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La Réforme du Lycée
Posté : jeu. oct. 09, 2008 5:40 pm
par Sylvain Wells
Comme vous devez vous en douter, une réforme du lycée est en cours de pourparlers pour être appliquée en 2009 pour la 2nd, en 2010 pour la 1e, et en 2011 pour la Term. Il y a de cela très peu de temps, le syndicat enseignant est sorti du cercle des pourparleurs.
La base de cette réforme serait un tronc commun et des options au choix, au semestre. Il serait possible que ce système fonctionne par paquet d'options, de ce fait, on ne pourrait prendre beaucoup d'options ES et L à la fois. Les maths et l'histoire-géo disparaîtraient du tronc commun à partir de la 1e, et deviendraient des options.
Il se pourrait également qu'aucun redoublement ne puisse se produire.
Question : qu'en pensez-vous ?
Je rappelle que ce n'est pour l'instant pas définitif, mais voici quelques grandes lignes.
Posté : jeu. oct. 09, 2008 6:04 pm
par sunmat
Je suis totalement pour !
Cela va rendre les filières générales (L, ES et S) plus équilibrée, avec un système semblable à la fac, ou on peut se faire son petit programme.
Un exemple :
Un bon élève aujourd'hui, qui aime un peu tout, va avoir tendance à choisir une S parce que "c'est plus général" ou "c'est mieux", bref pour toutes les raisons qui font qu'actuellement la S est la filière générale et, je dirais presque élitiste. Cet élève se prive aujourd'hui de bons cours de littératures qu'il aurait pu suivre en L.
Avec ce système : l'élève va en L avec plein d'options scientifiques, qu'il change en fonction de ses envies, ou alors il va en S et prend des options littéraires, par exemple remplace la biologie par du français ou une LV3, sans pour autant renier la physique et les maths.
De la même manière certains élèves vont en L "parce que c'est la filière artistique". Mon frère n'est pas du tout littéraire, mais il a fait L pour les options musiques. Avec ce nouveau système des S qui ont un penchant pour les arts pourront en avoir un peu plus en option.
On va réellement sensibiliser les lycéens quant aux choix concernant leurs motivations d'avenir. Les élèves ne prendront plus une série par défaut, mais par choix.
Le système d'option va également régler le problème des classes trop nombreuses, puisque plus il y a d'options, plus les élèves se répartissent dans chaque option.
Ils seront moins nombreux et travailleront sur une matière qui les intéresse, d'où une amélioration des résultats et surtout une diversification des élèves.
Aujourd'hui un CV ne mentionne qu'un "bac S, obtenu avec mention, spécialité maths", ou truc du genre. Demain le CV d'un étudiant mentionnera "un semestre d'histoire des arts, un semestre de mathématiques appliqués, un semestre d'économie et un semestre d'initiation à la LV3 japonais", par exemple, ce qui sera beaucoup plus parlant pour un recruteur et donnera plus d'informations sur la culture générale et l'ouverture de l'étudiant.
Je pense donc que c'est une excellente idée.
Par contre il ne faudrait pas qu'ils aient l'idée de la mettre en place en collège : les élèves ne sont pas assez matures pour faire des choix d'options qui leur serve réellement au sein d'une carrière professionnelle et à long terme.
Posté : jeu. oct. 09, 2008 6:12 pm
par Sylvain Wells
Mais il n'y a plus de filière ! C'est un programme général très pauvre, avec des options à côté. Le problème, justement, ce sont les options. Il faut voir ce qu'on aura vraiment comme option, pas juste sur le papier. En théorie, je devais pouvoir choisir l'option grec au collège, en 3e. Et bah ils ont dû annuler. Va savoir pourquoi, puisque les profs étaient Ok et les élèves motivés.
Le problème aussi, c'est qu'il est fort possible qu'avec le paquet d'option, l'avantage de pouvoir se diversifier disparaisse. Puisque prendre une certaine branche fermerait l'accès à d'autres.
Je ne parlerais pas non plus de la disparition des redoublements.
Le fait que les syndicats enseingants sortent de la discussion ne m'incite pas non plus à de forts espoirs concernant la défense de "nos" intérêts, nous actuels 3e qui vont découvrir ce nouveau monde, après les nouveaux programmes de tout le collège.
Autre chose, que je trouve relativement incroyable : si les maths et l'hist-géo disparaissent du tronc commun (complètement, hein) pour les deux dernières années, le sport y reste complètement.
Posté : jeu. oct. 09, 2008 7:35 pm
par sunmat
Le sport est quelque chose de plus nécessaire que les maths ou l'histoire géo, mais ça on ne s'en rend compte que quand on arrête d'en faire, après le bac.
Personnellement je serai enchanté de savoir qu'on me laisse le choix des matières que je vais étudier. Les problèmes surviendront pour ceux qui en profiteront pour en faire le moins possible. Ceux là se rendront compte un peu tard que de nombreux CV leur passe devant lors des demandes d'embauche parce qu'ils n'ont pas pris en main leur vie assez tôt.
Ca va également sensibiliser les parents quant aux études de leurs enfants, et donc on peut s'attendre à une amélioration de l'instruction, plus généralement.
En sortie de lycée les fac ne seront plus remplies de gens qui ne savent pas quoi faire de leur vie et ont pris psycho parce qu'il y a des soirées tous les jeudi soir (c'est un exemple, il y a des soirées pour a peu près toutes les filières). Mais le choix d'une filière se fera avec un background et en connaissance de cause.
Autre avantage, que nous attendons tous, nous autres chercheurs en informatique : la potentielle création d'options informatiques qui débloqueraient une agrégation purement informatique et la possibilité de faire plus d'enseignement dans ce domaine. (Actuellement pour enseigner l'informatique, en prépa par exemple, il faut l'agrégation de maths option informatique, et un doctorat d'informatique. Ca fait beaucoup d'études pour peu de choses, alors qu'une agrégation d'info règlerai le problème.)
Au niveau de la suppression des redoublements, c'est à la fois une bonne et une mauvaise idée. Aujourd'hui on voit des gens passer dans les classes supérieures alors qu'ils n'ont pas le niveau, tout ça simplement parce que le lycée a un budget restreint, et qu'un redoublant, ça coûte. A côté de ça des élèves parfaitement capables redoublent volontairement parce qu'ils veulent de meilleur résultats, qu'ils ont déjà un an d'avance et que donc ça ne les dérange pas de redoubler si c'est pour avoir une meilleur école en sortie de terminale. Bref le redoublement ne signifie plus grand chose, sinon des frais pour l'éducation nationale. Le supprimer est donc une bonne idée.
Je ne dis pas qu'il n'y a pas des élèves pour qui il est profitable et justifié de redoubler. Mais si le redoublement est supprimé, il sera remplacé par la réorientation, et ce n'est pas plus mal puisqu'il est clair que certains élèves n'ont pas leur place en voie générale et seraient bien mieux en professionnelle.
Au niveau du grec que tu n'as pas pu faire, il s'agit de choses interne à ton établissement : l'embauche d'un prof pour un certain nombre d'élèves, etc. En général les collèges ont des quotas à respecter et ouvrent une option en priorité sur une autre parce que ça coute cher. Je constate la même chose dans les études supérieures : pour faire du Japonais je dois aller à l'ENSAI, alors que ce n'est pas mon école. L'ENSAI centralise les options linguistiques sur le campus pour pouvoir en ouvrir plus, en contrepartie les autres écoles donnent une partie de leur budget à l'ENSAI en fonction du nombre d'élèves qui suivent des options. Nous en tant qu'élèves, on a du signer un papier stipulant que nous suivront l'option pendant un minimum de deux ans, avec uniquement deux absences non-justifiées autorisées.
Tout ça ce sont des magouilles entre établissements. Quand j'étais au lycée, ceux qui voulaient faire l'option ISI devait traverser la ville pour se rendre dans un autre lycée, quand les élèves de l'autre lycée qui voulaient faire MPI faisaient l'inverse. L'année ou je suis rentré ils ont supprimé ce système : les élèves avaient choisis leur lycée en fonction de leurs options et il n'y avait pas eu de demande.
Le fait que l'éducation nationale mette en place un système d'option est une bonne chose : ça leur coûte beaucoup plus que le système actuel, et donc ils n'ont d'intérêt à faire ça que pour améliorer la qualité des enseignements et des débouchés. Ca prouve en un sens qu'ils se préoccupent des étudiants, et pas uniquement de leur budget, bien au contraire.
Posté : lun. oct. 13, 2008 5:44 pm
par Petite_Fée
Je ne me prononce pas...les années lycée sont loin et floues.
J'étais en L et il est vrai que certaines matières m'étaient parfaitement égales (la physiqueChi et ces maudits maths) et les voir disparaître ne m'aurait pas dérangée. Il est vrai également que j'aurais souhaité continuer à faire du grec. Pour les matières artistiques, si vraiment j'avais voulu me lancer là-dedans, j'avais la chance d'habiter pas loin d'un lycée où il y avait des options ciné, musique, arts plastiques, théâtre.
Ca va également sensibiliser les parents quant aux études de leurs enfants, et donc on peut s'attendre à une amélioration de l'instruction, plus généralement.
C'est la pionne parfois désabusée qui parle là...si des parents n'en ont rien à foutre de leurs gamins, la multiplication des options ne changera rien au problème. Quand on voit que dès la sixième l'absentéisme effréné (testé, expérimenté et approuvé) n'effraie pas papa maman, ou pire, que ces derniers "couvrent" leurs mômes, je ne vois pas en quoi cette réforme les fera changer d'avis.
En sortie de lycée les fac ne seront plus remplies de gens qui ne savent pas quoi faire de leur vie et ont pris psycho parce qu'il y a des soirées tous les jeudi soir
C'est l'ancienne membre active (et investie dans le bureau) d'une assoc' étudiante qui parle.
Le côté festif fait partie de la vie étudiante quelle que soit la filière. Passer à côté, je trouve ça moche. Et puis, même en prépa on peut chouiller (c'est pas Hystéria qui va me contredire ^^)
Mais si le redoublement est supprimé, il sera remplacé par la réorientation, et ce n'est pas plus mal puisqu'il est clair que certains élèves n'ont pas leur place en voie générale et seraient bien mieux en professionnelle.
On devrait déjà remarquer cette chose dès le collège...mais on oeut avoir d'agréables surprises. Des "cancres" qui semaient le chaos qui ont un déclic pendant les grandes vacances.
Le gros truc qui me chiffonne est la position des matières artistiques. On ne peut pas dire que la culture et la curiosité intellectuelle soient dans les obligations de toutes les têtes adolescentes. Ce sont les rares matières où on exige de la créativité, où on titille l'imagination, où on demande du "ressenti" de l'expression, où il n'y a pas d'obligation stricte et rigide au niveau du programme (du moins, je le pense après je dis pitète une ânerie auquel cas, désolée ^^) Ce serait ballot de supprimer ces matières où l'élève n'est plus une tête à remplir mais une âme à aider à s'exprimer.
Posté : lun. oct. 13, 2008 6:12 pm
par sunmat
Je ne sais pas s'il y a un programme pour les matières artistiques, mais je souhaite apporter une nuance à ce que tu dis : il n'est pas nécessaire d'avoir du ressentir, une certaine sensibilité ou qui que ce soit d'a priori empirique pour faire une option artistique. Un exemple simple (je sort un peu du cadre) : la grande majorité des élèves de conservatoire musical ne sait strictement pas improviser ni composer. Il se placent devant leur instrument, et s'il n'y a pas de partition, ils ne peuvent rien faire. Pour faire le parallèle avec la littérature : qui est le plus artistique ? Celui qui sait lire ou celui qui ne lis pas, mais est bon orateur ou écrivain ? Il y a les deux pour les options artistiques : ceux qui sont là parce qu'ils cherchent à créer, et ceux qui sont là parce qu'ils savent analyser et reproduire.
Un exemple : je ne suis pas du tout artiste, mais je me suis essayé à l'art plastique en 2nd. Il m'a suffit de comprendre comment analyser un sujet d'art pour savoir comment y répondre de manière non-créatrice et avoir une bonne note simplement en justifiant mes choix par une analyse poussée. Je me souviens même avoir fait faire un travail à ma prof ! Je n'ai strictement rien fait de mon côté, et puis j'ai analysé ce qu'elle avait fait et je lui ai montré en quoi c'était moi qui l'avais fait (en quoi je l'avais poussé à le faire sans qu'elle s'en rende vraiment compte). J'ai eu 17 sans avoir touché à l'œuvre que j'étais supposé avoir fait. J'ai fait ce genre de truc toute l'année : analyser le sujet, trouver comment, de manière logique, m'écarter des autres qui raisonnaient de manière créatrice. Quelques coups de ciseaux, un peu de colle, et c'était le 15 assuré. J'ai quitté l'option l'année suivante parce que j'étais là pour apprendre à dessiner, et qu'avoir 15 comme cela ne m'y aidait pas.
Au niveau du côté festif de la vie étudiante, je suis d'accord que les soirées font partie de cette vie, mais je trouve qu'il y en a trop. Comme tu dis on peut faire des soirées en prépa, mais on en fait beaucoup moins (3 par an, dans ma prépa), et je trouve que c'est plus intéressant comme ça. Au moins on profite de sa soirée, parce qu'il y en a peu. Faire une soirée par semaine, c'est trop je trouve, on est là pour bosser et construire les bases de sa carrière professionnelle.
Maintenant je ne voudrais pas sortir du sujet : j'avais cité les soirées étudiantes comme ça, comme un exemple de personnes qui choisissent leur filière en fonction non pas du contenu de la filière, mais du contenu de ce qui tourne autour : soirées, WEI, etc.
Je ne suis pas contre tout cette vie étudiante (au contraire j'en profite pleinement et il va d'ailleurs falloir que je me mette à mon devoir de physique si je veux pouvoir aller à la soirée de jeudi prochain), mais que les élèves aillent en fac pour bosser, quoi !
Posté : mar. oct. 14, 2008 5:29 pm
par Sylvain Wells
Le sport est quelque chose de plus nécessaire que les maths ou l'histoire géo, mais ça on ne s'en rend compte que quand on arrête d'en faire, après le bac.
Ca reste à prouver. Certes, le philosophe sur son rocher à une espérance de vie moindre que le type qui tient une massue. Mais je pense que faire de l'athlétisme n'est pas aussi important que de connaître le monde dans lequel on vit.
Redoublement : si certains élèves ne sont pas adaptés à l'enseignement général, on est sensés les orienter en fin de troisième, voir parfois les refuser au lycée général. Mais, l'élève qui, à cause d'un problème de santé important, ne peut suivre la plupart de l'année normalement, doit pouvoir redoubler, sinon il passe directement dans la classe suivante, ne suit plus, est réorienté en pro, et finit par faire des années de professionnelle, alors qu'il envisageais un bac L. Enfin, non, puisque c'est un bac général.
Posté : mar. oct. 14, 2008 5:45 pm
par sunmat
Sylvain Wells a écrit :Le sport est quelque chose de plus nécessaire que les maths ou l'histoire géo, mais ça on ne s'en rend compte que quand on arrête d'en faire, après le bac.
Ca reste à prouver. Certes, le philosophe sur son rocher à une espérance de vie moindre que le type qui tient une massue. Mais je pense que faire de l'athlétisme n'est pas aussi important que de connaître le monde dans lequel on vit.
ça ne reste pas prouver, tu t'en rendra compte quand tu commenceras à "vieillir", si tu as arrêté de faire du sport. Le truc c'est qu'on ne peut pas comparer comme tu le fais une activité sportive à un apport de connaissance. L'activité sportive est nécessaire à la santé, donc a un impact directe sur notre niveau de vie, et ce quelque soit la personne, alors qu'on ne peut pas imposer à quelqu'un qui n'aime pas les maths d'en faire, il pourra devenir docteur en lettres anciennes ou autre chose de tout aussi honorifique.
Crois moi, dans le secondaire j'aurais été le premier à signer pour que le cours d'EPS soit remplacé par des maths. A partir du moment ou j'ai commencé à ne plus en faire, je me suis rendu compte non pas de son utilité, mais de sa
nécessité. Si les jeunes ne sont pas sensibilisé à ça très tôt, surtout avec les nouvelles technologies qui actuellement réduisent beaucoup l'effort, c'est les hôpitaux qui vont en prendre un coup : maux de dos à 30 ans, rhumatismes dès 35...
Au niveau de ton exemple de l'élève qui a des problèmes de santés, il ne s'agit pas de redoublement. D'ailleurs je ne pense pas que ce soit marqué "redoublant" sur le dossier, et que ce n'est pas discriminant, donc si le nouveau système est mis en pratique, ces personnes là ne seront pas inquiétées.