[Galerie] Série noire
Posté : ven. déc. 21, 2007 7:26 pm
Une idée de base pour feuilleton (genre série télé débile) qui m'a été inspirée par le topic de Burning sur la Thanathopraxie.
A défaut d'amuser la galerie, je me suis bien amusé moi-même (première fois que je passe plus d'une heure à écrire quelque chose depuis mes chères études.. )
J'ai pas vraiment tout relu, je reviendrais éditer et compléter ou continuer quand j'en aurais le temps et l'envie..
Dans un futur proche, une loi d’apparence anodine est passée (la loi « très passée ») qui dit que si une personne ne stipule pas très clairement par testament (devant notaire et témoins) à qui elle lègue son corps à sa mort, celui-ci ne revient pas automatiquement à la famille du défunt ou à la science, mais au plus offrant s’il y a demandeur. L’argent éventuellement récolté est reversé pour 75% à l’état du pays où le corps est trouvé (s’il n’y a pas d’acquéreur c’est lui qui doit s’en débarrasser, et les familles n’ont pas à subir des frais d’inhumation ou d’incinération non désirés ou au dessus de leurs moyens) et pour 25% à l’état de citoyenneté du décédé.
Tous ceux dont la religion (ou l’affectif) poussait à faire des rites funéraires pour les membres de leur famille ou leur amis durent débourser des sommes parfois élevées pour récupérer les corps (des ennemis de la famille, surtout en Corse et en Sicile, ou des mauvais plaisantins anonymes s’amusant parfois à faire monter les enchères par pure méchanceté).
L’association « Ad Patres » chercha un temps à faire rendre la « propriété » du corps du défunt à la famille de ce dernier, mais les profits pour l’état (et dans une moindre mesure les baisses d’impôts qui en découlèrent) étaient tels que cette opposition fut vite balayée d’un revers de la main gouvernementale. Et les frais de notaire pour établir un testament « valide » furent augmentés très considérablement pour que l’état ne soit pas trop victime de « manque à gagner »..
On soupçonna fortement certains pays de financer et entretenir des mercenaires pour « aider » les accidents mortels de touristes occidentaux pouvant être une plus grande source de devises morts que vifs, et de ne pas vraiment respecter la clause du testament, mais dans l’ensemble, le système marchait assez bien et aucun des gouvernements en place ne fit de réclamation officielle aux Nations Unies..
Bien entendu, les corps des célébrités étaient les plus demandés et donc les plus chers. De véritables ventes aux enchères télévisées en direct dans le monde entier furent organisées pour les acteurs et surtout les actrices les plus médiatisés. Certaines ventes durèrent trois jours entiers animées par de célèbres Thanathon-hôtes..
Une nouvelle sorte de collectionneurs apparut, les « Thanathophiles », qui utilisèrent les services de véritables artistes de la Thanathopraxie pour faire des cadavres achetés de véritables statues avec le costume et la pose désirés (un peu comme faisaient déjà les taxidermistes avec les animaux..). On appela ces ½uvres d’art on ne peut plus réaliste des « Natures vraiment mortes », « Cadavres exquis » ou « Vanités »..
Les Thanathopraxes les plus doués créèrent de véritable grandes maisons de « Morte Couture » (ou bien furent recrutés par certaines maisons commerciales plus anciennes comme « Hermès »), sortant régulièrement des catalogues et organisant même des « défilés » de mannequins momifiés pour montrer leur savoir faire pour les poses, le maquillage et l’habillage des défunts. Certains top models (on les réutilisait plusieurs fois pour prouver qu’on pouvait faire évoluer le sujet selon la mode du jour ou l’humeur du moment, c’était un véritable « art vivant ») ne connurent vraiment la célébrité qu’à titre posthume, et leur cadavres eurent la gloire qu’il n’avaient même pas osé rêver de leur vivant.. Ces exhibitions étaient en fait la vitrine d’un « prêt-à-porter » accessibles à presque toutes les bourses et la vraie principale source de revenus de ces maisons de re-créations.. Toutes sortes de slogans publicitaires apparurent dans les magazines, comme « La mode IN pour les gens OUT », « Ce qu’il faut mettre pour aller en boite cet hiver », « Et vous, si vous deviez choisir comment devrait être votre corps pour l’Eternité, pour quoi opteriez vous ? »..
Car même les gens les moins aisés se mettaient à la mode du jour et achetaient de plus en plus de cadavres (on inventa une nouvelle unité de mesure pour comparer les habitudes de consommation dans ce domaine = le corps-morts /an). Au début, les gens achetaient surtout les membres de leur famille (de toute façon, les cimetières étaient pleins, les crématoriums interdits car contribuant à l’effet de serre, et les valeurs religieuses se perdaient, alors autant garder pépé à la maison..). Puis ils se mirent à acheter les corps des membres de la famille qu’ils auraient aimé avoir (celle là au moins ils pouvaient la choisir, et ils avaient toujours le dernier mot avec eux dans les discussions). Enfin ils achetèrent impulsivement un peu n’importe qui et n’importe quoi dans les boutiques du Carrefour du coin (genre « Papa Legba », « Charon Import »,..) qui fournissaient ce genre d’articles. Les ventes de petits animaux de compagnie peu interactifs (genre poissons rouges et certains petits rongeurs) baissèrent. Puis celles des peluches et poupées décoratives. Puis celle du petit mobilier (porte-manteaux, tables et même chaises..) quand un décorateur d’intérieur eut l’idée de génie en s’inspirant du film Orange Mécanique de faire des meubles à partir de cadavres (un slogan qui fit fureur auprès des écologistes = « Sauvez les forêts et la planète. Nous ne sommes pas de bois.. »).
Les Thanathophiles les plus riches se créaient quant à eux de véritables musées privés (ou parfois publics en faisant payer un droit d’entrée aux visiteurs, ce qui sonna le glas des musée de cire genre Madame Tussaud dont les pièces furent jugées bien peu réalistes en comparaison) en se disputant à coup de millions les corps les plus prestigieux ou les plus « intéressants » (curieusement les personnes très laides se vendaient aussi bien que les canons de la beauté plus classiques). Certains golden boys firent leur fortune en investissant sur des corps pour se les accaparer rapidement puis en les revendant après traitement « artistique », ce fut l’ère des « body-brokers » et du « body-building ».
Les maisons de disques, studios de cinémas, chaines de télé et autres maisons d’éditions faisaient désormais signer à leurs vedettes des contrats stipulant qu’ils leurs léguaient leur corps à leur mort, ces droits d’utilisation de leur enveloppe charnelle devenant plus rémunérateurs que les droits d’images durant leur vie. Et on pouvait utiliser les momies pour des campagnes publicitaires avec toutes sortes de sponsors infiniment plus longtemps..
Il y eut bien sûr des faussaires (on ne compte plus les pseudos corps de l’immortel « king » Johnny Halliday en circulation), certains chirurgiens plastiques peu scrupuleux n’hésitant pas à transformer des corps anonymes en sosies de stars. Il existe même des momies de personnages qui ne sont pas encore décédés..
Les rumeurs les plus folles circulèrent un moment sur les soi-disant pratiques nécrophiles de certains collectionneurs et même d’un retour du cannibalisme, ce qui fit prendre un nouveau sens aux termes de « croque-morts » et « restaurateurs de cadavres » (la blague à la mode c’était de dire à un diner mondain « je vous sors un mouton Rothschild, pour diner ? »).. Mais la plupart des gens sensés comprirent bien qu’il ne s’agissait là que de nouvelles légendes urbaines.
Certains entrepreneurs comprirent très vite que l’on pouvait se faire plus de pognon en vendant au détail à plusieurs collectionneurs plutôt qu’en gros à un seul.. Ce sont les nouveaux « Reliquaires ».
L’état argentin dut faire appel à un emprunt national auprès de la population afin de pouvoir garder et exposer dans un musée-église la célèbre « main de Dieu » de Maradona pour contrer une offre d’un richissime collectionneur anglais qui dut se contenter du pied gauche.
La tête de Zidane eut un peu moins de succès et termina dans l’étalage d’un transalpin ayant fait fortune dans la boucherie.
D’ailleurs, en général, on remarqua que l’on déboursait plus d’argent pour s’offrir le corps (ou une partie de ce corps) d’un ancien rival ou personne détestée que d’un ancien camarade ou d’un être aimé : les gens préféraient se payer la tête de leur ennemi (et elle finissait souvent comme un trophée sur un mur du hall d’entrée ou parfois même au dessus des toilettes) que de leur ami..
Le chef (ou la tête) étant souvent ce qu’on payait le mieux, la fabrique de guillotines fut relancée et le processus fut industrialisé avec l’utilisation du travail à la chaine et de machines outils adaptées : il suffisait de mettre le cadavre allongé sur un tapis roulant d’un coté de la « boite magique » et les morceaux ressortaient conditionnés et emballés selon les spécifications des clients de l’autre côté.
Un grand chef de la pègre marseillaise, Bernard Karpett (dit le « sévèrement burné ») fut l’un des premiers à se spécialiser dans ce dépeçage des cadavres et la vente « à la pièce », réalisant des profits faramineux et créant une nouvelle « French Connection » qui n’hésitait pas à faire circuler des faux ou à « couper » la marchandise en utilisant des techniques de reproductions dérivées du clonage et multiplier les morceaux dillués. Cela fut exposé publiquement quand on fit des prélèvements des tranches de membres supérieurs d’un célèbre politicien mises à la vente sur le marché = en mettant bout à bout les « rondelles » on atteignit une longueur de 6.36m, ce qui était bien excessif même pour quelqu’un qui avait le bras long de son vivant (et déjà la main baladeuse).
Pour garder l’exclusivité et « l’½uvre complète » originale, les collectionneurs puristes devaient quant à eux débourser de véritables fortunes pour les corps les plus demandés.
Une compagnie de jouets, « Osiris puzzles » lança le concept de maquettes à monter soi même. Il y eut des plaintes car il manquait souvent une pièce centrale du puzzle qui se retrouvait incomplet : la compagnie rétorqua qu’elle ne voulait pas se faire accuser d’incitation à la débauche et que ses « jouets » étaient surtout destinés à un publique jeune.
On découvrit par la suite que les « parties » manquantes étaient en fait vendues sous le manteau comme bijoux aphrodisiaques ou comme gris-gris porte chance ou censés développer la fertilité ou la virilité selon le sexe du possesseur.
Certains artistes modernes rubicubistes et destructuralistes (dont la fameuse Popoche Tron avec son célèbre « brain-strip-teaser Frank Einstein à la violette») s’amusèrent à mélanger plusieurs de ces puzzles et à créer des statues polymorphes parfumées (embaumées et embaumantes) appelées « chimères nouveaux-aillés »...
Des marques de lessives et de céréales en manque d’idée de nouveaux petits cadeaux à mettre dans leur boites pour attirer les ménagères via leurs rejetons tentèrent d’utiliser des reliques de vedettes de second plan (genre chanteurs de boys band oubliés ou ex candidats de la Star Ac’). Pour les céréales cela fut vite retiré du marché suite à une plainte idiote = un enfant un peu goinfre était mort étouffé en avalant par inadvertance le gros orteil d’on ne sait plus trop qui. D’ailleurs, le corps de cet enfant fut par la suite racheté par une marque de céréales concurrente et utilisé dans une campagne publicitaire calomnieuse qui fit beaucoup de mal à la notoriété de la première..
Qui dit objets de valeurs à transporter dit risque d’attaque pour voler lesdits objets.
Il se créa par réactions des compagnies de convoyeurs spécialisés chargés de protéger cette nouvelle marchandise précieuse et de la mener à bon port.
Notre héros, Mortimer Fié (dit « Morty » pour les intimes) fait partie de ces nouveaux « gardes du corps », et travaille pour la célèbre firme « Poste Mortem ».
Il est lui-même collectionneur thanathophile (affectionnant surtout les actrices de films X d’Europe de l’Est. Le sida faisant toujours des ravages dans le milieu de la pornographie, la matière première ne manque pas..) et il vient de se faire larguer par sa copine : elle avait passé sur le fait d’avoir une morte à moitié dénudée assise dans un fauteuil en rotin reprenant la pose d’Emmanuelle sur l’affiche du premier film érotique de ce nom en face du lit « conjugal », mais a craqué en découvrant que Morty parlait secrètement à ses pièces de collection en leur donnant des petits mots doux..
A défaut d'amuser la galerie, je me suis bien amusé moi-même (première fois que je passe plus d'une heure à écrire quelque chose depuis mes chères études.. )
J'ai pas vraiment tout relu, je reviendrais éditer et compléter ou continuer quand j'en aurais le temps et l'envie..
Dans un futur proche, une loi d’apparence anodine est passée (la loi « très passée ») qui dit que si une personne ne stipule pas très clairement par testament (devant notaire et témoins) à qui elle lègue son corps à sa mort, celui-ci ne revient pas automatiquement à la famille du défunt ou à la science, mais au plus offrant s’il y a demandeur. L’argent éventuellement récolté est reversé pour 75% à l’état du pays où le corps est trouvé (s’il n’y a pas d’acquéreur c’est lui qui doit s’en débarrasser, et les familles n’ont pas à subir des frais d’inhumation ou d’incinération non désirés ou au dessus de leurs moyens) et pour 25% à l’état de citoyenneté du décédé.
Tous ceux dont la religion (ou l’affectif) poussait à faire des rites funéraires pour les membres de leur famille ou leur amis durent débourser des sommes parfois élevées pour récupérer les corps (des ennemis de la famille, surtout en Corse et en Sicile, ou des mauvais plaisantins anonymes s’amusant parfois à faire monter les enchères par pure méchanceté).
L’association « Ad Patres » chercha un temps à faire rendre la « propriété » du corps du défunt à la famille de ce dernier, mais les profits pour l’état (et dans une moindre mesure les baisses d’impôts qui en découlèrent) étaient tels que cette opposition fut vite balayée d’un revers de la main gouvernementale. Et les frais de notaire pour établir un testament « valide » furent augmentés très considérablement pour que l’état ne soit pas trop victime de « manque à gagner »..
On soupçonna fortement certains pays de financer et entretenir des mercenaires pour « aider » les accidents mortels de touristes occidentaux pouvant être une plus grande source de devises morts que vifs, et de ne pas vraiment respecter la clause du testament, mais dans l’ensemble, le système marchait assez bien et aucun des gouvernements en place ne fit de réclamation officielle aux Nations Unies..
Bien entendu, les corps des célébrités étaient les plus demandés et donc les plus chers. De véritables ventes aux enchères télévisées en direct dans le monde entier furent organisées pour les acteurs et surtout les actrices les plus médiatisés. Certaines ventes durèrent trois jours entiers animées par de célèbres Thanathon-hôtes..
Une nouvelle sorte de collectionneurs apparut, les « Thanathophiles », qui utilisèrent les services de véritables artistes de la Thanathopraxie pour faire des cadavres achetés de véritables statues avec le costume et la pose désirés (un peu comme faisaient déjà les taxidermistes avec les animaux..). On appela ces ½uvres d’art on ne peut plus réaliste des « Natures vraiment mortes », « Cadavres exquis » ou « Vanités »..
Les Thanathopraxes les plus doués créèrent de véritable grandes maisons de « Morte Couture » (ou bien furent recrutés par certaines maisons commerciales plus anciennes comme « Hermès »), sortant régulièrement des catalogues et organisant même des « défilés » de mannequins momifiés pour montrer leur savoir faire pour les poses, le maquillage et l’habillage des défunts. Certains top models (on les réutilisait plusieurs fois pour prouver qu’on pouvait faire évoluer le sujet selon la mode du jour ou l’humeur du moment, c’était un véritable « art vivant ») ne connurent vraiment la célébrité qu’à titre posthume, et leur cadavres eurent la gloire qu’il n’avaient même pas osé rêver de leur vivant.. Ces exhibitions étaient en fait la vitrine d’un « prêt-à-porter » accessibles à presque toutes les bourses et la vraie principale source de revenus de ces maisons de re-créations.. Toutes sortes de slogans publicitaires apparurent dans les magazines, comme « La mode IN pour les gens OUT », « Ce qu’il faut mettre pour aller en boite cet hiver », « Et vous, si vous deviez choisir comment devrait être votre corps pour l’Eternité, pour quoi opteriez vous ? »..
Car même les gens les moins aisés se mettaient à la mode du jour et achetaient de plus en plus de cadavres (on inventa une nouvelle unité de mesure pour comparer les habitudes de consommation dans ce domaine = le corps-morts /an). Au début, les gens achetaient surtout les membres de leur famille (de toute façon, les cimetières étaient pleins, les crématoriums interdits car contribuant à l’effet de serre, et les valeurs religieuses se perdaient, alors autant garder pépé à la maison..). Puis ils se mirent à acheter les corps des membres de la famille qu’ils auraient aimé avoir (celle là au moins ils pouvaient la choisir, et ils avaient toujours le dernier mot avec eux dans les discussions). Enfin ils achetèrent impulsivement un peu n’importe qui et n’importe quoi dans les boutiques du Carrefour du coin (genre « Papa Legba », « Charon Import »,..) qui fournissaient ce genre d’articles. Les ventes de petits animaux de compagnie peu interactifs (genre poissons rouges et certains petits rongeurs) baissèrent. Puis celles des peluches et poupées décoratives. Puis celle du petit mobilier (porte-manteaux, tables et même chaises..) quand un décorateur d’intérieur eut l’idée de génie en s’inspirant du film Orange Mécanique de faire des meubles à partir de cadavres (un slogan qui fit fureur auprès des écologistes = « Sauvez les forêts et la planète. Nous ne sommes pas de bois.. »).
Les Thanathophiles les plus riches se créaient quant à eux de véritables musées privés (ou parfois publics en faisant payer un droit d’entrée aux visiteurs, ce qui sonna le glas des musée de cire genre Madame Tussaud dont les pièces furent jugées bien peu réalistes en comparaison) en se disputant à coup de millions les corps les plus prestigieux ou les plus « intéressants » (curieusement les personnes très laides se vendaient aussi bien que les canons de la beauté plus classiques). Certains golden boys firent leur fortune en investissant sur des corps pour se les accaparer rapidement puis en les revendant après traitement « artistique », ce fut l’ère des « body-brokers » et du « body-building ».
Les maisons de disques, studios de cinémas, chaines de télé et autres maisons d’éditions faisaient désormais signer à leurs vedettes des contrats stipulant qu’ils leurs léguaient leur corps à leur mort, ces droits d’utilisation de leur enveloppe charnelle devenant plus rémunérateurs que les droits d’images durant leur vie. Et on pouvait utiliser les momies pour des campagnes publicitaires avec toutes sortes de sponsors infiniment plus longtemps..
Il y eut bien sûr des faussaires (on ne compte plus les pseudos corps de l’immortel « king » Johnny Halliday en circulation), certains chirurgiens plastiques peu scrupuleux n’hésitant pas à transformer des corps anonymes en sosies de stars. Il existe même des momies de personnages qui ne sont pas encore décédés..
Les rumeurs les plus folles circulèrent un moment sur les soi-disant pratiques nécrophiles de certains collectionneurs et même d’un retour du cannibalisme, ce qui fit prendre un nouveau sens aux termes de « croque-morts » et « restaurateurs de cadavres » (la blague à la mode c’était de dire à un diner mondain « je vous sors un mouton Rothschild, pour diner ? »).. Mais la plupart des gens sensés comprirent bien qu’il ne s’agissait là que de nouvelles légendes urbaines.
Certains entrepreneurs comprirent très vite que l’on pouvait se faire plus de pognon en vendant au détail à plusieurs collectionneurs plutôt qu’en gros à un seul.. Ce sont les nouveaux « Reliquaires ».
L’état argentin dut faire appel à un emprunt national auprès de la population afin de pouvoir garder et exposer dans un musée-église la célèbre « main de Dieu » de Maradona pour contrer une offre d’un richissime collectionneur anglais qui dut se contenter du pied gauche.
La tête de Zidane eut un peu moins de succès et termina dans l’étalage d’un transalpin ayant fait fortune dans la boucherie.
D’ailleurs, en général, on remarqua que l’on déboursait plus d’argent pour s’offrir le corps (ou une partie de ce corps) d’un ancien rival ou personne détestée que d’un ancien camarade ou d’un être aimé : les gens préféraient se payer la tête de leur ennemi (et elle finissait souvent comme un trophée sur un mur du hall d’entrée ou parfois même au dessus des toilettes) que de leur ami..
Le chef (ou la tête) étant souvent ce qu’on payait le mieux, la fabrique de guillotines fut relancée et le processus fut industrialisé avec l’utilisation du travail à la chaine et de machines outils adaptées : il suffisait de mettre le cadavre allongé sur un tapis roulant d’un coté de la « boite magique » et les morceaux ressortaient conditionnés et emballés selon les spécifications des clients de l’autre côté.
Un grand chef de la pègre marseillaise, Bernard Karpett (dit le « sévèrement burné ») fut l’un des premiers à se spécialiser dans ce dépeçage des cadavres et la vente « à la pièce », réalisant des profits faramineux et créant une nouvelle « French Connection » qui n’hésitait pas à faire circuler des faux ou à « couper » la marchandise en utilisant des techniques de reproductions dérivées du clonage et multiplier les morceaux dillués. Cela fut exposé publiquement quand on fit des prélèvements des tranches de membres supérieurs d’un célèbre politicien mises à la vente sur le marché = en mettant bout à bout les « rondelles » on atteignit une longueur de 6.36m, ce qui était bien excessif même pour quelqu’un qui avait le bras long de son vivant (et déjà la main baladeuse).
Pour garder l’exclusivité et « l’½uvre complète » originale, les collectionneurs puristes devaient quant à eux débourser de véritables fortunes pour les corps les plus demandés.
Une compagnie de jouets, « Osiris puzzles » lança le concept de maquettes à monter soi même. Il y eut des plaintes car il manquait souvent une pièce centrale du puzzle qui se retrouvait incomplet : la compagnie rétorqua qu’elle ne voulait pas se faire accuser d’incitation à la débauche et que ses « jouets » étaient surtout destinés à un publique jeune.
On découvrit par la suite que les « parties » manquantes étaient en fait vendues sous le manteau comme bijoux aphrodisiaques ou comme gris-gris porte chance ou censés développer la fertilité ou la virilité selon le sexe du possesseur.
Certains artistes modernes rubicubistes et destructuralistes (dont la fameuse Popoche Tron avec son célèbre « brain-strip-teaser Frank Einstein à la violette») s’amusèrent à mélanger plusieurs de ces puzzles et à créer des statues polymorphes parfumées (embaumées et embaumantes) appelées « chimères nouveaux-aillés »...
Des marques de lessives et de céréales en manque d’idée de nouveaux petits cadeaux à mettre dans leur boites pour attirer les ménagères via leurs rejetons tentèrent d’utiliser des reliques de vedettes de second plan (genre chanteurs de boys band oubliés ou ex candidats de la Star Ac’). Pour les céréales cela fut vite retiré du marché suite à une plainte idiote = un enfant un peu goinfre était mort étouffé en avalant par inadvertance le gros orteil d’on ne sait plus trop qui. D’ailleurs, le corps de cet enfant fut par la suite racheté par une marque de céréales concurrente et utilisé dans une campagne publicitaire calomnieuse qui fit beaucoup de mal à la notoriété de la première..
Qui dit objets de valeurs à transporter dit risque d’attaque pour voler lesdits objets.
Il se créa par réactions des compagnies de convoyeurs spécialisés chargés de protéger cette nouvelle marchandise précieuse et de la mener à bon port.
Notre héros, Mortimer Fié (dit « Morty » pour les intimes) fait partie de ces nouveaux « gardes du corps », et travaille pour la célèbre firme « Poste Mortem ».
Il est lui-même collectionneur thanathophile (affectionnant surtout les actrices de films X d’Europe de l’Est. Le sida faisant toujours des ravages dans le milieu de la pornographie, la matière première ne manque pas..) et il vient de se faire larguer par sa copine : elle avait passé sur le fait d’avoir une morte à moitié dénudée assise dans un fauteuil en rotin reprenant la pose d’Emmanuelle sur l’affiche du premier film érotique de ce nom en face du lit « conjugal », mais a craqué en découvrant que Morty parlait secrètement à ses pièces de collection en leur donnant des petits mots doux..