Posté : sam. janv. 21, 2006 5:53 pm
Très bien adaptée même parce qu'après avoir dénoncé "le coup d'état permanent", Miterrand a beaucoup renforcé l'institution présidentielle.diamant a écrit : en fait au début la Vème était contestée ... notamment par Miterrand si mes souvenirs sont bons (souvenirs de lycée ... parce que j'étais pas née )
D'ailleurs beaucoup pensaient qu'avec l'arrivée de la gauche au pouvoir en 81, on mettrait en place la VIème république.
mais finalement la gauche s'est très bien adaptée. et l'on attribue ainsi à Miterrand une politique gaulienne, du fait qu'il se soit adapté à cette Vème République.
D'ailleurs, tout le problème de la Vème peut se résumer à cela : le trop grand pouvoir de son président. En effet, la présidentialisation du régime a vraiment commencé en 1962 avec l'instauration du suffrage universel direct pour l'élection présidentielle. Alors que De Gaulle voulait réduire leur influence, les partis politiques vont retrouver leur pouvoir en se transformant en écuries présidentielles. De Gaulle avait la vision d'un président se tenant au dessus de la mélée et intervenant peu dans les affaires interieures. Sauf que rien n'empêche le président, dans la Constitution, d'exercer sa mainmise sur la politique interieure, à condition bien sûr de disposer d'une majorité parlementaire. De plus les pouvoirs larges du président ne correspondent pas à une responsabilité. Investi de la légitimité du suffrage universel, le président élu est indéboulonnable ou presque. Le Premier ministre est là pour lui servir de fusible comme on dit mais le président nomme et révoque le Premier ministre. Or le changement d'un Premier ministre impopulaire (il finit toujours par le devenir) n'empêche en rien d'exercer la même politique, déterminée par le président.
Le gonflement des pouvoirs présidentiels dans la cinquième va de pair avec un amoindrissement du Parlement. Au niveau juridique, le gouvernement est maître de l'ordre du jour, ce qui veut dire que les projets de lois (émanant du gouvernement) sont prioritaires par rapport aux propositions de lois (émanant du parlement). Le gouvernement dispose des armes nécessaires pour mater les frondes parlementaires, dont le fameux article 49-3 (engagement de la responsabilité du gouvernemnent sur un texte) qui, combiné au scrutin uninominal majoritaire, permet de s'assurer de la victoire. En effet les députés n'oseront pas renverser le gouvernemnent car cela les exposerait à une dissolution de l'assemblée alors que le scrutin uninominal majoritaire rend leur réelection difficile. Au niveau politique ensuite, la puissance des partis permet de s'assurer des députés godillots : un député se rebelle et on lui retire son investiture.
Aujourd'hui, 90% des lois adoptées sont des projets de lois (émanant du gouvernement), à tel point que certains parlent du parlement comme d'une "chambre d'enregistrement" des décisions gouvernementales. L'opposition parlementaire peut toujours saisir le Conseil constitutionnel, ce qu'elle fait souvent mais le contrôle de cette institution ne porte que sur la constitutionnalité des lois et il ne serait pas dans son rôle s'il exerçait, à l'instar d'une troisième chambre, un contrôle politique. De plus le Conseil est lui même l'émanation des institutions politiques.
Ce que je reproche donc à la cinquième république c'est la trop grande place accordée à l'executif (monarchie républicaine ou république monarchique). Et encore je n'ai même pas parlé de l'article 16 (pleins pouvoirs) dont le président est le seul à apprécier l'opportunité de mise en oeuvre. Je pense qu'il serait souhaitable de faire un réequilibrage au profit du parlement (par exemple supprimer l'article 49-3, lui rendre la maîtrise de l'ordre du jour).
Il paraît qu'un certain ministre veut renforcer les pouvoirs du président (il est sans doute atteint de bonapartisme). Je trouve cela inapproprié et dangereux.
PS: pour ceux que ça interesse (qui sait) il existe un bon dossier, un peu ancien mais très simple sur la Constitution de 1958
http://www.conseil-constitutionnel.fr/d ... /index.htm