Lu, bien entendu.
J'ai attendu longtemps pour me faire ma vraie opinion propre. Pour cela il a fallu que je laisse les idées des autres tomber en dépôt dans le fond du bocal afin que reviennent à la surface
mes propres idées.
Je dois avouer que c'est assez grave, car cela a pris tout de même près de deux mois de réflexion et décantation... Mais pour la bonne cause.
Parce que j'avais été influencée, et pas en bien.
Ainsi, avant même la sortie du Papillon, j'ai lu plusieurs papiers, notamment ceux de blogueurs invités à émettre leurs critiques par les éditions Albin Michel. Coup de pub à double tranchant, hélas !
Car, avant même d'avoir ouvert le livre, mon intellect était déjà sous le coup de ce que j'avais pu lire, globalement peu valorisant. J'étais sur mes gardes, et inconsciemment, j'ai cherché les endroits du livre qui viendraient confirmer les mauvaises critiques. Ce qu'on peut être pervers, parfois ! Facilement impressionnables... manipulables.
En même temps, de nombreuses petites choses m'enthousiasmaient et réveillaient le lao-tseu-qui-dort-toujours-en-moi. J'étais perplexe.
Spontanément, j'aimais ce petit livre tout simple, cette histoire à rêver debout, le chat noir et blanc Domino qui envoie tout le monde en l'air. Je déplorais que le petit papillon de nuit se crâme les ailes, qu'il n'y ait pas "la bestiole mascotte" (pas trouvé, en tout cas), enfin je n'accordais pas une énorme importance à l'histoire ni au degré de probabilité, ni à toutes ces choses bien trop intellectuelles pour le lao-tseu-qui-lisait-tout-simplement. Je lisais et il en restait des choses, et surtout, un développement de ma propre réflexion sur l'humanité, son comportement. Plutôt une extension de l'idée géo-politique, même si elle n'attend pas un roman pour se manifester.
Bref, quelque chose restait en suspens et je pensais alors "1 + 1 feront vraiment 3" si chacun capte et réagit.
Et en parallèle, c'est vrai, je me suis surprise à penser "Il ne s'est pas foulé, Bernard". J'étais surprise de mon propre comportement (conditionnement) qui me poussait à construire une analyse intellectuelle négative de ce Papillon, que j'aimais bien paradoxalement.
Peut-être qu'il ne s'est pas foulé, mais il aura eu raison.
En tout cas, je l'approuve, après longue et mure réflexion.
Je ne vois pas pourquoi Bernard Werber souffrirait pour nous faire plaisir s'il peut nous faire plaisir sans souffrance.
Il n'est pas une "maman-cochon".
Alors, j'ai cherché en moi la réponse.
Le dessein de ce "petit" livre n'était pas qu'il devienne un outil à prise de tête et clés et croche-pieds divers... Et vas-y que je te compte les 144 000 voir s'il n'en manque pas un, et que je te-me torture les neurones pour trouver à qui il a piqué une côte pour créer Eve.... Et que c'est pas possible de vivre 1000 ans en tournant sur soi-même. Hé ! Ho !
M'sieur Werber a été très honnête. Lorsqu'il a présenté le Papillon des étoiles (j'ai écouté et lu tous les interviews disponibles), il a dit qu'il avait eu envie de faire un livre poétique, plus léger.
Mais il nous a beaucoup donné de lui depuis 1991 (ça fait 15 ans, non ?), mais beaucoup, vraiment beaucoup. Alors, syndrome de Pavlov peut-être, nous attendions inconsciemment qu'il nous présente le même plat de résistance.
Mais voilà, il nous avait préparé un entremets frais et léger, acidulé, fruité, je dirai même, aux fruits rouges. Que l'on pourrait digérer facilement et qui nous apporterait simultanément pas mal de vitamines.
J'ai lavé mon cerveau.
Le Papillon des Etoiles, je vais le relire.
C'est un conte à faire rêver, un enfant peut le lire et subitement prendre une conscience d'adulte, un adulte peut le lire et en re-devenir un enfant.
Et c'est peut-être cela qui dérange dans ce livre. Pour enfants ? Pour adultes ? Bin m**** alors, inclassable. Les enfants-adultes et les adultes-enfants seront concernés, tout simplement.
Bernard raconte un histoire aux enfants,
à TOUS LES ENFANTS de la Terre. Qu'importe si les points et virgules sont mal placés, qu'importe si le mot "procrastination" est utilisé trois fois d'affilée...
C'est l'idée intentionnelle de l'auteur qui compte, non ?
C'est cela que j'ai fini par retenir, en fait, comme à chaque fois que je le lis. Je ne note pas un devoir, je lis dans un esprit et je fais mon propre développement. Alors, certes, tout n'est pas écrit, et c'est tant mieux !
Donc, le lao-tseu-qui-vit-en-moi a placé "Le Papillon" auprès du "Petit Prince" et d'"Alice au pays des merveilles", ils y vivent en harmonie dans une dimension fluctuante.
Je crois que "Le Papillon des Etoiles" a battu quelques records de vente. Donc, ce n'est pas seulement le "public habituel de bw" qui a lu ce livre, mais un nouveau lectorat qui aura probablement la curiosité de chercher d'autres lectures du même auteur, qui sera don(c) touché. Et j'en suis fort aise.
Cela signifie à mes yeux l'augmentation de la probabilité des cas de prise de conscience. Et me semble être l'élément le plus important dans notre contexte "géopolitique". Peu importe si les mots écrits ne sont pas de la haute-voltige de littérature académicienne... Il est urgent de ne plus en rester là !
Bernard Werber a réussi différemment. Bravo !
Accordez-lui le droit à la dilettante.
Vous le lui devez bien.