Episode 93 : Face au miroir
– … opération va révolutionner la chirurgie médicale. Des médecins du CHU d’Amiens et de Lyon ont réussi cet exploit. Géraldine Pinochet et Françoise Pompidou ont rencontré ces pionniers de la chirurgie faciale.
Le reportage montre les images d’une femme couchée sur un lit d’hôpital autour de laquelle deux médecins lui retirent les bandages du visage.
« Merci ! ». Voilà le premier mot prononcé dimanche à son réveil par la femme de 38 ans qui a subi, à Amiens dans la Somme, une transplantation d’une partie du visage.
Un homme en blouse blanche, stéthoscope autour du cou, apparaît à l’écran et commente l’opération. En bas de l’écran, apparaît les mentions : « Jean-Michel Dubernard, professeur du CHU de Lyon ».
«
Lorsqu’elle a vu son visage, elle était extrêmement contente de pouvoir se regarder à nouveau dans une glace. […]
Depuis dimanche, jour de son réveil, cette jeune femme peut enfin manger et parler… »
La voix-off de la journaliste prend le relais.
…
Des gestes simples de la vie quotidienne qui lui étaient devenus impossible depuis mai dernier, depuis que son propre chien lui avait arraché tout le bas du visage.
Le reportage revient sur le chirurgien.
« …
C’est d’ailleurs pour cette raison, pour remédier à ces handicaps, mais aussi parce que la greffe du visage était partielle que les comités d’éthiques ont donné leur accord, à titre exceptionnel, à cette intervention inédite. »
Un autre homme en blouse blanche fait son apparition. Son nom apparaît en bas de l’écran : Professeur Bernard Duchauvelle, spécialiste de la chirurgie maxillofaciale du CHU d’Amiens, pilote de la transplantation.
«
À son réveil, nous avons eu une surprise. Une bonne surprise. Il y avait une parfaite adaptation de la forme du visage et de la coloration de la peau, le résultat dépasse notre espérance. Et je dirais même que la ressemblance avec son ancien visage est troublante. »
…
La jeune femme aurait donc retrouvé son visage, plutôt que celui de la donneuse. Un miracle que nous explique le professeur Duchauvelle.
«
Ce qui fait l’identité d’un visage, ce n’est pas la peau, ni même les muscles qui sont dessous, mais le squelette sur lequel il repose. D’ailleurs, l’ambulancière qui a transporté la transplantée s’y est d’ailleurs fait prendre. Elle a pensé que la malade avait une plaie au visage, sans soupçonnée une transplantation. »
Les images montrent la patiente en train de parler à son médecin.
Cette mère de deux enfants devra maintenant suivre de nombreuses séances de kiné et d’orthophonie pour retrouver toute son élocution et la souplesse de son visage. Les équipes de Lyon et Amiens se disent maintenant prêtes à reproduire cette transplantation partielle de la face sur d’autres patients.
Fin du reportage.
L’image revient sur la journaliste...
***Ajout :***
Episode 94 : « Figurez-vous que la défigurée a retrouvé bonne figure ! »
–
Je reçois le Professeur Bernard Duchauvelle qui a piloté cette opération. Professeur, Bonsoir !
–
Bonsoir !
–
Merci d’être venu sur ce plateau.
–
Mais l’honneur est pour moi.
–
Vous venez de voir le reportage de notre équipe de journalistes, auriez-vous des précisions à nous faire ?
–
Et bien, votre reportage était assez complet. Je ne sais pas ce que vous voulez savoir…
–
Et bien, je… Oui, vous pourriez, par exemple, nous en dire un peu plus sur le déroulement de cette opération.
Son oreillette vient de lui sauver la mise.
–
Et bien, concernant l’opération chirurgicale, il s’est déroulé en plusieurs étapes.
« Premièrement, nous effectuons un prélèvement chez le donneur, d’une partie du visage. Le sujet était une femme en état de mort cérébrale.
« Deuxièmement, la peau et le tissu sous-cutané sont placés directement sur le muscle du receveur. Le receveur étant, dans notre cas précis, la jeune femme gravement défigurée.
Troisièmement, nous arrivons à la greffe. On connecte les artères et les veines pour permettre la circulation saguine. Les nerfs sont reliés pour tenter de rétablir la sensibilité.
Enfin, la quatrième et dernière étape qui se déroulera dans quelques mois, il s’agit du résultat final qui devrait avoir l’aspect du donneur avec les traits du receveur.
–
N’y a-t-il pas un risque de rejet ?
–
Effectivement, comme toute transplantation, le receveur reçoit un traitement, que l’on appelle « agents immunologiques », afin de prévenir le rejet du nouveau visage.
–
C’est un traitement à vie ?
–
Parfaitement.
–
Combien de temps a duré l’opération ?
–
Environ… une dizaine d’heures… ou plutôt, 15 heures…
–
15 heures ? Vous devez ressortir épuisé après une telle opération.
–
En réalité, nous étions 8 chirurgiens à se relayer sur la receveuse et une cinquantaine de personnes ont participé à l’intervention.
–
Pourquoi une telle intervention prend-elle autant de temps ?
–
Et bien, il a d’abord fallu aux chirurgiens « préparer le terrain », c’est-à-dire dégager les muscles, vaisseaux, nerfs faciaux ainsi que la peau de la patiente avant l’arrivée du transplant.
« Dès l’arrivée du greffon, la circulation sanguine a été reconnectée sous microscope, et la circulation a repris son cours au bout de quatre heures. Le greffon a alors repris un aspect normal. Chaque nerf, chaque muscle de la donneuse et de la receveuse ont ensuite été fixés ensemble.
« Puis ce fut le tour des muqueuses de la bouche et du nez. Il a fallu restaurer la caisse de résonance de la bouche pour que la patiente puisse retrouver la parole.
« Enfin, la fixation de la peau est intervenue en dernier, depuis le menton, jusqu’à la racine des cheveux.
–
On peut dire qu’il s’agit là de gestes précis et minutieux.
–
En effet, chaque geste a été réalisé avec un grand souci d’esthétique.
–
Bien, vous savez qu’après l’émerveillement de ce succès chirurgical, vient maintenant la polémique. Certains chirurgiens disent que vous avez voulu faire un coup de pub. Que répondez-vous à ça ?
–
Nous n’avons pas fait un coup. Et nous ne comptons pas nous en arrêter là.
–
Certains médecins pensent également que vous avez voulu entrer dans le Guinness Book des records, d’autres estiment qu’il aurait été plus utile de faire un exploit en faisant une greffe d’un organe vital plutôt que de réaliser une opération de chirurgie esthétique…
–
Ecoutez, cette transplantation est un immense espoir pour toutes les personnes défigurées par balle, par accident ou par brûlure. Et je trouve scandaleux qu’on compare cette intervention avec une opération de chirurgie esthétique, car cette femme était non seulement défigurée, mais elle ne pouvait plus ni parler, ni manger. Et je crois que cette intervention chirurgicale est aussi utile que la greffe du cœur du Professeur Cabrol. Dans une moindre mesure, certes, mais elle n’est pas négligeable.
La soudaine colère du médecin a surpris l’intervieweuse.
–
Ne craignez-vous pas que cette acte chirurgicale entraîne l’arrivée de jeunes femmes voulant ressembler à leur actrice préférée et pensant que cette pratique chirurgicale serait une aubaine pour elles…
–
Je vous arrête tout de suite. Pour bien que les téléspectateurs comprennent bien de quoi il en retourne : Cette intervention chirurgicale n’a qu’une visée MEDICALE. En aucun cas, une telle chirurgie ne peut se réaliser pour un besoin d’esthétique. Pour une double raison : D’une, parce qu’il est immoral d’utiliser une partie du visage d’une personne décédée à des fins esthétiques ; Deuxièmement, si un patient veut absolument ressembler à quelqu’un d’autre, par exemple à la personne décédée, cette opération ne servirait à rien car le visage transplanté reprendra la forme du receveur.
–
À quand une greffe totale du visage ?
–
La greffe totale de la face n’est pas à l’ordre du jour, ni sur le plan esthétique, ni sur le plan technique.
–
Enfin, dernière question, professeur : Comment va votre patiente ?
–
Et bien, tout va pour le mieux, dit-il en laissant apparaître le premier rictus de l’interview. Mis à part son traitement antirejet, elle est suivie sur un plan psychologique, car il est difficile d’accepter son nouveau visage après l’absence de ce dernier pendant plusieurs mois.
« D’ailleurs, j’aimerais rajouter que cette patiente avait connaissance des risques que comportaient une telle opération. Elle en a accepté les risques. Car, il faut savoir que les risques de cancer de la peau sont accrus et que les risques de rejets sont aussi voir presque plus importants que dans n’importe quelle transplantation. Et, dans le cas où il y aurait rejet, la patiente devrait subir une nouvelle opération ainsi que l’ablation de son greffon. Ce qui signifierait que l’on retournerait à la case départ et on repartirait sur des techniques d’autotransplantation qui est plus long et parfois moins efficace. Et pour ça, j’aimerais rendre hommage à cette jeune femme qui a eu le courage de faire le pas.
–
Merci Professeur Bernard Duchauvelle…
***Ajout :***
Episode 95 : Les Olympiades de la méditation
L’image revient sur la journaliste.
–
Dans le reste de l’actualité, nous allons passer au sport avec l’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver à Turin…
Les images de la cérémonie remplacent celle de la journaliste.
– …
Une cérémonie haute en couleur où des milliers de spectateurs ont assisté au spectacle qui a duré plus de 2 heures et demi dans l’ancien « Stadio communale » entièrement rénové pour l’occasion. La scène mesurait 6000 m², 470 danseurs ont animé cette soirée.
« La flamme olympique a été allumé par l’athlète la plus titrée de l’histoire des JO d’hiver, Stefania Belmondo.
« L’un des moments forts fut le rapprochement pour la première fois dans des JO d’hiver des deux Corées qui sont montées ensemble sur la scène finale comme à Sydney en 2000 et à Athènes en 2004.
« Vers la fin de la cérémonie, l’ouverture officielle a été prononcée par le Président italien Carlo Azeglio Ciampi en l’absence, cependant, du chef du gouvernement Silvio Berlusconi. S’ensuit le serment des athlètes lu par le slalomeur italien Giorgio Rocca. Et c’est finalement Luciano Pavarotti qui a clos le spectacle en interprétant l’air de « Nessun Dorma », extrait de l’opéra « Turandot » de Giacomo Puccini.
La régie laisse les images du récital de Pavarotti durant quelques secondes avant de revenir sur le plateau.
–
Voilà, et pour finir ce journal, voici une image insolite…
L’écran de télévision fait apparaître un adolescent assis dans la position du lotus, les yeux clos.
– …
Cela se passe dans le Pérou. Un jeune homme de 15 ans, dont on dit qu’il est le nouveau Bouddha revenu sur Terre pour aider l’humanité à s’élever, attire les regards de l’ensemble du pays. Selon la police péruvienne, l’enfant médite depuis plus de 6 mois sans s’être alimenté. Les équipes médicales sur place sont inquiètes. Rappelons qu’en terme général, un homme peut rester 72 heures sans boire et plusieurs semaines sans manger.
Retour plateau.
–
Voilà, c’est la fin de ce journal. À 20h50, Métropole 2 vous donne rendez-vous dans « les Liaisons Dangereuses » avec John Malkovitch. Puis en deuxième partie de soirée, Jean-Claude Rule essaiera de savoir s’il est possible de vivre une passion amoureuse dévorante sans perdre la raison dans son émission « C’est à en discuter ! ». Enfin, vous retrouverez Benoît Pudajas dans l’édition de 13 heures. Et quand à moi, je vous retrouve demain à 20h00. Bonne soirée !…
***Ajout :***
Episode 96 : Libre-arbitre : « le libre arbitre décrit la propriété qu’aurait la volonté humaine de se déterminer librement - voire arbitrairement - à agir et à penser »
Le globe terrestre tourbillonne dans le poste de télévision. Julien diminue le niveau sonore. Les homo-sapiens de la salle à manger s’étirent comme pour se réveiller après un moment de repos.
– J’ai toujours pensé que la télévision était un somnifère et un tranquillisant déguisé.
– Ce n’est pas faux, Wernard, approuve BH.
Julien et sa femme ramasse les couverts. L’ensemble des intellos les aident à leur tour. Pour certains, c’est une occasion de se dégourdir les jambes.
En revenant de la cuisine, Frédérric s’empare d’un magazine télé et s’installe dans le salon. Bernard-Henri et Franklin viennent le rejoindre.
Le journal télévisé va alimenter leur discussions et faire naître de nouveaux débats.
– C’est quand même extraordinaire cette histoire de visage greffée, s’émerveille Franklin.
– C’est une avancée certaine pour la chirurgie médicale, renchéri Vély.
– Ou un nouvel espoir de rentabilité pour la chirurgie esthétique, intervient Frédérric toujours plongé dans son magazine.
– Votre scepticisme m’étonnera toujours.
Frédérric regarda un instant Leiikatau avant de lancer un rictus moqueur et de s’immerger à nouveau dans son hebdo télé.
– Votre naïveté me surprend encore davantage, fit-il.
– Je repense à ce jeune homme qui s’est installé sous un arbre, intervient le Grand philosophe en tentant de détourner la conversation.
– Vous voulez parler de ce Bouddha des temps modernes.
– Oui, Franklin. Si je suis admiratif de la greffe du visage, je suis un peu plus sceptique sur la véracité du temps passé par cet enfant sous cet arbre sans manger, ni boire.
– Oui, vous avez raison, cette histoire me paraît des plus intriguante. Il faudrait que des journalistes fassent un reportage pendant plusieurs mois sur cet événement afin de vérifier la véridicité de cette information. En attendant un tel reportage, je restes incrédule.
– Enfin de sages paroles, marmonne Bidebège dans son magazine.
– Au lieu de railler les autres, dites-nous plutôt s’il y a un programme intéressant pour ce soir, dit Franklin, dont la dernière réflexion de son interlocuteur l’a sensiblement irrité.
– Pour vous répondre, je crois avoir trouvé ce qu’il faut à notre cher Julien…
Quelques instants plus tard, Frédérric révèle à son hôte qu’un documentaire fort intéressant va être diffusé en première partie de soirée sur une chaîne culturelle, née de la Télévision Numérique Terrestre. Mais Julien est embarrassé, car il projetait de regarder un autre programme à la même heure sur une autre chaîne. Pour Julien, c’est le dilemme. Soit il regarde un documentaire sur l’évolution de l’homme, soit il regarde le prime de la « Singer Academy ».
– Nous ne vous forçons pas la main, rassure Wernard. Mais sachez que notre conseil répond à notre mission de vous intéresser à la culture.
Julien est toujours hésitant.
– D’autant plus que
l’Odyssé de l’Espèce est une sorte de docu-fiction, rapporte Frédérric. Ce qui est bien moins emmer… ennuyant qu’un simple documentaire sans intérêt dont le rythme peu soutenu endormirait plus d’un insomniaque ayant bu un café serré.
Bernard-Henri et Franklin sont d’abord amusés, puis choqués par les propos de l’intellectuel. Ils font eux-mêmes partie de ces insomniaques que FB insulte.
– Vous n’y allez pas de main morte, s’amuse Lisbeth.
– Je dirais même que vous venez d’insulter une bonne partie de vos lecteurs, curieux du monde qui les entoure, s’emporte Franklin.
– Vous exagérez toujours tout. Vous n’allez pas me lancer une fatwa pour une simple caricature insignifiante. D’autant plus que ce sont les documentaires que j’ai attaqué. Et encore, j’ai parlé d’une catégorie spécifique et minoritaire. Les documentaires ne sont évidemment pas tous ch… (bip)
– Ecoutez, intervient Wernard. Je crois qu’il ne faudrait pas se disperser dans un débat. Les deux émissions commenceront dans moins de 5 minutes.
Il se tourne vers Julien.
– C’est à vous de décidez. Soit vous regardez une émission de téléréalité qui ne vous apprendra rien. Soit, vous tentez de vous instruire en regardant un documentaire qui vous distraira tout autant.
Julien réfléchit.
– Personne ne dictera votre choix. C’est votre libre-arbitre.
La minute de réflexion qui suit, semble interminable. À croire que le sort de l’humanité dépend du choix d’un seul individu.
Après mûres réflexions, le verdict de Julien tombe, telle la décision d’un jury de professeurs concernant le sort d’un élève.
– Et bien…
Les intellos le regardent, fébriles.
Julien dans le confessionnal :
– En fait, j’ai pesé le contre et le pour et…
Retour au salon :
– J’ai…
Confessionnal :
– … décidé…
Salon :
– … de…
***
Note de l'auteur : Mille pardons pour ces deux semaines d'absence. Je suis flatté que le feuilleton soir placé dans les fourmis artistes.
Petit message personnel : Si vous avez des critiques constructives à faire, vous pouvez me les donner en mp. Et surtout... répondez lorsque je vous demande des précisions dans vos critiques (grrrrrrrr).
***Ajout :***
Episode 97 : « Allumer le feu ! »
Les intellos attentent impatiemment la réponse de leur hôte.
– Je décide de regarder avec vous ce fameux documentaire, mais sans conviction.
Les intellos se regardent, satisfaits. Ils viennent de remporter une victoire contre la téléréalité non-instructive. Place donc à la docu-fiction.
Soirée-télé pédagogique en ce vendredi soir. Les intellos sont parvenus à convaincre Julien de regarder un documentaire télévisée.
Afin de ne pas de faire une émission trop longue et afin d’éviter que les producteurs de l’émission ne soient accusés de publicité gratuite, seules quelques images du documentaire sont montrées. La plus saisissante fut celle de la découverte du feu par l’homo-erectus, il y a un peu plus d’un million d’années.
Un éclair frappe un arbre qui s’enflamme. Un jour, un groupe d’homo-erectus chassaient dans le coin. Un des leurs, animé par une curiosité dans borne (ce qui lui coûta un œil il y a longtemps), s’approcha de cet arbre embrassé. Les autres membres de son groupe le dissuadaient de s’en approcher. Ce drôle d’animal détruisait tout sur son passage. Ce pré-humain espiègle planta sa lance dans le feu. Après quelques secondes, il décida de rebrousser chemin, voyant qu’il semblait impossible de le tuer. C’est alors que le groupe d’homo-erectus tentait de l’avertir qu’une partie de l’animal le poursuivait. Le feu avait prit sur le bout de sa lance en bois. Lorsqu’il s’aperçut de sa présence sur son bâton, il le lâcha et s’enfuit.
Cependant, il ne s’avouait pas vaincu et récupéra sa lance avant la planter sur le sol. L’animal était mort. Il leur paraissait étrange qu’un animal aussi puissant puisse être tué si facilement. C’est alors que le sage du clan décida de retourner vers l’arbre en feu. Les autres ne comprenaient pas pourquoi un être si prudent que « le Sage » prenne un si grand risque en affrontant ce prédateur.
Arrivé à proximité, le Sage tendit son bâton et attendait qu’il prenne feu. Il a été le premier à comprendre ou du moins avoir une perception différente sur cet animal. En rapportant le bâton enflammé, il l’étudia avec les autres. Il n’était pas si dangereux, il suffisait de le domestiquer. Si on pouvait le garder au bout d’une lance, il ne fallait pas trop s’en approcher, sinon il piquait. De plus, une odeur restait sur les mains lorsqu’on le touchait.
C’est ainsi qu’ils baptisèrent cet animal : « Prlllll ! ». À force d’étude, ils s’aperçurent que plus on le nourrissait, plus il grandissait. Lorsqu’on soufflait dessus ou que le vent le touchait, il se mettait en colère. Ils faisaient diverses expériences. Un jour, ils essayaient de voir ce qu’il se passait lorsqu’ils le nourrissaient avec des animaux. L’odeur qui s’en dégageait était agréable. L’un des leurs eut quelques difficultés à reprendre un morceau à cet animal, mais lorsqu’il y parvint, ce fut une récompense gustative. Outre le goût, la nourriture facilitait mieux la digestion que la viande crue. Bien plus tard, ce feu leur permit de fabriquer des lances plus pointues, plus résistantes et permit de se réchauffer lors de la dernière glaciation.
C’est à cette glacière que naquit Néanderthal…
Cet épisode de la découverte du feu laisse notre Julien admiratif.
Julien sur le canapé avec sa chère et tendre
– J’ai été sur le c** (bip) lorsque j’ai vu comment les mecs ont découvert le feu.
– C’est vrai que c’était très intéressant, intervient Marie. Mais heureusement que ce documentaire ait été validé par les scientifiques, sinon, j’aurais émis de sérieux doutes sur la véracité de cette émission. Car il faut bien admettre qu’ils ont imaginé certains témoignages comme celui de la découverte du feu.
– Ah, non, je pense pas. Ils ont bien dû découvrir des trucs qui prouvent comment les hommes ont découvert le feu.
Sa femme roule ses yeux et préfère regarder dans une autre direction plutôt que de réagir à cette réflexion.
– Non ? demande Julien, ne comprenant pas sa réaction. Qu’est-ce que j’ai dit ?
Retour au salon…
***Ajout :***
Note de l'auteur : Mille excuses pour ces semaines d'absence. Mais j'étais très occupé (toujours maintenant), car j'ai trouvé un job durable (j'en suis encore en période d'essai cependant).
Mais vous retrouverez les intellos dimanche prochain, promis.
***Ajout :***
Episode 98 : « C’est un petit pas pour les intellos, mais un grand pas pour Julien. »
Le documentaire terminé, les intellos demandent à Julien ses impressions.
La réponse de Julien est positive. C’est avec ravissement que nos 5 experts entendent les propos enjoués de leur hôte à propos du docu-fiction. Il semble que la voie de la curiosité se trace petit à petit.
Retour de Julien sur le canapé
– Ça fait longtemps que je n’ai pas appris autant de choses à la télévision.
– Il faut dire que nous ne pensons pas assez souvent à regarder la chaîne culturelle, regrette Marie. Si elle se situait sur la première, cela aurait été plus facile et accessible… Mais peut-être devrons-nous finalement regarder la télé autrement, finit-elle par dire après réflexion.
C’est dans un esprit de première pierre posée sur l’édifice de la culture et de la connaissance que nos intellos décident de reposer leurs chers neurones dans les draps d’un lit.
Salon-cuisine
Seuls Wernard et Franklin poursuivent un débat sur l’origine de l’homme, entre deux assiettes lavées…
– Vous savez, Wernard, je reste sceptique sur l’origine géographique de l’Homo Sapiens, dit Franklin en prenant une assiette que Wernard vient de rincer à l’eau.
– Vous êtes plutôt en faveur de la théorie d’un foyer de naissance de l’Homo Sapiens ou de celle d’une naissance simultanée aux différents endroits où étaient Homo Erectus ?
Wernard passe une nouvelle assiette à Franklin…
Note de l'auteur : Désolé pour le peu de lignes d'aujourd'hui, surtout après 3 semaines d'absence. Désolé.
***Ajout :***
Episode 99 : « Homo Sapiens »
– Disons que je trouve étrange que l’on dise que tous les hominidés soient apparus dans un seul et même lieu : l’Afrique, répond son interlocuteur en s’appliquant à frotter convenablement l’assiette fraîchement lavée.
– Pourtant les plus anciens spécimens de chaque étape de l’évolution ont tous été retrouvés en Afrique, jusqu’à l’Homo Sapiens, appui Wernard.
Il récupéra une assiette des mains de Julien qui a été chargée par sa femme de faire la plonge.
– Je ne suis pas d’accord avec vous, réfute son interlocuteur. Le documentaire a bien spécifié que les plus anciennes traces de Sapiens se situent au Proche-Orient, en Israël, et non en Afrique même.
Wernard ne peut s’empêcher de réprimer un sourire amusé avant de donner son assiette rincée à Franklin.
– Il est été également dit dans ce documentaire que la génétique des populations africaines d’aujourd’hui est la plus probante. Ce qui amène les scientifiques à conclure que ce sont également les populations les plus anciennes. Ce qui serait la preuve que l’origine de l’Homo Sapiens moderne est en Afrique.
Leiikatau dodeline de la tête.
– Je trouve que c’est un peu léger comme conclusion. Et pourquoi l’origine de tous les hominidés évolués seraient en Afrique ? L’Homo Erectus a beaucoup voyagé sur la planète. Pourquoi l’un de ses descendants, Sapiens, seraient lui aussi nés en Afrique ? Cela me paraît étrange.
– Il est vrai que cet état de fait peut paraître bizarre, mais les découvertes des scientifiques les ont amené à cette conclusion.
Julien se racle la gorge.
En se tournant vers sa droite, Wernard s’aperçoit qu’une assiette lavée, suspendue par le bras de son aide de vaisselle, l’attendait depuis quelques temps. Il se hâte de la saisir, s’excusant au passage.
– D’après vous, Wernard, que se passera-t-il si un jour l’on découvrait des ossements d’Homo Sapiens sur un autre continent et datant d’une période antérieure aux ossements découverts en Afrique ?
Avant de répondre, Wernard prend soin de ne pas faire attendre une nouvelle fois Julien et donne à Franklin son assiette rincée avant d’attraper l’autre assiette tendue par le plongeur.
– Si une telle découverte était avérée, il y aura, à mon avis, un petit bouleversement dans le schéma chronologico-géographique de l’évolution de l’Homme.
Les deux hommes restent muets durant un moment. Seuls le bruit des assiettes plongées, de l’eau chaude coulant et du léger grincement d’assiettes animent la cuisine…
***Ajout :***
Episode 100 : Sommes-nous les fils et filles de Néanderthal et de Sapiens ?
– Wernard, si l’on suppose que l’Homo Sapiens soit né dans un seul et même foyer, comment expliquez-vous les quelques différences morphologiques des humains ?
– Vous voulez parler des différences infimes qu’il y a entre un européen, un asiatique et un africain, par exemple ?
Franklin répond à l’affirmative.
– Et bien, je supposes qu’il y a eu métissage et mixité entre l’Homo Sapiens et certains autres hominidés qui vivaient en Europe, en Afrique et en Asie.
– Vous croyez donc que l’Homme de Néanderthal et l’Homo Sapiens ont mélangé leur gênes ?
– Je ne sais pas. Yvens Coppes dans le film disait qu’il serait possible qu’il y ait eu mélange avec d’autres populations antérieures. Cependant, il a révélé également que les gênes de Néanderthal et de Sapiens étaient radicalement différents. Ce qui veut dire que ces deux hominidés étaient deux espèces distinctes.
Franklin restait songeur, tenant l’assiette de la main gauche et essuyant avec un chiffon avec la main droite.
– Néanderthal, dans l’Europe polaire, et l’Homo Sapiens dans la tiédeur de l’Orient.
Il voulut prendre une assiette que devait lui tendre Wernard, mais sa main s’agitait dans le vide. Il n’y avait plus d’assiettes à nettoyer.
Il commence à se faire tard, et les intellos se sentent éreintés par les exercices intellectuels qu’ils ont fourni durant cette journée qui s’est soldée par une première victoire contre un échec.
C’est sur les images du couple pénétrant dans leur tente que la journée se termine…
***Ajout :***
Episode 101 : « Où êtes-vous, Lyse et les Luc ?… »
Jour 2
8h00, de bien étranges phénomènes se produisent. Des ombres traversent furtivement la maison. Une autre traverse le jardin avant de pénétrer à l’intérieur du logis de Marie et Julien. Mais qui sont ces ombres ? Que veulent-elles ? Que préparent-elles ?
Des questions sans réponses qui ne perturbent pas Julien, tranquillement endormis dans son lit de fortune.
9h30, Julien se réveille. Sa femme semblait s’être réveillée plus prestement que d’ordinaire. Arrivé dans la cuisine, il prépare, seul, le petit-déjeuner. Et c’est avec surprise qu’il constate que des bols sales traînent dans l’évier. Ils ont déjà déjeuner ? se demande-t-il.
En fouillant son logis, il découvre que plus une âme n’habitait la maison…
Afin de conforter ce sentiment, les caméras le filmaient de plusieurs mètres de la maison. Julien pouvait être vu entre les fenêtres de la maison. Deux caméras miniatures ont également été installés dans la maison pour voir de plus près sa réaction.
Soudain, il voit un caméraman et le réalisateur s’approcher du jardin. Il court à leur rencontre.
C’est avec soulagement que Julien voit deux visages familiers.
– Bonjour ! Vous savez où sont les autres ?
Les deux hommes font mine d’être étonnés par la question. Ils souriaient intérieurement…
***Ajout :***
Episode 102 : « Toujours plus loin vers l’inconnu »
– Vous voulez dire que vous ne savez pas où sont Marie et mes invités ?
– Je croyais que vous étiez au courant ?
Son regard goguenard ne plut pas à Julien.
– Au courant de quoi ?
Les deux autres hommes en face de lui, se regardent, perplexes. Ce qui a pour effet de monter d’un cran l’inquiétude de leur hôte.
– Arrêtez de vous f….. (bip) de moi. Où est Marie ?
Le réalisateur est quelque peu surpris par son agressivité soudaine. Il sent que la plaisanterie doit prendre fin au plus tôt.
– Ne vous inquiétez pas, Julien. Nous savons où ils sont. Vous n’avez aucun soucis à vous faire.
Ses paroles rassérènent le boucher-charcutier de Plomelin.
– Suivez-nous, dit le réalisateur en présentant la voiture appartenant à la chaîne diffusant l’émission.
– Hein ? Où vous m’emmenez ?
Les deux hommes se dirigent déjà vers la voiture. Julien les suit malgré lui.
– C’est quoi cette histoire ? Et où est ma fem… ma concubine ?
Ses interlocuteurs ne lui répondent pas.
– Oh ! Vous entendez quand je vous parle ?
Ils se retournent. Le réalisateur ouvre la portière et l’invite à pénétrer dans la voiture.
– Vous saurez tout ce que vous voulez savoir dans quelques dizaines de minutes. En attendant, voulez-vous prendre la peine d’entrer ?
Après quelques secondes d’hésitations, Julien finit par s'introduire dans le véhicule.
La caméra s’engouffre à son tour dans le véhicule terrestre à quatre roues qui se meut grâce à un moteur à combustion. Elle montre l’anxiété qui semble habiter la victime de cette mascarade.
Le jeune homme s’est finalement décidé à suivre l’équipe de l’émission. Qu’ont-ils préparé ?Où l’emmènent-ils ? Que sont devenus Marie et les intellos ? Ces questions taraudent l’esprit du jeune breton.
Julien et Marie sur leur canapé
– J’avoue que j’ai eu les boules pendant un moment…
Les images reviennent sur Julien dans la voiture.
L’équipe de télévision sort de Plomelin et arrive dans la ville de Quimper. Julien est de plus en plus intrigué.
Retour sur le canapé
– Là, on arrive à Quimper. Et je me dis : « Pu… (bip), on va où là ? ».
Voiture
Notre voiture se range sur une place gratuite, du côté des Quais de l’Odet. Les occupants du véhicule sortent pour aller vers une destination inconnue.
– Vous avez pas prévu de me mettre un bandeau dans les yeux pour me cacher où on va ?
Le réalisateur sourit.
– Non, ce n’est pas prévu au programme…
Scène coupée au montage
– … Mais c’est vrai, on aurait dû faire ça pour le show. T’as pas un foulard ou un truc du genre ? demande-t-il au cameraman.
Ce dernier répond à la négative, au grand dam du réalisateur.
– Tant pis, on fera sans.
Fin de la scène coupée et retour sur Julien et Marie sur le canapé
– Et évidemment, plus on avançait, plus je me posais de questions…
Quimper
Julien est conduit en direction d’un bâtiment qui ne lui est pas inconnu.
– Le théâtre ? C’est là qu’on va ?
Son guide fit un signe de tête affirmatif.
Canapé
– Et là, on arrive au théâtre de Quimper. Et là, je me dis…
Théâtre
– Mais qu’est-ce que je f… (bip) là ?
Canapé
– Et là, qu’est-ce que je vois ?
Théâtre
– Ben ! Qu’est-ce que vous f … (bip) là ?
Canapé
– Marie et les autres sur la scène…
Théâtre
– Voilà votre surprise, Julien, annonce le réalisateur de l’émission…
Note de l'auteur : Désolé pour le retard, j'espère que cet épisode valait la peine d'attendre.
***Ajout :***
Episode 103 : « Au théâtre, ce soir »
Quelques instants plus tard, Marie et les intellos expliquent à Julien qu’ils sont en train de répéter leur rôle pour une pièce de théâtre.
– Connaissez-vous Georges Feydeau, mon cher Julien ? demande Bernard-Henri.
– Georges Fédor ? Non.
Son interlocuteur semble légèrement agacé.
– Georges FEY-DEAU ! Je ne vous parle point d’un chien, mais d’un maître du théâtre français.
Ce nom semble ne rien évoquer aux souvenirs de notre finistérien.
– C’est un comédien ? demande-t-il.
BH ne s'offusque plus de son manque de culture générale. Il s’y est habitué. Il finit même par considérer son hôte comme un élève à qui chaque morceau de connaissance acquise résonne comme une victoire pour le professeur.
– Non, c’est le balayeur, murmure Frédérric qui, contrairement à Vély, n’en finit par d’être agacé par tant d’inculture.
– Georges Feydeau, mon cher ami, commence BH, était l’un des plus grands auteurs dramatiques français du siècle dernier. Il a écrit de nombreuses pièces, principalement du vaudeville.
– Ah, ok ! Et il est pas avec vous, ici ?
Bidebège ne peut s’empêcher de réprimer un fou rire. « C’est digne des plus grands évangélismes. », pense-t-il.
Le Grand Philosophe se trouve embarrasé.
– Euh, c’est à dire que…
– Ah oui, je comprends, il a pas pu venir. Il doit être débordé en ce moment.
Nouvel éclat de rire de FB. « Ah non, je me suis trompé. C’est encore plus fort que les réflexions profondes d’Eve Angeline ».
– Je confirme, il ne peut plus se déplacer depuis quelques temps, plaisante Franklin Leiikatau.
– Il est vrai qu’il ne nous donne plus de ses nouvelles depuis des décennies au moins, renchérit Bernard-Henri.
L’hilarité gagne petit à petit l’ensemble de l’assemblée.
– Vous n’aurez pas son numéro de portable par hasard ? demande Franklin.
Vély fait l’étonné.
– Mais comment, vous ne savez qu’il n’a pas le téléphone ?
– Ah oui, très juste. Il est vrai qu’il est de l’ancien temps, du siècle dernier.
– D’il y a deux siècles vous voulez dire ? N’oubliez… n’oubliez pas que nous sommes au 21ème siècle…
Le philosophe aux cheveux longs commence à éprouver des difficultés pour parler et garder son sérieux dans la plaisanterie.
– De toute manière, il est un peu mort artistiquement, poursuit Wernard, décidé à prendre part à la farce.
– C’est très juste.
Franklin ne peut plus poursuivre. L’hilarité gagne du terrain et est en passe de l’étouffer.
– Euh… Est-ce qu’on pourrait m’expliquer ce qui se passe, là ?
Plus une âme n’est disposé à répondre à Julien. Seul Wernard parvient à contrôler son rire et à répondre à ses questionnements.
– En fait… (La soudaine tension de ses zigomatiques lui fait perdre durant un court moment ses explications, avant de reprendre.) En fait, Georges Feydeau est un homme du 19ème siècle. Et… Et il est mort depuis près de 85 ans.
Julien comprend désormais l’incongruité de sa remarque. Il est embarrassé d’abord, puis il sent monter en lui une certaine colère, voyant ces pseudos-intellos se gausser comme des chenapans.
Le réalisateur de l’émission, qui a également été désigné metteur en scène de la pièce, veut mettre fin à la récréation.
– S’il vous plaît ! S’il vous plaît !! Un peu de sérieux ! On est pas chez les toutouyoutou, ici !
La plupart reprennent leurs esprits tandis qu’une poignée ne parvient pas à se calmer.
– Oh ! Les deux, là ! tonne-t-il en s’adressant à Frédérric et à Franklin. Vous sortez ! Vous allez prendre l’air !
Les deux hommes obtempèrent.
– Et vous laissez les autres travailler! Ok ?
Le ton autoritaire du réalisateur surprent nos amis.
BH et Franklin dans le confessionnal
– Je dois vous avouer que j’ai été surpris par sa réaction. Je ne sais point comment j’aurais pu réagir face à tant d’autorité, révèle le chef de file de la « Philosophie Nouvelle ».
– En tout cas, je puis vous dire que nous l’avons bien cherché, reconnaît l’autre grande figure de la pensée philosophique française. C’était une décision sage.
La réflexion de son confrère laisse le penseur chevelu dans la méditation.
– Il est vrai, après tout, que mon expérience en tant que cinéaste me permet de comprendre sa colère. Il faut savoir jouer le rôle du professeur soucieux de maintenir ses élèves dans la concentration la plus extrême. Et le statut de metteur en scène amène celui qui en est titulaire, à accomplir la mission d’un professeur des écoles.
Théâtre de Quimper
– Bien, les enfants, maintenant que nous avons retrouvé un peu de calme, nous allons reprendre la scène 2 de l’Acte I.
Les apprenti-comédiens prennent leur place.
– Euh, excusez-moi, intervient Julien. C’est quoi comme pièce qu’ils doivent jouer ?
Le metteur en scène le regarde, étonné, avant de se souvenir que l’intervenant n’est au courant de rien.
– Nous jouons l’une des fameuses pièces de Feydeau : « Monsieur chasse ! ».
Julien reste perplexe.
– Et ça parle de quoi ?…
Note de l’auteur : Encore mille excuses pour cette absence. Le temps de me documenter sur cette pièce, je n’ai pas pu publier cet épisode hier… jour de mon anniversaire. Du haut de mes 24 années passées en cette planète Terre, je vous souhaite à tous une bonne lecture.
***Ajout :***
Episode 104 : « Theatre Academy »
Après avoir résumé l’histoire de l’un des chefs d’œuvre du grand auteur français à Julien, le réalisateur de notre émission commence les répétitions avec les comédiens désignés pour la scène.
Les personnages présents dans cette scène se composent de M. Duchotel, bourgeois aimant chasser le week-end, de Léontine, sa femme, et de M. Moricet, ami de Duchotel et amoureux de Léontine.
Le rôle de M. Duchotel a été remis à Bernard-Henri, celui de Léontine, à Lisbeth et celui de Moricet, à Frédérric.
Le décor se présente comme suit :
Un fumoir en pans coupés chez Duchotel. Porte d'entrée au fond, donnant sur l'antichambre. - A gauche, premier plan, une cheminée surmontée d'une glace. - Sur la cheminée, outre sa garniture (pendule et candélabres), un bougeoir et des allumettes. - A droite de la cheminée, un cordon de sonnette. A gauche, pan coupé, une porte donnant sur le salon et les appartements de Léontine. - A droite, premier plan, porte donnant dans la chambre de Duchotel. - Entre la porte, premier plan, et le manteau d'arlequin, petit meuble-secrétaire dont un pied manque et a été remplacé par un volume broché servant de cale. - Dans ce meuble, ce qu'il faut pour écrire. - Au milieu de la scène, une table ovale assez grande, un fauteuil de chaque côté. - Sur la table, un bourre-cartouches, une cartouchière, deux sébiles contenant l'une du plomb, l'autre des cartouches et des bourres; à droite, près du secrétaire, une chaise volante. - A gauche, entre la cheminée et la table, un pouff. - Au fond, de chaque côté de la porte, une console, surmontée d'une corbeille de fleurs; entre les consoles et les pans coupés, un fauteuil. Sur le fauteuil de droite, un chapeau d'homme; contre la console gauche, une canne. - Feu dans la cheminée.
Dans la première scène, en l’absence de Duchotel, Moricet demande à Léontine de venir le rejoindre dans sa garçonnière pendant que son mari part à la chasse. Ayant peur pour sa réputation et ne voulant nullement pratiquer l’adultère, elle refuse catégoriquement l’invitation, au grand dam de Moricet.
Après quelques minutes durant lesquelles Frédérric accompagné de Franklin, ont eu le loisir de s’isoler afin de retrouver la sérénité d’esprit, les répétitions peuvent enfin commencer.
Voici un extrait en exclusivité :
Dans cette scène, BH-Duchotel entre en scène, tenant un fusil de chasse qu’il nettoie, et venant se mettre entre eux, derrière la table, face au public.
BH-Duchotel : Et bien ! Ça va-t-il comme vous voulez ?
FB-Moricet, maussade : Oh ! pas du tout !
BH-D : Vraiment ?
Bernard-Henri reste silencieux durant quelques secondes, attendant la réplique de Frédérric avant de se rappeler qu’il devait poursuivre. Il ne trouve plus son texte.
– Bien ! coupe le metteur en scène. Monsieur Vély, il va falloir travailler sérieusement votre texte.
– Mais je connais mon texte, s’offusque-t-il. C’est juste que c’est la première fois que joue sur une scène…
– Et que se passera-t-il lorsqu’il y a aura une salle remplie ?
BH reconnaît malgré lui que son trac sera encore plus fort.
La répétition reprend.
BH-Duchotel : Et bien ! Ça va-t-il comme vous voulez ?
FB-Moricet, maussade : Oh ! pas du tout !
BH-D : Vraiment ?
Silence durant 5 secondes avant que BH ne finisse par donnner la suite de sa réplique comme pour se débarrasser d’un objet encombrant. Le réalisateur arrête une nouvelle fois la scène, fait d’autres remontrances à Vély avant que les apprentis-comédiens ne renouvellent la scène sans oublies cette fois.
BH-D : Eh bien! ça va-t-il comme vous voulez?
FB-M, maussade : Oh! pas du tout!
BH-D : Vraiment? Qu'est-ce qui cloche?
FB-M, même jeu : Tout.
Lisbeth-Léontine : Mais non, rien!
FB-M : Oui, parlez pour vous, mais pour une nature bouillante comme la mienne, voir qu'on fait tous ses efforts pour... et qu'on en est toujours au même point...
BH-D : Voyons... Tu veux peut-être aller trop vite en besogne... Aie donc de la patience, que diable!... Tu n'es pas à la course...
Il descend à droite.
FB-M : Moi, ni à la course, ni à l'heure... Je ne suis à rien... Je suis au dépôt.
BH-D, bon enfant : Je t'offrirais bien de m'en mêler.
FB-M, vivement : Non, tu me gênerais plutôt.
BH-D : Bien, oui, je me le suis dit: "Il a ma femme! Ils iront bien plus vite sans moi."
FB-M : Mais oui.
BH-D, essayant de le remonter : Allons, voyons...
FB-M, avec expansion : Ah! tu es bon, toi! (A Léontine.) Il est bon, lui!
BH-D : C'est vrai, c'est stupide de se faire un mauvais sang pareil pour si peu de chose! Regarde, moi avec mon fusil, est-ce que je m'énerve? Et pourtant, je n'arrive pas à le nettoyer.
FB-M : Oh! ça, si tu n'y arrives pas, c'est probablement parce que tu ne sais pas t'y prendre.
BH-D : Tu sais donc, toi?
FB-M : Tiens!
BH-D : Et comment fais-tu quand tu veux le nettoyer?
FB-M, simplement : Je l'envoie chez l'armurier.
BH-D, s'inclinant : Ah! comme ça...
L-L : Là!... Voilà trente-deux cartouches...
Elle se lève et va porter la ceinture de cartouches sur un meuble au fond à droite.
FB-M, se levant : Peut-on aimer la chasse!
L-L : Ça!
FB-M, descendant à gauche : Voir souffrir des animaux!... Non, mais même un homme, moi, je ne peux pas!
BH-D : ... Et c'est un médecin qui parle!
FB-M, d'un air indifférent : C'est chez ton ami Cassagne que tu vas faire ces hécatombes?
BH-D, vivement : Oui, oui, toujours!
FB-M : On ne le voit pas souvent ici, ton ami Cassagne…
Les répétitions semblent captiver Julien…
Note de l'auteur : Encore une fois, désolé aux lecteurs pour cette attente. (Ne commencez-vous pas à en avoir marre de ces excuses ? lol)
***Ajout :***
Episode 105 : « Viens voir les comédiens… »
Julien et Marie sur le canapé :
– C’est marrant comment ça se passe, les répètes ! J’avais jamais vu ça de près.
Marie ricane dans son coin. Son homme la regarde.
– Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que j’ai dit de drôle ?
– Oh, rien, rien, se reprend-t-elle.
– Ah si, t’étais en train de rigoler… Tu te foutais de ma g… (bip).
– Non, je repensais juste à tes exploits.
Julien se tait brusquement, baisse la tête, comme s’il vient de se rappeler d’un souvenir peu glorieux.
– Mais, tu as raison, tu as vu les répétitions de près. Voir même de très près.
– Oui, bon, ça suffit, dit-il, agacé.
Sur le sourire malicieux de Marie, l’image s’arrête un instant avant de revenir à la salle de théâtre.
Théâtre
Les répétitions vont bon train. Le retard de deux comédiens, dont l’un d’entre eux est une jeune comédienne reconnue ayant obtenue le prix Jean Gabin, oblige le metteur en scène à adapter les répétitions en attendant leur venue.
Nous arrivons aux répétitions de la première scène de l’Acte II, dans laquelle une surprise attend Julien.
Assis aux côtés de Julien, Wernard se retourne, croyant entendre une voix familière. Il ne s’est pas trompé, une connaissance vient d’entrer dans la salle. Il se lève promptement avant de lui porter l’accolade.
Un ami de Wernard Berber vient d’entrer en scène. Il s’agit du comédien Jean-Christophe Crab. Ce comédien a réalisé et joué, notamment, dans la première pièce de l’auteur des Insectes.
Wernard s’empresse de le présenter à Julien. Ce dernier semble impressionné de voir un comédien en chair et en os.
Les présentations faites, les répétitions peuvent de nouveau débuter.
Tout le long de cet acte se déroule dans la garçonnière de Moricet (joué par Frédérric) :
- Mobilier très élégant au dernier goût du jour.
- A gauche, premier plan, un piano droit adossé au mur; le piano est ouvert avec un morceau de musique sur le pupitre; partitions, bibelots sur le piano.
- A gauche, deuxième plan en pan coupé, une porte à deux battants dont le battant de gauche est fixe, et qui ouvre sur l'intérieur; la porte est munie d'une serrure ouvrant et fermant à double tour.
- Au fond, à gauche, face au public, une élégante alcôve tendue en tapisserie très claire et très suggestive représentant un Triomphe de Vénus quelconque; un bandeau de soie et des rideaux de même étoffe, le tout artistement drapé, encadrent cette alcôve. Dans l'alcôve, un lit dont la couverture (composée d'un couvre-lit, d'une couverture de laine blanche et d'un drap) est défaite toute prête pour se coucher. La tête du lit est à gauche; près de la tête du lit, un petit guéridon de nuit; sur le guéridon, un bougeoir et des allumettes; sous le guéridon, une paire de pantoufles. Au pied du lit, regardant la tête, un fauteuil; par terre, une descente de lit en peau d'ours.
- Au fond, à droite du lit, une fenêtre avec bandeau et rideaux pareils à ceux de l'alcôve; stores à l'italienne relevés l'un plus haut que l'autre sur les deux battants de la fenêtre.
- La fenêtre donne sur un balcon avec vue sur la rue par le clair de lune.
- A droite, en pan coupé, une porte à deux battants; elle est munie de son bouton et d'un verrou et s'ouvre extérieurement.
- A droite, premier plan, une porte sous tenture donnant sur un cabinet noir et ouvrant intérieurement de droite à gauche.
- Entre la porte, premier plan, et celle du pan coupé, une cheminée avec feu; sur la cheminée, un bougeoir, une boîte d'allumettes, une petite glace à main, deux candélabres, une statuette.
- Au-dessus de la cheminée, une glace artistique ovale est suspendue. - A un mètre de la cheminée, face au public, un petit canapé chargé de coussins.
- De l'autre côté, à gauche de la scène et à un mètre à droite du piano, une table servie à deux couverts; une chaise de chaque côté; sur la table, à l'extrémité la plus éloignée du public, une lampe allumée avec un grand abat-jour en dentelle; sur l'extrémité droite de la table, et la plus rapprochée du public, un ravier contenant des radis, puis, enfin, sur la table, un perdreau, un buisson d'écrevisses, une bouteille de bordeaux couchée dans son panier, etc. Un peu partout ad libitum, des bibelots, des tableaux, statuettes et autres objets d'art.
Dans cette scène, apparaît un nouveau personnage, Madame Latour, la concierge de la garçonnière de Moricet. Une comédienne en herbe fait son entrée, Julien reste interdit…
***Ajout :***
Episode 106 : Cachotteries
Marie entre en scène dans le rôle de Madame Latour.
Madame Latour, un vaporisateur à la main, vaporise les rideaux de la fenêtre.
- Là! assez pour les rideaux! (Allant au canapé.) Au canapé maintenant! Hum! le canapé!... C'est généralement le terrain où s'engage l'action!... Très important!... De la première escarmouche dépend presque toujours la victoire... Double ration au canapé. (Elle vaporise consciencieusement le canapé.) Ah! dame! je vaporise stratégiquement. (Allant au lit dont la couverture est faite.) Ainsi, là, tenez! j'en mets... par acquit de conscience, parce qu'à vrai dire, quand on est arrivé à cette phase... Enfin, quand ce ne serait que des libations d'actions de grâces! (Elle vaporise le lit légèrement, puis redescendant à droite.) Allons, j'espère que M. Moricet, notre nouveau locataire, sera content. (Montrant le vaporisateur qui est presque vide.) Je viens de lui vaporiser là pour seize francs d'Impérial Russe. (Tout en se dirigeant vers le piano.) Eh bien, j'aime les hommes comme ça, moi; les hommes qui, en amour, ne regardent pas à la dépense! (Se vaporisant.) D'ailleurs, il y a-t-il rien d'assez cher pour une femme aimée? Ah! nous sommes un bien heureux sexe... (Elle va poser le vaporisateur sur le piano et gagne lentement la droite tout en parlant.) Ah! que n'ai-je eu, moi, comtesse de Latour du Nord, quand j'étais encore du noble faubourg Saint-Germain, des faiblesses pour un homme comme celui-là au lieu d'aimer un numéro de cirque... (Elle s'assied sur le canapé.) Mon mari ne m'aurait pas pincée et je ne serais pas concierge à l'heure qu'il est. (S'étendant sur le canapé.) Ah! c'est loin tout ça!... heureux temps! Ces parfums m'engourdissent... Je me sens tout alanguie!... à quoi bon?... Encore si le proverbe était vrai! "Il n'est pas de si grande dame que le muletier ne trouve son heure" dit-on! Ah! ouat, il n'est jamais là, le muletier!
Julien reste sans voix devant son jeu de comédienne. Elle lui avait donc cachée ce don pour la comédie.
Entre en scène un autre personnage.
Voix de Duchotel, à l'extérieur. - Madame Latour!
Madame Latour, se redressant sur son séant. - C'est le muletier?
Duchotel, entrant, tenue du premier acte, son fusil dans son étui sur l'épaule gauche. – Madame Latour, vous êtes là?
Madame Latour-Marie - Monsieur Zizi!
Duchotel, sur le pas de la porte gauche, pan coupé. - Voilà un quart d'heure que je vous cherche... Cristi! que ça infecte ici... Est-ce qu'il y a un chat?
Madame Latour, remontant vers Duchotel. - Un chat! c'est de l'Impérial Russe...
Duchotel-BH. - Pffu! il y a de quoi tomber à la renverse. Dites donc! voilà dix minutes que je sonne à la porte en face, chez Mme Cassagne, elle n'est pas chez elle?
Madame Latour-M, d'un air désolé. - Non, monsieur.
Duchotel-BH. - Comme c'est agréable, je l'ai attendue à la Maison d'Or avec un dîner pour deux... et j'ai dû le manger tout seul... Elle n'a donc pas reçu ma dépêche?
Madame Latour-M. - Si, monsieur, Mme Cassagne m'a dit: "Mon oncle Zizi..."
Duchotel-BH. - Voilà! c'est moi!...
Madame Latour-M. - ... Mon oncle Zizi arrive aujourd'hui de sa province; il descend chez moi ainsi qu'à l'ordinaire; vous lui direz que si j'avais reçu sa dépêche plus tôt, je lui aurais consacré ma soirée, malheureusement j'en ai disposé; vous lui remettrez ma clé et le prierez de m'attendre.
Elle tire la clé de sa poche.
Duchotel-BH. - Comme si elle n'aurait pas mieux fait de rester chez elle.
Madame Latour-M, remettant la clé. - Voilà la commission faite. (redescendant devant le canapé.) Et à part ça, monsieur Zizi, qu'est-ce qu'on dit de neuf à Lons-le-Saunier?…
– Votre femme joue bien.
Julien sursaute malgré lui. Ce réflexe de peur s’est transmis tel un écho chez son voisin, Jean-Christophe Crab.
– Je m’excuses, vous m’avez fait peur, explique Julien.
Il sent cependant la honte l’envahir.
– C’est à moi de vous présenter mes excuses, déclare à son tour le comédien.
Se remettant de ses émotions, il se remémore ce que lui a dit son interlocuteur.
– Vous trouvez que Marie joue bien ?
Jean-Christophe affirme son jugement par un hochement de tête. Le regard de Julien se tourne vers la scène.
– Je trouve aussi… Mais je suis fier que ce soit vous qui le dites.
Julien au confessionnal
– C’est vrai que le fait que ce soit un comédien qui me dise ça, euh… je trouve ça (il cherche ses mots)… Comment on dit déjà ?… flatteur… Je suis fier, oui.
Retour au théâtre
Cependant, Julien ignore la petite surprise qu’il lui ait réservé.
Duchotel-BH. - Vous êtes farouche, comtesse!
Madame Latour-M. - Pour les cocottes, oui! Je flétris les amours vénales. Je n'ai de respect, moi, que pour les écarts des femmes honnêtes. Heureusement, depuis le départ de cette demoiselle, je puis dire hautement que la maison est irréprochable; tous gens mariés!... et même quelques-uns ensemble.
Duchotel-BH. - Parfait! Eau, gaz et gens mariés à tous les étages. Alors ici, les nouveaux locataires, ils sont mariés?
Madame Latour-M. - Lui, non, mais elle certainement, si j'en juge par le mystère et les égards dont il l'entoure.
Duchotel-BH. - Ah! le sacripant!... et qu'est-ce qu'il est, lui?
Madame Latour-M. - Médecin.
Duchotel-BH. - Ah! c'est un médecin qui se paie une femme mariée!... voyez-vous ça!... Et dire que, pendant ce temps-là, le mari dort sur les deux oreilles. Quelle moule!... Allons, au revoir, comtesse, je vais voir si Mme Cassagne n'est pas rentrée.
Il remonte.
Madame Latour, qui est remontée à gauche vers la porte d'entrée. - C'est ça, monsieur Zizi! (Elle entr'ouvre la porte, puis brusquement.) Non, attendez, on monte. (Regardant dehors.) Ah! mon Dieu!... ce sont les locataires d'ici, ils vont m'attraper pour vous avoir laissé entrer.
Duchotel-BH. - Eh bien, laissez-moi partir.
Madame Latour-M, l'arrêtant. - Non!... vous vous rencontreriez! (Le prenant par le bras et le conduisant à la porte de droite, premier plan, qu'elle ouvre.) Tenez, entrez là!... Je dirai que vous êtes un parent à moi, que je vous ai fait venir pour faire l'appartement à fond.
Elle pousse Duchotel dans le cabinet-placard à droite, premier plan.
Duchotel-BH. - Comment! mais...
Madame Latour-M. - Et attendez que je vienne vous délivrer.
Duchotel-BH. - Cristi! ça sent le camphre là-dedans!
Madame Latour-M. - Eh bien! ça conserve... Entrez. (Elle ferme la porte, voyant entrer Moricet et Léontine.) Ouf! il était temps.
Elle reste contre la porte du placard…
– C’est excellent, murmure le metteur en scène, placé à la gauche de Julien.
Il se penche vers son voisin de droite.
– Vous pouvez être fier de votre future épouse. On dirait qu’elle a fait cela toute sa vie.
– Je suis moi-même sur le… popotin.
– Pour ne rien vous cacher, nous avons fait des répétitions secrètes pendant plusieurs semaines.
Julien se retourne brusquement vers lui.
– Comment ?
Le réalisateur est amusé de sa surprise.
– En réalité, cela fait au moins 5 ou 6 semaines que nous avons planifié l’émission avec Marie et vos invités.
Julien comprend mieux la raison pour laquelle il avait l’impression que certains des intellos se connaissaient déjà.
– Et je peux vous dire que vous n’êtes pas au bout de vos suprises.
– C’est à dire ?
Son interlocuteur garde le silence avant de dire :
– Nous allons passer à la scène suivante…
***Ajout :***
Episode 107 : LA surprise
Les répétitions s’enchaînent. Les apprenti-comédiens semblent bien maîtriser majestueusement leur texte.
Les comédiens entament la scène 15 de l’Acte II.
Résumé des épisodes précédents :
Alors que Léontine découvre que son mari parti à la chasse est allé rejoindre la femme de M. Casagne, et qu’il s’y rendait régulièrement, le docteur Moricet parvient à convaincre Léontine de l’accompagner dans sa garçonnière.
Cependant, Duchotel doit rejoindre sa maîtresse dans le même immeuble où se trouve la garçonnière de Moricet. Ce qui fait que le médecin et sa nouvelle maîtresse, qui hésite encore à accomplir le péché originel, se retrouvent non loin du mari de Léontine, accompagné de la femme de Cassagne.
Cependant, Moricet croise Duchotel et comprend qu’il doit conduire au plus vite Léontine à son logis avant que son mari ne l’a surprenne avec lui. Cependant, Moricet surprend sa femme, rendue méconnaissable grâce à une couverture de laine posée sur sa tête. Ayant échappé de peu au flagrant délit, Moricet demande à Léontine de rester dormir dans la garçonnière de peur d’être surpris par son mari…
Léontine, se débarrassant vivement de la couverture et retombant sur le canapé. - Parti! Ah! que j'ai eu peur! je sens mes jambes qui se dérobent.
Moricet, descendant en scène. - Ah! quelle situation! mon Dieu! quelle situation!…
– C’est à vous, Julien.
Ce dernier a une nouvelle fois un sursaut. L’auteur de ce réflexe est le metteur en scène.
– Vous devez vous préparer.
Julien semble ne pas comprendre ses dires.
– Et bien, oui. Vous ne pensez tout de même pas que vous allez rester là, assis sur votre fauteuil pendant que d’autres s’échinent à monter un spectacle.
– Me préparer ? Je comprends pas.
Son interlocuteur esquisse malgré lui un léger rictus.
– Vous vouliez voir les coulisses d’une pièce de théâtre ?
Le jeune homme répond à l’affirmative.
– Et bien, sachez que vous allez voir ces coulisses de très près…
Ce que lui a révélé le metteur en scène le laisse pantoi. Jean-Christophe Crab l’amène sur la scène, dérrière le rideau. L’esprit confus, il peine à se rendre compte de la portée des dernières paroles du chef d’orchestre de ces répétitions : « Il y a une place pour vous dans la distribution des rôles… Et vous allez jouer la scène 15. »…