[Galerie] Un souffle de vie ... [ nouvelle ]

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Hysteria
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Enregistré le : mer. août 10, 2005 5:47 pm
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[Galerie] Un souffle de vie ... [ nouvelle ]

Message par Hysteria »

Cela fait déjà quelques jours que mon esprit est sequestré, que Jacques Bernard n'existe plus. Oui Jacques n'est plus avec nous, il est partie comme les feuilles quittent l'arbre en automne. Où est -il parti ? Je crois que personne ne peut y repondre mais je m'efforce à croire que mon esprit et mon deuxième moi ont trouvé le bonheur ... c'est ce qui me retient à vivre ou plutôt survivre car ce verbe je ne peux l'utiliser, il n'a plus aucune signification pour moi. Vivre ? On peut le crier aux amoureux de la vie mais à un homme qui va bientôt mourir, pour ne pas dire demain, je ne pense pas qu'on peut lui dire clairement : «  mais vis voyons ! Tout va bien » Je suis certes en prison, je n'ai certes pas fait d'etudes mais j'ai tout de même un minimum de raison qui me dit de ne rien faire, de me laisser aller ... pour dire la seule occupation que j'ai trouvé c'est d'ecrire ... ecrire mes pensées et mes quelques sentiments. Je suppose que vous pensiez qu'un prisonnier ne ressentait rien, qu'un criminel n'etait pas humain et ne pouvait pas connaître le mot Amour, biensur je vous pardonne mais je vous clame le contraire. J'ai un coeur, un coeur meurtri que personne n'a jamais réussi à comprendre – à part ma chère et tendre Anne Charlotte - mais moi je vais vous le decrire ce muscle si mysterieux...
Tout d'abord, je m'appelle Jacques Bernard, un nom qui vous est inconnu mais qui à partir d'aujourd'hui resonnera dans votre esprit comme quelque chose de quotidien et banal. Je suis un jeune homme âgé de 25 ans, oui je dis jeune tant bien même que c'est surprenant de voir que j'ai survécu jusque là. Je ne me donnais même pas jusqu'à seize ans et pourtant je suis encore là aujourd'hui, certes je vous quitterais dans peu de temps mais je partirais le coeur léger et je pense que c'est l'essentiel. Qui n'a jamais rêvé de pouvoir quitter cette terre le coeur léger et avec le sourire ? Ne me dites pas personne, je ne vous croirais pas. C'est un rêve, un fantasme du propre de l'homme qu'il faut accepter et non renier. Tout le monde espère avoir une mort douce et sereine même moi et les criminels, mais nous n'avons pas le droit à cette chance, du moins la guillotine ne le permet pas complétement ...

Je ne vais pas perdre mon temps à vous raconter mon passé, est ce qu'on a deja vu quelq'un s'interesser au passé douloureux d'un enfant meurtri ? Non, de nos jours, on s'interesse davantage aux faits divers, aux choses choquantes qui nous font frémir ... alors autant tourner plusieurs pages de ma vie pour arriver au moment que vous attendiez depuis le debut de votre lecture : mon crime ?! Je ne le qualifierais pas comme ça mais la justice n'en a pas décidé ainsi, je ne cessais de m'enfoncer sur ma chaise lorsqu'il descrivait comment etait le corps lorsqu'on la decouvert. J'avais en quelque sorte honte de la manière dont il le racontait, ce n'était que des faits, il n'y avait aucun sentiments, aucun temoignages ... Est ce veritablement un crime de se venger du père qui vous à tué à petits feux, celui qui n'a cessé de vous enfoncer sous le sol, qui vous noyé alors que vous aviez la tete sous l'eau ? J'appelle ça : La Justice, voilà ce que devrait faire la Justice : venger les gens qui sont meurtri et bléssé a la place de dire «  la prison c'est suffisant ». Etrangement, nous punissons ceux qui tuent physiquement mais celui qui m'a oté mon ame comme on enlève son chapeau pour rentrer dans une eglise, il n'a rien eu ... c'est plutot moi qui a subi encore les consequences et je ne m'en suis pas plein. Je l'avoue, je l'ai fait souffrir mais il l'a bien cherché ...

Le juge n'a pas été tres sympathique avec moi et en confrontant mon temoignage à certains gars de la prison, je me suis rendu compte que je n'etais pas le seul a avoir vecu ça ... A mon arrivée en prison, je ne me suis pas fait des amis mais plutot des compagnons de souffrance, un certains Francois ( je ne connais pas son nom de famille, il n'a jamais voulu ne nous le dire ) m'a soutenu jusqu'à ce que la place publique captura son dernier souffle. Je ne savais même pas pourquoi il avait été incarcéré mais je n'en voyais pas la raison, il était si gentil et apparaissait comme un grand frère pour les petits nouveaux de la famille. De la prison, nous entendions les cris des femmes choquées, quelques applaudissements et des rires. Serions nous destinés à faire souffrir les autres ? Est ce dans notre nature de faire autant de mal, de se nourrir de la souffrance des autres ... Demain, ca sera mon tour et pourtant je n'ai pas peur, je me dis que tout se passera bien, ça se passera vite, je n'aurais pas le temps de me rendre compte de ce qui m'arrive mais ce soir, je pense à la place publique, au sourire du boureau, aux insultes des habitants et à mon ultime douleur morale et physique qui se voudra être la plus terrible de ma  « vie ». Une boule prend de plus en plus place dans le fond de ma gorge nouée, suis je en train de périr ? Non je ne fais que souffrir et cela m'ecoeure ... mon dernier jour se passera donc la douleur ... a quand les rires ?! Je ne sais pas si demain je sourierais mais si cela m'arrive, je suis sur et certains que c'est parce que Anne Charlotte sera dans le « public ». Je lui ai dit de ne pas venir mais au tribunal, je pouvais lire dans son regard qu'elle allait venir me dire au revoir, qu'elle allait ceuillir mon dernier souffle et le conserver avec elle jusqu'à la fin de ses jours. Son parfum, sa peau si delicate, toute sa fraicheur et sa douceur me manquent ; Anne Charlotte rien que dans son nom, on remarque sa douceur. Pourquoi reste t-elle avec moi ? Pourquoi m'ecrit-elle tout les jours, avec sa beauté elle pourrait rencontrer le prince charmant, quelq'un qui la mérite mais non elle veut rester avec moi ... elle veut rester avec un homme qui va périr demain, quelq'un qui va mourir sali. Je m'en veux et je ne peux pas retenir mes larmes qui coulent toute seules ... je souffre, elle souffre et eux rient de nous. Je préfère aller me coucher sur la paillasse qui me sert de lit, oublie tout ca Jacques ... La nuit va être longue, très longue, trop longue. Mon regard se fige sur la lucarne au dessus de ma « couchette », les étoiles et la lune sont des choses que je ne verrais plus jamais. Pourquoi ? Car demain je meurs, je m'en vais, je vous quitte ... Pensez a moi quand vous verrez ces choses, dites vous que vous avez de la chance et que quelq'un a regardé cette etoile avant de mourir ! C'est une chose si banale et pourtant je m'y attache ...

Le soleil s'est levé, je le sais car j'ai senti l'unique rayon qui m'est accessible me caresser le cou et puis aussi parce que j'entend mes compagnons de cellule parler de ma mort comme la mort d'un pauvre rat d'égout. Suis je que ça à leur yeux ? Certainement, après tout, nous nous connaissons pas, nous savons seulement le jour de nos morts respectifs ... et c'est moi le premier. Je relis quelques versets de ma bible lorsqu'un curé arrive dans ma cellule pour prier avec moi. Prier ? A quoi bon ? J'ai tué quelq'un, je suis destiné a la mort et aux Enfers, pourquoi prier ? Cela me rendra mon Anne Charlotte et ma Liberté ? ... Non ! Et bien c'est avec ces quelques questions que j'ai viré ce curé et que ceux qui me suivront dans quelques jours ont ri. Je ne suis pas quelq'un de particulierement croyant mais je suis sur et certains d'aller en Enfer, ca m'etait destiné depuis toujours ... comme le Christ d'ailleurs ! On me laisse là, au milieu de ma cellule, me noyant dans mes questions et reflexions sur la peine capitale. Personne ne vient me voir, personne pour me rassurer, personne pour me reconforter! Suis je un monstre qu'il faut fuir ? Je n'en sais rien mais la seule chose que je souhaite faire a cet instant c'est de courir loin ... loin d'ici et cette epouvante qui etait devenue mon quotidien. En quelques jours, on a brisé ma Vie, mon espoir que tout les problèmes politiques de la société allaient se régler mais tout s'ecroule comme un château de cartes soumis au vent.

Sans même que je ne m'en rende compte, on m'amène près de la place publique. Est ce que je m'étais assoupi ? Non, j'ai surement du vider mon esprit des pensées sinistres qui m'accablaient et donc je n'étais plus conscient ... heureusement d'aillleurs. L'echaffaud m'attend depuis la nuit dernière, il m'attend comme j'attend l'été mais que je ne verrais pas puisqu'en enfers il fait terriblement froid ou chaud, tout se confond dans ma tete, je n'arrive même plus à savoir ce qu'est l'Enfer. Le curé devant moi, j'avance vers le dernier lieu que je verrais. Sur cette estrade, je me sens puissant, je les domine tous mais mon regard cherche Anne Charlotte. Allait-elle vraiment venir ? Biensur qu'elle etait venue, elle etait juste sous mes yeux. Habilllée de sa plus belle robe et magnifiquement coiffé, elle me regardait en me souriant. Ce sourire, voilà la derniere chose que je verrais, ce visage, son odeur ne me quitteront jamais. Elle m'envoit un baiser et me tend la main que je caresse rapidement. Mais le bourreau n'est pas un sentimal, c'est lui qui devrait etre a ma place, combien de personnes a t-il tué ? Je me penche alors en avant et on place ma tete sur l'endroit fatidique et peu confortable je dois dire. Mais pourquoi est ce que je me pleins, dans trois secondes je suis mort ... je ne ressentirait plus rien. Et Francois, à quoi a t-il pensé lorsqu'il était dans la même position que moi, à qui était destiné sa dernière pensée ?

Anne Charlotte s'approche d'un pas et me crit un « je t'aime ». Elle a osé me dire ca avant ma mort, je ne pourrais jamais la remercier car c'est sur ces mots que le bourreau a declanché la machine et que ma tete est tombée sur l'estrade. Il parrait qu'Anne Charlotte resta figée durant quelques minutes, comme si elle attendait que je cligne des yeux alors que mon coeur qui ne battait que pour elle venait de s'arreter. Puis, elle se serait faufilée entre les habitants habitués au spectacle et serait montée chez elle ... pour se pendre ! Elle s'est pendue car sans moi sa vie ne signifiait plus rien. Elle s'est suicidée a cause de la justice mais elle ne sera pas condamnée ... Combien de personnes ont eu la sensation de perdre une partie d'eux en voyant mourir sous leur yeux un de leur proche ou simplement un ami ? Anne Charlotte peut alors sourire et bientôt je la retrouverais, nos ames se lieront et nous pourrons enfin nous embrasser et nous prouver a quel point nous nous aimons ...
En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal. - Machiavel
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