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Pourquoi conjuguer le présent au passé ?

Posté : mer. déc. 19, 2007 6:14 pm
par diamant
Une petit réflexion qui vient de surgir en moi. Le point de départ de cette réflexion est tout bête, je regardais des photos, et sur une photo une demoiselle regarde les photos qui viennent d'être prises sur un appareil photo numérique.

Actuellement on est à une soirée on prend des photos avec un appareil photo numérique, et on sélectionne celles qu'on veut garder. Lorsque l'on est en voyage on regarde de suite les photos, voire on refait les photos qui ne conviennent pas.
Bon ok jusque là ça nous évoque pas grand chose, mais je vais m'expliquer ^^
Pour moi c'est comme si on tente de prendre instantanément du recul. Comme si l'on cherchait à rapporter et expliquer des événements avant de les vivre. On prend la photo est de suite on regarde ce que ça donne, et il n'y a plus la surprise que l'on avait lorsque l'on développait les photos. On regardait les photos de choses passées dans le présent, maintenant on regarde instantanément le présent par un autre biais que notre propre oeil.

Ca me donne un peu la même impression que celle que j'avais eu en cours d'histoire. Au départ quand on fait de l'histoire on voit ce qui s'est passé il y a bien longtemps. On a un oeil sûrement plus objectif, car on n'est plus dans la passion du moment.
Puis il arrive un moment où dans votre scolarité vous êtes toujours en cours d'histoire et on vous parle de ce qui vient tout juste de se passer. Ca me fait bizarre parce que je trouve que ce n'est pas la même perspective. On ne peut pas expliquer, enseigner ce qui vient de se passer aux dernières élections, comme on peut expliquer la révolution française. Pourtant on est toujours en cours d'histoire... On cherche de suite à faire passer les événements dans l'histoire. Alors attention je ne critique pas le fait qu'on enseigne ce qui se passe actuellement dans les écoles, je dis simplement que pour moi ça ne devrait pas relever de la même matière, ce qui ne veut pas dire qu'on ne puisse pas faire des parallèles entre.
Mais je m'interroge sur ce besoin de vouloir tout "historiser" (je vous le dis pas la peine d'aller chercher dans le dico ça n'existe pas^^), ce besoin de faire passer dans la mémoire et le souvenir ce que l'on est en train de vivre.
Ca me donne l'impression d'une course folle où l'on essaie de tout garder, où l'on essaie de tout et absoluement tout bien noter, classifier, ranger, archiver, immortaliser. Un besoin de marquer son temps.
Comme si l'on avait l'impression qu'il faut tout faire pour se souvenir. Mais est ce qu'il ne vaudrait pas mieux être, est ce qu'il ne vaudrait pas mieux penser à vivre, est ce qu'il ne vaudrait pas mieux chercher à être vraiment dans le présent, en sachant que de toute façon ce qui devra rester restera ?

Non non je n'ai rien fumé ^^

Posté : mer. déc. 19, 2007 7:16 pm
par niiro
Non non je n'ai rien fumé ^^
admettons... :mrgreen:


je pense pas qu'il n'y ai une façon de faire juste. il faut les deux, differemment dosé selon les situations.
Toutes les religions/philosophie ou ce que voulez disent qu'il faut vivre l' instant present mais aussi avoir une vue large afin d'etre le + objectif possible (tout en sachant que c'est quasi impossible).
Avoir une vue large implique forcement de prendre un peu de recul.

concernant les faits historiques je ne sais pas si on est réellement + objectif sur les evenements passés. Puisque l'on est au courant de ce qui c'est passé ensuite. De plus ne pas avoir vecu une situation enleve aussi un part d'objectivité importante. C'était une autre façon de vivre, un autre etat d' esprit, d'autres moeurs, un autre confort, d'autres interets... on ne peut pas vraiment savoir si on ne l' a pas vécu.
l' exemple le + fort est celui de la guerre. On peut s'imaginer ce qu'est la guerre, mais ne peut pas savoir REELLEMENT si on ne l' a pas vécu/subi.

ce qui est sur ce qu'il ne faut pas tomber dans un extreme ou l' autre comme tu le mentionnes.
prendre trop de recul ne favorise pas l' epanouissement.
et vivre aveuglement l' instant present nous fais faire des conneries!

j' espere avoir repondu correctement.

Posté : mer. déc. 19, 2007 8:30 pm
par Goa83
:mrgreen:

Je veux bien de ce que tu as pris, même si ça ce fume pas... :lol:

allez une citation pour commencer, qui explique en peu de mots, ce que je chercherais à expliquer en beaucoup.
Castaneda a écrit :"...Le monde ne s'offre pas à nous directement, la description du monde s'interpose toujours entre nous et lui. Donc nous sommes littéralement toujours un pas en arrière, et notre expérience du monde est toujours une mémoire de cette expérience. Nous ne faisons que remémorer, remémorer, remémorer."
ça c'est pour le coté photo :mrgreen:
Quelque part, notre cerveau réalise lui aussi automatiquement, ce choix des photos que tu décrits, c'est inconscient, sauf qu'avec l'appareil numérique, l'exemple devient conscient et matériel...

Pour l'histoire... :roll:
Orwell a écrit :Who controls the past controls the future. Who controls the present controls the past.
Je ne suis pas du tout d'accord sur le fait que nous soyons plus objectif, sans la passion du moment.
Je comprend qu'en effet cela permet de cerner peut être plus de possibilités, de postulats, mais il existe l'histoire "officielle" le reste trouvant sa place difficilement entre négationnisme ou réinterprétation, ou folie douce...

Bien sur qu'on peut expliquer les dernières élections comme on le ferait pour la révolution française, il faut le vouloir aussi...
L'exemple est néanmoins bien choisis, par rapport à ma citation, la prise de la bastille nous est enseigné depuis tout enfant, comme un acte fort et symbolique de cette révolution, en attendant que l'on arrive en secondaire, et que l'on s'entende dire que la bastille contenait 3 pelés et un tondu, pris de force par quelques révolutionnaires sûrement pas très fut-fut. (il est sympathique aussi de noter la globalisation historique, du coup le peuple entier devient révolutionnaire, un peu comme après 45 ou la France entière devient résistante, alors que nos grands parents sont encore là, pour nous dire le contraire, et que la résistance était une petite minorité, de gens pas forcement bien vue, même par la population française de l'époque.).
Diamant a écrit :Mais est ce qu'il ne vaudrait pas mieux être, est ce qu'il ne vaudrait pas mieux penser à vivre, est ce qu'il ne vaudrait pas mieux chercher à être vraiment dans le présent, en sachant que de toute façon ce qui devra rester restera ?
:mrgreen: :shock: :lol: Diamant n'est plus de droite, mais altermondialiste limite anarchiste... :lol: (excuse moi c'était trop tentant).

Dans ce cas, toute forme de société, basé sur la concurrence entre citoyen, toute la logique capitaliste libérale s'évanouie...
C'est un système de compétition, toute compétition a son classement, et tout classement à son échelle de temps et d'histoire...

en reprenant la citation :
pour être le premier dans le futur, il faut être le premier dans le passé, pour être le premier dans le passé, il faut être le premier dans le présent... :mrgreen:

Par principe, l'histoire étant un concept inventé par l'homme, et non pas une entité existante par elle même et objective (du moins par le regard de l'homme, obligatoirement) se fournissant sur un marché matériel (pas le cas de la légende par exemple, essentiellement immatérielle) ce qui doit rester, ne reste pas...c'est tout simple.
(concept développé par exemple, par Platon avec l'Atlantide).

Si dans les siècles passés, des hommes n'avaient pas récoltés ce qu'ils voulaient qui reste, de la préhistoire jusqu'a aujourd'hui, si ces hommes n'avaient pas fait ce que nous faisons aussi aujourd'hui, l'histoire n'existerait pas.

Pour reprendre et finir avec ton exemple de photo, tu as donc choisie, les photos qui t'intéressait...spéculations...ce jour là tu te disputes avec ton ami, toute la journée tu fais la gueule, puis réconciliation, juste à la fin avant de partir.
Tu as pris des photos de tout, tu as la preuve de tout ça...
Tu sélectionnes tes photos...et comme tu n'as pas envie que l'on te vois avec ton ami tirant la gueule, tu prend juste 2 photos ou l'une vous vous embrassez, et l'autre ou vous êtes avec vos amis et tout le monde sourient.
Dans 30 ans quand tes enfants regarderont tes photos, "ton histoire" leur fera dire que ce jour là, vous étiez le plus beau couple du monde, sans jamais de problèmes entre vous...alors ça sera peut être vrai, en général, mais pas sur cette journée précise.
(et encore j'aurais pu prendre l'exemple que dans 30 ans tu vis avec quelqu'un de différent, et que les photos et cette journée en particulier, n'ont même plus un semblant d'existence).

L’Histoire c’est pareil…

:mrgreen:

Posté : mer. déc. 19, 2007 10:11 pm
par Sophy
moi ce que je fais depuis que j'ai mon appareil photo numérique c'est que je mitraille et plus tard (le soir ou plusieurs jours après) je les mets sur mon ordi et j'en profite pour faire le tri et garder les meilleures

d'ailleurs je prends pas le temps de les passer sur photoshop je préfère voir les défauts après tout ce ne sont pas des oeuvres d'art ce sont des souvenirs

Posté : lun. déc. 24, 2007 7:09 pm
par Le Camé Jongleur
pour moi, il y a la deux question qui se posent.

. la première, c'est ce que l'on veut faire du passé, et donc du présent qui deviendra un passé.
. effectivement, garder une trace du présent me semble important, au sens ou chaque instant vécu approte quelquechose, peut servir de référence a une situation qui se présentera a nous (a l'echelle d'une vie) ou a quelqun d'autre (que ce soit a l'echelle d'une vie, d'une région, ou alors de decenies, de siècles, a une echelle mondiale). De mon point de vue, l'objectivité ici n'et pas primordiale. pour deux raisons :
- premièrement, pourquoi vouloir se forcer a denaturer notre opinion, a ne relater que les faits? l'histoire se fait selon les divergences d'opinion de chacun, et je pense que si l'on veut retranscrire l'histoire, on ne peut le faire qu'en conservant les faits et les "réactions" de chacun.
- ensuite, si l'on part du principe que l'on reste subjectif, un fait engendrera plusieurs réactions, toutes différentes. ainsi, ce qui est raconté et sert de référence, au lieu de n'etre que des faits, est composé de diférentes opinion et n'entrave pas a la liberté de chacun de se faire son opinion,
. ces deux faits montrent que la subjectivité n'est pas réductrice des faits, mais au contraire les enrichit, si tant est qu'elle est bien utilisée.

. la deuxième question, qui est immagée par l'apareil photo numerique, est celle de la selection des informations.
. ici, je suis d'acord. actuellement, et majoritairement (oui, je fais ce que je peux pour eviter les generalités), on essaye d'analyser sur place et immediatement ce qui se passe. pour moi, il y a deux problèmes qui se posent.
. premièrement, (je ne parle pas d'exemple, mais plutot d'idées et de ce que ca implique au niveau global, ce que je dis s'aplique a toutes les echelles amis pas a ma meme ampleur) on ne conserve que ce qui nous parait interessant sur le moment. et la ou la subjectivité était un atout, elle deviens reductrice. car on l'utilise mal: au lieu de conserver les faits et de donner notre opinion, on efface ce qui nous gène. c'et une forme de subjectivité, car au final, on ne conserve que ce qui est en adequation avec nos opinions. mais mal utilisée, car elle ne laisse pas place aux autres avis.
. ensuite (et vive les repetitions :p), et la, il s'agit surtout des apareils photos, mais je suis sur que l'on peut appliquer ca a plus grande echelle, je trouve domage de tout chercher a controler. laissons le travail a notre cerveau, laissons le se souvenir, oublier, laissons le faire. parceque prendre des photos, les selectionner, denature completement l'instatn present, c'et comme une coupure dans une action. on s'amuse, et puis tout a coup "eh, regarder la photo!" tout le monde s'arrète, va regarder la photo. mais quand on reprend, pour moi, ca n'a plus la meme saveur. Pour faire une comparaison, pour moi la diférence est semblable a une photo prise a la volée et une photo ou tout le monde a pris la pose. vivons d'un trait, ce sera toujours plus interessant de parler de ses souvenirs que de n'avoir que ceux des photos!

. quand a ce qui est de vivre intensément l'instant présent, la aussi, j'aimerais dire mon mot ;)
Oui, on peut faire des conneries. Oui, on peut le regretter. mais si je n'avais pas vécu intensément l'instant présent, je serais passé a coté de beaucoup de choses qui font de moi ce que je suis aujourd'hui. j'en regrette certaines. mais j'ai accompli certaines choses grace a cette euphorie du moment présent, des choses que je garderais a vie et qui sont mes plus grande fiereté! (bon, d'acord, je m'égare)

. désolé pour le style qui n'est peut etre pas très compréhensif, en fait dans ce que je dis, j'essaye de transmettre des idées, et j'essaye de faire en sorte qu'elles soient le plus global possible. (je crois que je m'égare encore :s )

(et, euh... non, ce n'et pas diamant qui me fournis en truc bizares ;) )

Posté : lun. déc. 24, 2007 7:38 pm
par Tsuki
ces deux faits montrent que la subjectivité n'est pas réductrice des faits, mais au contraire les enrichit, si tant est qu'elle est bien utilisée.
Oh toi viens ici que je t'embrasse ! :kiss:
En fait, l'analyse doit être à la fois objective, car on se doit d'avoir une attitude scientifique, de prendre en compte un maximum de données) et subjective, car le fait, dans l'instant T, est vécu de manière subjective, et passer ça sous silence est une erreur méthodologique.
Mais je m'interroge sur ce besoin de vouloir tout "historiser" (je vous le dis pas la peine d'aller chercher dans le dico ça n'existe pas^^), ce besoin de faire passer dans la mémoire et le souvenir ce que l'on est en train de vivre.
Ca me donne l'impression d'une course folle où l'on essaie de tout garder, où l'on essaie de tout et absoluement tout bien noter, classifier, ranger, archiver, immortaliser. Un besoin de marquer son temps.
Comme si l'on avait l'impression qu'il faut tout faire pour se souvenir. Mais est ce qu'il ne vaudrait pas mieux être, est ce qu'il ne vaudrait pas mieux penser à vivre, est ce qu'il ne vaudrait pas mieux chercher à être vraiment dans le présent, en sachant que de toute façon ce qui devra rester restera ?
Si cette course te semble folle, dis-toi bien que ce qui est fou c'est de l'ignorer. Et la phrase "ce qui devra rester restera" est une ineptie, compte tenu de l'existence des négationnismes. Mon impression est que tu penses que le passé très proche n'est pas du passé, et qu'il faudrait, par conséquent, "laisser couler" quelques années...mais que tu le veuilles ou non, ce passé proche fait déjà partie de notre histoire. Et le fait de le vivre en direct live nous enlève une part d'objectivité, certes, mais en contrepartie on est témoins d'évènements qui peuvent sembler mineurs, qui ne resteront peut être pas dans les livres, mais néanmoins majeurs !

Moi qui fais un travail d'historien, tes propos me choquent...

Posté : dim. janv. 06, 2008 10:01 am
par laminak
Salut à tous

La photographie n'est qu'un reflet...Et vivre dans ce reflet peut nous etre permis.Le passé s'autorise par divers subterfuges à rester briévement proche du présent.

Le présent...C'est le présent de nos actions;désoler il m'est impossible de prendre une décision dans le passé...Et prendre une décision dans le futur est sans doute plus judicieux mais elle raméne immanquablement au présent ,celui de l'action.

Le passé nous a appartenu et le présent nous l'a retirer.Est ce la nostalgie des moments retenus qui nous fait vivre dans le passé...La nostalgie est une toile (peinture) que nous peignons dans l'attente d'une nuance favorisant la compréhension du présent.

Quand a l'histoire avec un H (celle de l'humanité...Pas la notre) Difficile.
Se voir en tant qu'acteur est certainement plus avantageux que figurant...
Se voir figurant lorsque l'on est acteur enleve le doute des mauvais choix.Le résultat est puisé dans le passé...
...Proche cela vat de soit...

Salutations

Posté : dim. janv. 06, 2008 11:09 am
par gollum
Moi je prend mes photos avec un apareil argentique, et j'ai donc pas ce problème, je sélectionne les photos une fois qu'elles sont développées, c'est à dire une semaine plus tard, et je suis bien forcé de toutes les garder!

Pourquoi ne pas utiliser les bons vieux appareils à pellicules?

Posté : dim. janv. 06, 2008 7:33 pm
par breizhnad
Pour ma part, je prend beaucoup de photo numérique avec mon tel et je n'en selectionne pas... Je prend en photo l'instant présent, des photos souvent floues et de mauvaises qualités mais peu m'importe! Ce qui compte c'est de ragarder la photo et de se rappeler du moment où elle à été prise... Mais je n'aime pas l'idée de la sélection! Toute photo est bonne, même celle qui nous rappelle des moments tristes car les souvenirs ne doivent pas servir qu'à se rappeler des bons moments mais de son passé...

Alors après, faut-il vraiment s'intéresser au passé? D'un façon générale oui, car je me vois mal ré-inventer la roue tous les jours. Il en va de même pour l'Histoire elle même et même pour son histoire personnelle... Se rappeler de ce que l'on était est très important pour comprendre ce que l'on est et il est indéniable que le passé a aussi pour but de vivre et de s'épanouir dans le présent!

Faire de l'histoire ce n'est pas savoir qu'en 1515 on a eut la bataille de marignan... Faire de l'histoire c'est surtout comprendre les enchainement de l'histoire... Et pour en arriver aujourd'hui! L'Histoire n'est pas une matière du passé mais bien une matière du présent ; une étude qui nous sert aujourd'hui. C'est pour cela que les éléctions de 2007 font parti de l'Histoire parce qu'elles aident à comprendre le cheminement de notre présent.

Alors après, il y a le lien avec le futur... C'est déjà une question dans l'égypte ancienne... Ramsès II voulait des monuments à sa gloire parce que l'âme était présente dans les représentations et le rendait immortel... Et puisque 3000 ans après lui, tout le monde à déjà entendu parlé de Ramsès II et de son fameux temple creusé dans la roche, n'avait-il pas finalement raison?

Posté : jeu. mars 06, 2008 4:57 pm
par manucoq
Je lis dans le post de Diamant ouvrant le sujet:

"Un besoin de marquer son temps. Comme si l'on avait l'impression qu'il faut tout faire pour se souvenir." >> Tu chauffes, mais pas tout à fait...

De peur d'oublier? Je ne suis pas sur que ce soit pour se souvenir. Aujourd'hui, la mémoire nous fait défaut. Nous enterrons le passé, sans même prendre le temps de chercher à le comprendre. Ce n'est donc pas dans un souci d'archivage que nous prenons des photos. Nous ne cherchons pas non plus 'à marquer notre temps' comme tu peux le dire. L'objectif de l'appareil nous sert plus de boussole, pour s'orienter vers le foyer le plus ardent, et nous permettre d'appréhender le présent à l'endroit ou il est le plus dense. Je mettrais en avant ce paradoxe, car il me semble qu'aujourd'hui, le principale problème est que justement nous broyons le souvenir, sous des tonnes et des tonnes de souvenirs.
Quand il n'y avait pas de numérique, il fallait penser un cadre, avant de prendre une photo, car chaque photo avait un prix.

Alors il y a des avantages et des inconvénients, mais pour commencer par l'inconvénient d'aujourd'hui, c'est que l'on ne pense plus à construire un cadre, ses lignes de forces, le contraste, la profondeur de champs, le flou volontaire... On ne pense plus à composer un cadre, de la même manière que l'on ne pense plus à construire une relation à l'autre. On vit dans l'instant, puis on oubli le passé... Et ces photos ne garantissent en rien de pouvoir alimenter notre mémoire.
Je crois que l'avantage s'argumente en terme de présence. La façon dont nous nous ancrons dans l'instant est assez différente aujourd'hui... Mais l'inconvénient se mesure en terme de recul que nous pouvons avoir sur les événements. Nous ne sommes plus des êtres réfléchi, nous vivons dans le sensationnel, dans l'émotion de l'instant.

Aujourd'hui, on mitraille, après on tri (ou plutôt, on oubli). Dans le lot, il y en aura toujours 10 ou 20 qui feront l'affaire. Mais de ces 10 ou 20, passé quelques semaines, ou quelques mois, il n'en restera que une ou deux, car tant d'autres seront venu se superposer ...

C'est vrai que la photo permet aussi une distanciation du sujet par rapport à l'action, en même temps qu'elle permet d'établir une relation entre les deux, pour préserver ce qui a été.

Mais il faut je crois aller au delà de l'image à proprement parler. Une photo doit dégager une ambiance, un état d'esprit, une odeur particulière. Une photo, ce n'est pas que la mémoire de ce que l'on voit, mais aussi et surtout, ce qu'elle préserve comme souvenir de la scène, de manière globale (comme cherche à nous le faire comprendre Jongleur dans son post) C'est une représentation du monde, d'un monde... A un moment, en un lieu, et avec des attitudes universelles... L'intensité du moment à plusieurs degrés, et c'est cela qui fera la qualité d'une photographie; sa capacité à retranscrire une vibration, qui par définition, se ressent avant de se voir!!!

Faire de la photo avec une pellicule, c'est savoir s'immerger dans une ambiance, et trouver le détail qui représentera au mieux les impressions que l'on a du moment, par rapport à ce que le moment dégage de lui même. Il y a un travail de réflexion, qui s'installe avant d'appuyer sur la gâchette.
Aujourd'hui on ne réfléchi plus, ou plus de la même manière, c'est un mode vie plus quantique se met en place. Tous n'est pas mesuré avant l'acte. Maintenant on tire, et après on vise!!! Ou plutôt si, tout se mesure avant l'acte, mais les outils de mesure que l'on a disposition ont évolué autant à l'intérieur de nous même, qu'à l'extérieur....

Je ne me suis pas trop éloigné de la question....

***Ajout :***

Au lieu de chercher à conjuger le présent au passé, pourquoi ne pas trouver un nouveau temps:

A partir d'aujourd'hui, je conjure à l'imparfait du subjectif!!!

Posté : jeu. mars 06, 2008 9:31 pm
par ENIAD
Une photo, un souvenir ... un bon moment ou une redécouverte ... c'était où, c'était quand ? et puis, les photos des anciens qu'on n'a pas connus mais dont on a si souvent entendu parler que leur vie, on la connaît ...

Une photo, un arrêt sur image, un retour dans le passé ... Tu te dis, j'ai changé ... On n'est plus celui-là, celle-là ... C'est un moment du passé qui resurgit, un ou une amie qui vous fait un clin d'oeil ... qui vous parle à travers ce petit bout de papier, de carton, qui vous remet en mémoire tout un tas de sensations ....

Une photo, un peu de magie, un peu de nostalgie ... un petit coin de paradis ou non, j'ai pas envie ... j'arrête ... On referme la boîte, l'album ... c'est bizarre ... un moment, on a changé ... et puis, c'est reparti ... allez, c'est la vie !