Axel de Tarlé
Posté : mar. févr. 07, 2006 3:47 am
Comment perdre 739 euros par seconde ? ... et autres petites leçons d'économie.
En rangeant des livres, dans une étagère, ce soir, je suis tombé, entre autre, sur ce livre ,que j'avais lu il y a 1 ou 2 ans...
Quatrième de couverture :
Rien n'est plus simple, rien n'est plus drôle que l'économie. C'est un chroniqueur économique reconnu qui l'affirme et le prouve. En vingt-quatre lettres à son jeune neveu, il décrypte, décode les curiosités, les incohérences, voire les absurdités du système. La bourse est un jeu d'enfant, le livret A c'est "Robin des bois à l'envers". Quant aux Pouvoirs Publics, il comptent sur les fumeurs pour sauver la sécu ! C'est décapant, irrésistible et beaucoup plus instructif qu'il y paraît.
A propos de l'auteur :
Chroniqueur économique, Axel de Tarlé est omniprésent dans les médias. Plus de trois millions d'auditeurs suivent chaque matin ses rubriques à 6h55 et 7h50 sur Europe n°1. Il assure chaque semaine la chronique des marchés financiers du "Journal du dimanche". Il est aussi l' "Econoclaste" qui, dans "Paris-Match", épingle avec humour l'actualité économique.
Je me suis "amusé", à faire le moine copiste pour vous recopier la lettre, qui donne le mode d'emploi pour arriver à perdre 739 euros par seconde. Si vous décidez d'acheter le livre, il vous restera 23 autres lettres aussi savoureuses (pas toujours aussi longues).
Vivendi : l'argent par les fenêtres :
Mon cher petit Théo,
Il paraît que tu as perdu 5 euros ce matin à l'école. C'est rageant ! Mais que dirais-tu si tu avais perdu 13 milliards d'euros ? Tu dirais :
"Je vais mieux que bien" ! C'est la petite phrase lachée par Jean-Marie Messier après avoir affiché une perte de 13 milliards d'euros pour Vivendi en 2001. 13 milliards...
Oui, je sais ça ne veut rien dire. Pour te faire une idée, c'est ce qu'a coûté le tunnel sous la Manche. Bref, avec cet argent, Jean Marie Messier aurait pu construire un deuxième tunnel, à côté du premier : le tunnel "Messier"!
Mais attend, il y a mieux. L'année suivante, en 2002, Vivendi a annoncé 23,3 milliards de pertes, quasiment le double ! 23 milliards, ça fait: 60 millions d'euros de perdus par jour. Imagine la scène: les salariés de Vivendi se rendant tous les matins au travail: "Allez les gars, au boulot! On a encore 60 millions à perdre aujourd'hui ! Faut pas chômer." 60 millions, c'est le prix d'un Airbus, "envolé" tous les jours !
De son côté, France Télécom annonçait 21 milliards de pertes. Au petit concours de pertes de l'année 2002, France Télécom était donc médaille "d'argent". C'est simple, en deux ans, ces deux entreprises ont englouti 65 milliards d'euros. C'est plus de quatre fois le montant du "scandale" Crédit Lyonnais.
Comment peut-on perdre autant d'argent ? Toi tu as perdu 5 euros ce matin. Jean-Marie Messier, lui, perdait 739 euros... à la seconde ! C'est quand même plus classe Il faut dire qu'il est beaucoup plus intelligent que toi. Il a fait Polytechnique et l'ENA.
Alors, petit mode d'emploi pour perdre 739 euros par seconde. Comment faire ?...C'est pas facile. Difficile, en effet, de trouver un business qui puisse générer autant de pertes aussi rapidement(à moins de distribuer des billets de 500 euros dans la rue !).
Car, en fait, et tu seras surpris Vivendi et France Télécom ont toujours gagné de l'argent sur leurs activités. Les employés n'ont rien à se reprocher.
Non, pour perdre autant et aussi rapidement, il existe une méthode imparable : acheter très cher quelque chose qui ne vaut rien. En clair: il faut se faire rouler.Imagine une boulangère, qui vend du pain, elle gagne 100 euros par jour. C'est son activité. C'est rentable. Oui, mais imagine qu'elle achète une deuxième boulangerie 10 millions, alors qu'elle n'en vaut qu'1 million. Elle aura beau vendre des baguettes de pain à tour de
bras, elle aura tout de même perdu 9 millions. C'est ce qu'on fait Jean-Marie Messier et Michel Bon, le patron de France Télécom; ils ont racheté très cher des choses qui ne valaient pas grand-chose : Orange pour France Télécom, Canal Pluus et Universal pour Vivendi.
Question: pourquoi des gens aussi brillants se sont-ils fait rouler dans la farine ? Réponse: encore une fois, mon petit Théo, parce qu'ils sont "INTELLIGENTS". Et, quand on est intelligent, il faut "briller", être à la hauteur de son QI. Il faut que ça "en jette".
Or, à l'époque, dans le monde des affaires, la mode était à l'Internet. On parlait de convergence, de révolution numérique. Ceux qui ne participaient pas à cette "extraordinaire mutation technologique" étaient des ringards qui n'avaient rien compris.
C'est pourquoi, comme d'autres, Jean-Marie Messier et Michel Bon se sont lancés à corps perdu dans de "brillantes opérations stratégiques" pour créer des "leaders mondiaux de la Nouvelle Economie". Ils le faisaient d'autant plus volontiers qu'ils n'étaient pas propriétaires de leur entreprise. Briller avec l'argent des autres, lumineux !
Et tu ne te rends pas compte de la folie furieuse qui régnait à l'époque. Un jour, Jean-Marie Messier a annoncé la création d'un "portail Internet multi-accès": proposer tous les contenus (film, foot, musique...) depuis tous les supports (mobile, PC, télé, palm...). Cette cyber-plate-forme avait été baptisée Vizzavi. Celle-ci n'était pas encore à l'état de projet que, déjà les analystes financiers l'avaient valorisée à 20 milliards d'euros (deux fois la valeur d'une entreprise comme Peugeot par exemple), et ce pour quelque chose qui n'existait pas ! La Révolution.
Sauf que... Petit détail amusant: le nom "Vizzavi" était déjà réservé par un certain Ababacar Diop. Le leader du mouvement des "sans papier" de l'église Saint-Bernard avait, en effet, déposé ce nom pour l'un de ses cafés Internet à Paris. Oups ! Le "maître du monde" contrarié par un clandestin! Allons bon ! J2M a sorti son carnet de chéque et racheté le nom "Vizzavi" pour 24 millions de francs. La suite on la devine, Vizzavi fut un fiasco et le portail "multi-accès" a été revendu.
L'histoire retiendra peut-être que, dans cette folie Vivendie, le seul à avoir fait fortune est un "sans papier". Ababacar Diop a depuis été régularisé. Il a utilisé, en partie, cet argent pour la réalisation de micro-projets au Sénégal et au Mali. Comme quoi, cette folie Internet n'a pas été perdante pour tout le monde. Y en a sûrement qui au Sénégal disent "Merci Messier !"
En faisant une recherche sur Amazon, j'ai vu que d'une part ce livre était en rupture de stock, et que d'autre part, l'auteur avait sorti un nouveau livre, dans le même style, Do you spik européen ? : Et autres folies de l'Ouest ! ...
Vu comme j'aime l' Europe (et encore plus depuis que grâce à l' Europe, les français n'ont pas pu appliquer la TVA à 5,5 % dans la restauration, et failli perdre le même taux réduit pour les travaux de rénovation...), je crois que je ne vais pas tarder à m'acheter ce livre (remarquez ça peut être considéré comme du masochisme à la limite)
En rangeant des livres, dans une étagère, ce soir, je suis tombé, entre autre, sur ce livre ,que j'avais lu il y a 1 ou 2 ans...
Quatrième de couverture :
Rien n'est plus simple, rien n'est plus drôle que l'économie. C'est un chroniqueur économique reconnu qui l'affirme et le prouve. En vingt-quatre lettres à son jeune neveu, il décrypte, décode les curiosités, les incohérences, voire les absurdités du système. La bourse est un jeu d'enfant, le livret A c'est "Robin des bois à l'envers". Quant aux Pouvoirs Publics, il comptent sur les fumeurs pour sauver la sécu ! C'est décapant, irrésistible et beaucoup plus instructif qu'il y paraît.
A propos de l'auteur :
Chroniqueur économique, Axel de Tarlé est omniprésent dans les médias. Plus de trois millions d'auditeurs suivent chaque matin ses rubriques à 6h55 et 7h50 sur Europe n°1. Il assure chaque semaine la chronique des marchés financiers du "Journal du dimanche". Il est aussi l' "Econoclaste" qui, dans "Paris-Match", épingle avec humour l'actualité économique.
Je me suis "amusé", à faire le moine copiste pour vous recopier la lettre, qui donne le mode d'emploi pour arriver à perdre 739 euros par seconde. Si vous décidez d'acheter le livre, il vous restera 23 autres lettres aussi savoureuses (pas toujours aussi longues).
Vivendi : l'argent par les fenêtres :
Mon cher petit Théo,
Il paraît que tu as perdu 5 euros ce matin à l'école. C'est rageant ! Mais que dirais-tu si tu avais perdu 13 milliards d'euros ? Tu dirais :
"Je vais mieux que bien" ! C'est la petite phrase lachée par Jean-Marie Messier après avoir affiché une perte de 13 milliards d'euros pour Vivendi en 2001. 13 milliards...
Oui, je sais ça ne veut rien dire. Pour te faire une idée, c'est ce qu'a coûté le tunnel sous la Manche. Bref, avec cet argent, Jean Marie Messier aurait pu construire un deuxième tunnel, à côté du premier : le tunnel "Messier"!
Mais attend, il y a mieux. L'année suivante, en 2002, Vivendi a annoncé 23,3 milliards de pertes, quasiment le double ! 23 milliards, ça fait: 60 millions d'euros de perdus par jour. Imagine la scène: les salariés de Vivendi se rendant tous les matins au travail: "Allez les gars, au boulot! On a encore 60 millions à perdre aujourd'hui ! Faut pas chômer." 60 millions, c'est le prix d'un Airbus, "envolé" tous les jours !
De son côté, France Télécom annonçait 21 milliards de pertes. Au petit concours de pertes de l'année 2002, France Télécom était donc médaille "d'argent". C'est simple, en deux ans, ces deux entreprises ont englouti 65 milliards d'euros. C'est plus de quatre fois le montant du "scandale" Crédit Lyonnais.
Comment peut-on perdre autant d'argent ? Toi tu as perdu 5 euros ce matin. Jean-Marie Messier, lui, perdait 739 euros... à la seconde ! C'est quand même plus classe Il faut dire qu'il est beaucoup plus intelligent que toi. Il a fait Polytechnique et l'ENA.
Alors, petit mode d'emploi pour perdre 739 euros par seconde. Comment faire ?...C'est pas facile. Difficile, en effet, de trouver un business qui puisse générer autant de pertes aussi rapidement(à moins de distribuer des billets de 500 euros dans la rue !).
Car, en fait, et tu seras surpris Vivendi et France Télécom ont toujours gagné de l'argent sur leurs activités. Les employés n'ont rien à se reprocher.
Non, pour perdre autant et aussi rapidement, il existe une méthode imparable : acheter très cher quelque chose qui ne vaut rien. En clair: il faut se faire rouler.Imagine une boulangère, qui vend du pain, elle gagne 100 euros par jour. C'est son activité. C'est rentable. Oui, mais imagine qu'elle achète une deuxième boulangerie 10 millions, alors qu'elle n'en vaut qu'1 million. Elle aura beau vendre des baguettes de pain à tour de
bras, elle aura tout de même perdu 9 millions. C'est ce qu'on fait Jean-Marie Messier et Michel Bon, le patron de France Télécom; ils ont racheté très cher des choses qui ne valaient pas grand-chose : Orange pour France Télécom, Canal Pluus et Universal pour Vivendi.
Question: pourquoi des gens aussi brillants se sont-ils fait rouler dans la farine ? Réponse: encore une fois, mon petit Théo, parce qu'ils sont "INTELLIGENTS". Et, quand on est intelligent, il faut "briller", être à la hauteur de son QI. Il faut que ça "en jette".
Or, à l'époque, dans le monde des affaires, la mode était à l'Internet. On parlait de convergence, de révolution numérique. Ceux qui ne participaient pas à cette "extraordinaire mutation technologique" étaient des ringards qui n'avaient rien compris.
C'est pourquoi, comme d'autres, Jean-Marie Messier et Michel Bon se sont lancés à corps perdu dans de "brillantes opérations stratégiques" pour créer des "leaders mondiaux de la Nouvelle Economie". Ils le faisaient d'autant plus volontiers qu'ils n'étaient pas propriétaires de leur entreprise. Briller avec l'argent des autres, lumineux !
Et tu ne te rends pas compte de la folie furieuse qui régnait à l'époque. Un jour, Jean-Marie Messier a annoncé la création d'un "portail Internet multi-accès": proposer tous les contenus (film, foot, musique...) depuis tous les supports (mobile, PC, télé, palm...). Cette cyber-plate-forme avait été baptisée Vizzavi. Celle-ci n'était pas encore à l'état de projet que, déjà les analystes financiers l'avaient valorisée à 20 milliards d'euros (deux fois la valeur d'une entreprise comme Peugeot par exemple), et ce pour quelque chose qui n'existait pas ! La Révolution.
Sauf que... Petit détail amusant: le nom "Vizzavi" était déjà réservé par un certain Ababacar Diop. Le leader du mouvement des "sans papier" de l'église Saint-Bernard avait, en effet, déposé ce nom pour l'un de ses cafés Internet à Paris. Oups ! Le "maître du monde" contrarié par un clandestin! Allons bon ! J2M a sorti son carnet de chéque et racheté le nom "Vizzavi" pour 24 millions de francs. La suite on la devine, Vizzavi fut un fiasco et le portail "multi-accès" a été revendu.
L'histoire retiendra peut-être que, dans cette folie Vivendie, le seul à avoir fait fortune est un "sans papier". Ababacar Diop a depuis été régularisé. Il a utilisé, en partie, cet argent pour la réalisation de micro-projets au Sénégal et au Mali. Comme quoi, cette folie Internet n'a pas été perdante pour tout le monde. Y en a sûrement qui au Sénégal disent "Merci Messier !"
En faisant une recherche sur Amazon, j'ai vu que d'une part ce livre était en rupture de stock, et que d'autre part, l'auteur avait sorti un nouveau livre, dans le même style, Do you spik européen ? : Et autres folies de l'Ouest ! ...
Vu comme j'aime l' Europe (et encore plus depuis que grâce à l' Europe, les français n'ont pas pu appliquer la TVA à 5,5 % dans la restauration, et failli perdre le même taux réduit pour les travaux de rénovation...), je crois que je ne vais pas tarder à m'acheter ce livre (remarquez ça peut être considéré comme du masochisme à la limite)