Je ne l'ai pas encore vu !
Mais voici la critique du quotidien "Le Monde".
"Ecrivain populaire, auteur d'ouvrage de fiction scientifique (10 millions d'exemplaires vendus dans le monde), Bernard Werber passe au cinéma en s'inspirant d'un de ses récits (Nos amis les humains, 2003) et grâce au soutien de Claude Lelouch, qui renoue pour l'occasion avec sa vocation de producteur. La rhétorique du film Nos amis les terriens consiste à fonder l'observation d'un sujet sur un point de vue délibérément décalé : des humains sont étudiés par des extraterrestes d'une civilisation plus avancée.
Montesquieu dans Les Lettres persanes (1721) faisant commenter les moeurs occidentales par deux Persans ou Alain Resnais dans son film Mon oncle d'Amérique (1980) faisant commenter les actions des personnages par le biologiste Henri Laborit ne procédaient pas autrement. Le premier administrait une leçon de relativisme culturel et le second troublait la croyance romanesque en s'inspirant de théories scientifiques.
On a plus de mal à savoir ce que veut exactement prouver Bernard Werber. Incarné par la voix "off" de Pierre Arditi, le point de vue extraterrestre s'exerce sur un couple (joué par des acteurs) épié dans son environnement naturel tandis qu'un autre couple, capturé, est placé en observation comme souris en laboratoire.
Le commentaire naturalise le comportement humain pour mieux le tourner en ridicule. La méthode est discutable, l'humour qui en résulte monotone. La mise en scène, dépourvue de toute tenue, trahit par ailleurs une indifférence à la forme cinématographique qui confine à l'indigence.
FAUSSE BONNE IDÉE
Ne reste donc d'un film peu consistant que la fausse bonne idée qui détermine l'exercice : une histoire où les hommes sont décrits de la même manière qu'ils procèdent avec les animaux. Cette approche zoologique du comportement humain voudrait faire réfléchir en souriant, mais se révèle tout bonnement effarante, même en vertu de la requalification d'un environnement naturel saccagé par l'homme.
Après La Marche de l'empereur, où on veut nous faire passer des manchots pour des humains, Bernard Werber invente le film où les humains sont vus comme des hamsters. Ici et là, par-delà l'argument ludique, s'expriment un primat biologique et une indifférence à la culture qui témoignent d'une vision dangereuse du monde, de l'homme et de la société."
***Ajout :***
La critique de dvdrama (il en faut pour tous les goûts) :
"Imaginez que les Terriens soient le sujet d’étude pris par une civilisation extra-terrestre plus évoluée. Quel serait le résultat de cette étude ?
Auteur de l’exceptionnelle trilogie des Fourmis, Bernard Werber met ici son talent d’éthologue au service du cinéma avec ce qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un documentaire animalier. Sauf que les animaux, ici, c’est nous ! Le format documentaire semble avoir deux fonctions pour Werber. D’une part il lui permet sur la forme d’utiliser logiquement un narrateur (la voix off de Pierre Arditi), qui conserve ainsi un côté littéraire à l’œuvre et facilite le passage de la plume à la caméra. Sur le fond d’autre part, déguiser sa fiction en docu sert l’ambition sociologique du film, créant une distanciation nécessaire à toute étude scientifique.
Le néo cinéaste fait preuve d’un sens aiguisé de l’auto critique et met habilement en porte-à-faux certaines coutumes terriennes absolument incompréhensibles et illogiques d’un point de vue objectif. Car la plus grande force de Nos amis les Terriens réside sans doute dans cette objectivité, parfois cruelle d’ailleurs, sur la condition humaine. Cette tendance qu’ont les habitants les plus évolués de la planète bleue à faire passer leur intérêt personnel avant celui de leur espèce. De nombreux exemples sont cités, des grandes causes écologiques aux simples luttes de pouvoir. Werber, à travers l’œil des extra-terrestres, identifie les dysfonctionnements connus de notre mode de vie mais pose également le doigt sur quelques attitudes pas forcément conscientes. Illustration, notre rapport à la viande dans son traitement visant à dénaturer autant que possible l’animal mort pour se dédouaner et oublier qu’il s’agissait d’un être vivant.
Cet exposé, détenteur de grandes vérités sur notre mode de fonctionnement, conscient et surtout inconscient, évite de mettre mal à l’aise grâce à un humour bien senti dédramatisant une réalité difficle à admettre. Ainsi les extra-terrestres, dans leur quête d’explication de nos us et coutumes, se trompent de temps en temps, ce qui en plus de rendre le récit encore plus crédible, apporte quelques idées originales et cocasses sur la fonction de la cigarette, des voitures ou des uniformes. Mais les séquences vraiment drôles proviennent surtout des explications lapidaires des aliens concernant nos loisirs et le concept de séduction. Rien que pour les descriptions aussi justes qu’hilarantes de ces deux phénomènes, le film mérite d’être vu."
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La critique de Comme au cinéma (pas tendre)
"Docu '' science '' fiction
Quand Bernard Weber a une idée, il ne la lâche pas. Tout d’abord, nouvelle ensuite, livre puis pièce de théâtre… le postulat cher à l’artiste « que pourraient bien penser les extra-terrestres s’ils pouvaient observer les humains ? » sert aujourd’hui de synopsis pour son premier long-métrage. Tentant de trouver enfin une réponse à cette question, le jeune réalisateur nous plonge dans une sorte de docufiction intergalactique. Nous suivons alors du point de vue des petits hommes verts, les agissements et états d’âme de deux couples « tests » : un « en milieu naturel » l’autre objet d’une observation « en laboratoire ».
Si l’idée, sur papier, parait plutôt originale et marrante, le version image est loin de l’être.
Les lenteurs scénaristiques et les réflexions psycho-socio-scientifico-philosophiques de la voix-off à outrance empêchent toute identification aux personnages. Pourtant, celle-ci est la pièce maîtresse de tout bon film de science-fiction, surtout lorsqu’on prend le parti pris de ne montrer ni alien, ni monstre ou toutes autres formes de vie non terriennes.
Alimentation, accouplement, fonctionnement du groupe, « Nos amis, les terriens » ressemble fortement aux documentaires animaliers programmés très tardivement à la télé, bien connus des insomniaques. Ils produisent d’ailleurs chez le spectateur le même effet : une sorte d’ennui hypnotique voir un profond désintérêt léthargique."
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La critique de avoir-alire
"De la SF à la française : prétentieuse, mal fichue et au propos d’une confondante naïveté.
L’argument : Que pourraient bien penser les extra-terrestres s’ils pouvaient nous observer ? Nos amis les terriens est précisément un film extra-terrestre sur l’étude de nos cités et de nos comportements. Deux couples-test sont tout particulièrement étudiés...
Notre avis : Voilà plus de quinze ans maintenant que les livres de Bernard Werber se vendent comme des petits pains, notamment sa fameuse trilogie des Fourmis (1991-1996). En 2003, il publie Nos amis les Terriens qu’il décline dès lors sous toutes les formes possibles puisqu’il transforme son roman en court métrage et en pièce de théâtre. Finalement, Claude Lelouch lui permet de passer au long métrage et finance donc le présent film, au nom d’une profonde originalité du projet. Pourtant, précisons immédiatement que les amateurs d’effets spéciaux savants et de rebondissements commerciaux seront déçus car la référence absolue de Werber est la Nouvelle Vague. Persuadé de faire preuve d’originalité, l’auteur ne fait que reproduire les tics d’un mouvement cinématographique dépassé depuis plus de trente ans. Rien de nouveau sous le soleil donc, surtout pour ceux qui auront déjà fréquenté deux chefs-d’œuvre qui l’ont clairement inspiré : Mon oncle d’Amérique (1980) d’Alain Resnais et Cube (1997) de Vincenzo Natali.
Reprenant la voix off scientifique du premier et l’enfermement des personnages du second, Nos amis les terriens n’a pas grand-chose d’autre à offrir aux spectateurs. L’histoire des deux couples n’est jamais crédible, ni émouvante, tandis que les différentes interventions de Pierre Arditi en voix off deviennent assez vite lassantes, voire énervantes lorsque l’on se rend compte que l’auteur aligne lieux communs et truismes avec la régularité d’un métronome, surlignant chaque thème avec lourdeur. Si le procédé tient à peu près la route le temps d’un court métrage, il révèle ses limites sur la longue durée. Ajoutez à cela une interprétation pas toujours convaincante et une image haute définition proprement affreuse et vous aurez compris que la vision de la bande-annonce est largement suffisante."
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La critique "evene"
"Etudier nos propres moeurs, nos habitudes de vies, nos caractéristiques spécifiques comme si nous étions des fourmis, voilà un pari qui devait bien convenir à Bernard Weber. C'est bien pour ça que lorsque les lumières se rallument on ne peut qu'être interdit face à ce que l'on vient de voir. Alors oui la voix de Pierre Arditti respecte ses promesses et berce le spectateur pour l'amener à une douce léthargie qui n'est pas sans rappeler celle vécue en 5e B devant les documentaires de Mme Legac. Les commentaires pseudo-ironiques et drôles censés nous faire prendre du recul sur nous-mêmes, irritent voir ne provoquent aucune réaction. La séquestration (car il n'y a pas d'autres mots) de deux des éléments étudiés devient rapidement gênante. Nus, affamés, le parallèle avec un camp de concentration ne peut que s'avérer évident au fur et à mesure du film. Si en effet les caractéristiques de l'homme sont ici mises en évidence avec justesse : individualisme, instinct primaire ou encore..."
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L'Express (qui ne gaspille ni encre ni papier en critique)
"Sous le prétexte d'une étude des Terriens par des extra- terrestres, Bernard Werber met au jour nos habitudes. Un truc prétentieux d'une nullité intersidérale."
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Une critique très affinée, celle de "critikat". Je crains fort qu'il ait l'esprit pertinent, lui !
"À LA RENCONTRE DU PREMIER (SALE) TYPE
Nos amis les Terriens
Réalisé par Bernard Weber
Ecrivain célèbre, coutumier des best seller, Bernard Werber a l’idée de réaliser un (faux) documentaire animalier sur nous, les hommes. Des extra-terrestres nous observent et commentent (avec la voix de l’excellent Pierre Arditi) notre quotidien qu’ils ont bien du mal à cerner. L’idée est séduisante car elle permet au spectateur de ré-interpréter le commentaire et de créer ainsi son propre rapport à l’image. Mais au-delà du dispositif, Werber se révèle être un metteur en scène extrêmement médiocre, en raison de sa vision très pauvre de l’humanité.
Bernard Werber s’est spécialisé dans les romans éthologiques, avec cette spécificité de regarder l’homme d’un point de vue « original » : du sol par des fourmis (Les Fourmis, 1991, Albin Michel), du ciel par les anges (L’Empire des Anges, 2000, Albin Michel). Pour son premier long-métrage, il ne déroge pas à la règle qu’il s’est fixée. Sous la forme d’un documentaire animalier, des extra-terrestres à l’intelligence soit disante supérieure, observe cette créature primitive et mystérieuse qu’est l’homme. Le film est manifestement un film à « concept », susceptible de se limiter à l’idée qui le détermine. Une idée ne fait pas un sujet, et quand elle est le moteur du film, ce dernier risque souvent de n’en devenir que le prétexte. Mais c’est étrangement dans son aspect purement conceptuel que Nos Amis les Terriens fonctionne le mieux. Sur des images assez neutres du quotidien parisien, une voix-off, parlant au nom des aliens, commente et analyse nos comportements les plus anodins sans vraiment les comprendre, interprétant de travers des cérémoniaux aussi banals que se brosser les dents, fumer une cigarette ou faire l’amour. Car ces êtres (pas si supérieurs donc) ont bâclé le travail, ne nous ont observé que superficiellement et n’ont pas approfondi leurs recherches. Que se passe-t-il alors ? Le spectateur, humain de son état (du moins à ce qu’il paraît), familier de tous les rituels exposés dans le film, remet dans leurs contextes ces images et prend le pas sur le commentaire off. Il se crée une distance entre ce qui est dit et ce que l’on voit. Sous le regard froid des extra-terrestres, fasciné par les actes les plus primaires de notre civilisation, nous nous redécouvrons.
Le dispositif mis en place par Werber permet au spectateur d’y projeter sa propre vision du monde, de rétablir sa propre vérité. C’est un dispositif autonome, qui se passe du regard de l’auteur. Mais ce dernier est indispensable quand il s’agit de fiction. Les extra-terrestres capturent des humains et les emprisonnent dans des cages électro-magnétiques dans lesquelles ils vont pouvoir observer, étudier et expérimenter leurs comportements. Toute cette partie-là (inspirée de sa pièce Nos Amis les Humains, 2003, Albin Michel), Werber doit l’inventer, c’est-à-dire l’écrire et la mettre en scène. Il crée une sorte de « loft » fictif dans lequel va éclore le scénario type du huit clos : rapport de force, domination/soumission, accouplement et meurtre. Les dialogues et la direction d’acteur rappellent ces affreux feuilletons télé comme Plus belle la vie. La nullité abyssale de ces séries que l’on propose comme bouillie quotidienne au téléspectateur peu investi, et que l’on retrouve dans le film de Werber, ne relève pas tant d’un manque de savoir technique que d’une vision approximative du monde, caricaturale et schématique. À force de vouloir regarder l’homme de haut, Werber en conclut (trop) rapidement qu’il est une créature prévisible, aux réactions statistiques : tant de personnes dans un même lieu clos, au bout d’un certain temps, vont forcément agir de telle façon. Comme si tout n’était finalement que calcul et paramétrage qui conduisent à l’inexorable fatalité (ce qui rappelle un peu les films de Lelouch, par ailleurs producteur du film). Cette mentalité agaçante, qui réduit les interactions humaines à des équations, devient carrément exécrable quand Werber y insert ses analyses sociologiques. L’échantillon d’humanité qu’ont sélectionné les E.T se compose d’une artiste peintre, d’un chanteur, d’un programmateur de jeux vidéo, d’un réalisateur de film documentaire etc... Soit des oisifs et des petits-bourgeois intellectuels. Le seul profil susceptible d’appartenir à une autre classe sociale est un délégué syndical. Ce dernier s’avère brutal, agressif, autoritaire... Bref, il est l’élément perturbateur du troupeau. Très vite, il va s’imposer comme le chef de la bande. Le seul malheureux qui lui résistera (le chanteur), sera impitoyablement assassiné sous le regard hagard de ses congénères. C’est statistique : pour trouver le loup dans la bergerie, cherchez le prolo !"
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La critique "Nord cinéma", très positive :
"Fantastique ! Ce film l'est au plein sens du terme, et rien que la phrase finale à l'écran fait frissonner :" aucun Terrien n'a été tué ou maltraité durant le tournage de ce film", cette fameuse locution faite pour nous donner bonne conscience envers nos amies les bêtes.
Et bien là, c'est notre comportement actuel qui est épluché minutieusement, à l'image de ces documentaires télé. Cette étude éthnologique où notre science humaine édicte des définitions certainement aussi fausses, maladroites et péremptoires que celles de ce film qui amuse autant qu'il fait frémir lorsque l'on réfléchit un tantinet. D'autant que le commentaire dit merveilleusement par Pierre Arditi y contribue largement.
Dans un décor minimaliste, des humains-cobayes sont assujettis aux mises en place des définitions obtenues par les extra-terrestres, avec tout ce que celà engendre d'approximations et de fausses pistes. On s'en amuse avec mauvaise conscience, car comment ne pas se reconnaître quelque peu dans ces commentaires burlesques qui mettent en cause nos idées les plus convenues!
Cette étude ethnologique va à la découverte de l'incroyable : nous ; au gré de sentences étonnantes, impensables, énigmatiques, mais au fond si justes de la race humaine, et qui alternent séquences jouées par d'authentiques comédiens et celles captées parmi les êtres anonymes qui peuplent notre planète."
Beaucoup de négatif, il semblerait.
Bernard, il serait temps de "dépactiser" et de renouer avec ta vraie nature.