout du fil avec son texte à la main, et l’équipe de production lui disant, quelques heures avant l’antenne : « Dites à l’animateur que vous l’adorez. ». On pourrait également imaginer que cette personne refuse de dire des gentillesses à cet animateur qu’elle exècre par-dessus tout. Mais à la fin, la production parvient à faire pression sur cette personne en menaçant d’annuler la candidature de son amie si elle s’obstinait dans son refus.

– Ah, mon cher Frédérric, réagit Vély. Vous avez toujours eu l’art d’insérer un drame dans des situations qui sont en réalité tellement futiles.

– Futiles, certes, mais dont l’enjeu est tout aussi essentiel que vital.

– Ah ! Ça fait longtemps que je n’ai pas regardé ce jeu.

Wernard rejoint les festivités.


Il se place à côté de Julien, sur le canapé.

– Vous vous y connaissez en bricolage ? demande Julien.

– Un peu.

Au même moment, l’ami de Jocelyne donne son avis sur la question.

– « Je crois que c’est la D.

– Tu en es sûr, Michel ?

Euh… Oui, oui, c’est ça. »

Le gong signale la fin de la communication. La musique d’ambiance replonge une nouvelle fois la salle dans la concentration.

– « Apparemment, votre ami est sûr de lui.

– En effet. »

– Je crois qu’il a raison, intervient Wernard.

– Je suis de votre avis, soutient Frédérric.

Julien les regarde, stupéfait.

– Vous êtes des intellos-bricoleurs ?

Bernard-Henri ne peut s’empêcher de lâcher un rire franc.

– C’est en quelque sorte cela, répond Wernard, amusé…

Note de l’auteur : Ce qui devait arriver arrive… À cause d’un accroissement d’activité autre que littéraire (ça fait sérieux d’un seul coup), je n’ai plus d’épisode en stock pour la semaine prochaine. Je vais un peu me rattraper ce week-end et je vais faire un exercice que je prendrais pour une sorte de petit défi pour moi : Je vais écrire au jour le jour.

Posté : lun. oct. 17, 2005 5:55 pm
par Schopen
Episode 66 : Le successeur d’Yvan Lecoq et de Nikos Canteloupgarou

Jocelyne a fait son choix.

– « Vous avez donc décidé d’écouter votre ami et de valider la réponse D !

– J’espère qu’il ne s’est pas trompé, parce que sinon… »

– « Qui veut devenir millionnaire ? » ou l’art de perdre ses amis en direct ! raille FB.

– Vous faites des commentaires chez vous devant la télé ? demande Julien, légèrement agacé.

– Tout le temps.

– Et votre entourage n’en a pas trop souffert ? demande HB, sardonique.

– Mes proches vont bien, je vous remercies.

Sur le plateau de « Qui veut devenir millionnaire ? », la tension est à son comble.

– « Pour un bricoleur, l’outil que l’on appelle « à tête d’homme »… (Cinq secondes de silence.) est UNE POINTE. »

Générique de l’émission, applaudissement nourrit du public et grande satisfaction de la candidate. Le gain de 12000 € s’affiche à l’écran.

– Elle en est déjà là ? s’étonne Wernard.

– Vous regardez souvent cette émission ? interroge Julien.

– Disons que j’aime bien. Je trouve que c’est une de ces émissions qui permettent d’apprendre tout en se divertissant. Et j’aime bien lorsqu’il y a association du divertissement et de l’instruction. C’est ce que j’essaye de faire dans chacun de mes livres.

– Vous êtes en quelque sorte le Jean-Paul De Laroche de la littérature, lâche l’écrivain-éditeur avec une pointe de sarcasme.

– Et vous, le Guy Charrier de l’émission, rétorque Bernard-Henri.

– Que voulez-vous dire ?

– Et bien, depuis le début, vous n’arrêtez point de critiquer l’émission que vous regardez. Bientôt, vous allez le remplacez pour faire des chroniques à la radio et à la télé. Je vous verrais bien avec Olivier-Marc Gofiel.

– Frédérriican ! Frédérriiiican ! émet Julien en imitant le présentateur.

– Très bonne imitation, remarque Bidebège.

Cette remarque, pourtant facétieuse, encourage l’imitateur à poursuivre.

– Alors, vous avez raté votre vian ?

– Je confirme, vous imitez très bien les imitateurs des « marionnettes de l’info »…

Posté : mar. oct. 18, 2005 7:00 pm
par Schopen
Epsiode 67 : L’homo-wernardus

– Je peux en imiter d’autres si vous voulez ?

– En d’autres occasions, oui.

Frédérric regarde discrètement la caméra du coin de l’œil. L’heure n’était pas à l’amusement. Il fallait éviter d’humilier le maître de maison.

– Mais je pense que nous en resterons là.

– C’est dommage, parce que j’imite très bien le Président de la République.

Julien commence à esquisser un sourire crispé et à dessiner le « v » de la victoire avec son majeur et son index.

– Regardez plutôt la question à 24000 €, détourne Bidebège.

« Lequel de ces sites a été découvert par 4 adolescents à la recherche de leur chien ? : A - La grotte de Lascaux ; B - Le site de Neanderthal ; C - La grotte de Chauvet-Combe d'Arc ; D - Le site de Tursac. »

Sans hésitation, Jocelyne répond :

– « La grotte de Lascaux, réponse A.

– Vous avez l’air sûr de vous ! s’étonne l’animateur. »

– C’était si évident, dit Frédérric, affligé.

L’attitude de FB semble exaspérer le mari de l’hôtesse.

– Vous qui savez tout, dit-il en s ‘adressant à Frédéric, vous savez que ce ça veut
dire : Neanderthal ?

Son interlocuteur réfléchit un moment.

– C’est une espèce d’homme préhistorique qui a vécu juste avant l’homo sapiens.

Wernard confirme ses propos par un hochement de tête affirmatif.

Julien ne s’avoue pas vaincu.

– Et Tur…sac, c’est où ?

Frédérric semble peiner à répondre.

– Alors, là, vous me posez une colle.

– Ah, ah ! Alors, monsieur « Je-sais-tout » !?

– La commune de Tursac se situe en Dordogne, répond finalement Wernard. Et le site paléolithique le plus connu est ce lui de la Madeleine. C’est d’ailleurs pour cela que le paléontologue Lartet donna le nom de la dernière période du Paléolithique supérieure, le magdalénien.

La leçon de paléontologie de Wernard impressionne l’assistance.

Posté : mer. oct. 19, 2005 5:51 pm
par Schopen
Episode 68 : Une question existentielle ? Une réponse dans votre quête philisophico-spirituelle ? Besoin d’une lumière dans l’ombre de votre esprit ?… Maître Berber est à votre écoute !

– C’est normal que vous sachiez cela, réagit Bidebège, dépité. Vous êtes un ancien journaliste scientifique.

– Hum… C’est vrai, vous avez raison. Je n’ai aucun mérite.

Le sourire de Wernard démontre un mélange d’ironie et d’autodérision.

– C’est vrai, ça ? s’étonne Julien. Vous êtes journaliste ? Comme Patrice Poivre ?

WB a une moue dubitative.

– Pas tout à fait. D’une part, j’étais un journaliste spécialisé dans un domaine particulier. D’autre part, je travaillais plutôt pour la presse et non pour la télévision… Et puis, il a beaucoup plus d’expérience que moi dans le journalisme.

– Patrice Poivre… Patrice Poivre, réfléchit Frédérric. Ce ne serait pas l’arrière arrière petit-fils de l’explorateur du 18ème siècle, Pierre Poivre ?

Bernard-Henri comprend la plaisanterie et lâche un rire convenu.

– Non, il s’agirait plutôt du fils du propriétaire de l’île Poivre, non loin des Seychelles.

Les deux hommes s’échangent rires et facéties, comme s’ils perpétuaient les conversations aristocratiques au temps où les mots d’esprit égayaient les longues journées des courtisans peuplant la cour de Louis XIV.

Une brusque fanfare fige les êtres peuplant le salon. Il s’agit du générique de l’émission. Jocelyne vient de remporter les 24000 €.

– « Bravo ! Vous remportez 24000 € ! »

– Soit : 24 Smics, rajoute Frédérric comme le ferait , n’importe quelle voix off d’une publicité vendant les mérites d’une promotion.

– « Il ne vous reste plus qu’une question pour atteindre le second palier à… 48000 €. Si vous vous trompez sur cette question, vous perdez 22500 € et repartez avec 1500 euros. »

– Hey ! s’écrie FB. C’est du plagiat ! Ils ont copié sur « Quitte ou double » !

Julien est étonné par la réaction de l’intello.

– C’est quoi cette émission ?

– « Quitte ou double » ? C’est une vieille émission datant des années 60.

– Dans ce jeu, reprend Wernard, avant que la question ne soit posée, l’animateur demandait au candidat s’il voulait s’arrêter à la somme qu’il venait de gagner sans découvrir la question ou s’il préférait poursuivre, tout en sachant qu’en cas d’erreur, il perdait tout. D’où le titre de ce jeu : « Quitte ou double ».

Les explications de Wernard terminées, Jean-Paul De Laroche présente la question à 48000 €…

Posté : jeu. oct. 20, 2005 6:26 pm
par Schopen
Episode 69 : « Mon nom est Jean-Philippe Smet. Mais vous me connaissez mieux sous le nom de… »

– « Dans les années 50, dans quel film Johnny Halliday a-t-il un rôle figurant ? Touchez pas au grisbi, réponse A ; Et Dieu créa la femme, réponse B ; Les diaboliques, réponse C ; La Traversée de Paris, réponse D.

– Je ne savais pas que Johnny avait joué dans un film dans les années 50. »

– Moi non plus, intervient Julien.

– Il faut dire que cela ne m’étonne pas, dit Bidebège.

– Ah oui ? s’étonne Julien.

– Non. Quand on sait qu’il a été élevé dans sa jeunesse par sa tante qui était comédienne, on peut comprendre qu’il ait pu obtenir un rôle, même une apparition, dans un film de l’époque.

– Je vois que vous connaissez bien votre sujet, ironise BH. Cela fait longtemps que vous savez tout sur lui ?

Frédérric ne se laisse pas démonter.

– Et vous, cela fait longtemps que vous écoutez des vieilles chansons latines des années 50 ?

Bernard-Henri comprend l’allusion de son interlocuteur et se contente de décocher un sourire malicieux. Ce geste signe la fin du début des hostilités. C’était sans compter sur la curiosité de leur hôte.

– Ça veut dire quoi vos sous-entendus ?

– Rien, répondent sobrement les deux hommes.

– Rien, c’est à dire ?

– Ce sont des affaires privées, dit l’ancien animateur-écrivain d’un ton inflexible.

– Tout cela reste du domaine de la vie privée, renforce le Grand Philosophe.

Voyant que les deux intellos refusent d’en dévoiler plus sur leurs petites guerres psychologiques, Julien n’insiste pas et suit les aventures de Jocelyne sur TN1.

La candidate décide en effet de jouer sans utiliser son dernier jocker : l’avis du public.

– « Touchez pas au grisbi, ça me semble trop vieux… La Traversée de Paris, il me semble qu’il n’était pas né… Il ne me reste plus que Et Dieu créa la femme et Les diaboliques

– Vous pouvez aussi demander l’avis du public, relance JPD. »

Après quelques secondes d’hésitations…

– « D’accord, va pour le public. »…

Posté : ven. oct. 21, 2005 6:22 pm
par Schopen
Episode 70 : « Ne nous fâchons pas ! »

Jean-Paul De Laroche se tourne vers la caméra.

– « Public, à vos télécommandes ! Répondez à la question suivante… »

Il rappelle la question pendant l’interlude. Dix secondes plus tard, le résultat des votes s’affichent. L’animateur commente les résultats.

– « Comme vous le voyez, ce sont les réponses B et C qui remportent les suffrages. 50 % pour la réponse C et 48 pour la réponse B. Donc, le public est très partagé sur cette question.

– En effet… »

– Ça sert à rien le public, il se plante tout le temps, blâme Frédérric.

– C’est pas bientôt fini ces critiques, s’insurge Julien.

– Non, mais on voit bien que le public a suivi ce qu’a dit la candidate.

– C’est vrai, reconnaît Julien. Elle a mal joué, elle aurait dû l’utiliser avant de donner son avis.

L’analyse de Julien semble se confirmer par l’embarras de la candidate.

– « Vous pouvez vous arrêter là si vous voulez. »

L’animateur dû attendre 5 secondes avant que son interlocutrice ne réponde.

– « Je pense que c’est la B.

– Donc, vous voulez jouer. »

Jocelyne dodeline de la tête.

– « Mais j’ai un doute tout de même.

– Donc, vous ne voulez plus jouer. »

Un murmure d’hilarité parcourt le studio. Profitant de la tournure comique de la situation, l’animateur en profite pour faire un brin de show.

– « Ben, je m’adapte à la situation, vous savez », dit-il en s’adressant à la fois au public, à la candidate et aux téléspectateurs.

– Quelle leçon d’aisance dans la présentation de cette émission ! s’émerveille Vély. N’est-ce pas, Frédérric ?

Sa taquinerie laisse l’intéressé de marbre… ou presque.

– Je sens que vous ne viendrez pas de sitôt dans « le Grand journal de 19h00 ».

– Vous voulez parler de l’émission dans laquelle vous êtes chroniqueur ?

– Et bien…

La personne interrogée est interrompue. Jocelyne est en passe de prendre une décision cruciale…

Posté : lun. oct. 24, 2005 5:04 pm
par Schopen
Episode 71 : Stop ou encore ?

– « Jean-Paul, je crois qu’après mûres réflexions… »

– Oui ?!

– Je préférerais… »

Une musique retentissante surprend à la fois les individus réunis dans le studio et ceux du salon, regardant l’émission. Après s’être remis de ce qu’il croyait être sa première attaque cardiaque, De Laroche reprend le cours de son émission.

– « Vous devriez vous calmer, au son, dit-il en s’adressant à la régie. Et bien, Jocelyne, nous saurons quel sera votre décision lors de la prochaine émission. Vous serez là, Lundi ?

– Euh… oui », répond-elle après un bref moment d’hésitation durant lequel elle avait oublié que les émissions étaient diffusées jour par jour alors qu’elles étaient toutes enregistrées le jour même.

– Bien. Alors, je vous retrouverais Lundi sur ce même siège. »

Il regarde la caméra.

– « Chers téléspectateurs, je vous retrouverais Lundi pour de nouvelles aventures. Bon week-end ! »

Frédérric reste émerveillé.

– Sacré De Laroche ! il lance la fin de l’émission juste avant que la candidate décide ou non de quitter le jeu. Ils sont forts à TN1.

– Mais c’est le hasard ! s'écrie naïvement Julien.

Les intellectuels s’esclaffent de rire.

Après la fin du générique de l’émission, la chaîne montre des images d’une jeune femme se saisissant d’un micro et s’apprêtant à chanter. En dessous de l’image est inscrit : « Tout de suite… ».

– « Bien. Allez, on y va ! » dit une femme assise en face d’un piano…

Posté : dim. oct. 30, 2005 6:33 pm
par Schopen
Episode 72 : « Chante la vie, chante… »

La jeune femme prend sa respiration et entonne ce qui ressemble vaguement à « La vie en rose ». La justesse de la voix de l’apprentie chanteuse fut telle que l’ensemble des personnes réunis au salon se bouchèrent simultanément leurs deux tympans. Alors qu’elle émet un cri strident à faire craqueler les vitres de la fenêtre montrant l’étendu d’une cour bordée par un lac s’allongeant tel un fleuve, l’enseignante coupe court au carnage.

– « STOP ! Stop, Stop ! On arrête là. »

L’élève s’exécute, quelque peu déçue.

– « C’était pas mal ? » demande-t-elle.

Son interlocutrice prend sur elle afin d’éviter de pouffer.

– « Je crois qu’il y a encore du travail. »

L’image disparaît pour laisser place à la publicité.

– C’était quoi ce truc ? demande Frédérric en élevant la voix.

– Comment ?

L’ouïe de Bernard-Henri ne semble plus en état de fonctionner correctement.

– Pénos ?*

Le choc auditif fait resurgir du tréfonds de la mémoire de Julien certains mots issus du vocabulaire de ses illustres ancêtres celtiques.

Au bout d’une petite minute de réadaptation, le groupe retrouve une audition optimale.

– J’ai bien cru durant un moment que j’allais être obligé de faire appel à Roberto Sshein pour acheter des appareils auditifs, ironise Frédérric.

– Sirène, j’ai entendu ton chant et me voilà enfin, nonchalant, à bien te découvrir, usine, que tu n’étais pas mélusine.

Ce poème du troisième type sort de la bouche de Franklin qui vient rejoindre ses acolytes.

– C’est de qui ? demande Julien.

– Cela vient d’une création personnelle, imaginée il y a quelques minutes.

– Vous faites de la poésie sur commande, vous ? s’étonne Frédérric.

– Cela m’arrive de temps à autre. Au fait, quel était ce chant si mélodieux qu’il a transporté mon cœur vers des paysages féeriques ?

– Je crois que c’était la « Singer », répond julien.

– La singer ?

– Ouais. La « Singer Academy ».

À cette information, les intellos comprennent maintenant ce qui vient de leur arriver…

Note de l’auteur : Désolé pour ces longues journées d’absence, mais je suis très pris en ce moment et risque de l’être davantage dans les jours à venir. Ce week-end, je n’ai pu écrire qu’un seul épisode. C’est pourquoi j’ai décidé de ne publier qu’un ou plusieurs épisodes une fois par semaine, le Vendredi ou le week-end jusqu’à nouvel ordre. Voilà donc où j’en suis au jour d’aujourd’hui.

Posté : dim. nov. 06, 2005 4:28 pm
par Schopen
Episode 73 : Père Wernard, raconte-nous une histoire…

Il est 19h15. L’ensemble des intellos est de nouveau réuni dans le salon. Les discussions se poursuivent autour de sujets divers et variés pendant que le poste de télévision diffuse une émission de téléréalité étonnement bien connu des intellos.
– Il m’arrive souvent de regarder la télévision tard dans la soirée, avoue Bernard-Henri. Avant, je me délectais des magazines économiques, culturelles et documentaires en tout genre. Et je me délecte toujours lorsque la musique des « histoires naturelles » retentit au creux de mes tympans. Aujourd’hui, un autre genre d’émission a envahi cette tranche horaire : La téléréalité. De ce fait, lorsque je commence le périple des programmes de nuit, les émissions de ce type croisent ma route. C’est ainsi que j’ai suivi, malgré moi, les aventures de ces élèves de la chanson.

– C’est ce que l’on dit toujours, remarque Frédérric, esquissant un sourire narquois.

– Je crois être tombé une fois sur cette émission, admet Franklin.

– Si je comprends bien, vous avez tous regardé au moins une fois cette émission de téléréalité ?!

Le silence des intellectuels confirme les soupçons de Julien.

– Y a pas de honte à dire que vous avez déjà regardé cette émission !

– Vous avez raison, Julien, concède Bernard-Henri. Si je déplore la médiocre qualité de ce concept d’émission, je reconnais regarder plus ou moins régulièrement ce feuilleton télévisuel. Il m’arrive de regarder la « Singer Academy » comme le ferait un psychologue.

Julien semble étonné qu’un intello, qui semble faire partie de « la France d’en haut », puisse suivre une émission soi-disant créée pour la « populace ».

– Ce n’est pas totalement faux ce que vous dites, relève Wernard. Il est vrai que bien avant ce genre d’émission, les psycho-sociologues réalisaient déjà des expériences, il y a 50 ans, en enfermant un certain nombre de volontaires dans une pièce afin d’observer le comportement et la résistance psychique d’un individu pendant un laps de temps.

– C’est ce dont je voulais en venir. Vous m’avez précédé.

– Vous voulez dire que les créateurs de ces jeux se sont basés sur les expériences sociologiques des années 50 ? demande Marie.

– Je n’irais pas jusque-là. Mais je me souviens d’une expérience qui a fait l’objet d’un film récent. Il s’agissait d’une étude sur les relations humaines dans le cadre de la prison. Il est à signaler cependant, qu’une telle expérience serait aujourd’hui absolument impossible, tant les problèmes éthiques qu'elle suscite sont importants. Il n'en reste pas moins que cette expérience a été menée, et que les résultats ont dépassé toutes les attentes…

Note de l’auteur : Cette semaine, je n’ai pu engendrer qu’un seul épisode. (Pas productif tout ça…) @ la semaine prochaine pour, j’espère, un peu plus de nouveaux épisodes.

Posté : mar. nov. 15, 2005 8:12 pm
par Schopen
Episode 74 : La « Prisonners Academy »

Les quatre autres intellectuels, ainsi que le couple de logeurs, semblent attendre la suite de cette histoire. Un nouvel auditoire vient de se former, comme lors des conférences de Wernard sur les futurs possibles de l’humanité.

– En 1971, un certain professeur Zimbardo transforma le sous-sol de l’université de Stanford en véritable prison. Pour jouer le rôle des prisonniers et des surveillants, il recruta des étudiants en passant une annonce dans le journal local. Après des tests psychologiques, il en retient 24 qui étaient en excellente condition physique et mentale, issus de tous les milieux et originaires de tout le continent Nord Américain. Ces étudiants percevront 15$ de dédommagement par jour passé dans cette prison-test.

L’assistance semble captivée par l’expérience de Zimbardo. Julien en oublie même de suivre la Singer Academy.

– Sur les 24 sujets, la moitié joueront le rôle de prisonnier, l’autre celui de gardien. Cependant, seuls 9 gardiens et 9 prisonniers participèrent à l’expérience, les 6 autres sujets restants seront appelés « en cas de besoin ».
« Afin de se rapprocher le plus près possible de la réalité, les prisonniers furent arrêtés chez eux, alignés devant une voiture de police, fouillés, menottés, on leur dit leur droits, et ils furent conduits à la « prison », sirènes hurlantes.

« Il ne manquerait plus que les gars d’Enmodel creusent l’idée. », pense Frédérric en esquissant malgré lui un sourire malicieux.

– Arrivés dans le sous-sol de l’université, les prisonniers subissent une première séance d’humiliation : Ils sont déshabillés, une nouvelle fois fouillés, on leur applique des produits contre les poux et autres parasites, ils reçoivent une casquette pour dissimuler leurs cheveux et une longue blouse à porter sans sous-vêtement. Chaque prisonnier porte une lourde chaîne à la cheville droite. Une fois toutes ces procédures terminées, ils sont conduits à l’intérieur de leur cellules.

– Cette expérience se rapproche terriblement de la réalité…

– Vous avez raison, Bernard-Henri. Zimbardo avait bien étudié le monde carcéral, que ce soit du côté des prisonniers comme du côté des gardiens. D’ailleurs, les étudiants qui jouaient le rôle des gardiens n’avaient pas reçu d’entraînement spécial sur la manière de surveiller une prison, ni de maintenir l’ordre. Ils ne furent informés que des « dangers » liés à la situation et du sérieux de leur rôle.
« Cependant, pour crédibilisé un peu plus leur personnage, ils reçurent un uniforme kaki, des lampes porches, des lunettes de soleil, un sifflet, une matraque de police…

– Ah, quand même ! réagit avec étonnement et indignation Frédérric…

Note de l’auteur : Mille pardons pour l’absence d’épisode le week-end dernier. J’espère me rattraper.

Posté : dim. nov. 20, 2005 4:11 pm
par Schopen
Episode 75 : « Les portes du pénitencier… »

– Et oui. C’est pour cela que je vous disais tout à l’heure qu’il serait impossible de mener à nouveau cette expérience à l’heure actuelle, sous peine de procès par la suite.

– En somme, ce scientifique n’y allait pas de main morte.

– Comme vous le dites, Bernard-Henri. Mais pour finir sur le rôle des gardiens, ces derniers eurent évidemment la dernière chose qui n’auraient pas sinon de crédibilité pour leur personnage : l’autorité sur les prisonniers.

– Vous voulez dire que des étudiants vont commander d’autres étudiants ?! interroge Lisbeth.

– Tout à fait ! confirme Wernard.

L’intellectuelle lâche un soupir indigné.

– C’est scandaleux de faire ça à des jeunes étudiants. Ce professeur devait savoir toutes les graves conséquences que pouvaient engendrer ce genre de situation de dominant-dominé.

– Je pense qu’il en avait conscience, mais je crois aussi qu’il voulait valider certaines hypothèses sur ce rapport, justement, de dominant à dominé.
« Toujours est-il que le premier jour, une rencontre entre les gardiens et les prisonniers furent organisés. Afin de rester dans le climat du milieu carcéral, les prisonniers furent réveillés à 2h30 du matin pour réaliser cette « rencontre » avec leurs gardiens. À ce stade de l’expérimentation, les participants n’étaient pas encore véritablement rentrés dans leur personnage. Cette confrontation de l’un à l’autre était une occasion de prendre conscience du rôle que chacun allait avoir à tenir.

– Donc, tout est calme pour le premier jour !

– Tout à fait, Frédérric.

– Combien de temps a-t-il fallu pour que les premières tensions commencent à apparaître ? demande Marie.

– Oh, très peu de temps, le lendemain en réalité.

Tous sont stupéfaits.

– Si vite ? s’étonne Lisbeth.

– En fait, tout a commencé par la première révolte des prisonniers le matin du deuxième jour. Ils avaient ôté leur casquette, leur numéro d’identification et ils levèrent des barricades dans leur cellule en utilisant leur lit pour bloquer les grilles. La réaction des gardiens ne s’est pas fait attendre…

Episode 76 : La révolte des détenus

Soudain, un nouveau cri strident paralyse les téléspectateurs, plutôt captivés par le récit de Wernard. La chaîne vient en réalité de rediffuser la même scène que les intellos avaient subi quelques dizaine de minutes auparavant. Julien coupe le son de la télévision, sans l’éteindre cependant. Jamais les intellos n’ont autant exécré cette émission à ce point : non seulement la « Singer Academy » a interrompu l’histoire passionnante de Wernard, mais ce programme leur a également crevé temporairement la membrane du tympan.

Après quelques secondes de sérénité retrouvée, les auditeurs sont à nouveau prêts à écouter leur conteur.

– Vous parliez donc de la révolte des prisonniers, essaye de reprendre Bernard-Henri.

– Oui… Donc par réaction, les gardiens utilisèrent des extincteurs afin d’écarter les prisonniers des portes, firent irruptions dans chacune des cellules, sortirent les lits, déshabillèrent les prisonniers avant d’isoler le meneur de la révolte. Il fallait donc pour les gardiens affirmer leur autorité. C’est ainsi qu’ils décidèrent de pratiquer des intimidations.
« Les gardiens offrirent des privilèges aux trois prisonniers qui n’avaient pas pris part à la révolte. Ils récupérèrent leur uniforme, eurent le droit de se brosser les dents et les cheveux et furent autorisés à manger devant les autres prisonniers qui étaient, eux, privés de nourriture.

– Vous êtes en train de nous dire que des étudiants ont eu l’idée de mettre en place des tortures psychologiques à leurs camarades ?!

– C’est malheureusement la vérité, Frédérric.

– C’est incroyable ! Cette manière de procéder… c’est le Goulag. Voire pire : les camps de concentration.

– Je crois que vous allez un peu loin dans la comparaison, mon cher Frédérric, reprend Bernard-Henri.

– Mais on en est pas loin, je vous signale. D’autant plus que ça ne s’est passé qu’au bout du deuxième jour. C’est cela, Wernard ?

– Exactement.

– Je n’ose imaginer ce qu’ont inventé ces étudiants les jours suivants…


Episode 77 : Ça se complique

– En réalité, une succession d’événements de ce type vont s’accumuler. Mais l’affaire des privilégiés ont amené les prisonniers à considérer ceux qui n’avaient pas pris part à la rébellion comme des informateurs, des « vendus ». On peut donc considérer qu’ainsi, l’union des prisonniers a été rompu contrairement à celle des gardes qui s’est renforcée.

– « Diviser pour mieux régner. », comme le disait Nicolas Machiavel.

– Très juste, Franklin.

– C’est presque pire que ce que l’on voit sur la téléréalité, remarque Frédérric en jetant un coup d’œil sur l’écran de télévision.

– Il est vrai que les naufragés de « l’île des survivants » passent pour le coup pour des enfants de cœur.

Tous regardent le Grand philosophe, étonnés d’apprendre qu’un esprit éclairé tel que lui suive non seulement les tribulations des apprentis chanteurs, mais également les mésaventures des candidats échoués sur une île soi-disant déserte.

La surprise passée, Wernard reprit le cours de son histoire-réalité.

– Vous devez donc imaginer que les jours suivants ne se sont pas soldés par un apaisement entre les deux groupes. Les choses se sont au contraire accélérés.
« Par exemple, le droit d’aller aux toilettes devint un privilège, les prisonniers devaient faire leurs besoins dans un sceau laissé dans leur cellule. Et ils ne reçurent pas toujours l’autorisation de le vider.
« Par la suite, un prisonnier fut retiré car il avait craqué psychologiquement. Quelques temps plus tard, une rumeur de tentative d’évasion apparut. Selon cette dernière, l’ex-prisonnier allait revenir libérer ses camarades. De cette rumeur naquit une panique chez Zimbardo lui-même et afin de sauver son expérience, il demanda l’autorisation auprès de la police de transférer ses prisonniers dans l’ancienne prison de la ville. Cette demande lui a été refusé et le mit dans une colère rage, car il faut avouer que Zimbardo lui-même s’était pris au jeu.
« Finalement, l’évasion se révéla n’être qu’un rumeur, sans plus. Les prisonniers reprirent donc leur travail de soumission en forçant les prisonniers à faire des pompes, à nettoyer les toilettes, parfois à mains nues, etc. Ils faisaient en réalité faire aux prisonniers tout ce qui leur passait par la tête…

Episode 78 : 6 jours pour une éternité

L’assemblée semble méditer sur la cruauté des hommes, même des plus jeunes, envers leurs semblables. Wernard poursuit son conte réel.

– Bientôt, un autre prisonnier craqua. Et pendant que Zimbardo s'occupait de lui, les autres prisonniers furent alignés et furent forcés à répéter en chœur une douzaine de fois : « Prisoner #819 is a bad prisoner. Because of what Prisoner #819 did, my cell is a mess, Mr. Correctional Officer ». (Le prisonnier 819 est un mauvais prisonnier. À cause de quoi le prisonnier 819 est parti [Ou bien = le prisonnier 819 a dit :], ma cellule est un mess, monsieur le directeur.)* Le prisonnier 819, ayant entendu cela, refusa de quitter la prison. Il voulait prouver aux autres qu'il n'était pas un mauvais prisonnier.

Lisbeth lâche malgré elle un soupir mêlé d’incrédulité et d’indignation.

– Vous pouvez nous dire combien de temps a duré cette expérience ? demande Frédérric.

– Attendez, d’après mes souvenirs… Zimbardo a mit fin à l’expérimentation au bout de… 6 jours, je crois.

– Cela a été rapide.

– En effet, et pour deux raisons principales :
« Premièrement, il avait remarqué que certains gardiens profitèrent de la nuit pour maltraiter encore davantage les prisonniers, parce qu’ils pensaient que personne ne les surveilleraient à cette heure. De ce fait, l’escalade de violence et de dégradation avait prit une ampleur effrayante.
« Deuxièmement, sa collègue, Christina Maslach, qui était chargée de discuter avec les gardiens et les prisonniers, s’était insurgé sur les conditions dans lesquelles ils étaient retenues. Et il semble que cette objection, qui était la première et la seule malgré la cinquantaine de personnes qui avaient vu la prison, a permis à Zimbardo de prendre conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de mettre fin à l’expérience.

– Ça paraît quand même incroyable qu’au bout de 6 jours seulement la situation ait dégénérée, s’étonne Frédérric.

– C’est assurément effrayant, commente Vély…

Episode 79 : « L’imagination dans le mauvais sens… »

– Ces jeunes gardiens étaient très imaginatifs concernant la soumission et la torture, raille Frédérric. Ils me rappellent les jeunes fascistes de Bénito en 22. Eux aussi étaient très imaginatifs pour la torture. Ils s’amusaient même à faire des expérimentations sur leurs opposants.

– Un peu comme les médecins nazis des camps de concentration, ajoute BH, attristé.

– Comme quoi l’homme ne change jamais, déplore Franklin. C’est pour cela que je me suis livré corps et âme en faveur du devoir de mémoire, afin d’éviter à tout prix de renouveler les erreurs du passé.

Frédérric fait une moue dubitative.

– C’est un peu ce que l’on pensait en 1918. Et 20 ans plus tard, une guerre, pire que la précédente, éclata à nouveau.

– Certes, reconnaît Bernard-Henri, mais à l’époque, il n’y avait aucune organisation internationale qui aurait pu, comme aujourd’hui, empêcher qu’Hitler accroisse son pouvoir. Mis à part la SDN, ancêtre de l’ONU, il n’y avait ni d’OTAN, ni d’Union Européenne. Si la construction européenne avait été effective, l’ensemble des pays européens auraient pu créer un blocus autour de l’Allemagne et se donner les moyens de préserver.

– Et n’oubliez pas, mon cher Frédérric, que c’est la peur d’une nouvelle guerre au sein de l’Europe qui a dissuadé les gouvernements successifs de déclarer une guerre préventive contre l’Allemagne nazi.

– Et c’est cette même peur, poursuit BHV, qui a encouragé les pays européens au sortir de la Seconde Guerre de se rassembler autour d’un rêve commun : l’Union entre les Etats Européens.

– Vous oubliez la vrai raison de la création de la CEE : la peur de l’invasion soviétique.

– Oui, vous avez raison, Frédérric, répondent presque simultanément les Franklin et BH.

– Je crois plutôt, reprend BH, qu’il ne s’agit pas de la raison première, mais la deuxième raison pour laquelle l’union des forces européennes a été imaginée. Mais je mets ces deux raisons sur un même pied d’égalité.
– Et puis, de toute façon, ajoute Franklin, vous voyez bien que près de 50 ans après sa création, aucuns pays faisant partie de l’UE ne sont déclarés la guerre entre eux. Et l’on voit bien aujourd’hui combien l’idéal d’une identité commune l’a emporté sur les intérêts nationaux.

– Je crois que vous avez oublié un certain 29 mai 2005.

Les visages de Bernard-Henri et de Franklin s’embrument soudainement…

Episode 80 : Tête de Turc

– Il est vrai.

– Je ne pense pas que ce soit le sentiment nationaliste qui a permis au NON de s’imposer, rectifie Franklin. Je pense plutôt que c’est la peur qui l’a emporté sur l’idéal européen.

– Très juste, reconnaît Bidebège.

– Le plus amusant, commence BH, est de constater que ceux qui ont voté contre le traité constitutionnel par peur de voir entrer la Turquie dans l’Europe, sont en train de s’apercevoir que malgré le NON, et peut-être même à cause du NON, l’adhésion de ce pays n’aura jamais été aussi proche.

– La Turquie doit-elle entrée dans l’UE ? Voilà une question intéressante, pense tout haut BH.

– Je ne sais pas s’il serait bénéfique de discuter de la question turque, s’inquiète Frédérric en montrant des yeux la caméra.

– Vous avez raison, Frédérric, dit Franklin, nous nous égarons.

– D’autant plus que je ne sais point sui notre ami Wernard a réellement terminé son histoire, remarque Bernard-Henri en regardant la personne concernée.

– Il ne me restait plus en fait que les conclusions que Zimbardo sur son expérience.

– Ah ! Nous vous écoutons…

Note de l’auteur : * Ceci est une traduction approximative (la honte). Un fin linguiste me permettra-t-il de traduire correctement la deuxième phrase ? Je lance l’appel.
Bon, j’ai bien travaillé cette semaine. Espérons que je pourrait en faire de même la semaine prochaine !

Posté : dim. nov. 27, 2005 6:48 pm
par Schopen
Episode 81 : « Merci de votre coopération. Votre participation à cette expérience va, sans conteste, permettre à la Science de faire un bon en avant. Soyez-en fier ! God bless America… »

L’assistance semble d’accord avec le Grand philosophe.

– Et bien, lorsque Zimbardo interrogea les étudiants-prisonniers qui étaient tous devenus apathiques, ils distinguèrent trois types gardiens :
« Il y avait d’abord les gardiens « neutre » qui ne faisaient que respecter les règles de la prison.
« Il y avait ensuite les « bons gardiens », qui faisaient quelques petites faveurs.
« Enfin, il y a avait les « mauvais », qui représentaient un tiers d’entre eux, et qui étaient durs, cruels, et très inventifs lorsqu’il s’agissait de trouver des manières d’humilier les prisonniers. Ceux-là semblaient aimer le pouvoir qu’ils avaient.

– Il est vrai que cette expérience permet de réfléchir sur l’homme et le pouvoir, remarque Bernard-Henri.

– La conclusion étant que le pouvoir rend fou, conclut Leiikatau.

– Vous comprenez maintenant pourquoi ce genre d’expérience ne peut plus être autorisée. Le code de déontologie permet aujourd’hui d’éviter les abus et donne un cadre éthique aux recherches. Prendre de telle risque avec la santé mentale et l’intégrité physique des participants est heureusement inconcevable au 21ème siècle et même il y a quelques décennies.

– Mis à part la réflexion sur l’absurdité des actions humaines et le pouvoir, je trouve qu’il y a également une réflexion intéressante sur l’éthique scientifique, pense Franklin. On le voit bien aujourd’hui avec la bioéthique et le clonage. Est-ce qu’au nom de la Science, l’on peut mener des expérimentations en laissant de côté la morale et l’humanisme ?

– C’est vrai, je n’y ai pas pensé, reconnaît Wernard.

Frédérric regarde étrangement Julien.

– Au fait, Julien… Vous êtes toujours éveillé à ce que je vois.

L’intéressé paraît étonné de la remarque de Frédérric.

– Je ne vous ai non seulement pas entendu ronfler, mais je n’ai pas vu, de plus, vos paupières s’abattre lourdement.

Après quelques secondes de réflexion, Julien reconnaît cet état de fait.

– C’est vrai. En fait, c’est l’histoire de Wernard qui m’a intéressé. En plus (Il regarde le poste de télévision.), je n’ai même pas suivi la Singer Academy…

Cette remarque fait apparaître un rictus de contentement sur le visage de Wernard. S’agit-il d’une première victoire ?…

Episode 82 : Love generation

Se rappelant de l’émission de la Singer, Julien augmente le son pour suivre la fin du programme. L’histoire de Wernard a duré les trois quart de l’émission.

L’image montre un présentateur relativement jeune (pour attirer le jeune public), la trentaine, au physique avantageux (pour plaire à Mme Michu, ménagère de moins de 50 ans) et répondant à la volonté politique d’apport de présentateurs issus des « minorités visibles ». (Une personne hellénique est-elle vraiment représentative de ces minorités qui composent la population française ?) Il arbore ce fameux sourire factice dont la blancheur concurrence celle de l’ivoire.

Il s’est passé beaucoup de choses au château. Comme vous le savez, nos élèves sont tendus, au bord de la crise de nerf à l’issu du prime. Cyndi a du mal à apprendre par cœur les paroles de « Born to be alive », Jennifer s’est disputée avec Kamel au sujet d’une assiette mal lavée, John a la nostalgie de ses chiens et la plupart des élèves trouvent que Patrice a la grosse tête, Patrice, qui justement, demande à Axelia des excuses publics devant la France entière, à l’issu du prime, pour son attitude envers lui et sur le fait de l’avoir traité de « mauvais chanteur »… Ça promet.
« Carole va-t-elle se séparer de Jérémie pour se consacrer entièrement à sa future carrière de star de la chanson ? Richard va-t-il en profiter pour remplacer Jérémie auprès de Carole ? Steven va-t-il réussir à convaincre Cécilia de son amour ? Et puis, afin de citer notre élève Jason, cette question toujours restée sans réponse : « Qui c’est qu’a pété ? ».
« Tout ceci vous sera présenté après-demain dans la quotidienne de la Singer Academy. Et n’oubliez pas ce soir, en prime-time, une grande soirée avec les plus grandes STARS de la chanson française et internationale qui chanteront avec nos académiciens… À ce soir, bye…


La chaîne montre les répétitions du prime. Un apprenti-chanteur répète la chanson Santiano avec un Hugau Frayes très sceptique sur la capacité scénique de son binôme. Le chanteur commence la première phrase, l’élève poursuit par la suivante.

C’est un fameux trois mâts, fin comme un oiseau. Hisse et ho, Santiano !

18 nœuds, 400 tonneaux : je suis fier d’y être matelot.

Le jeune apprenti chante ces paroles bras ballant et sans émotion dans le regard tout en regardant péniblement la caméra, l’air de réciter l’annuaire des pages jaunes.

Tiens bon la barre et tiens bon le front. Hisse et ho, Santiano !

Afin de montrer à l’étudiant la façon de donner vie à une chanson, il le bouscule légèrement afin qu’il réagisse. Ce geste perturbe le novice et lui fait perdre de vue les paroles qui défilent sur le prompteur. Dans sa quête, il n’a pu chanter correctement la suite du refrain.

Cette scène fait réagir Frédérric.

– C’est bien ce que je pensais, ce sont des chanteurs de cabaret…

Episode 83 : Monsieur Sans-gêne

– Vous exagérez, proteste Julien.

Les autres intellos semblent en accord avec Bidebège.

– On en peut pas dire que ce jeune homme connaissait la chanson sur le bout des doigts, commente Bernard-Henri.

– Surtout le refrain qui est pourtant la partie de la chanson que tout individu puisse chantonner convenablement.

– J’irais même plus loin, mon cher Frédérric. Non seulement il n’est pas normal qu’il ne connaisse par suffisamment le refrain, mais encore moins lorsqu’il s’agit de Santiano qui est l’une des chansons les plus connues d’Hugau Frayes.

Julien ne dit mot, reconnaissant ainsi le bien fondé de leurs arguments.

– Julien !

Cet appel vient du fin fond de la cuisine.

– Oui, Mamour ! répond-il.

– Tu pourrais sortir le couvert pour nos invités ? Le dîner est presque prêt !

Julien s’exécute de bonne grâce face à ses invités. Lisbeth et Wernard aident spontanément l’hôte dans sa tâche.

Salle à manger

20h00. Le dîner bat son plein. L’omelette aux lardons, jambon et champignons semble avoir eu du succès. L’avis de Bernard-Henri sur ce plat exotique :

BH au confessionnal

– C’était excellent ! Je sais enfin ce qu’est une omelette et je me suis délecté à la déguster avec délice. Je crois que je vais demander à Arielle de me concocter ce mets par la suite.

Salle à manger

Cependant, Frédérric a une réclamation à faire aux maîtres de maison.

– Excusez-moi ! Ne pourrait-on pas laisser allumer la télévision tout en continuant notre repas ?

Après quelques secondes de consultation entre Julien et Marie, la requête de Frédérric est acceptée. La Salle à manger faisant partie intégrante du salon, il est matériellement possible de suivre la télévision tout en se restaurant dans la salle à manger. Après avoir demandé à Julien, qui s’est dévoué pour allumer la télévision, de changer de chaîne – celle dans laquelle sera diffusé l’émission –, il s’adresse à l’assistance.

– Pourrais-je vous demander de rester le plus coi possible pendant le journal de 20h00 ?

Ses interlocuteurs acceptent non sans s’être regardés auparavant en décochant un léger rictus espiègle. Son exigence ne manquait pas de culot.

Episode : 84 : « Vous regardez trop la télévision, bonsoir ! »

Dans un silence religieux, les intellos et le couple écoutent les nouvelles du monde.

Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bonsoir !

Le visage angélique de la présentatrice, blonde aux yeux bleus, contraste avec le ton de sa voix, froid et dénué d’émotion.

Le nom de France Laurraire s’inscrit en bas de l’écran.

Voici les titres du journal :

L’image de la journaliste disparaît pour laisser place à une explosion.

À Cliché, dans la banlieue parisienne, des voitures ont encore brûlé la nuit dernière. Le nombre de véhicules détériorés a, pourtant, sensiblement diminué – une cinquantaine environ. Le ministre de l’Intérieur s’est félicité de ce « retour au calme » qui a été rendu possible, selon lui, « grâce aux nombreuses interpellations de ces derniers jours et à l’application par la plupart des villes du couvre-feu », fin de citation.

Les émeutes banlieusardes laissent la place à la photo d’une petite fille, suivi par celle de deux individus, un homme et une femme.

Ce sont des parents d’une petite fille qui ont enlevé et violé la petite Magali, retrouvée il y a quelques jours. Au village, c’est la consternation et l’incompréhension. Le couple avait pour habitude de garder certains enfants du village. Une dizaine serait concernée. Plus de détail, dans la suite de cette édition.

Le lit d’un fleuve à la couleur sombre apparaît à l’écran.

Enfin, nous parlerons du fleuve chinois Shonghua, pollué au benzène après l’explosion d’une usine pétrochimique.

« C’est toujours aussi gai aux infos. », se dit Julien.

Une fois les titres dévoilés, la journaliste revient point par point sur ces trois informations principales.

Concernant les émeutes de Cliché, un reportage montre quelques échauffourées entre CRS et jeunes cagoulés, deux jeunes en train de faire brûler une voiture et l’envoie de bombes lacrymogènes destinées à une dizaine d’entre eux. Une fois le reportage diffusé, la journaliste interroge le ministre de l’Intérieur en duplexe au siège de son parti. Ce dernier fait le bilan de son action : positif, lié à une politique efficace de répression et à la « peur du gendarme ». Cependant, il ne répondra que vaguement à une question relative à son éventuelle candidature à la présidence de la République et expliquera même qu’un problème de liaison le contraint à ne plus pouvoir poursuivre l’entretien alors que la journaliste vient de lui demander des nouvelles de sa femme. Ce sujet se termine par la réaction du Premier Secrétaire du Parti du Progrès Social qui dénonce « un abus de pouvoir de la part du ministre de l’Intérieur » et « d’un risque de ghéttoïsation plus prononcé au sein de ces banlieues »…

Episode 85 : L’information spectacle

La journaliste passe au second sujet : l’affaire Magali. Un reportage retrace l’affaire de l’enlèvement, puis de la récupération de la petite avant d’évoquer « l’affaire dans l’affaire ». Le témoignage bouleversants de parents qui ont confié leurs enfants chez les ravisseurs, parvient à faire monter l’émotion parmi les intellos, dont la plupart sont parents.

Le reportage terminé, la journaliste interroge un pédopsychiatre, ainsi qu’un journaliste, spécialiste des affaires de mœurs. Les discussions portent notamment sur les traumatismes que peuvent subir un enfant victime de pédophilie. De cette discussion ressort un constat : Les enfants qui parlent assez rapidement après l’acte et qui sont pris en charges rapidement peuvent s’en sortir sans aucune séquelle durable. En revanche, les enfants timides, en carence affective et qui connaissent bien leurs agresseurs, mettront plus de temps à en parler, voire n’en parleront jamais, et risquent, eux, des séquelles et troubles psychologiques importants et durables tout au long de leur existence. Un autre constat montre aussi que l’enfant se sent la plupart du temps coupable de ce qu’il lui arrive.

L’entretien achevé, la journaliste passe sans transition, ni trouble émotionnel, au troisième sujet : la pollution du fleuve Shonghua. Un reportage explique la chronologie des événements ayant amenés cette pollution longue de 80 km.

Tout commence par l’explosion d’une usine pétrochimique 10 jours auparavant à Jilin (380 km en amont). Suite à cette première catastrophe, une nappe importante de Benzène coula dans le fleuve qui est remonté à 80 km au Nord-Est de la Chine, et s’est infiltré jusque dans les canalisations d’eau potable de al ville chinois de Harbin, métropole de 4 millions d’habitants. La pollution continue de s’étendre et menace d’atteindre la ville russe de Khabarovsk en passant par le fleuve Amour qui rencontre le fleuve Shonghua.

Le reportage se termine en rappelant qu’une autre explosion a eu lieu l’avant-veille au Sud du pays, à Dianjiang, entraînant l’évacuation de milliers de personnes. Le journaliste conclut en mettant en doute la fiabilité de la sécurité de ces entreprises, véritables « bombes à retardement ».

Le reportage parachevé, la journaliste reçoit un expert en produits toxiques. Ce dernier explique les raisons de la dangerosité du benzène pour l’homme. Il a des effets sur le cerveau ; car c’est un solvant qui dissout les tissus gras qui enveloppent nos neurones. Cela peut donc provoquer, notamment, des convulsions épileptiques graves. À moyen terme, sin on le respire ou si on l’absorbe, le benzène augmente le risque de cancer, sous forme de leucémie.

Après toutes ces informations pourtant peu rassurantes, la journaliste remercie l’expert d’être venu et d’avoir répondu aux questions…